Créteil a inauguré son VLS le 10 avril dernier et paraît déjà presque regretter son choix, s?attendant à des retombées financières plus conséquentes. Elle compte sur des partenaires pour financer de nouvelles stations Les Cristolib n’ont pas envahi les rues de Créteil. Après trois semaines de service, ils ont même tendance à rester bien accrochés à leurs stations… Mais avec « 150 abonnés annuels, une trentaine d’utilisations par jour, avec un maximum de 67 », Bruno Hélin, maire-adjoint (Vert) chargé du développement durable et de l’environnement, est satisfait. La ville du Val-de-Marne (90 000 habitants) est la dernière à avoir succombé aux charmes de Decaux, elle a inauguré le service le 10 avril. Un marché négocié dans le cadre du renouvellement du contrat de mobilier urbain qui arrivait à échéance. « On a voulu faire d’une pierre deux coups, explique l’élu. Car malheureusement nous ne sommes pas concernés par l’extension de Vélib’ en banlieue, qui ne va qu’à 1,5 km du périphérique. » Le contrat qui vient d’être signé court sur quinze ans. Si Clear Channel ainsi qu’Effia-Keolis avaient aussi rendu une offre, seule celle de Decaux répondait complètement au cahier des charges. La ville dispose de 130 vélos et de 10 stations. Un quadrillage un peu léger aux dires des utilisateurs, qui critiquent aussi l’absence de Cristolib à proximité des trois stations de métro que compte la ville. « C’était notre choix initial, pourtant, les stations près du métro, mais au cours du dialogue compétitif, Decaux nous a dissuadés en nous expliquant que le système risquait d’être phagocyté : il ne serait pas resté assez de stations où redéposer son vélo », poursuit Bruno Hélin.
A force d’entendre que le système publicité contre vélo était avantageux, la municipalité a commencé par être un peu « trop gourmande », du propre aveu de l’élu. Elle espérait un grand nombre de stations-vélos, mais aussi toucher une redevance publicitaire conséquente, de l’ordre de 50 000 à 100 000 euros. Or celle-ci ne représentera qu’une somme symbolique de 1 000 euros par an ! La recette de la location des vélos est aussi pour elle, mais le système est comme ailleurs, peu coûteux pour l’utilisateur, donc peu lucratif pour les finances locales. D’autant que les frais de dossiers et les abonnements échoient dans les caisses de Decaux. N’ayant aucune expérience dans les recettes publicitaires (jusqu’alors, c’était un « échange » pour payer les abris-voyageurs), difficile d’évaluer la valeur marchande de ses panneaux de pub.
La ville est toutefois satisfaite d’avoir négocié sur la base de critères draconiens quant à « la régulation du système et à l’entretien des vélos avec une exigence de 100 % de disponibilité ». En contrepartie, l’afficheur prévoit de ne pas remplacer plus de dix vélos : à partir du onzième inutilisable et non réparable ou disparu, elle facture 400 euros le vélo. Le discours du roi du mobilier urbain, qui a par ailleurs refusé de nous parler de ce projet, est bien huilé. « Ils assurent qu’ils sont incapables d’évaluer combien la publicité leur rapporterait… », souligne l’élu. Bref, dans le panier de la mariée, on trouve 148 abris-voyageurs, dont 121 publicitaires qui supportent 300 affiches. Soit « 21 abris de plus qu’auparavant mais avec moins de pub », la ville ayant récupéré des panneaux d’affichage municipal – très exactement « 13 doubles-faces à raison de quinze campagnes d’informations municipales par an ». On trouve aussi 168 Mupi (mobilier urbain pour l’information) supportant 153 doubles-faces de 2 m2. Soit 13 de plus qu’auparavant et tous destinés à la ville qui, avec son urbanisme de dalle, a besoin de plus de plans de quartiers que la moyenne… Bref, difficile, d’y retrouver clairement ses petits autrement que par des « on a ça en plus par rapport à avant ! ».
L’accord prévoit enfin le droit à l’erreur d’implantation, avec la possibilité de déplacer une station. Pour un développement ultérieur, probable vu que le contrat court sur quinze ans, à coups d’avenants, tout sera facturé… au prix fort. Une station de plus et ses 15 bicyclettes ? 40 000 euros. Mais la ville est ingénieuse. Elle envisage de signer quelques partenariats. Ainsi, le centre commercial Créteil Soleil souhaiterait une station (en plus, c’est près du métro !) ; l’université est séduite également, et aussi l’un des trois hôpitaux de la ville, Albert-Chenevier, qui n’a pas de Cristolib à proximité. Ces éventuels partenaires privés ou publics paieraient ainsi l’extension. L’opposition au maire PS Laurent Cathala, en place depuis 1977, a, elle, critiqué un système « coûteux » – selon l’UMP, la pub devrait rapporter 300 000 euros par an – et « autarcique ». Or, bien qu’évoqué, un éventuel projet à l’échelle du département n’est pas mûr. Et pas de connexion avec Vélib’ en vue – le modèle est pourtant identique, seul le logo le différencie. « La faute aux arrêts du Conseil d’Etat qui empêchent l’extension », rappelle Bruno Hélin. Question vandalisme, la ville touche du bois pour l’instant, mais est – déjà ! – résignée. « Cela risque de nous coûter cher, c’est certain…, assume l’élu. On en reparle dans un an ? »
Cécile NANGERONI
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