La nouvelle usine russe du constructeur automobile français PSA Peugeot-Citroën n?est plus alimentée par la route mais par le train. C?est le premier grand trafic régulier de fret entre la France et la Russie Le site de production de Kalouga, commun à Peugeot-Citroën et Mitsubishi, qui se situe à plus d’une centaine de kilomètres au sud-ouest de Moscou, voit ses cadences monter progressivement à plus de 200 véhicules par jour. L’usine doit faire venir de France (Vesoul) l’équivalent de 36 conteneurs de pièces détachées chaque jour.
Problème : l’acheminement par camion jusqu’au cœur de la Russie prend 8 jours et ne permet pas de garantir une chaîne logistique aussi régulière que robuste. Sans même parler de l’impact négatif en termes de bilan carbone. C’est qu’il y a plus de 3 000 kilomètres de routes et cinq frontières à franchir. Le prestataire logistique Gefco a donc proposé à PSA une réponse ferroviaire à ce problème.
« Fruit d’un an d’études des différents partenaires, ce projet de transport multimodal est l’un des plus ambitieux d’Europe en termes de flux transportés », indiquent ses promoteurs. Il va permettre de supprimer les 576 camions nécessaires pour assurer ce trafic.
Le premier train est arrivé le 10 mars à Kalouga. L’acheminement par rail ne prend que 5 jours et « coûte 25 % moins cher que par la route », assure Yves Fargues, président de Gefco. Cette solution, développée en partenariat avec la SNCF et le groupe russe TransContainer, garantit des livraisons avec la régularité d’une horloge. La SNCF a investi, via sa filiale Naviland, 2 millions d’euros sur le projet (trains complets, 400 wagons dédiés).
Une ombre au tableau toutefois, le train effectue le trajet retour à vide à 70 %. Un vide qu’il faudra beaucoup de temps pour combler, compte tenu de la structure des échanges entre l’Union Européenne et la Russie.
Avec ses milliers de conteneurs, ses 47 terminaux et ses 140 bureaux de vente, TransContainer a joué un rôle déterminant, en proposant 1 200 conteneurs dédiés en plus de ses services au départ de la frontière russe (le changement d’écartement des voies implique un transbordement). TransContainer couvre 60 % du marché russe (et CEI) des conteneurs. Voilà une entreprise de 6 000 salariés, entièrement détenue par les chemins de fer russes, voulant mettre son expertise et ses infrastructures au service des entreprises qui commercent avec la Russie.
Gilles NAUDY
Publié le 10/12/2024 - Marie-hélène Poingt