Croissance : le Golfe tient ses promesses
Les Français, Systra et Vinci en tête, commencent à s’intéresser de près au marché des transports dans le Golfe Avant le métro de Dubaï, le chiffre d’affaires de Systra dans la région du Golfe était nul. Il se monte aujourd’hui à 60 millions d’euros, grosso modo le quart du CA du groupe en 2008. C’est toute la région qui bouge, et Systra a trouvé avec Dubaï une belle porte d’entrée. Le groupe y emploie aujourd’hui 370 personnes, dans une succursale dirigée par l’ingénieur égyptien Mahmoud Dow. Autre étape en cours, à Dubaï même, le tramway, où Systra assure la supervision des travaux. Le groupe est candidat aux grands programmes d’Abou Dhabi, émirat voisin qui prend le relais de Dubaï pour les équipements en transport public. D’abord avec le réseau de métro (projet de 130 km), pour lequel les ingénieries du monde entier attendent le résultat de l’appel d’offres mettant aux prises, notamment, les groupes suivants : Aecom, allié à Parsons Brinckerhoff ; Parsons International, avec Mott Macdonald et Halcrow ; Systra, avec Arup et Cowi. Pour le tramway (réseau de 340 km), les consultants doivent remettre les offres d’ici le 1er octobre. Dans ce domaine, Systra, précise Arnaud Valranges, directeur régional Amériques – Moyen-Orient – Afrique, « a une longueur d’avance sur les Anglo-Saxons et de très belles références » : aussi le groupe doit-il se présenter seul. En Arabie saoudite, Systra réalise (avec le concours d’Egis Rail) les études du métro de La Mecque, construit par les Chinois. Sur un autre projet très attendu, la grande vitesse Médine – La Mecque, il était du côté du maître d’ouvrage, SRO, pour la préparation de l’appel d’offres (système et exploitation) dont le lancement est maintenant attendu après la fin du ramadan. Systra est encore présent, en sous-traitant de Bechtel, dans le projet ferroviaire du GCC (Gulf Cooperation Council). Un projet complexe, puisque les caractéristiques des lignes divergent selon les besoins des pays : l’Arabie pense au fret lourd, tandis que Qatar se focalise sur des projets plus légers. Si Systra a fait de Dubaï une rampe de lancement, d’autres groupes ont fait d’autres choix, ou ont eu d’autres occasions de s’implanter. Egis Rail, plus modeste (5 millions d’euros de CA dans la zone), lui aussi candidat aux grands programmes d’Abou Dhabi, travaille en Arabie saoudite, à Riyad notamment, mais aussi à Buraidah. Dans les travaux publics, à la différence d’Eiffage, qui ne mise pas sur le développement international, ou de Bouygues, peu présent dans la zone, Vinci est très actif. Sa porte d’entrée c’est le Qatar. Comme nous le dit Serge Moulène, directeur Afrique – Asie de Vinci Construction Grands Projets, « j’ai cru au Qatar et fondé en 2007 avec Qatari Diar QDVC une JV (Qatari Diar 51 % ; Vinci Construction 49 %) ». La JV se trouve ainsi sur des grands projets de parking ou de métro léger. Vinci est aussi leader du consortium construisant le pont Qatar – Bahrein. Aujourd’hui en veille sur Abou Dhabi, il ne souhaite pas se placer à Dubaï et est très peu présent en Arabie saoudite. Serge Moulène observe avec circonspection la vogue des villes nouvelles qui gagne la zone et craint qu’on ne déchante dans les années à venir. Ce qui n’empêche pas QDVC d’être très présent à Lusail, ville nouvelle prévue pour 300 000 habitants, avec un réseau de quatre lignes de tramway. Mais c’est au Qatar… L’entente Vinci-Qatar va au-delà de la JV et de la région, puisque le 31 août, Qatari Diar et le groupe Vinci annonçaient un partenariat stratégique, Qatari Diar devant entrer à hauteur de 6 % dans le groupe de BTP. Un tropisme national bien pardonnable ne doit pas nous rendre myopes. Les groupes français sont très loin d’être les seuls à s’intéresser à la zone. Ce sont les Chinois de China Railway Construction Corp. qui ont remporté le métro de La Mecque, dont les automatismes, il est vrai, reviennent à Thales. Des Japonais qui ont construit, au grand dam des Français – et des Allemands – le métro de Dubaï. Et la Deutsche Bahn est très présente.
François DUMONT
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