La SNCF cherche une alternative au Wifi
Les bons vieux câbles de connexion vont-ils faire leur retour ? La SNCF cherche une solution de rechange au cas ou le Wifi ferait un jour l’objet d’un moratoire “médico-légal” Des fois que le Wifi soit dangereux pour la santé, la SNCF prépare un plan B. D’ici au printemps, la SNCF va tester la technologie des courants porteurs. Une rame (probablement un ATER ou un AGC) sera équipée par le CIM (Centre d’ingénierie du matériel) d’un système de courants porteurs pour tester l’Internet filaire dans les trains. Une fois le signal capté par satellite, la technologie des courants porteurs en ligne permettrait le transfert des informations numériques en utilisant les lignes électriques de la rame et non plus les ondes Wifi. Il suffirait d’ajouter à côté de la prise de courant disponible à chaque place un câble de connexion avec un système de rembobinage. Avec cette solution, évidemment, l’internaute aurait de nouveau un fil à la patte, et les applications de type portable redeviendraient filaires. Mais ce système aurait pour avantage d’être moins perturbateur que les ondes Wifi pour l’ensemble de l’équipement du train. Il offrirait par ailleurs une meilleure protection des données, un signal plus pur et des débits montants et descendants plus élevés. Et puis, il y a la question sanitaire. Sont-elles à ce point dangereuses, les ondes Wifi, pour qu’il faille aujourd’hui travailler sur une autre piste ? « Sur les ondes haute fréquence dans les enceintes métalliques, nous suivons l’actualité avec beaucoup d’attention, mais nous n’avons pas d’expertise sur ce sujet. Nous pensons simplement qu’il est judicieux d’expérimenter d’autres technologies », répond-on avec prudence à la SNCF. Si les doutes sur le Wifi s’avéraient fondés, ce principe de précaution permettrait de disposer d’une solution de repli suffisamment mature. Sans attendre, la SNCF se prépare toutefois à généraliser le Wifi sur la LGV Est, et Thalys vient de terminer l’équipement de son parc (voir encadrés). Depuis l’été 2008, plusieurs associations ont tiré un signal d’alarme sur ce sujet. « Nous sommes favorables à un moratoire sur le Wifi, le temps de mener des études sur sa dangerosité », explique Stéphen Kerckhove, délégué général d’Agir pour l’environnement. Le Wifi utilise une fréquence similaire à celle des fours à micro-ondes (2 450 MHz), mais émet sur des distances plus courtes et à moindre puissance. Officiellement, le Wifi ne présente pas de risques pour la santé, et peu d’études scientifiques lui sont consacrées. L’utilisation d’ondes magnétiques dans les trains pourrait toutefois avoir d’autres incidences qu’en milieu ouvert. Enceinte métallique avec des parois en verre, l’intérieur du train favorise la réverbération des ondes électromagnétiques de haute fréquence, selon le principe de la cage de Faraday, tout comme le four à micro-ondes. « A 300 km/h dans un train, le signal est plus intense et l’on peut craindre une exposition plus forte dans cette enceinte close et métallique », estime Stéphen Kerckhove. Sur les trains équipés pour la LVG Est, la SNCF va veiller à limiter autant que possible les émissions : « Nous prenons cette problématique très au sérieux. Nous avons veillé à ce que nos émissions soient très en dessous des normes admises. Mais il faut rappeler que le Wifi est bien moins nocif que le téléphone portable. Notre routeur Wifi a un rayonnement de 0,1 watt, alors qu’un téléphone émet 2 watts. Dans nos trains, les émissions seront certainement moins importantes que celles que vous avez chez vous ! », rassure Didier Savary, chef de projet Wifi à la SNCF. Pour le Priartem (l’association pour une réglementation des antennes relais de téléphone mobile), peu, c’est encore trop : « Le moins on vit dans les champs électromagnétiques, le mieux on se porte. Qu’au moins, la SNCF mette à disposition des voitures sans Wifi, comme elle avait autrefois des voitures non-fumeurs ! », propose Janine Le Calvez, présidente de Priartem.
Guillaume LEBORGNE
Publié le 10/12/2024