Le réseau du Sud-Ouest dans la tempête
La tempête a violemment frappé les trois régions du Sud-Ouest. Des cellules de crise ont été mises en place dès l’alerte rouge Environ 1 500 kilomètres de lignes ont été fortement endommagées après la tempête qui a soufflé le samedi 24 janvier dans le sud-ouest de la France, avec des vents pouvant atteindre jusqu’à 170 km/h. Constatant l’étendue des dégâts en se rendant sur place le lendemain, Guillaume Pepy, le président de la SNCF, a évoqué des « images de guerre ». Les circulations des trains, qui ont été totalement interrompues le jour de la tempête, ont pu reprendre progressivement le lendemain au fur et à mesure que les équipes techniques de la SNCF effectuaient la reconnaissance des lignes et déblayaient le terrain à l’aide de tronçonneuses. « La SNCF mobilise les moyens mécanisés à sa disposition (draisines, engins d’intervention caténaires), des camions d’intervention et des hélicoptères pour les investigations », a indiqué l’entreprise, en précisant que certaines interventions ont été compliquées, « compte tenu de l’état du réseau routier bloqué en de nombreux endroits et des difficultés d’accès à certains endroits du réseau ferré ». Au total, 1 000 agents ont été mobilisés dans les trois régions concernées, Aquitaine, Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon, certains de l’équipement venant de régions limitrophes, de Nantes, Tours ou Limoges. Les cheminots ont commencé par dégager les grands axes, considérés comme prioritaires, puis ont sillonné le réseau secondaire. Ils ont principalement évacué des arbres ou des débris sur les voies, réparé des caténaires ou des barrières de passages à niveau cassées. Leurs actions ont été coordonnées par des cellules de crise régionales, mises en place avant même le début de la tempête. Conséquence de cette forte mobilisation, deux jours plus tard, plus des deux tiers des lignes affectées étaient rendues à la circulation des trains. Mais le problème le plus sensible auquel s’est heurtée la SNCF a consisté à réalimenter en électricité les équipements de signalisation et les passages à niveau, du fait des nombreuses coupures subies par le réseau d’EDF. Deux cents groupes électrogènes ont été envoyés de toute la France vers le Sud-Ouest pour pallier les insuffisances d’alimentation électrique, chaque établissement devant se débrouiller pour en trouver. L’armée, mise à contribution, en a fourni une trentaine. Des groupes ont par exemple été installés sur les axes Bordeaux – Agen – Toulouse et Tarbes – Toulouse. Sur l’axe Narbonne – Perpignan, intégralement rouvert dès le 26 janvier, la vitesse a été limitée en raison d’une insuffisance du réseau électrique. L’Aquitaine, région la plus touchée, s’apprêtait encore, le 28 janvier, à fournir de gros efforts sur deux lignes particulièrement affectées, Bordeaux – Bayonne et Bordeaux – Tarbes. Selon Guillaume Pepy, interrogé le 26 sur France Info, la reprise totale du trafic pourrait prendre une à deux semaines. « Lors de la tempête de 1999, le rétablissement complet avait pris trois semaines. Le Premier ministre a demandé qu’on raccourcisse les délais, donc cela sera inférieur à trois semaines », a-t-il assuré.
« Par rapport à 1999, nous avons disposé d’une meilleure information de Météo France : l’alerte rouge a été lancée dès vendredi en fin de matinée. A 8h du matin le samedi 24, nous avons mis en place une salle de crise nationale, qui nous a permis de centraliser les informations et d’avoir une meilleure réactivité. Des téléconférences ont été organisées régulièrement avec les régions. Nous avons demandé qu’elles doublent les agents d’astreinte technique mais aussi ceux chargés de l’information des voyageurs. Enfin, nous avons décidé de stopper les trains dans les gares pour ne pas avoir de convois bloqués en pleine voie », raconte un porte-parole de la SNCF. En Aquitaine, cinq trains ont ainsi été arrêtés dans les gares de Dax et Morcenx (dans les Landes), Facture (en Gironde), Marmande (dans le Lot-et-Garonne) et Bayonne (dans les Pyrénées-Atlantiques). Chaque cellule de crise a pris contact avec des municipalités pour l’accueil de ces naufragés du rail. Des salles des fêtes, halls d’exposition ou internats ont ouvert leurs portes pour leur permettre de se restaurer et de se reposer. Plus tard, lorsque les interdictions de circulations ont été levées, des autocars ont été affrétés pour le réacheminement des voyageurs à bon port. La SNCF a indiqué qu’ils seront totalement indemnisés, ainsi que ceux qui n’ont pas pu utiliser leur billet le jour des intempéries.
Marie-Hélène POINGT
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