Les vingt premiers Crealis BHNS (bus à haut niveau de service) construits par Irisbus circulent à Maubeuge Depuis quelques semaines, Maubeuge s’est mise à l’heure du BHNS, le bus à haut niveau de service. Ce véritable système de transport, encore très nouveau en France puisqu’il n’existait qu’à Nantes, est également appelé, dans la métropole du Nord, « Busway » ! Rien d’étonnant d’ailleurs puisque que l’exploitant Stibus du réseau de Maubeuge appartient, tout comme la Semitan nantaise, au groupe Transdev qui en a justement déposé la marque… Aux termes du concept Busway, le véhicule de type BHNS ne se conçoit pas sans son infrastructure spécialisée. A cet égard, le cas de Maubeuge peut paraître exemplaire par la qualité assez exceptionnelle des sites propres réalisés…
Stibus exploite au total 60 véhicules, avec un effectif de 150 salariés, dont une centaine de conducteurs. Sa zone d’action est le Val de Sambre, une vallée industrielle qui connut son plein développement avec l’essor de la sidérurgie, mais qui semble ne s’être jamais remise de l’effondrement de cette activité traditionnelle. Vingt-huit communes s’étendent au long de cette vallée qui fut autrefois un axe ferroviaire majeur, avant que la ligne à grande vitesse Nord-Europe et Thalys ne viennent définitivement lui ravir le trafic international voyageurs entre la France, la Belgique et l’Allemagne. Le développement de l’agglomération, qui compte aujourd’hui quelque 120 000 habitants, s’est donc réalisé selon cet axe, d’Aulnoye à Jeumont (à la frontière belge), Maubeuge occupant la position centrale en fond de vallée, avec 35 000 habitants. La disposition linéaire de ces trois pôles, qui concentrent la moitié de la population, et les distances qui les séparent, se prêtaient donc bien à la création d’un axe structurant de transport urbain en site propre.
Le Busway de Maubeuge a été mis en service en décembre 2008, concrétisant l’achèvement de trois opérations conjointes : l’ouverture du site propre intégral pour la traversée de Maubeuge, la mise en service des véhicules BHNS, à savoir vingt Crealis (dix-huit standard et deux articulés) du constructeur Irisbus, et la restructuration complète du réseau existant. La première ligne parcourant en totalité le site propre a reçu l’indicatif 51. Elle dessert trois lycées, deux collèges, la future université et un hôpital qui doit être reconstruit. Le projet de transport en commun en site propre à Maubeuge avait été lancé dès 1993. Il aura donc fallu une quinzaine d’années pour qu’il se réalise enfin ! Mais il est vrai qu’il fut retardé par l’une des communes concernées, celle d’Hautmont, qui n’avait pas cru bon de souscrire au projet, d’où la nécessité de progresser vers son centre-ville en site partagé.
Au stade des études préliminaires, le choix du mode était resté très ouvert. Le tramway avait survécu à Maubeuge jusque dans les années 50, et l’hypothèse d’en reconstruire un nouveau n’avait donc pas été d’emblée éliminée, même s’il est vite apparu que ce mode était surdimensionné par rapport à la taille de l’agglomération. Est alors venue l’idée d’un trolleybus, qui présentait l’avantage de constituer la solution propre par excellence. Finalement, l’apparition du BHNS a emporté l’adhésion des élus locaux, qui l’ont considéré comme la solution la plus raisonnable, en mettant l’accent sur le « très haut niveau de service » décliné sous la forme d’une parfaite accessibilité, d’un véhicule au confort extrêmement soigné, ou encore d’un système très complet d’information embarquée. Le trolleybus avait toutefois de réelles chances, et l’exploitant ne paraît pas l’exclure totalement pour le futur…
Le site propre intégral couvre 8,4 km et compte 14 stations. Les Crealis d’Irisbus sont construits sur la base des nouveaux Citelis du même constructeur, et arborent une livrée originale signée d’un artiste local renommé, Félix Del Marle. L’investissement total (infrastructures et matériel roulant) s’élève à 70 millions d’euros, dont 12 proviennent du Feder (fonds européen de développement régional), 5 du département et de la Région, et les 53 restants du versement transport. Une réalisation de qualité, visiblement appelée à se développer…
Philippe HÉRISSÉ
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