Un bus garanti en Ile-de-France après le dernier train du soir
Transilien SNCF développe un dispositif de correspondance garantie par bus avec les réseaux de transports urbains locaux Quoi de plus énervant que de voir le cul du bus à la descente du train, en particulier quand il s’agit du dernier de la soirée ? Pour éviter aux voyageurs franciliens ce type de mésaventure, systématique quand le RER ou le train a plus de 5 mn de retard, Transilien SNCF développe un dispositif de correspondance garantie avec les réseaux de transports urbains locaux. Concrètement, le conducteur du dernier bus ou car au départ de la gare attend jusqu’à 15 à 20 mn le train avec lequel il est théoriquement en correspondance. Pour l’instant menée au cas par cas, l’opération a vocation à s’étendre. « Elle est l’action phare d’un vaste plan d’amélioration de l’intermodalité dans les pôles d’échange, précise Laurent Fautras, chef de produit intermodalité au département services à la clientèle de Transilien SNCF. Elle a été lancée expérimentalement en janvier 2007 à la gare de Dammartin-Juilly-Saint-Mard, sur la ligne K (Paris-Nord – Crépy-en-Valois, ndlr), à la suite de diagnostics sur les possibilités d’améliorer les ruptures de charges sur 41 pôles pilotes, dont 11 sont en commun avec notre filiale Keolis. »
Une enquête clientèle réalisée pour Keolis avait de plus révélé que l’un des plus importants freins à l’utilisation du train par les pendulaires, c’est la crainte de rater leur bus. La correspondance est une source de stress, le matin – angoisse d’arriver en retard au travail – comme le soir – anxiété de rester « en plan ». Deux concepts dictent donc la récente politique du groupe, baptisée Synchro : la correspondance idéale avec des horaires de bus calés sur ceux des trains, et la correspondance garantie pour le dernier trajet de la journée en cas de retard du train.
Principes qui sonnent comme une évidence… mais qui en sont très loin : les habitudes des transporteurs de travailler chacun dans leur coin ont la vie dure. « On se demande bien comment le Stif n’a pas pu nous demander ça avant !, plaisante Aline Langlet, responsable intermodalité et nouveaux services à Paris-Saint-Lazare. Mais, jusqu’à peu, on considérait que la notion de correspondance n’avait pas d’importance en Ile-de-France, vu la densité de l’offre de transports. » A noter qu’en province, autant entre les métros ou trams et les bus d’un réseau géré par un opérateur unique les horaires sont cohérents, autant ce n’est pas forcément le cas avec les TER. Même si « des expériences de correspondances garanties se sont déroulées à Dreux, Avignon-TGV et Aix-les-Bains », rappelle Laurent Fautras.
En Ile-de-France, l’objectif est d’abord d’associer les 8 réseaux Keolis avant la fin de l’année. « En fonction des opportunités et des contraintes de production des réseaux de bus », poursuit-il. Depuis janvier dernier, 19 gares Transilien sur un total de 380 bénéficient du dispositif : 13 gares des lignes A, J et L du réseau de Saint-Lazare, soit la moitié des pôles d’échange de la région, travaillent avec 7 autocaristes différents (principalement rattachés à Veolia), Dammartin (voir ci-dessous) et 5 gares du RER D desservies par 19 lignes des Courriers d’Ile-de-France (CIF, Keolis). « Cette expérimentation a été mise en place à la faveur de la refonte de la desserte du RER D Nord, et nous en avons profité pour étoffer l’offre bus sur 3 lignes, explique Nadia Smondel, responsable qualité et intermodalité aux CIF. Elle est réalisée sous l’égide du Stif, qui s’est engagé à payer une partie des surcoûts générés par la correspondance garantie. » Décaler les horaires des bus peut en effet engendrer des besoins supplémentaires en conducteurs, voire en véhicules.
D’autres projets sont dans les tuyaux dans les gares de Versailles-Chantiers, Versailles-Rive gauche, Evry et Villeneuve-Saint-Georges. Pour déployer la correspondance garantie à très grande échelle, il faudra sans doute qu’une majorité de réseaux soient convertis au Saeiv, leur serveur pouvant ainsi recevoir automatiquement l’info trafic du système Info Gare SNCF. Mais il est utopique de penser agir sur toutes les gares. « Cela met en péril la ponctualité et la régularité du réseau de bus sur laquelle l’opérateur s’est engagé envers le Stif, rappelle Alice Langlet. Certains ne veulent donc pas se mettre en porte-à-faux. » Le groupe entend en tout cas promouvoir sa démarche Synchro(nisation), qu’il a présentée au Stif en novembre et sur laquelle il s’apprête à communiquer largement. Il paraîtrait aussi que l’engagement de correspondance idéale et garantie est un argument qui a fait pencher la balance en faveur de Keolis à Bordeaux…
Cécile NANGERONI
Publié le 06/02/2025 - Philippe-Enrico Attal
Publié le 10/01/2025 - Philippe-Enrico Attal
Publié le 05/01/2025 - Philippe Hérissé