La SNCF reconquiert le marché transmanche
Pour la première fois, Fret SNCF, opère un trafic de marchandises de bout en bout entre la France et la Grande-Bretagne. Le 10 mars, Fret SNCF a lancé un trafic de bobines d’acier entre la zone portuaire de Dunkerque et Burton upon Trent, en Grande-Bretagne (au nord-est de Birmingham), pour le compte d’ArcelorMittal. La nouveauté réside dans le mode de production : l’opérateur français est passé d’une coopération historique avec DB Schenker UK (ex-EWS) à un mode de transporteur unique gérant le trafic de bout en bout. Pour la SNCF, cette organisation est une première entre la France et la Grande-Bretagne.
Un aller-retour hebdomadaire est aujourd’hui opéré. Est-ce là le signe d’une renaissance du transport de marchandises « made in » SNCF, via le tunnel sous la Manche ? Ce nouveau service s’inscrit bien dans la stratégie de l’opérateur national, annoncée fin 2007 : réduction des pertes structurelles, puis reconquête du marché. L’objectif fixé est un doublement, voire un triplement des volumes franco-britanniques, sans précision de délai. L’arrêt total de cette activité internationale, un moment envisagé, n’est donc plus d’actualité. La SNCF, interlocuteur du client pour ce trafic, s’appuie en Grande-Bretagne sur sa filiale Freight Europe. Cette dernière, commissionnaire de transport depuis 1996 et entreprise ferroviaire sous licence depuis le 28 décembre 2007, assure le rôle d’assembleur en terres anglaises :
– elle supervise le transport ferroviaire dont la traction, sur le parcours britannique, est confiée à Colas Rail. La filiale du groupe Bouygues circule sous son propre certificat de sécurité en utilisant ses locomotives et son personnel qualifié ;
– elle réalise les opérations de déchargement à Burton upon Trent ;
– elle effectue le suivi en temps réel du trafic : Edifret en France et Total Operations Processing System (Tops) en Grande-Bretagne.
Conformément à un accord passé en 2007 entre la SNCF et Eurotunnel, ce dernier joue le rôle de tractionnaire pour la traversée du détroit du Pas-de-Calais. En effet, depuis novembre 2007, et ceci afin d’endiguer les pertes inhérentes à ces services transmanche, la SNCF a confié à Europorte 2, filiale d’Eurotunnel, les opérations au sol ainsi que la traction des trains dans le tunnel entre Calais-Fréthun et Dollands Moor.
Freight Europe envisage d’autres développements internationaux, mais aussi nationaux, à l’image du trafic d’acier lancé à la fin 2008 pour le compte de l’armateur DFDS Tor Line (voir encadré). L’opérateur ferroviaire Colas Rail, présent sur divers types de trafic (acier, bois), à l’inverse de la stratégie déployée en France (essentiellement trains de granulats et de travaux), continuerait à être un partenaire de Freight Europe mais pourrait être rejoint par d’autres. Le nom de GB Rail Freight revient souvent, d’autant plus que des essais avaient déjà eu lieu, il y a près de deux ans, pour le compte de la SNCF. A plus long terme et en fonction de la montée en puissance de la filiale britannique, celle-ci pourrait se doter de son propre personnel spécialisé ainsi que de moyens de traction.
Laurent CHARLIER
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