Perpignan - Figueras, le plus interrégional des TGV internationaux
Le 19 décembre, l’enthousiasme populaire autour de la mise en service du TGV de Perpignan à Figueras-Vilafant a été inversement proportionnel à la discrétion médiatique française qui l’a accompagnée. Ouverte le 23 novembre seulement, la réservation sur ces deux paires de trains a permis, entre Perpignan et Figueras, un taux de remplissage de 75 %, soit 1 500 des 2 000 places cumulées par les quatre parcours des rames Dasye flambant neuves aptes à circuler sur le tronçon binational TP Ferro équipé ERTMS !
Mais le signe le plus frappant de l’émotion suscitée par ces premières circulations fut la densité de la foule massée sur le 4e quai frais goudronné de la gare de Perpignan. Les spectateurs étaient aussi au rendez-vous tout au long du parcours. Ils sont là, par petits groupes, agitant les bras derrière la grille de protection du domaine ferroviaire. À la balustrade des ponts-routes. Perchés sur les talus de la tête nord du tunnel.
Deux minutes quarante secondes plus tard et les 8 171 m du souterrain parcourus (à 175 km/h, la vitesse limite de la ligne étant maintenue à 200 km/h tant que sa prolongation espagnole n’est pas ouverte), le Duplex surgit en surplomb de la Junquera, de son autoroute, de ses alignements de camions. Et de nouveau des groupes, des spectateurs, heureux ceux-là de voir s’ouvrir une porte vers le nord et le grand voisin français.
Dernier souterrain, celui de Vilafant, entre le domaine TP Ferro et la gare Adif, le RFF espagnol. Figueras-Vilafant n’est encore qu’un terminus en double tiroir, la rame TGV venant glisser sous la seule voie UIC déjà électrifiée, tandis que de l’autre côté du quai 1 attend une rutilante unité multiple de deux rames CAF série 449 de l’activité Media Distancias de Renfe, prête à partir pour Barcelone dix minutes plus tard.
Sa mission sur la voie classique à écartement ibérique est quasi directe, avec un seul arrêt intermédiaire à Gérone. Résultat : 23 à 27 minutes de moins entre Perpignan et Barcelone, à 2 heures 25 minutes (7 heures 25 depuis Paris), que par le seul des deux Talgo diurnes maintenu, le Montpellier – Cartagène.
Face au beau pignon central, aérien, du nouveau bâtiment voyageurs de Vilafant, il y a pléthore de médias catalans et espagnols, camions télévisés sur le parvis en contrebas… à une encablure du Bario Gitano, un quartier pauvre des limites de Figueras. Au bout de la voie sur laquelle stationne la rame TGV, un « cambiador » prêt à traiter les essieux à écartement variables.
Si le succès populaire a dépassé toutes les espérances, encouragé par un supplément spécial des journaux régionaux français et catalans, c’est que la demande de transport collectif est forte entre les deux régions mitoyennes, aux liens culturels étroits.
« D’après nos estimations, le taux de clientèle transfrontalière de nos TGV qui réalise des parcours depuis Montpellier et les gares en aval jusqu’à Figueras et au-delà devrait s’élever à 80 % », explique Philippe Maria, du GIE Renfe-SNCF Coopération voyageurs, basé à Madrid. Seulement 20 % viendraient de gares situées au-delà de Montpellier jusqu’à Paris. Ce qui ferait de ce TGV transfrontalier sur ligne nouvelle le plus interrégional des TGV internationaux.
Mais l’offre embryonnaire proposée jusqu’à la mise en service de la ligne nouvelle Figueras – Barcelone fin 2012 reste tournée vers la longue distance. Seul le Talgo Montpellier – Cartagène permet un aller-retour dans la journée depuis les villes du Languedoc-Roussillon jusqu’à celles de la Catalogne (Figueras et Gérone) grâce à son départ précoce de la capitale languedocienne et son retour tardif. L’utilisation des seuls TGV le même jour ne laisse qu’un battement de 2 heures 15 à Figueras.
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