Un temps évoquée, la grande révolution n’aura pas lieu. Bravant les remontrances de Bruxelles et celles de ses amis politiques, le ministre des transports Peter Ramsauer refuse de priver la compagnie de sa très lucrative filiale DB Netz. Le réseau d’un côté, les activités opérationnelles de l’autre : maintes fois évoquée, l’émancipation de DB Netz semblait enfin en passe d’aboutir en ce début d’année. Sur fond de polémique sur le mauvais état des voies ferrées allemandes paralysées par la neige, l’idée était évoquée en plus haut lieu, jusqu’au conseil des ministres.
Réclamé depuis longtemps par Bruxelles, ce divorce compte de nombreux supporters en Allemagne : les Verts mais aussi les libéraux, partenaires des conservateurs d’Angela Merkel au sein du gouvernement.
Mais alors qu’ils pensaient avoir rallié le ministre à leur cause, voilà que Peter Ramsauer fait volte-face. Le couperet est tombé : la DB pourra conserver DB Netz et surtout ses juteux profits : 1,2 milliard d’euros attendus en 2015. Une manne considérable que la compagnie pourra continuer à utiliser comme elle l’entend.
Et c’est ce point précis qui n’en finit plus de faire des remous. « Cette cagnotte doit être exclusivement réinvestie dans le réseau allemand, afin de renforcer la concurrence, s’étrangle Oliver Luksic, le spécialiste des questions de transport du parti libéral FDP. Tant que le groupe Deutsche Bahn gardera la main mise sur la gestion des voies, cet argent servira à financer des achats à l’étranger. »
Pour ménager les apparences, Peter Ramsauer affirme qu’il a obtenu des contreparties : un « engagement » de la Bahn, prête à investir davantage dans les infrastructures. Mais cela ne trompe personne : quitte à agacer l’UE encore davantage, le ministre marche dans les traces de ses prédécesseurs, qui, de gauche comme de droite, ont toujours fait preuve de beaucoup de bienveillance à l’égard de la compagnie.
« C’est un pas dans la mauvaise direction », critique le Financial Times Deutschland qui qualifie de « vague déclaration d’intention », la promesse de la DB de consacrer plus d’argent aux 34 000 km de voies ferrées allemandes.
Les espoirs des partisans de l’indépendance de DB Netz reposent donc désormais sur la Commission européenne qui brandit la menace de sanctions. Déjà dans le viseur de Bruxelles, la politique de Berlin pourrait désormais être assimilée à des aides déguisées à l’opérateur. Pas de quoi faire trembler Peter Ramsauer : il a déjà annoncé qu’il resterait inflexible jusqu’à la fin de son mandat, en 2013.
Il y a 8 mois - Junjie Ling