La compagnie allemande va débourser plus de cinq milliards d’euros pour acquérir 300 trains et renouveler sa flotte grandes lignes. Un contrat historique basé un mot d’ordre : la fiabilité. La Bahn veut en finir avec les innombrables problèmes de matériel qui pèsent sur sa rentabilité et nuisent à son image. Plus de cinq milliards d’euros : voici le montant du contrat historique que la Deutsche Bahn s’apprête à signer avec Siemens. Une commande hors norme, qui porte sur pas moins de 300 trains grandes lignes. Du jamais vu outre-Rhin.
Avec ces trains baptisés ICx, la compagnie entend surtout en finir avec les problèmes techniques qui, ces dernières années, ont pesé lourdement sur sa rentabilité. Car ce contrat a été guidé par un seul mot d’ordre : la fiabilité. La Deutsche Bahn a ainsi fixé un cahier des charges très strict afin de se prémunir contre les pannes.
Siemens a notamment dû prendre des engagements sur la longévité des essieux : leur durée d’utilisation est garantie pendant 4 millions de kilomètres. En cas de rupture ou de fissure prématurée, le constructeur sera tenu pour responsable, à moins qu’il ne prouve la responsabilité de l’opérateur. Il y a trois ans, la rupture d’un essieu a contraint la DB à procéder à de coûteuses et laborieuses vérifications de son matériel, désormais obligé de passer chaque mois à l’atelier pour inspection. La prise en charge de cette maintenance inattendue a donné lieu a d’intenses querelles, car plusieurs industriels avaient pris part à la construction des pièces présumées défaillantes.
Autre exigence formulée par la compagnie : les ICx devront faire preuve d’une plus grande résistance aux variations de climat. La climatisation par exemple devra supporter des températures supérieures à 40°. L’été dernier, certains trains s’étaient transformés en sauna et des passagers avaient fini à l’hôpital : les systèmes d’air conditionné n’avaient pas résisté à la canicule. En hiver, c’est la neige qui a provoqué un chaos sans précédent sur l’ensemble du réseau grandes lignes. Depuis ces déboires qui ont écorné encore un peu plus son image, la DB ne cesse de clamer sa détermination à se mettre « davantage au service du client ». Les nouveaux trains mettent d’ailleurs l’accent sur le confort avec davantage de place pour les jambes ou des espaces dédiés aux familles.
Et pour s’assurer que ces requêtes seront bien respectées, la compagnie a pris une ultime précaution : elle a obtenu que ses ingénieurs soient étroitement associés au processus de fabrication, afin de contrôler la qualité du matériel.
Mais pour en arriver à cet accord, les deux parties ont dû mener d’âpres discussions. Les négociations ont abouti avec plus d’un an de retard sur le calendrier prévu. Il faut dire que l’enjeu est de taille pour la Bahn, car les ICx devront remplacer à la fois les actuels Intercity et dans un second temps les trains à grande vitesse ICE de première et deuxième génération.
Mais la très grande vitesse n’est pas l’objectif poursuivi : les trains ne dépasseront pas les 250 km/h. Avec cette nouvelle flotte harmonisée dont la mise en service débutera dès 2016, la DB espère avant tout composer des trains modulables capables de circuler dans plusieurs pays européens. Car la compagnie allemande ne l’a jamais caché : elle entend profiter de la libéralisation du trafic de voyageurs dans l’UE.
Antoine Heulard
Il y a 3 années - Patrick Laval
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