Péage urbain : Milan imite Londres en lançant un nouveau système visant tous les conducteurs
06 Fév 2012
Londres , Milan , Italie , Royaume-Uni , Automobile
Mis à jour le 23 mai 2017
Rongée par la pollution, la capitale économique de l’Italie mise sur un nouveau péage urbain, baptisé Area C, qui pénalise désormais toutes les voitures. Ciao l’Ecopass, benvenuto à l’Area C ! Depuis le 16 janvier, les Milanais découvrent ce nouveau système de péage urbain inspiré de Londres. Le principe ? Alors que l’Ecopass, en place depuis 2008, faisait payer les conducteurs dans l’hyper-centre selon le degré d’émissions polluantes du véhicule – sur le principe du « qui pollue plus paie plus » –, le système Area C (avec un C pour centre ou congestion) consiste en la mise en place d’un péage de 5 euros pour toutes les voitures, quel que soit le degré de pollution. « Ce ticket d’entrée doit nous pousser à changer nos habitudes pour le bien de tous », précise le maire de gauche, Giuliano Pisapia. Active du lundi au vendredi de 7h30 à 19h30 pendant 18 mois de test, la zone Area C, surveillée par des caméras, est en plus interdite aux voitures les plus polluantes et aux véhicules de plus de 7 m. Seules les voitures électriques, les motos et scooters circulent sans payer, de même que les véhicules hybrides ou GPL, exemptés jusqu’à la fin de l’année. Les livreurs ont un tarif préférentiel (5 euros pour une entrée comprenant 2 heures de parking, 3 euros l’accès journalier), tout comme les 78 000 résidents de la zone concernée qui bénéficient de 40 accès gratuits avant de payer 2 euros l’accès.
Avec ce règlement drastique – une amende de 76 euros est prévue pour les fraudeurs –, Giuliano Pisapia espère réduire le trafic de 20-30 % dans une ville rongée par la pollution, où le seuil maximum européen de particules PM10 a été dépassé 132 jours en 2011. Ses modèles ? « Stockholm, où le péage urbain a réduit de 20 % l’utilisation de la voiture ; Copenhague, où 36 % des habitants se déplacent à vélo ; Londres, où la “Congestion Charge” a aussi profité aux commerçants. » Alors que 700 000 voitures entrent chaque jour dans la ville, dont 110 000 dans l’hyper-centre, l’enthousiasme du maire n’est cependant pas partagé par toute la ville. L’association d’entrepreneurs Assolombardia redoute que ce péage « expulse petit à petit les activités du centre ». Côté politique, le parti populiste de la Ligue du Nord a lancé une pétition pour le retrait de l’Area C, tandis que le président de la région, Roberto Formigoni, membre du parti de Berlusconi, reproche à ce système de « taxer indifféremment celui qui pollue et celui qui ne pollue pas ». Des résidents furieux ont eux réclamé un tarif encore plus préférentiel, ce que la mairie pourrait mettre en place d’ici mars.
Pour mieux faire avaler la pilule aux 30 000 personnes qui, selon les estimations, devront renoncer à prendre leur voiture, la ville a promis d’investir les quelque 30 millions d’euros annuels générés par ce péage dans les transports en commun et pistes cyclables. 1 million d’euros seront par ailleurs déboursés cette année pour améliorer les transports, dont la fréquence sera augmentée. Avec 3 lignes de métro, 19 de trams, 96 de bus et 5 de trolleybus, Milan est encore sous-équipée. La preuve ? Seuls 19,9 % des parcours des transports en commun ont des voies réservées. Cette situation génère de nombreux bouchons, au point qu’en heure de pointe trams et bus roulent parfois à 6 km/h !
Eléonore Kern