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Entretien avec Olivier Poitrenaud, directeur de Tisséo : « A Tisséo, rôles et responsabilités sont clarifiés »

20 Fév 2012

réseau

Mis à jour le 23 mai 2017

Avant son arrivée à la tête de l’Epic Tisséo, le 1er juillet 2011, Olivier Poitrenaud, polytechnicien, a occupé pendant 22 ans de nombreux postes à la SNCF : directeur de la gare de Lyon, de la relation clients pour le fret, responsable du dépôt de Paris-Nord, directeur d’exploitation et finalement DG de Thalys International. Ville, Rail & Transports : Vous êtes arrivés à Toulouse en juillet 2011 pour prendre la direction de l’Epic Tisséo. Quelles sont vos premières impressions ?
Olivier Poitrenaud : Faire tourner un établissement de 2 600 personnes est passionnant. Je découvre une entreprise avec une culture du transport public forte, des gens passionnés. On y fait tous les métiers (maintenance, infrastructure, achat de matériel…) : c’est la richesse d’une régie. Ce contexte est extrêmement moteur. C’est un lieu d’innovation et de défi pour mettre en œuvre les infrastructures dont les gens ont besoin.
Toulouse est une des cinq premières agglomérations de France et doit faire face au défi du développement de ses transports. J’arrive à un moment clé : la révision du PDU est en chantier pour définir l’avenir de ses transports pour les dix ans à venir, avec le triplement des sites propres bus, le prolongement du métro et du tram. L’offre nouvelle allant avec ces grandes réalisations arrivera dans trois ans.

VR&T : Quel est votre positionnement par rapport aux élus, après tous les soubresauts qu’a connus l’autorité organisatrice ces dernières années ?
O. P. : J’arrive à un moment où ça se stabilise. Le président de Tisséo-SMTC, Pierre Cohen, s’appuie sur trois piliers : le SMTC qui définit la stratégie et dessine les offres de nouveaux services ; la Smat qui a un rôle de maîtrise d’ouvrage et de maîtrise d’œuvre des grands projets ; un Epic que je dirige, qui est chargé de réaliser l’offre au quotidien. Les directeurs se rencontrent tous les mois et j’assiste au conseil syndical du SMTC. Ça fonctionne bien, les rôles et les responsabilités de chacun sont clarifiés.

 

VR&T : Comment va l’Epic Tisséo ?
O. P. : Nous nous développons. Les validations ont augmenté de 7 % en un an. Notre offre kilométrique a crû de 3,5 %, soit un million de kilomètres en plus, ce qui est conforme avec le développement de Toulouse. Le budget (208 millions d’euros) est en hausse de 6 % par rapport à 2011 et les effectifs (2 600 salariés) de 3,5 %. Une politique assez généreuse vis-à-vis des jeunes (avec l’abonnement mensuel à 10 euros) a été mise en place, mais cela n’a pas empêché les recettes (60 millions d’euros) d’augmenter de 3 % cette année. Nous allons renouveler 120 bus dans les années à venir et en profiter pour préparer la première étape de services et d’innovations liée à l’arrivée des BHNS en 2015-2016. Pour le métro, nous allons rénover l’ensemble des rames de première génération du VAL (arrivées à mi-vie) d’ici deux ans.

 

VR&T : Quels sont vos objectifs pour les années à venir ?
O. P. : Les études montrent que les Toulousains sont satisfaits de leurs transports en commun. Dans les deux ans qui viennent, nous allons travailler sur les fondamentaux qui les lient à leurs transports : « ma ville, mon trajet ». J’ai identifié trois pistes de travail : la qualité de service, la sûreté et le management de proximité. L’information en temps réel a été mise en place avant mon arrivée, grâce à un système de pilotage sophistiqué. On peut aller plus loin dans l’innovation. La régularité, le confort et la propreté sont aussi à travailler. A Toulouse, l’organisation de la sûreté a réussi à créer un lien de confiance. Il faut l’approfondir, et mon expérience à la SNCF me sera utile. Le troisième axe est le management de proximité. Dans nos entreprises, surtout quand elles grossissent, il faut faire le lien entre les capacités d’agir au quotidien et la convivialité, ce qui passe par le dialogue social et la communication interne. Cela alimente la culture d’entreprise et fait que les salariés se sentent bien.

 

VR&T : Le dialogue social est parfois difficile à Tisséo, comme l’a montré le préavis de grève lancé par les wattmen avant les fêtes, un an après la grève dure qui a fait rater l’inauguration du tramway.
O. P. : Le tramway est une nouvelle organisation et ce débat est normal. Il n’y avait pas lieu de bloquer le tram pour les fêtes de Noël. Nous avons accepté de discuter en janvier pour faire un bilan un an après le lancement. On travaille notamment sur les battements, les journées de repos, la pénibilité. On a déjà fait des propositions en décembre sur les battements du dimanche. On en fera de nouvelles en février. Le reste, c’est la vie des réseaux : l’évolution de l’offre, les discussions salariales, les élections professionnelles. Je veille personnellement à ce que le dialogue social se passe dans les meilleures conditions. Mon rôle est de trouver le bon compromis entre les demandes des salariés et la politique de l’entreprise.

 

Propos recueillis par Catherine Sanson-Stern
 

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