Pétition pour le 30 km/h en ville
Des associations militent pour amener l’Europe à réduire la vitesse automobile de 50 à 30 km/h dans les centres-villes. Pour y parvenir, elles comptent réunir un million de signatures de citoyens européens, seuil à partir duquel la Commission pourra se saisir officiellement du sujet. Pacifier la ville en réduisant la vitesse des voitures, améliorer la qualité de l’air, renforcer la sécurité routière. Voilà le projet d’une grosse poignée d’associations. Ensemble, elles portent la déclinaison française d’une pétition européenne. Cette initiative citoyenne européenne (ICE) a été déposée auprès de la Commission européenne le 13 novembre 2012. L’objectif est de recueillir au moins 55 000 signatures de Français (soit moins de 1 pour 1 000 habitants) et un million de citoyens européens (www.30kmh.eu). C’est à partir de ce seuil que l’ICE sera validée et que la Commission européenne pourra se saisir officiellement du sujet. A terme, la Commission pourrait transformer cette ICE en proposition de loi, ce que souhaitent les associations. Pour l’instant, 11 000 signatures ont été rassemblées.
Pour les associations qui promeuvent la pétition, il s’agit de préconiser une vitesse de 30 km/h en centre-ville et dans les quartiers résidentiels, et de ne conserver le 50 km/h que sur les axes de transit, en dehors. Cela présenterait l’intérêt de permettre à d’autres modes de transport de cohabiter avec la voiture, comme la marche à pied ou la bicyclette. Ce serait l’occasion pour les citoyens de faire plus d’exercice physique, alors que le monde médical préconise une demi-heure quotidienne de sport pour prévenir les maladies cardio-vasculaires. Cette mesure permettrait aussi, indirectement, de faire baisser la part modale de l’automobile comme le préconise déjà l’Europe. Côté santé, un abaissement de la vitesse de 50 à 30 km/h multiplie par neuf les chances de survie des piétons et des cyclistes en cas de choc, en réduisant les distances d’arrêt. Cela permet aussi de réduire le bruit de 2,5 dB(A) et l’émission d’oxyde d’azote, parce qu’elle s’accompagne d’une conduite plus souple, et, par ailleurs, de faire baisser la consommation.
Yann GOUBIN
De nombreuses villes l’ont déjà adopté
Certes, une pétition aurait le mérite de formaliser les choses et, rêvons un peu, d’inscrire le 30 km/h en ville dans le code de la route. Mais, avant qu’une hypothétique réglementation les y contraigne, quelques villes européennes du Nord comme Delf, Cologne, Berlin ou Munich (à 80 %), mais aussi françaises, ont franchi le pas, instaurant le 30 km/h dans leurs rues. Citons, pêle-mêle, Fontainebleau ou des quartiers de Rueil-Malmaison, Lorient, Dijon, Toulouse, Salon-de-Provence, Strasbourg et Sceaux, dont le maire adjoint, Patrice Pattée, avance que « la ville à 30, c’est plus rapide », parce que plus fluide, et que les distances à vélo, en empruntant les sens uniques à contresens comme l’autorise le code de la route, sont plus courtes, don plus rapides.
Une mesure qui favorise l’autopartage
Si cette pétition soulève les critiques de certains automobilistes, qui y voient une restriction de plus à leur liberté de circuler, on constate aussi qu’elle rassemble au-delà des associations, traditionnellement pour un partage de la route entre les différents usagers, comme la Fnaut, la Fédération des usagers de la bicyclette, Rue de l’Avenir ou les Droits du piéton. Ainsi, la pétition est aussi portée par les deux grandes associations de parents d’élèves, PEEP et FCPE, qui pensent à la sécurité des enfants à la sortie de l’école. Plus étonnant encore, France Autopartage, le réseau associatif de quatorze services en France, qui constate que « l’autopartage se développe mieux dans une ville à 30 », à l’image de Strasbourg où le collectif est né, et se développe le plus vite.
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