Qualité de l’air. Grenoble : une politique volontariste pour modifier les déplacements
14 Sep 2014
Auvergne-Rhône-Alpes , Grenoble , Air , Circulation automobile , Cyclistes , Diesel , Plan Air Climat , Pollution , Qualité de l'air , Voiture propre
Mis à jour le 23 mai 2017
Dans la « cuvette grenobloise », la circulation automobile et l’étalement urbain de ces dernières années ont entraîné la multiplication des pics de pollution sur l’agglomération. Des solutions en matière de transport existent. Un défi pour la nouvelle municipalité écologiste.
Deux polluants sont particulièrement problématiques dans la région grenobloise : les particules fines (PM) et les oxydes d’azote (NOx). Didier Chapuis, directeur territorial d’Air Rhône-Alpes, l’association régionale qui fournit aux décideurs politiques les mesures sur la qualité de l’air, confirme : « Les conditions topographiques de Grenoble empêchent les polluants de se disperser, surtout les particules fines ». La région Rhône-Alpes est d’ailleurs sous la menace d’une sanction européenne en raison du dépassement récurrent des valeurs réglementaires et de l’insuffisance des plans d’actions contre la pollution.
La part du transport dans la survenue de tels pics est certaine, bien que l’évolution soit relativement positive. D’après des données d’Air Rhône-Alpes, « les émissions d’oxydes d’azote (NOx) proviennent essentiellement des transports (57 % en 2011) », de même que les émissions de particules fines (22 % dues au transport de personnes et 11 % au transport de marchandises). Cependant, « le secteur des transports enregistre une baisse comprise entre 19 et 24 % [des émissions de NOx entre 2005 et 2011], essentiellement liée à l’amélioration technologique des moteurs ». De même, concernant les particules fines, « le secteur du transport de marchandises enregistre une baisse importante (- 27 %) » sur la même période. Didier Chapuis confirme : « sur les dix dernières années, la tendance moyenne est une amélioration notable, mais avec des fluctuations interannuelles importantes ». D’après une étude menée par Air Rhône-Alpes fin 2013, « la qualité de l’air est la principale préoccupation environnementale des Rhône-Alpins, devant l’eau ou le réchauffement climatique ». « Avec ces données, on encourage les décideurs politiques à se bouger. »
Un dispositif préfectoral est activé dès qu’un seuil d’information (voire d’alerte) est dépassé ou risque de l’être. Il vise à donner des recommandations sanitaires et comportementales à la population. Le lancement d’actions urgentes de réduction des émissions (restriction du trafic routier, des activités industrielles, gratuité des transports en commun, etc…) par les autorités organisatrices se fait cependant au cas par cas, souvent au dernier moment. Yann Mongaburu, président du SMTC et vice-président de la Métro chargé des déplacements, explique « travailler avec le préfet et les intercommunalités proches sur un nouveau dispositif plus visible et expliquant clairement une gradation des mesures à prendre en cas d’urgence. »
En amont, des politiques à moyen et long terme ont été mises en œuvre en Isère afin d’éviter que de tels pics se produisent. La Communauté d’agglomération Grenoble Alpes métropole (La Métro) a été la première agglomération de France à se doter, en 2005, d’un plan Air Climat pour suivre les émissions de polluants atmosphériques qui dépassent les seuils réglementaires. Le volet déplacements de ce plan compte 4 orientations : développer le réseau de transports collectifs urbains et l’articuler avec le développement de l’agglomération ; développer la marche et le vélo ; promouvoir et appuyer les initiatives de mobilité sobres et innovantes ; enfin, optimiser les transports de marchandises et la logistique urbaine.
Le réseau de tramway de Grenoble s’est doté d’une nouvelle ligne, la ligne E, inaugurée le 28 juin 2014. Le service de vélos en libre-service métrovélo, mis en place en 2004, connaît également un succès important : selon le syndicat mixte des transports en commun, 45 000 personnes l’utilisent au moins deux fois par semaine. Le nouveau maire écologiste de la ville, Eric Piolle, donne d’ailleurs l’exemple en ne se déplaçant presque qu’à vélo. Pour Yann Mongaburu, « la marge de progression est encore forte, on doit encourager de manière prioritaire la pratique du vélo en sécurisant davantage les voies de circulation des cycles ». La ville a obtenu, en 2007, le label Cit’ergie qui récompense des politiques environnementales volontaristes. Et la Métro envisagerait maintenant une restriction d’accès des véhicules les plus polluants au centre-ville…
Théo HETSCH
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