Il est urgent d’attendre… C’était un peu le message délivré mi-octobre à Bruxelles par le président de la Deutsche Bahn, Rüdiger Grube, et de la directrice générale déléguée de la SNCF, Sophie Boissard. Ils réclament de concert une « étude d’impact » de la Commission européenne, avant qu’elle ne propose le découplage entre les opérateurs ferroviaires et les activités de réseaux. « Nous ne voulons pas d’une décision à la va-vite fondée sur des bases dogmatiques », a martelé Rüdiger Grube. « Le cadre législatif à venir engage l’avenir du rail en Europe pour les prochaines décennies. Il ne faut pas se tromper », a enchaîné Sophie Boissard.
La SNCF et la DB ont commandité elles-mêmes une étude au cabinet Roland Berger, analysant les systèmes intégrés en Chine, aux États-Unis, au Canada, en Russie et au Japon. Sans surprise, cette étude conclut que les systèmes intégrés permettent d’augmenter le trafic fret, la productivité du personnel et la ponctualité des trains… Comparer ces réseaux essentiellement fret avec le mixte européen « a autant d’intérêt que de les comparer à l’Antarctique ou à Chypre », a aussitôt réagi Tony Berkeley, président de Rail Freight Group, qui représente une centaine d’opérateurs fret et logistique. La Communauté européenne du rail (CER) s’apprête à présenter sa propre analyse le 5 novembre. « Là où il y a clairement un marché concurrentiel », c’est entre les cabinets d’études, en a conclu le directeur « réseaux transeuropéens » de la Commission, Jean-Eric Paquet, lors d’un débat au Parlement européen le 16 octobre.