L'exécutif de la Région Aquitaine/Limousin/ Poitou-Charentes (ALPC) a dénoncé le 23 février la décision "unilatérale" de la SNCF de supprimer 24 trains TER quotidiens, faute de conducteurs, et prévient que la Région prendra, si nécessaire, les "mesures à la hauteur du service non-rendu".
La Région, qui contribue "à hauteur de plus de 120 millions d'euros par an au fonctionnement du service TER" (Train Express Régional), une contribution toutefois "gelée depuis 2014 dans l'attente d'une meilleure production et de la démonstration d'une meilleure maîtrise des coûts", a appris "avec stupeur que la SNCF ne pouvait plus assurer le plan de transport du Ter Aquitaine par manque de conducteurs (entre 16 et 20 sur le site de Bordeaux), une situation que la Région "n'accepte pas", souligne la collectivité dans un communiqué.
La suppression de 24 trains par jour en semaine représente "plus de 5% des circulations que la Région commande" et pénalise "plus de 2.000 usagers", les cars de substitution, lorsqu'ils sont proposés, "ne répondant pas aux attentes légitimes des usagers qui subissent des temps de parcours dégradés".
En cause, selon la SNCF, un problème de recrutement et de formation des conducteurs décale tout le processus d'entrée dans l'entreprise.
L'exécutif régional relève dans son communiqué de "nombreuses circonstances aggravantes, qui contribuent à renforcer son insatisfaction", comme notamment le caractère "inédit" en Aquitaine de "cette crise d'ampleur nationale". "Il manque environ 300 conducteurs en France pour les trains régionaux, ce qui semble mettre en évidence une gestion défaillante" du groupe SNCF.
De même, dans la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, la SNCF a mis en place un "plan de transport adapté" (PTA), prévoyant la suppression de certains trains TER en heures creuses, faute notamment d'avoir réussi à recruter suffisamment de conducteurs.
En Picardie, le plan s'étale du 29 février au 16 avril et du 7 mars au 16 avril pour le Nord-Pas-de-Calais. Certains trains seront remplacés par des bus, mais pas de manière systématique.
Le député PS des Ardennes, Christophe Léonard, a également fait état de la suppression, à compter du 3 avril, de 6 trains dans son département, en provenance ou à destination de Charleville-Mézières, conséquence selon lui du détachement "de 10 conducteurs ardennais en Ile-de-France".
"Cette situation est de fait le résultat d'une mauvaise gestion de la SNCF, qui n'a pas recruté assez de conducteurs en 2014 et se retrouve aujourd'hui incapable d'assurer l'ensemble de ses activités sur le territoire national", a-t-il dénoncé dans un communiqué.
Interrogée, la SNCF tient à rassurer en rappelant que dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie, le PTA concerne "moins de 0,5%" de ses clients et que seuls "30 trains en moyenne par jour sur 1.250 trains" sont concernés.