Spécial 25 ans
07 Déc 2016
© Philippe Boisson - Photorail
Mis à jour le 23 mai 2017
Le face-à-face Bussereau/Savary
Si on parlait des transports publics pendant la prochaine campagne présidentielle ?
Par Dominique Bussereau Ancien ministre, député Les Républicains et président du conseil départemental de Charente-Maritime, président de l'Assemblée des départements de France, vice-président du Gart.
Le transport public ne sera pas hélas, une fois de plus, un sujet phare de la prochaine campagne présidentielle mais il l’a été lors des récentes élections municipales et régionales.
Pourtant depuis 2002, l’offre de transports publics a augmenté de plus de 40 % et le report modal est devenu une réalité dans de grandes agglomérations : 15 % à Lyon, 13 % à Toulouse, etc.
A travers trois appels à projets, le Grenelle de l’environnement a permis la construction de 1 000 kilomètres d’infrastructures de transports collectifs en site propre (TCSP) pour 15,5 millions d’euros.
Le législateur que je suis a participé au Parlement et au gouvernement à l’élaboration d’un véritable bouquet législatif : loi du 21 août 2007 sur le service minimum, loi du 27 janvier 2014 créant les autorités organisatrices de la mobilité avec des compétences élargies, loi du 22 mars 2016 réprimant les incivilités et améliorant la sécurité dans les transports (bravo Gilles Savary !), etc.
Pour être exhaustif, la loi du 27 janvier 2014 permet enfin
– après dix ans de combat – la dépénalisation et la décentralisation du stationnement payant de surface au bénéfice du transport public.
Parallèlement le renouveau du tramway (voulu, on l’oublie trop souvent, par le président Giscard d’Estaing dès 1974) avec 26 réseaux a réduit la place de la voiture en ville et permis des renouveaux urbains spectaculaires, dont Bordeaux fait figure d’exemple.
Aujourd’hui le développement du covoiturage, y compris sur de courtes distances, les voitures ou vélos en libre service, l’open data modifient chaque jour les transports au service de tous les publics.
C’est un atout pour la France mais c’est aussi un phénomène européen, mondial même si un immense continent comme l’Afrique reste en quasi-déshérence.
Cet hymne joyeux ne doit pas cacher quelques zones d’ombre :
– La crise du financement du transport public est une dure réalité : il y a un effet de ciseaux entre la baisse tendancielle des recettes (du fait de tarifs trop bas), de la hausse absurde de la TVA, du rendement plafonné du versement transport, d’une hausse tendancielle des coûts d’exploitation du fait de l’étalement urbain et périurbain et enfin des normes certes socialement utiles mais très contraignantes (accessibilité, pollution). Du coup, le ratio moyen recettes/dépenses a chuté de 39 % il y a dix ans à 31,5 % ;
– Le vieillissement de certaines infrastructures d’autant plus criant que l’on en construit chaque jour de nouvelles ;
– L’abandon scandaleux de l’écotaxe qui bloque et freine tous les nouveaux projets ;
– La fraude endémique et hélas son acceptation silencieuse dans beaucoup de réseaux ;
– Les effets pervers de la loi Notre qui complexifient le transport local au lieu de lui donner de la souplesse et de la proximité.
Néanmoins, il nous faut rester optimistes : le développement du transport public a donné à la France trois magnifiques groupes parmi les cinq premiers « Multinational Operators for local Transport Service » au monde : Keolis, Groupe RATP, Transdev. Grâce à eux et à nos industriels du secteur, la France joue un rôle de premier plan dans le développement mondial du transport public.
Ces grands acteurs et nos collectivités doivent permettre la transformation définitive du voyageur ou de l’usager en véritable client, en faisant jouer intelligemment la concurrence intermodale.
Nous attendons tous des transports sécurisés, avec un système maximal de sûreté, un service sans interruption à motifs sociaux ou calendaires, des véhicules confortables, climatisés, accessibles au numérique.
Nous devons pour cela changer de système et abandonner la seule économie de l’offre.
La digitalisation, le pouvoir de décision du client entre des offres diverses, les systèmes d’information en temps réels, la multiplication des services, l’apport de nouvelles offres de mobilité dans le cadre d’une économie circulaire, doivent permettre de conduire le client 24 heures sur 24 et 365 jours par an d’un point A à un point B.
Le transport de demain sera donc de plus en plus public mais aussi de plus en plus diversifié : TER, RER et TCSP pour le mass transit, cars et bus classiques ou à haut niveau de service, transport à la demande, autopartage et covoiturage, taxis et VTC, vélos ou deux roues électriques, marche à pied sans oublier – il faut être réaliste ! – la voiture individuelle.
Tout cela étant écrit et au vu de l’importance de ces sujets dans notre vie quotidienne je m’autorise cette question : et si l’on en parlait quand même pendant la campagne présidentielle ?
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