Que reste-t-il du Grand Paris de Sarkozy ?
A ma gauche, le projet Arc Express de rocade ferrée en petite couronne. A ma droite, le projet de double boucle de métro automatique. Les deux vont être soumis ensemble au débat public. Et que le meilleur gagne… et que tout s’accorde. Le 26 mai, l’Assemblée nationale a voté la loi sur le Grand Paris, et le Sénat a fait de même le lendemain. Le travail le plus délicat avait été accompli le 20 mai, lors de la commission mixte paritaire (CMP) Assemblée-Sénat, qui est parvenue à un texte commun, alors que les textes votés par les deux assemblées divergeaient nettement. Les sénateurs ont dû accepter le retour du projet régional Arc Express qu’ils avaient d’abord évincé. Et, alors que l’Assemblée avait voté un périmètre d’aménagement des gares de 1 500 m de rayon, restreint par les sénateurs à 250 m, la CMP a finalement fixé un rayon de 400 m. Au-delà de ces péripéties, qui ne sont pas négligeables, la fin du processus législatif invite à revenir sur ce qui reste du grand dessein d’abord énoncé. Comme souvent, il faut en revenir à 1968, mais cette fois au 1er janvier, sous un pouvoir encore peu contesté. De Gaulle divise alors le département de la Seine en quatre : Paris, Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne. Ce qui pouvait s’imposer alors pour être une gestion plus fine des territoires – c’est du moins la version officielle, qui masque les enjeux de pouvoir – apparaît des décennies plus tard comme un obstacle. Ne s’est-on pas privé d’un outil correspondant à la réalité de la métropole ? Et le périphérique ceinturant depuis la ville n’a-t-il pas séparé, plus que les anciennes fortifs, le centre des banlieues ? Pas question pour autant de revenir en arrière, nous disait il y a quelque temps Pierre Mansat, l’adjoint de Bertrand Delanoë, qui a inventé la politique de coopération entre Paris et les communes de banlieue. Le premier qui dit « Grand Paris » est un homme mort, disait-il en substance. Mort, parce que les structures entre-temps mises en place, un département aussi puissant que les Hauts-de-Seine ou des grandes intercommunalités, sont devenues des centres de pouvoir convoités. De plus, un Grand Paris se limitant à la zone agglomérée de l’Ile-de-France viderait de son sens et de ses ressources l’Ile-de-France : Jean-Paul Huchon a toujours été très en retrait sur le Grand Paris. Alors, on n’en parle pas, on y pense très fort, on se débrouille pour faire naître quelque chose qui réponde réellement aux besoins : c’est à pas feutrés qu’ont avancé Pierre Mansat et Bertrand Delanoë, faisant en sorte d’associer des élus de droite et de gauche à leur démarche. C’est ainsi qu’est née la Conférence métropolitaine, associant à la Ville de Paris une centaine de communes avoisinantes désormais rassemblées dans un syndicat d’études appelé Paris Métropole. Mais, quand Nicolas Sarkozy arrive au pouvoir, l’idée est
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Publié le 09/10/2023