Le vélo en libre-service en fin de cycle
Serait-il révolu, ce temps où, en échange de vélos, on obtenait des sucettes ? Les « Mupi » (mobilier urbain de 2 m2 en forme de sucette, dans le jargon des afficheurs) pourraient ne plus être la contrepartie de l’installation de systèmes de vélos en libre-service. Le modèle qui vacille aujourd’hui date de 1997. La société Adshel – devenue Clear Channel – propose alors comme une forme de « bonus » des vélos en libre-service (VLS) à Rennes qui renouvelle son contrat de mobilier urbain. Un coup de génie. Son concurrent JCDecaux, qui a inventé le concept même de mobilier urbain publicitaire à travers l’abribus, lui emboîte le pas et fait immédiatement plancher ses équipes sur un produit similaire. Il faudra toutefois attendre près d’une décennie avant que la formule se précise. C’est Lyon qui lancera le phénomène avec ses 4 000 Vélo’v en mai 2005. Les vélos installés par Decaux sont « gratuits ». Pour peu, évidemment, que le Grand Lyon le laisse exploiter ses panneaux publicitaires quinze ans de plus. Les usagers sont conquis, les élus appâtés par ce projet urbain valorisant, qui sort de terre en moins de deux ans. Paris s’intéresse alors au sujet, un juteux marché qui permettra au gagnant d’avoir une vitrine extraordinaire. Après une bataille juridique acharnée entre les deux rivaux de la pub, Decaux l’emporte et installe ses 20 000 Vélib’ à l’été 2007. A la même période, des villes comme Marseille, Aix-en-Provence ou Toulouse succombent aussi. Et selon le service de l’économie, de l’évaluation et de l’intégration du développement durable, le nombre de VLS à fin 2008 était de 32 000, dont 20 000 à Paris et 4 000 à Lyon. L’étude sur l’économie du vélo réalisée par Atout France en octobre 2009 précise que, « fin 2008, 80 % des agglomérations de plus de 500 000 habitants ont implanté un VLS ». On recense à ce jour une bonne trentaine de VLS, les quinze plus grandes agglos de France étant déjà équipées, sauf Lille (qui s’en dotera en 2011 ou 2012), la plupart en échange de panneaux publicitaires. En liant systématiquement publicité et vélo, les marchés publics excluaient quasiment d’office les professionnels du vélo et des transports publics. Orléans sera la première agglo à sortir en 2007 de ce modèle, en lançant un marché public séparé de celui du mobilier urbain. L’appel d’offres, remporté par Effia, a sonné l’aube d’une nouvelle ère. Désormais, d’autres acteurs pourront s’imposer sur ce marché. Le Club des villes et territoires cyclables, qui travaille à un recensement exhaustif des VLS en France, a estimé qu’« en 2007, 50 % des systèmes étaient régis par un contrat type mobilier urbain, c’est-à-dire un échange du financement tiré des ressources publicitaires, relève Véronique Michaud, sa secrétaire générale. En 2009, ils n’étaient plus qu’un tiers, il y a multiplication des formes de contrats : marché public de fourniture de services, gestion parapublique avec opérateur de transport public… ». Et même en régie à La Rochelle. « Il est important de préciser que la quasi-totalité des marchés adossables au marché publicitaire
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Publié le 06/03/2025 - Anne Jeantet
Publié le 12/04/2024