A Bergen, les voitures paient pour le tram
Cap au nord pour découvrir le tramway d’Europe le plus récent (après Toulouse). Il circule dans les rues de Bergen depuis le 22 juin. Long de 9,8 km dont plus du quart en tunnels, il fait pour l’instant la navette entre l’hypercentre de la deuxième ville de Norvège, ses gares ferroviaire et routière, et la banlieue sud. C’est un tram sans fioritures, simple mais efficace, très design sans pour autant avoir exigé des aménagements excessifs, et dont les rames construites par Stadler à Berlin offrent tout de même le Wifi à bord… Financé aux deux tiers par les automobilistes via le péage urbain, il est exploité par un groupement associant Keolis et un exploitant de bateaux des environs.
Bien que deuxième ville du pays, Bergen ne compte que 255 000 habitants (et environ 380 000 si l’on prend en compte une région métropolitaine très élargie). Mais si le centre historique se parcourt facilement à pied, l’agglomération est relativement étendue, et assez éclatée du fait de la présence de nombreux bouts de fjords, bras de mer et collines (parfois assez élevées). Les ingénieurs des ponts et chaussées norvégiens s’en sont donnés à cœur joie, multipliant les ponts et surtout les tunnels routiers un peu partout en ville. Jusqu’à une date récente, la voiture était en effet considérée comme l’instrument de choix pour se déplacer, aidée peut-être par quelques bus. Et le péage urbain, mis en place dès 1986, a d’abord servi à financer de nouvelles infrastructures routières.
Les esprits ont évolué peu à peu, quand les habitants ont commencé à prendre conscience que leurs rues étaient littéralement envahies par les voitures, que leurs places étaient transformées en parkings et que leur air était souvent bien pollué, raconte Paul Nilsen, le directeur général de l’administration du comté du Hordaland (l’équivalent du département, responsable des transports dans la région), « Bergen est une vieille ville dont le centre est contraint, constate-t-il. Il n’y a pas beaucoup de place libre. La ville était en train d’être étouffée par la circulation automobile, malgré les tunnels ! » La qualité de l’air en a également pâti, les jours de smog se multipliant l’hiver dans cette agglomération coincée entre mer et montagne.
« Un système ferroviaire rend la ville plus douce », lance M. Nilsen, un rien lyrique, en bon français. De fait, pendant que l’on construisait tunnels routiers et échangeurs plus ou moins souterrains en ville, les autorités locales ont assez tôt réfléchi à la réintroduction d’un tramway à Bergen. Les trams de première génération avaient disparu en 1965, remplacés par des trolleybus dont il subsiste encore, cahin-caha, une ligne menant à l’hôpital régional. Dès les années 1970, on a étudié un réseau inspiré des exemples de Stadtbahn allemands, avec un tram moderne souterrain dans le centre. Le dossier, moins ambitieux, est ressorti en 1995. Après quelques tergiversations, le conseil municipal a donné son feu vert à la construction d’une première ligne en 2000, lançant un processus d’approbation du financement qui a duré cinq ans (y compris un passage devant le Parlement du Royaume). La concrétisation du projet, ensuite, a duré cinq ans de plus. Non sans de fortes oppositions, venues notamment d’automobilistes qui ont protesté contre l’utilisation d’une partie des revenus du péage urbain pour le financer. Sans parler d’habitants de l’agglomération qui, sa
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