Ce tramway qui veut unir Casablanca
A la Une du Matin, le premier quotidien francophone du Maroc, le point d’exclamation résume le sentiment général : « Le tramway est à l’heure ! » Serait-ce une surprise pour ce tram casablancais ? Le Matin se veut philosophe : « Tantôt applaudie, tantôt décriée, la réalisation de cette première ligne permettra du moins aux Bidaouis de souffler, après avoir été longtemps pris en otage à cause des travaux qui ont pratiquement paralysé la ville. » Si surprise il y a, elle est légitime tant le défi était ambitieux, né de l’une de ces promesses vite faites que l’on s’empresse d’oublier. Pas cette fois. C’était il y a quatre ans, Nadia Bouhriz, Tangéroise de 37 ans et directrice générale adjointe de Casa-Transports, l’autorité organisatrice des transports publics de Casablanca, s’en souvient comme si c’était hier : « En octobre 2008, nous avions eu le courage d’annoncer une date : le 12/12/2012. Nous avons relevé ce grand défi et c’est un grand jour. »
Grand défi, l’expression n’est pas exagérée. Avec ses 31 km et ses 48 stations reliant l’est et le sud-ouest, en passant par le centre-ville, sur des axes asphyxiés par les embouteillages, c’est la plus longue ligne au monde construite et mise en service en une fois. La première ligne aussi longue, le premier temps de préparation aussi bref. Un simple petit coup d’œil au rétroplanning suffit pour mesurer la performance. Le coup d’envoi des travaux est donné en octobre 2010. Le premier Citadis quitte l’usine Alstom de Reichshoffen en Alsace en décembre 2011 : 24 mois seulement après la signature du contrat. RATP Dev, retenu comme exploitant en juillet 2012, sous-traite dans la foulée la maintenance à Alstom, et orchestre en un temps record une partition d’exécution redoutable. Les premières marches à blanc en octobre, l’inauguration en décembre.
Ce 12/12/2012. L’événement devait être fêté. Dans un cœur de ville bouclé, entre maisons blanches fraîchement repeintes, façades Arts déco auxquelles on a redonné pour l’occasion leur lustre d’antan, et rues noires de monde, le roi Mohammed VI s’est offert une arrivée de rock’n’roll star, Ray-Ban et main tendue, sortant pour saluer la foule du toit de l’une de ses luxueuses voitures de collection, entouré de motards debout sur leurs machines pétaradantes… Coup de frein au pied du tapis oriental et départ du voyage inaugural dans les rames orange cuivré avec le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, entre la place des Nations-Unies et la place Mohammed-V. Et avec les prestigieux invités du jour, couleur bleu-blanc-rouge. Car côté France, on pourrait presque se croire à la sortie d’un Conseil des ministres. Autour du Premier, Jean-Marc Ayrault, ils sont huit membres du gouvernement à l’accompagner au long de cette visite de deux jours. Dont, sur la place inaugurale, le ministre des Transports, Frédéric Cuvillier, et Nicole Bricq, ministre du Commerce extérieur.
Une présence en force justifiée avant tout par le fait que l’arrivée du tramway au cœur de Casablanca peut être perçue comme une belle réussite de ce que l’on a, au fil des temps, dénommé la Maison France, voire l’excellence à la française, sans que l’on puisse toujours percevoir la réalité co
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