Grands chantiers : nouveaux métiers
Année après année, le secteur des transports apparaît comme une valeur sûre pour
les jeunes, diplômés ou non, à la recherche d’un emploi. Même si les recrutements
ont légèrement reculé en 2012 (dernière année pour laquelle on disposait de statistiques complètes à l’heure où nous bouclions), le secteur continue à embaucher.
Les recruteurs cherchent avant tout des conducteurs, tant cette fonction est importante
et représente 70 % des effectifs du secteur. Il suffit en général d’être détenteur
d’un permis et d’un Fimo (Formation initiale minimum obligatoire) mais aussi d’être
animé d’une grande motivation pour être retenu. Avantage : l’ascenseur social fonctionne quand on souhaite évoluer.
Le secteur est donc très accessible aux jeunes sans qualifications bien que l’on note
ces dernières années un accroissement des exigences des entreprises en ce qui concerne les diplômes et profils recherchés. Pour accompagner cette tendance, les organismes
de formation – en particulier les incontournables AFT-Iftim et Promotrans – et les écoles multiplient les diplômes : très variés, du CAP aux bac +5, ils donnent accès à de multiples carrières.
Les universités en particulier ont bien compris l’intérêt de proposer des diplômes de plus
en plus « professionnalisants » en nouant des partenariats avec les entreprises.
L’engouement pour les chaires qui se sont multipliées ces dernières années traduit aussi cette tendance. Enfin, les entreprises se montent toujours très intéressées
par le développement de l’apprentissage ou par les formations en alternance, y compris dans l’enseignement supérieur.
Toutes ces tendances n’ont finalement fait que se renforcer ces dernières années.
Plus nouveau en revanche, ce qui est en train de se passer en Ile-de-France avec le projet
du Nouveau Grand Paris. Dans les prochaines années, il va falloir construire
70 000 logements, bureaux, commerces et entrepôts, 205 kilomètres d’infrastructures
et encore 72 gares.
Il faudra recruter des ingénieurs, des architectes, des grutiers, des ouvriers, des techniciens, puis plus tard encore des designers, des conducteurs, des logisticiens, des agents pour l’accueil, la vente, la sûreté… Il faudra peut-être inventer de nouveaux métiers, avec
à la clé de nouveaux enseignements. Les perspectives sont prometteuses. Le secteur
de la formation a de beaux jours devant lui.
Le secteur des transports embauche et… forme
«Le secteur a passé haut la main cinq années de crise. Les entreprises ont soutenu l’emploi. » C’est l’une des conclusions faites lors de la présentation en début d’année du rapport annuel de l’Observatoire prospectif des métiers et qualifications dans les transports et la logistique (OPTL) qui porte sur 2012. Même si les recrutements ont légèrement reculé, le secteur continue à embaucher.
La contraction dans les embauches (-0,4 %) est finalement très modérée. Mais elle rompt avec des années de croissance. En 2013, on s’attend de nouveau à une – très – légère reprise.
C’est uniquement le transport routier de marchandises qui est responsable de la contraction. Les destructions d’emplois se sont surtout produites dans de grosses entreprises, comme par exemple le Sernam. Le transport routier de personnes de son côté continue à créer des emplois. Pour moitié dans le transport urbain. Les transports sanitaires font également partie des recruteurs importants.
Au total, le secteur des transports a procédé à 111 742 embauches en 2012. « La balance est relativement équilibrée entre départs et recrutements », précise Michel Chalot, le vice-président de la Commission paritaire nationale de l’emploi et de la formation professionnelle dans les transports routiers et les activités auxiliaires du transport (CNPE).
Selon Maxime Dumont, le président de la CNPE, 95 % des salariés sont titulaires de diplômes, de titre professionnels ou de certifications. « On arrive rarement dans ce secteur sans rien », commente-t-il.
67,5 % des effectifs du secteur travaillent à la conduite. C’est donc logiquement là que l’on trouve le plus d’offres et de demandes de formation. C’est aussi dans ce domaine que les entreprises ont le plus de mal à pourvoir leurs postes. « Ce secteur connaît des tensions perpétuelles pour trouver des candidats, poursuit Maxime Dumont. La branche engage de gros efforts pour la formation. Les employeurs ont bien conscience qu’un salarié bien formé réalise un meilleur travail. »
Marie-Hélène POINGT
Formation et emploi, l’autre défi du Nouveau Grand Paris
Pas loin de 200 000 emplois vont être créés dans les prochaines années grâce au réseau de transports et aux logements prévus par le Grand Paris. La région a lancé une démarche de concertation pour définir les besoins et adapter les formations en conséquence.
Métro souterrain, tramways, RER, bureaux, logements, commerces, entrepôts, hôtels… les projets de transport et d’immobilier du Nouveau Grand Paris vont créer un énorme appel d’air pour l’emploi : entre 175 000 à 193 500 emplois nouveaux sont attendus selon la région Ile-de-France. En raison de l’importance des projets d’infrastructures (205 km de lignes prévues, 72 gares), les industries ferroviaires devraient être à l’origine de 6 000 créations d’emplois.
Pour mieux évaluer l’impact de ce gigantesque chantier public, plusieurs études ont été lancées. Une étude prospective sur l’emploi et les compétences a notamment été menée conjointement par la fédération régionale des travaux publics en Ile-de-France (FRTP) et la direction régionale des entreprises, du travail et de l’emploi (Direccte). Présentée l’année dernière, elle estime à 12 800 le nombre de nouveaux emplois qui devront être créés dans le secteur des travaux publics d’ici à 2018. S’y ajouteront 5 400 postes liés au renouvellement des départs en retraite, soit un total de 18 000 emplois dans le secteur.
Fin 2013, le préfet d’Ile-de-France, Jean Daubigny et le président de la FRTP, José Ramo, se sont engagés sur la création de 100 emplois d’avenir d’ici à la fin décembre 2014 et 1 000 contrats de génération dans la filière d’ici à fin 2018.
Dans cette filière qui employait en 2012 pas moins de 55 800 personnes dans 800 entreprises (50 700 salariés et plus de 5 000 en travail temporaire), le renouvellement est une « problématique forte ». 14 % des salariés ont en effet plus de 55 ans et sont susceptibles de partir à la retraite d’ici à sept ans et certains métiers sont plus touchés (18 %) : conducteurs de poids lourds, terrassiers, mineurs.
« Ce phénomène pose la question globale du renouvellement des compétences et donc de formation des jeunes, et la question plus spécifique de la transmission et de la conservation des savoir-faire notamment dans les métiers experts », rapporte l’étude.
D’autres travaux prospectifs ont été menés. Ils permettent notamment « de repérer les familles de métiers pour lesquels il faudra porter une attention particulière car ils risquent de connaître des tensions en terme de recrutement », souligne la région Ile-de-France qui veut jouer un rôle moteur dans ce domaine.
Dans ce but, la région a commencé à travailler avec la FRTP afin d’examiner quelles formations peuvent être mises en place pour coller aux attentes. « Nous informons les missions locales et Pôle Emploi sur les formations proposées pour trouver des candidats. Pôle Emploi va mettre en place une plateforme spécifique pour regrouper toutes les offres d’emplois concernant les travaux publics », expliquent les services du conseil régional.
Et, pour coordonner l’ensemble des besoins dans tous les secteurs, la région Ile-de-France a décidé d’établir des « fiches diagnostic » par branche professionnelle et par territoire. « Le président du conseil régional, Jean-Paul Huchon, a souhaité que la région anime une démarche partenariale sur l’impact emplois-formation, explique-t-on à la Région. Nous avons donc demandé à toutes les parties prenantes, c’est-à-dire les employeurs et leurs représentants ainsi que divers organismes (Insee, Institut d’aménagement et d’urbanisme de l’Ile-de-France, services de la région, Pôle Emploi…) de faire le point ensemble sur ce thème. Nous avons également invité autour de la table les partenaires sociaux qui participent aux CCR (Comité de coordination région emploi formation). Il nous semblait important que la région fasse le lien. » La réflexion a été menée en coordination avec les CDT (comités de territoires définis par le Grand Paris) pour que chaque territoire puisse faire connaître aux demandeurs d’emplois les offres possibles. Pour accompagner cette démarche, la région s’apprête à mettre en place 750 000 heures de formations continues supplémentaires.
Enfin, un travail a été engagé avec l’Education nationale pour faire connaître ces métiers pour lesquels la demande des entreprises va croître à l’avenir. C’est d’ailleurs une préoccupation clé du secteur des transports, non seulement en Ile-de-France mais aussi dans tout le métier : faire connaître ses métiers et ses multiples facettes, trop souvent ignorés du grand public. Pour attirer les étudiants et peut-être faire naître de nouvelles vocations, le secteur se déploie sur tous les fronts, via des campagnes d’informations des forums de l’emploi ou des partenariats engagés avec des organismes de formation, les régions ou les chambres de commerce et d’industrie.
M.-H. P.
Le Val-de-Marne dans les starting-blocks
La formation sera « l’étape suivante », dit Bernard Legendre, directeur de l’association Orbival. Pour l’heure, l’association veille à ce que la réalisation du métro du Grand Paris ne prenne pas de retard.
La formation sera « l’étape suivante », dit Bernard Legendre, directeur de l’association Orbival. Pour l’heure, l’association veille à ce que la réalisation du métro du Grand Paris ne prenne pas de retard. Etape suivante, mais il faut la préparer, et l’association s’y emploie, ainsi que le conseil général du Val-de-Marne. La réalisation du tronçon sud de la ligne 15 devrait représenter 6 000 emplois par an dans le seul domaine des travaux publics. L’essentiel du tronçon se situe dans le département du Val-de-Marne, l’extrémité ouest étant dans les Hauts-de-Seine, et l’extrémité est en Seine-Saint-Denis. Les élus demandent la mise en place de clauses d’insertion et de recrutement local. La SGP a devancé l’appel, en amorçant cette démarche dès les contrats des maîtrise d’œuvre. Le département, qui n’a pas de programme de formation des travaux publics, est en train de s’y préparer, avec les acteurs locaux et le conseil régional. Pour le secteur des travaux publics, qui attend plus de 20 000 emplois par an sur l’ensemble du chantier, les recrutements tombent plutôt bien, puisqu’ils vont intervenir à une période où se présente un pic de départ en retraite dans la profession.
F. D.
« La région doit promouvoir la transition écologique et “verdir” les formations »
Trois questions à Emmanuel Maurel,
vice-président en charge de l’Apprentissage, de la Formation professionnelle et de l’Emploi au conseil régional d’Ile-de-France
Ville, Rail & Transports. Quel rôle entendez-vous donner à la région pour répondre aux besoins de recrutement et de formation liés au lancement du Nouveau Grand Paris ?
Emmanuel Maurel. La région entend jouer un rôle décisif dans le processus de formation. Nous voulons à la fois avoir un rôle de veille (nous avons ainsi lancé des études pour évaluer les créations d’emplois et resterons attentifs à leur devenir) et un rôle de coordination avec les collectivités territoriales et le tissu économique pour préparer ce grand moment. Le conseil régional va donc jouer un rôle moteur car la formation professionnelle est au cœur de ses compétences.
Nous avons déjà engagé un diagnostic par branche professionnelle et par territoire pour mieux connaître les besoins. Et nous essayons d’évaluer les effets directs et indirects par secteur.
Les premières estimations montrent qu’entre 2010 et 2030, entre 500 000 et 650 000 emplois seront créés en Ile-de-France. Entre 175 000 et 200 000 seront liés au Grand Paris.
VR&T. Comment combler les besoins de main-d’œuvre pour lesquels il existe une forte demande mais peu de volontaires ?
E. M. C’est surtout le cas dans le BTP où les conditions de travail et le niveau de rémunération dissuadent car les entreprises veulent faire appel à de la main-d’œuvre très bon marché. Il faut améliorer les conditions de travail dans ces professions. La région peut jouer un rôle très politique pour favoriser le dialogue social au sein de
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Publié le 20/09/2021