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lock Sûreté. Les transports en mode état d’urgence

La France, qui n’avait pas beaucoup dormi, s’est réveillée en état d’urgence le 14 novembre au lendemain des attentats de Paris. Décrétée aussitôt, la mesure, créée en 1955 et inédite en France sur tout le territoire national métropolitain et en Corse, a été reconduite pour trois mois en urgence aussi par le Parlement. Avec un impact instantané sur l’un des secteurs cibles de la menace terroriste : les transports. Et particulièrement en Ile-de-France où le dispositif Vigipirate en alerte maximum, déjà en vigueur depuis les attentats de Charlie Hebdo il y a près d’un an, est encore monté de plusieurs crans. Autant pour assurer au mieux la sécurité des millions de voyageurs qui circulent chaque jour sur les réseaux que pour les rassurer.
Les rassurer, c’est à quoi se sont employés Stif, SNCF et RATP qui tenaient conférence de presse commune le 17 novembre dernier. Pour détailler l’ensemble des moyens déployés.
Dès le lendemain des attentats, la préfecture de police multipliait par deux les effectifs en tenue avec 600 agents sur le réseau, le renfort de trois unités de gardes mobiles, 123 agents de police sur les sites sensibles dont les gares, 9 équipes de 27 gendarmes, 80 CRS et enfin 1 000 militaires dans le cadre de la mission Sentinelle qui s’ajoutent aux 3 000 déjà présents sur les pôles multimodaux d’Ile-de-France. Des personnels armés qui viennent appuyer les 1 200 agents de la Suge en place, les 1 000 agents du GPSR, le service de sécurité de la RATP et 500 médiateurs.
Un déploiement humain que Jean-Paul Huchon, le président du Stif, estimait « à son niveau maximum », assurant, confiant, qu’on allait « pouvoir rapidement juger de son efficacité. »
« Chacun est à son travail. Chacun est à sa mission. On est en guerre mais pendant la guerre on vit aussi », ajoutait de son côté Jean-François Carenco, le préfet de région, se voulant tout aussi rassurant.
Et pour ce qui est de l’interface entre pouvoirs publics et SNCF, elle est assurée par Christian Lambert, l’ancien patron du Raid devenu celui de la sûreté de l’entreprise, rappelait Guillaume Pepy.
Le président de la SNCF attendait impatiemment que soit voté le projet de loi du député (PS) Savary (voir Lettre confidentielle n°93). De quoi « permettre aux agents de la Suge déjà armés d’exercer en civil, de contrôler les bagages et de fouiller les personnes. » Du côté des renforts encore, le nouveau contrat que la SNCF vient de signer pour 2016-2020 avec le Stif prévoyait par ailleurs, on le sait, la création de 250 postes supplémentaires d’agents de présence et de sécurité et 50 médiateurs de plus. Guillaume Pepy a annoncé, qu’en raison des circonstances, leur recrutement « parmi le vivier de candidatures dont dispose la SNCF » allait être accéléré avant la fin de l’année et leur indispensable formation à la sécurité spécifique des transports également.
Il rappelait aussi le déploiement, dès le lendemain des attentats, d’Unir, une Unité nationale d’intervention rapide mobilisant spécifiquement 80 agents de la Suge.
« Les gares sont aujourd’hui toutes équipées de caméras de vidéosurveillance et l’équipement des trains continue », détaillait-il encore. Et certaines grandes gares parisiennes expérimentent des « vidéos patrouilles, des patrouilles déclenchées pour pister aussitôt tel ou tel individu dont les caméras ont permis de repérer le comportement suspect. »
Une mobilisation qui ne doit pas faire oublier que la sécurité est l’affaire de tous les citoyens. Annonces d’information réitérées en boucle, consignes multipliées aux voyageurs : toutes les 10 minutes en banlieue, ils doivent entendre l’un de ces rappels. Dans les trains, sur les quais, partout les voyageurs sont invités à ouvrir l’œil.
A la suite du drame évité du Thalys, la SNCF avait relancé et généralisé à tout le territoire son numéro d’appel d’urgence, le 3117 que le voyageur témoin du moindre problème ou saisi du moindre doute est invité à appeler 24 heures sur 24 pour le signaler. Elle y ajoute à partir du 14 décembre un numéro d’alerte par SMS le 31177. Les deux numéros assurent en permanence le relais vers les services de secours : pompiers, police, Samu, démineurs… En temps réel. Grâce à la géolocalisation de l’appel et en fournissant la connaissance des gares et de la circulation des trains aux services d’intervention. Les opérateurs qui sont au bout de fil ont suivi une formation spéciale « alerte attentats ». Quant à généraliser les portiques de contrôle pour filtrer tout le monde, comme le réclamait au même moment Ségolène Royal sur iTélé, Jean-Paul Huchon précisait que la préfecture de police estime que « ce serait dangereux ». En créant des poches de rétention de voyageurs, ces barrages empêcheraient au contraire le trafic qui, pour se faire en toute sécurité, doit s’écouler régulièrement.
Reste qu’effet pervers de toutes ces mesures, les fausses alertes aussi se multiplient, compliquant encore la tâche des forces mobilisées et s’ajoutant pour les Franciliens aux difficultés habituelles. En état d’urgence, c’est sûr la vie continue mais elle se complique.
Chantal BLANDIN


Des cloches pour enfermer les colis suspects, des logiciels qui traquent les comportements inquiétants

Ce ne sont encore que des moyens expérimentaux. Mais sous l’autorité de l’Etat, la SNCF étudie actuellement avec la préfecture de police l’utilité de nouveaux outils. Notamment, explique Guillaume Pepy, le président de la SNCF : « une machine qui renifle les colis suspects pour détecter un éventuel contenu dangereux. » Mais aussi « des cloches, déjà utilisées dans d’autres pays et permettant d’enfermer ces colis pour circonscrire les dégâts en cas d’explosion avant l’arrivée des démineurs. »
Enfin, à l’étude aussi, le recours possible à des logiciels d’analyse comportementale automatique pouvant équiper les caméras de surveillance, qui se développent actuellement aux Etats-Unis.


 

Portiques « Royal » pour Thalys

Onze jours après les attentats, la ministre de l’Ecologie a fait une série d’annonces pour améliorer la sécurité dans les gares, notamment celle d’équiper de portiques les gares desservies par Thalys, y compris hors de France ! Il semble toutefois que l’installation commencera par les gares de Paris-Nord et Lille, seules mentionnées pour la France.

Portiques de sécurité pour les Thalys, barrages filtrants et billets nominatifs pour les trains internationaux, contrôles aléatoires pour les autres trains. Ségolène Royal a annoncé, le 24 novembre sur France-Inter, une série de mesures pour les trains. Et notamment que des portiques de sécurité seront installés à Paris et à Lille, avant le 20 décembre, pour contrôler l’accès aux Thalys.
Cette décision, prise la veille, a expliqué Ségolène Royal, avec le Premier ministre, le ministre de la Défense et le secrétaire d’Etat aux Transports, s’est appuyée sur un rapport remis le 19 novembre au soir, par la SNCF, comme l’avait indiqué Guillaume Pepy dès le lendemain.  Ségolène Royal a avancé que des portiques devraient aussi être installés en Belgique, tout comme aux Pays-Bas et en Allemagne. « Au besoin, on pose les portiques avec leur accord, et ensuite ils s’arrangent financièrement pour rembourser les choses, a indiqué la ministre. On peut très bien coordonner, prendre en charge le pilotage des opérations. Je pense que la SNCF va prendre contact avec ses homologues, il faut que les choses se passent simplement », a-t-elle précisé. L’installation de portiques de sécurité ne vaut que si toutes les gares desservies par les Thalys sont également sécurisées. Soit un total de 18 gares hors de France (Belgique, Pays-Bas, et Allemagne).
Mais côté belge on a fait aussitôt valoir que ce type de mesure devait être « concerté avec les différents pays et opérateurs nationaux », a indiqué le gouvernement. « Pour l’instant, nous avons un accès limité pour les trains internationaux, nous avons mis des barrières pour permettre des contrôles des titres de transport et d’identité

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