« Nous voulons devenir l’acteur majeur des transports ferroviaires urbains en Arabie saoudite »
10 Fév 2010
© UTP
Mis à jour le 06 octobre 2017
Entretien avec Jean-Marc Janaillac, PDG de RATP Dev.
Le 31 décembre, à Riyad, RATP Développement et l’entreprise saoudienne Saptco ont conclu un partenariat stratégique. Une nouvelle avancée à l’international du groupe RATP.
Ville, Rail & Transports. Quel est votre objectif en nouant un partenariat stratégique avec Saptco ?
Jean-Marc Janaillac. Notre objectif est de devenir l’acteur majeur des transports ferroviaires urbains en Arabie saoudite. D’où ce partenariat exclusif avec Saptco, qui porte sur l’ensemble des projets en Arabie saoudite. Notre objectif est de nous positionner sur les futurs contrats d’exploitation et de maintenance en Arabie saoudite.
VR&T. Que représente le transport public dans le pays ?
J.-M. J. Aujourd’hui, la situation du transport public dans le pays est assez simple. Il n’y a pas de ligne ferroviaire, le transport urbain est quasi inexistant, le gouvernement ayant supprimé les subventions, tandis que le transport interurbain en car est assez fort et bien organisé. Par exemple, la gare routière de Riyad dispose de salles d’attente, de commerces, de banques d’enregistrement comparables à ce qu’on voit dans les aéroports. C’est un système de bonne qualité.
VR&T. Pourquoi s’intéresser à ce marché ?
J.-M. J. Parce ce que les Saoudiens ont la volonté de développer les transports ferroviaires et urbains. Les principales villes connaissent des phénomènes de congestion et de pollution. Plu- sieurs projets de métros, de métros légers, de tramways vont être réalisés dans trois villes, Médine, La Mecque, Riyad. Il y a de plus des projets de villes nouvelles, avec des transports publics à mettre en place. Enfin des projets spécifiques comme, à Riyad, celui de desserte de l’université pour femmes Princesse Noura. Or, sans partenaire local, il était compliqué de s’implanter. Particulièrement à La Mecque, ville sainte, où il est en fait difficile de travailler si on n’est pas saoudien.
VR&T. Que représente votre partenaire ?
J.-M. J. Saptco est un partenaire solide, qui réalise 200 millions de dollars de chiffre d’affaires, qui est coté en Bourse, dont 15 % sont détenus par le fonds d’investissement du ministère des Finances. Il a aujourd’hui la plus grosse part du transport saoudien pour les lignes régu- lières interurbaines. C’est pourquoi il a une flotte importante de cars Mercedes, dont il est le plus gros acheteur au monde. Saptco, qui souhaite se diversifier, considère qu’il n’a pas la compétence technique pour exploiter des métros et des tramways. D’où sa recherche d’un partenaire.
VR&T. Quel chiffre d’affaires attendez-vous et quel est le calendrier prévu des opérations.
J.-M. J. Tous ces projets en sont aujourd’hui soit au stade de la faisabilité, soit à celui de la construction. Il est trop tôt pour parler de chiffre d’affaires. Bien des choses restent à préciser sur
le rôle de l’exploitant et sur son lien avec l’autorité organisatrice. Les Saoudiens souhaitent avoir une forme d’expertise sur ces questions. Nous avons rencontré les responsables de l’aménagement de Riyad et ceux des six villes nouvelles, qui ont besoin d’une aide pour bâtir un système de transport. Dans ces pays qui ont peu d’expérience en matière de transport public et disposent de ressources humaines limitées, les calendriers sont évolutifs. Les mises en service vont s’échelonner de 2011 pour le métro de La Mecque à 2014 pour Riyad, et à un horizon plus lointain pour les villes nouvelles.
VR&T. Il y a des retards dans la zone, liés à la crise : Dubaï a repoussé sine die une partie de ses projets, par ricochet, Abu Dhabi prend plus de temps. Qu’en est-il en Arabie saoudite ?
J.-M. J. Dubaï s’est développé sur les secteurs immobiliers et financiers, qui ont été frappés par la crise. D’où les retards que vous évoquez. A Abu Dhabi, je ne crois pas que la situation soit celle que vous décrivez : l’émirat a lancé récemment l’appel d’offres pour l’ingénierie de ses projets de transport public. Et s’il y a des délais, c’est parce que là comme ailleurs ces grands pro- jets prennent toujours un peu plus de temps que ce qui était prévu.
L’Arabie saoudite n’est pas du tout dans le même schéma que Dubaï. Elle figure parmi les tout premiers producteurs de pétrole au monde, la dette publique ne représente que 16 % du PIB : les Saoudiens ont largement de quoi financer leurs projets.
VR&T. Quelle expérience avez-vous dans la zone du Golfe ?
J.-M. J. Nous avons été finalistes pour l’exploitation du métro de Dubaï, où nous étions en consortium avec ComfortDelGro, exploitant des transports de Singapour, et avec Mitsubishi. Pour l’exploitation du tramway d’Al Safooh, à Dubaï, il y a eu un appel d’offres que nous avons rem- porté et nous attendons la signa- ture du contrat.
Propos recueillis par François DUMONT