Les syndicats de cheminots choisissent la grève perlée deux jours sur cinq
15 Mar 2018
Mis à jour le 27 mars 2018
Après deux heures et demie de réunion le 15 mars, l’intersyndicale a annoncé par la voix du secrétaire général de la CGT-Cheminots, Laurent Brun, une grève de deux jours sur cinq à compter des 3 et 4 avril. Un mouvement reconductible et qui pourrait durer trois mois (voir calendrier en photo). « Face à un gouvernement autoritaire, il faudra tenir un conflit intensif sur une très longue durée », a indiqué Laurent Brun. Signe de dissensions entre les syndicats qui ont eu du mal à s’aligner sur un calendrier commun, Sud Rail a fait part de sa différence : si le syndicat s’inscrit dans la grève dès le 3 avril, en revanche, il n’est pas d’accord sur le calendrier, optant pour la grève reconductible chaque 24 heures après décision en AG. L’intersyndicale a donc décidé de se réunir encore une fois le 21 mars pour donner de nouveaux détails sur la mobilisation.
Les modalités annoncées représentent 36 jours d’action pendant trois mois, a indiqué de son côté Didier Aubert, le secrétaire général de la CFDT Cheminots. « C’est une formule innovante pour tenir compte non seulement des cheminots mais aussi des usagers » car, selon lui, « ce n’est pas une grève corporatiste mais pour l’avenir du ferroviaire. » Cette formule inédite pourrait avoir des effets « redoutables » selon Bernard Aubin, le secrétaire général de First, un syndicat non représentatif à la SNCF : « il faut compter grosso-modo 48 heures pour remettre sur pied l’organisation de la circulation des trains après une grève. Ce qui veut dire que sur toute la période du 3 avril au 28 juin, le service sera allégée ou dégradé », écrit-il sur son blog.
Annoncer la grève en avril, par roulements, permettra de tenir sans s’épuiser physiquement et financièrement. C’est aussi un moyen de remettre la balle dans le camp du gouvernement. « D’ici là, il y a des marges de négociation. Nous attendons que le gouvernement les ouvre sérieusement», a souligné Didier Aubert.
De son côté, interrogé dans le journal de 20h sur TF1, Guillaume Pepy a estimé que c’était « une mauvaise nouvelle pour les 4,5 millions de Français qui prennent le train tous les jours ». Le PDG de SNCF Mobilités a annoncé que l’entreprise allait se mobiliser pour accompagner ses clients les jours de grève. D’une part en publiant chaque jour à 17h la liste précise des trains du lendemain, d’autre part en trouvant des solutions d’acheminement. « Il faut que nous aidions le covoiturage et que nous mobilisions des bus, des cars, des VTC ».
D’ici là, une première manifestation de force s’organise le 22 mars. « Les prévisions ont été revues à la hausse avec plus de 25 000 participants cheminots», a annoncé Laurent Brun.
M.-H. P