Au rendez-vous des bus du futur
Du 20 au 27 septembre, la Foire de Hanovre a accueilli la 67e édition de l’IAA (Internationale Automobil Ausstellung, exposition automobile internationale) consacrée aux véhicules utilitaires. Cette manifestation, qui se déroule tous les deux ans, en alternance avec le célèbre salon automobile de Francfort, a rassemblé, cette année, 250 000 visiteurs du monde entier. Les constructeurs d’autobus et d’autocars y présentaient leurs dernières nouveautés. Dossier réalisé par Philippe Hérissé.
Un nouveau système de construction modulaire pour BYD
Dans ses nouvelles usines ultramodernes de Shanwei, à l’est de Shenzhen, le constructeur chinois BYD, leader mondial de l’électromobilité, est désormais en capacité de produire 32 autobus 100 % électriques par jour, soit quelque 7 500 unités par an ! A Hanovre, il dévoilait un nouveau système de construction modulaire où les faces latérales et le pavillon sont séparément terminés avant de rejoindre les chaînes de montage pour être assemblés à un châssis. Ce système est réputé accélérer encore le rythme de production, diminuer de 4 % la masse du véhicule, et augmenter de 80 % la rigidité de sa structure à la torsion ! Une telle modularité offre également l’avantage de réduire les temps de développement ainsi que le nombre de pièces et composants de rechange. Sur le stand de BYD, on découvrait le premier standard de 12 m conçu selon ce système, et assemblé à l’usine hongroise de Komarom. Il était accompagné par un articulé de 18 m équipé pour le rechargement de ses batteries par pantographe, et dont l’assemblage a été réalisé sur le site français d’Allonne, près de Beauvais. Cet autobus était en essai, depuis décembre dernier, sur le réseau d’Oslo. La capitale norvégienne, satisfaite des résultats obtenus, en a commandé une quarantaine.
Une forme inédite d’hybridation signée Daimler
Comme à l’accoutumée, c’était le stand le plus impressionnant. Il est vrai que le groupe rassemble plusieurs entités assez différenciées, du japonais Fuso au nord-américain Thomas Built Buses, en passant naturellement par les allemands Mercedes et Setra. Le nouvel autobus eCitaro 100 % électrique du constructeur Mercedes, déjà décrit dans nos colonnes (voir VR&T n° 610), avait naturellement fait le voyage de Hanovre. Juste en amont de l’ouverture du salon, il a été possible, pour la première fois, de rouler dans ce véhicule de présérie, sur un parcours urbain et suburbain. Jusqu’ici, nous n’avions testé qu’un prototype sur le circuit d’essai de Stuttgart. Là encore, l’accélération au démarrage nous a surpris : elle reste exceptionnelle, même si l’électronique de commande la bride volontairement afin d’éviter tout risque de chute pour les voyageurs debout. En réalité, la réserve de puissance est telle qu’avec 88 voyageurs à son bord le véhicule conserve exactement les mêmes performances en accélération que celles qu’il développe à vide !
Autre spécificité, la fonction « coasting », équivalent à la marche sur l’erre pour les engins moteurs ferroviaires, permet au eCitaro de rouler sur son inertie, en étant alors capable de parcourir une distance de 400 m environ sans perdre significativement de vitesse, après que le conducteur a relâché totalement la pression sur la pédale d’accélérateur. Le parcours proposé à Hanovre incluait une courte portion de route au revêtement en mauvais état, qui a permis de constater que la suspension avait été volontairement un peu durcie. De fait, la présence de batteries en toiture élève le centre de gravité et rend, par voie de conséquence, le véhicule plus sensible au phénomène de roulis. A Stuttgart, les virages du circuit étaient relevés, mais ils ne le sont plus, bien évidemment, dans la vraie vie ! C’est à l’évidence un léger inconvénient que d’avoir ce confort dynamique en vertical qui devient un peu « brutal » en certaines circonstances, mais il faut toutefois reconnaître que, sur tout le reste du parcours, le durcissement nécessaire de la suspension est resté, fort heureusement, totalement inaperçu.
Sur le stand de Daimler, on trouvait également le nouveau Citaro Hybrid, qui venait d’être couronné « Bus of the year 2019 » (autobus de l’année 2019). Le jury a visiblement été convaincu par cette forme inédite d’hybridation, qui arrive à se dispenser de tout réseau haute-tension. De fait, il s’agit du premier autobus hybride dont la partie électrique fonctionne sous 48 V : plus besoin, en conséquence, d’habilitation particulière pour les techniciens de maintenance ! Le stockage d’énergie utilise des condensateurs du type « supercap ». La masse de l’équipement additionnel nécessaire à l’hybridation n’excède pas les 156 kg. Cela permet de ne perdre aucun siège à l’intérieur, tandis que le véhicule peut transporter, au total, jusqu’à 105 voyageurs. Quant à l’économie de carburant réalisée avec cette technique particulière d’hybridation associée à la nouvelle direction électro-hydraulique que propose Mercedes, elle peut atteindre les 8,5 % par rapport à un Citaro diesel conventionnel. Dès le printemps prochain, l’usine française de Ligny-en-Barrois produira le Citaro Hybrid qui devrait se révéler un succès…
Autre distinction remportée cette année par Daimler, celle de l’IBC (International Bus & Coach Competition, compétition internationale autobus et autocars), qui a été décernée au nouveau Tourismo. Avec un score de 1 685 points attribué par le jury de l’IBC, l’autocar de Mercedes a devancé tous ses concurrents de plus de cent points. Il a particulièrement impressionné les jurés au niveau de la sécurité, étant à la fois équipé de l’« Active Brake Assist 4 », système automatique de freinage d’urgence capable de réagir à l’irruption intempestive d’un piéton sur sa trajectoire, et du « Sideguard Assist », qui alerte son conducteur s’apprêtant à tourner à droite de l’éventuelle présence d’un cycliste dans l’angle mort…
Enfin, à l’entrée de son stand, Daimler présentait le tout premier prototype d’un concept futuriste de mobilité connectée, qu’il a baptisé « Vision Urbanetic ». Ce concept abandonne, en particulier, la distinction traditionnelle entre transport de personnes et transport de marchandises. Il s’agit d’une plate-forme à traction 100 % électrique, se déplaçant en conduite autonome, et qui pourrait indifféremment recevoir diverses carrosseries de minibus ou d’utilitaires légers. Pour développer le projet, Daimler s’est associé à l’industriel allemand BASF, ainsi qu’à la start-up nord-américaine Via.
Dans la course à l’électromobilité, où de plus en plus de constructeurs se retrouvent aujourd’hui engagés, le groupe a finalement décidé de révéler, à Hanovre, sa « feuille de route » pour les prochaines années. Elle prévoit notamment une amélioration continue des performances pour les batteries Lithium-ion NMC (nickel-manganèse-cobalt), puis une migration vers des batteries à électrolyte solide, qui permettront d’augmenter très significativement l’autonomie. « Après en avoir longuement discuté entre nous, c’est un risque que nous prenons, puisque nous dévoilons ainsi à nos concurrents tous nos plans », concède Ulrich Bastert, responsable Vente, Après-vente et Marketing Monde de Daimler-Buses. Le leader mondial de l’autobus et de l’autocar a pourtant décidé de jouer la carte de la plus parfaite transparence, sans doute pour que ses clients puissent mieux anticiper l’avenir excitant qu’il leur promet. Ainsi Daimler est-il en mesure d’affirmer aujourd’hui que sa stratégie de développement en matière de batteries permettra à l’eCitaro de couvrir, dès 2020, 50 % des services actuellement « graphiqués » en diesel chez les opérateurs de transports urbains sans qu’ils n’aient à envisager la moindre adaptation, et que ce taux atteindra 70 % en 2022, voire 100 % avec dispositif d’extension d’autonomie. En 2030, les trois-quarts des ventes d’autobus chez Mercedes ne devraient plus concerner que des véhicules 100 % électriques. D’ici là, la part relative de l’eCita
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