Jusqu’où iront les métros automatiques ?
Le développement des métros automatiques dans le monde connaît un sérieux coup d’accélérateur. Cela pourrait bénéficier aux entreprises françaises, leaders sur ce marché. Lors d’un débat organisé par Ville Rail & Transports le 21 novembre à la Maison de la RATP, industriels et opérateurs ont dessiné les nouvelles perspectives. Quels progrès doivent maintenant faire les automatismes pour répondre aux attentes ?
« Le métro automatique a fêté ses 20 ans avec la ligne 14 », a rappelé Catherine Guillouard, en ouverture du colloque de VR&T, qui s’est tenu à la Maison de la RATP. La PDG de la RATP prédit une explosion de ce marché. Il pourrait être multiplié par trois d’ici 2025, profitant de l’implantation de nouvelles lignes mais aussi du renouvellement des anciennes. Pour promouvoir son offre de métro automatique, la RATP peut mettre en avant sa ligne 14, qui tourne à 85 secondes d’intervalle, transporte 83 millions de passagers par an et offre une qualité de service excellente. Mais l’entreprise mise aussi sur un savoir-faire qui lui permet d’automatiser une ligne tout en continuant de l’opérer. « Nous l’avons fait pour la 1, c’est en cours pour la 4 », rappelle Mme Guillouard. Dans le monde le groupe RATP exploite des métros automatiques ou semi-automatiques, parfois conjointement avec Transdev, à Mumbai ou à Séoul, parfois avec Keolis, pour le projet de Doha au Qatar. Parfois sans partenaire français, comme ce sera le cas à Riyad.
En France l’entreprise travaille sur l’extension de lignes de métro, notamment de la ligne 14, pour doubler sa capacité d’emport et passer à un million de voyages/jour avec son extension au nord et au sud, ce qui en fera la ligne automatique la plus longue du monde. Et la RATP finalise l’automatisation du tronçon central du RER A. « Ce RER, c’est 1,2 million de passagers par jour. Son automatisation, réalisée à plus de 90 %, a déjà permis d’augmenter sa régularité de 3,7 points. Les travaux seront terminés d’ici la fin de l’année. Savoir automatiser tout en gérant l’exploitation est un savoir-faire rare », insiste Mme Guillouard. « Alors que le trafic ne cesse de croître – sur le RER A il a augmenté de 4 % en un an et certaines lignes de métro affichent une hausse de 2 à 3 % – automatiser a du sens, d’autant plus que la qualité de service d’un métro automatique est excellente, plaide-t-elle. Mais cela nécessite des investissements de centaines de millions d’euros, notamment pour installer les façades de quais, refaire les quais… »
Sur ce marché prometteur, la présidente de la RATP invite la recherche universitaire à s’emparer du sujet et les professionnels à se rapprocher de la recherche. Et elle encourage la filière française à faire front commun face à la montée en puissance des Chinois. « Jusqu’à présent la RATP a su travailler avec Transdev et Keolis, nous voulons continuer, car dans la compétition mondiale, ce serait dommage qu’avec notre savoir-faire on se fasse “piquer“ des marchés par des gens qui n’amèneraient que peu d’emplois en France. » C’est dans cet état d’esprit, de confiance et d’échange au sein de la filière, qu’ont été tracées les perspectives nouvelles des automatismes par les intervenants.
Le digital va offrir encore plus de performances
Edouard Dumas, responsable du compte SNCF Réseau pour Siemens, rappelle que la technologie CBTC de Siemens était déployée dans de nombreuses villes, à la fois sur des lignes existantes, comme à New York, mais aussi sur des lignes nouvelles, comme dans le métro de Riyad où Siemens a un projet clés en main, incluant système de communication à bord des trains, portes palières et 74 rames de métro Inspiro.
En France, Siemens est partenaire de la RATP pour la ligne 14. « Cette ligne, qui relie Saint-Lazare à Olympiades et transporte déjà 500 000 voyageurs par jour, ira demain de Pleyel à Orly, soit un triplement de la longueur de la ligne et un doublement du nombre de passagers, grâce à des trains qui passeront de six à huit voitures. Cette ligne, sans conducteur, est équipée depuis 20 ans du système CBTC Meteor : notre challenge est de la migrer en CBTC nouvelle génération en une nuit, sur les sections existantes », précise Edouard Dumas qui rappelle que pour la ligne 1, l’automatisation avait été réalisée par phases, certains trains circulant avec conducteurs, d’autres sans.
A Paris également, Siemens déploiera le CBTC sur les lignes 15, 16 et 17 du Grand Paris Express « soit 185 trains et 200 km de ligne, avec 12 sections progressivement mises en service entre 2024 et 2030, et pour lesquelles nous aurons en charge la maintenance des équipements pendant 30 ans. Notre solution repose sur une architecture simplifiée permettant de réduire le coût de maintenance en intégrant l’enclenchement, ainsi que la logique de traction dans le CBTC. Nous allons développer des fonctions spécifiques, comme la décomposition des trains de travaux et leur recomposition automatique, permettant leur retour au dépôt à pleine vitesse ».
Toujours à Paris, avec la SNCF cette fois-ci, dans le cadre du projet Eole d’extension du RER E vers l’ouest, Siemens est chargé de mettre en œuvre le CBTC Nexteo sur le futur tronçon central, en tunnel. « C’est un projet avec une transition dynamique, sans arrêt en entrée ou en sortie de tunnel. Nous aurons plusieurs systèmes d’enclenchements en interface à gérer. Ce sera la première fois que nous déploierons notre système CBTC dans un environnement ouvert, avec la possibilité d’une mixité de trafic. Nous allons déployer une supervision avec des algorithmes intelligents pour optimiser la régulation des trains suivant les priorités. Ce sera un outil puissant pour régler les conflits et prendre la bonne décision au bon moment. »
Autre projet de Siemens, la ligne B de Rennes Métropole, clés en main avec le Cityval, destinée à être exploitée par Keolis. « Ce sera la première fois que l’on équipera le système Val avec un CBTC pour réduire la consommation d’énergie et apporter de la flexibilité et une plus grande modularité. Sur ce type de solution globale, il est possible d’offrir des services supplémentaires avec notre plateforme
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Publié le 10/01/2025 - Philippe-Enrico Attal