Quand 60 millions de consommateurs déraille
28 Fév 2020
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© SNCF - Ouigo - Emeric Fohlen
Mis à jour le 03 mars 2020
« SNCF, tout déraille ». Dans le titre, tout est dit. Dans son numéro de mars, le magazine 60 millions de consommateurs règle son compte à la SNCF, coupable d’avoir recours au yield management, « ce système de tarification selon les capacités de transport : plus la demande est forte, plus les prix des billets monte ». Une technique de remplissage pourtant utilisée depuis longtemps chez tous ses concurrents, aériens, maritimes, VTC, autocaristes… ou encore par les hôtels auxquels on ne reprocherait pas des prix promotionnels en janvier quand il pleut.
Chaque année, 60 millions de consommateurs (mais aussi son concurrent Que Choisir) consacre un dossier à la SNCF, dans lequel il reprend les mêmes antiennes, souvent justifiées, mais parfois à côté de la plaque. C’est le cas de cette enquête fouillée (2 859 trains ont été étudiés) mais menée avec des a priori de principe.
Ainsi, le magazine épingle un manque de lisibilité et des « tarifs exorbitants auxquels on ne comprend rien », malgré les engagements pris par la SNCF pour y remédier. Mais aussi des prix « qui font le yoyo », allant par exemple de 10 euros à 116 euros sur un aller Aix-en-Provence – Paris. Si on voulait caricaturer l’auteur de l’article, on pourrait dire que les tarifs démarrent trop bas !
D’autant que si on prend en compte les prix payés par les enfants sur les TGV Ouigo, le tarif est à 5 euros. A ce niveau-là c’est presque du transport gratuit et c’est une vraie politique en faveur des familles.
Reste qu’au moment des grands départs, prendre le train peut coûter cher, très cher. Parmi ses conseils, 60 millions de consommateurs recommande entre autres à ses lecteurs de faire la chasse aux promos, de jongler avec les cartes de réduction ou de chercher des alternatives aux grands départs. Des conseils de bon sens qui ne valaient pas un dossier au titre racoleur et décevant de la part d’un magazine public qui nous avait habitué à mieux.
Talleyrand disait que « tout ce qui est excessif est insignifiant ». Ce dossier est excessif mais il n’est pas insignifiant. Parce qu’il révèle une nouvelle fois l’état de dégradation de l’image de la SNCF, y compris parmi les leaders d’opinion que sont les journalistes. Et parce qu’il montre l’étendue du travail que va devoir mener la nouvelle équipe Farandou pour restaurer cette image.
M.-H. P.