Des trains sans conducteur ? Ce sera bientôt la réalité en Allemagne. Pratiquée de longue date sur des lignes de métro et mise en œuvre plus récemment sur des réseaux miniers, c’est-à-dire des systèmes « fermés », la conduite automatique des trains de voyageurs régionaux doit faire l’objet d’une campagne d’essais de trois ans à partir de l’an prochain dans le Land allemand de Basse-Saxe. Ce sera une première mondiale pour un système « ouvert ».
Menée en collaboration entre Alstom, la région de Brunswick (Regionalverband Großraum Braunschweig, dans l’est de la Basse-Saxe), le Centre aérospatial allemand (DLR) et l’Université technique de Berlin (TU Berlin), cette campagne d’essais a reçu du ministère fédéral allemand de l’Économie et de l’Énergie le Prix du laboratoire vivant pour l’Innovation et la Réglementation (traduction officielle d’Innovationspreis Reallabore – Testräume für Innovation und Regulierung, ou « Prix de l’innovation pour les bacs à sable réglementaires » dans la version d’Alstom) dans la catégorie « Perspectives ».
Après évaluation des lignes choisies (sans doute entre Wolfsburg et Brunswick) et des équipements nécessaires à la conduite automatique, les essais seront effectués par l’opérateur Metronom avec deux automotrices électriques Coradia Continental du parc Enno des Regionalbahnfahrzeuge Großraum Braunschweig GmbH.
Deux niveaux d’automatisation en œuvre
Construites par le site Alstom de Salzgitter, en Basse-Saxe, ces deux rames seront dotées du système européen de contrôle des trains (ETCS/ERTMS) et d’un équipement de conduite automatique qui permettra aux trains de fonctionner sans conducteur. Deux niveaux d’automatisation (GoA) seront mis en œuvre : GoA3 (avec personnel formé à la conduite, qui peut intervenir en cas d’urgence) en service régulier avec voyageurs et GoA4 (sans personnel à bord du train, mais avec la possibilité d’une prise des commandes à distance) pendant les manœuvres.
L’intérêt de cette campagne d’essais dans des conditions d’exploitation réelles (mais pour une durée déterminée), sera non seulement technique et écologique (par l’optimisation qu’elle permet, la conduite automatique contribue à réduire la consommation d’énergie), mais également juridique et réglementaire, comme le rappelle l’intitulé du prix remis par le ministère fédéral allemand de l’Économie et de l’Énergie. En effet, la conduite automatique de trains de voyageurs n’est que partiellement compatible avec le cadre juridique et réglementaire en place. « La conduite automatique des trains nous donne la possibilité de créer et de modifier en profondeur l’exploitation du futur », estime Birgit Milius, à la tête du département Exploitation ferroviaire et Infrastructure de l’Université technique de Berlin et responsable scientifique du projet, « mais de nombreuses recherches sont encore nécessaires avant d’y parvenir ».
P. L.