Comment la Covid a dopé le vélo
A la suite d’un premier confinement et dans la perspective d’un déconfinement prudent nécessitant le maintien de distanciations, un bon nombre de villes du monde ont ouvert la voie au vélo, à la fois pour délester les transports en commun et pour entraver un retour massif de la voiture. Un peu partout, les obstacles au vélo se sont levés comme par enchantement. Ces réalisations sont-elles appelées à durer ? Le doivent-elles ? Quelles leçons tirer de l’inattendu ? D’Oakland à Berlin en passant par Tours, Montreuil ou Paris, l’Institut Paris Région a scruté les politiques cyclables des villes, mises en œuvre en un temps record.
« On en a fait plus en deux mois qu’en six ans », constate une association de Tours. C’est vrai à Tours comme dans bien des villes du monde : la pandémie, le confinement qui s’en est ensuivi, puis un déconfinement imposant de restreindre pour des raisons sanitaires la part des transports publics et pour des raisons environnementales celle de l’automobile ont aidé à remodeler la ville : apparition ultrarapide de nouveaux couloirs pour les vélos, extension de terrasses de cafés et de restaurants sur les trottoirs et la chaussée, au détriment des places de stationnement. L’espace accordé à l’automobile s’en est trouvé réduit. Vite et avec visibilité, tout un symbole.
Grand succès de l’urbanisme dit tactique, qu’on pourrait aussi bien dire expérimental, opportuniste, voire improvisé, et qui a, de plus, offert une belle image de liberté après des semaines de renfermement. Ces réalisations vont-elles durer, s’infléchir, quelles leçons peut-on tirer d’une méthode qui a pris de court tout le monde ? C’est l’objet de l’étude « flash » que vient de publier l’Institut Paris Région. On incitera le lecteur à rentrer dans le dossier et ne pas s’en tenir au résumé qu’en donne l’Institut. Les « recommandations » et « points de vigilance » des synthèses sont utiles, mais la curiosité des chercheurs de l’ex-IAU IDF, qui les conduit à décrire les expériences de Bogota, Oakland, Montréal, Londres, Berlin, Bruxelles, Milan, Barcelone, en s’appuyant sur les leçons qu’en tirent des responsables locaux est, elle, très stimulante. Sans oublier les exemples français exposés par l’Institut : Tours, on l’a dit, mais aussi Saint-Etienne ou, en Ile-de-France, Paris, Montreuil, les départements de Seine-Saint-Denis et du Val de Marne, ainsi que l’intercommunalité Est-Ensemble.
Faite dans une période de déconfinement et dans cette dernière perspective, l’étude paraît dans un contexte, en Europe du moins, de reconfinement. Mais les leçons seront utiles, un jour que l’on espère prochain. La question, que pose l’étude, d’inscription de ces mesures tactiques dans un horizon stratégique sera alors d’actualité.
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Publié le 10/01/2025 - Philippe-Enrico Attal