Aux grands maux les grands remèdes. Confrontée à une crise en Hauts-de-France, où les élus s’indignent des conditions de transport et du grand nombre de suppressions de trains à cause d’un manque de conducteurs, la SNCF lance, pour la première fois, un appel national à la mobilisation auprès de ses anciens agents de conduite. Selon nos informations, Jean-Aimé Mougenot, le directeur TER délégué, vient d’envoyer un courrier (que nous avons pu consulter) à quelque 1500 conducteurs à la retraite, dans toute la France, pour leur demander s’ils seraient prêts à reprendre du service.
L’appel vise les agents qui sont partis à la retraite depuis trois ans au maximum. Un temps suffisamment limité pour que les anciens conducteurs aient encore en mémoire les connaissances réglementaires et techniques ainsi que les gestes métiers. Mais qui nécessitera tout de même un passage par la case formation. La remise à niveau, à laquelle s’ajouteront des tests médicaux et psychomoteurs, ne devrait pas dépasser quelques semaines. Ce qui doit permettre à la SNCF de disposer rapidement et temporairement d’un nouveau vivier de conducteurs expérimentés, en attendant l’arrivée de conducteurs nouvellement formés.
« Depuis 2008, nous faisons régulièrement appel à des conducteurs retraités quand le besoin s’en fait sentir. Mais c’est la première fois que nous lançons un appel national« , explique à VRT Jean-Aimé Mougenot. La direction évalue à une centaine le nombre de conducteurs manquants pour l’activité TER, la plus grande partie dans la région Hauts-de-France (65 conducteurs manquants). C’est donc dans cette région que les candidats retraités seront principalement appelés à conduire. Avec à la clé, en plus d’une rémunération classique, des indemnités pour se loger et vivre en dehors de sa région. Ceux qui ne voudraient pas changer de région sont aussi les bienvenus, la SNCF ayant la possibilité de procéder, en interne, à des réaffectations de conducteurs volontaires pour rééquilibrer ses équipes régionales.
« Quelques dizaines de conducteurs retraités circulent déjà sur le réseau. Ils nous aident à passer la période post-Covid« , précise le directeur des TER. Selon le dirigeant, la SNCF paie encore aujourd’hui l’effet retard, après la période de confinement liée à la crise sanitaire qui l’a conduit à stopper ses formations. La remontée du trafic plus rapide que prévue a aussi accéléré les besoins en conduite, alors qu’il faut compter 12 mois pour former un conducteur (même si la SNCF essaie désormais de réduire la durée de ses formations). A cela s’ajoute un phénomène d’absentéisme qui a tendance à augmenter sensiblement ces derniers temps, tout particulièrement dans les Hauts-de-France, précise Jean-Aimé Mougenot.
La lettre devrait arriver chez ses destinataires en fin de semaine, au plus tard lundi. Pour Jean-Aimé Mougenot, qui espère avoir redressé la situation dans le courant de l’année prochaine dans les Hauts-de-France, avec un plan de transport régulièrement réajusté (au lieu de 136 trains supprimés en octobre, il n’en manquera plus « que » 98 le 12 décembre), « le rétablissement est en marche« .
Marie-Hélène Poingt