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lock A La Ciotat, une grande histoire d’amour entre la ville, le train et le cinéma depuis 130 ans
Publié le 29/11/2024 à 06h28
Exposition sur le cinéma à La Ciotat

En filmant L’Arrivée du train en gare de La Ciotat en 1895, Louis Lumière a tissé le premier lien entre la petite cité provençale, le cinéma et le chemin de fer. Un lien qui, par la suite, n’a fait que se renforcer au fil du temps… Une exposition organisée par Gares & Connexion a ouvert ses portes à La Ciotat le 20 septembre. Pour quatre ans.

Un train s’arrête le long du quai dans une petite gare. De nombreux voyageurs descendent des voitures, d’autres y montent. Ces cinquante secondes d’images animées en noir et blanc, tournées par Louis Lumière en 1895, montrent L’Arrivée du train en gare de La Ciotat. Un film de moins d’une minute qui marquera à jamais l’histoire du cinématographe, donnant naissance à un lien étroit entre la cité provençale et le 7e art, et faisant du train un acteur clé du cinéma, et de la gare l’un de ses décors incontournables. « Ces huit mètres de pellicule, c’est véritablement la naissance du cinéma qui nous montre la vie, le mouvement… A l’époque, c’était extraordinaire ! », commente le Dr Gilles Tarrieu-Lumière, médecin, arrière-petit-fils de Louis Lumière. Pour l’anecdote, la fillette qui fait partie des voyageurs descendant du train et marchant sur le quai n’est autre que sa grand-mère, Suzanne. « C’est très émouvant de voir ces images », confiait-il le 20 septembre dernier lors de l’inauguration de l’exposition La Ciotat, ville de cinéma, proposée par Gares & Connexions via sa filiale Retail & Connexions.

Un lien historique

Le lien entre La Ciotat et le cinéma ne date donc pas d’hier. La ville est vite devenue le lieu de tournage de nombreux films et la tradition d’accueil des lieux de tournage s’est perpétuée au fil du temps : Les Aventuriers de Robert Enrico (1967), Trop belle pour toi de Bertrand Blier (1989), Les Témoins d’André Téchiné (2007), La French de Cédric Jimenez (2014), L’Atelier de Laurent Cantet (2017), En liberté de Pierre Salvadori (2018), Simone, le voyage du siècle d’Olivier Dahan, natif de La Ciotat (2022)…

Le 7e art ne s’est donc jamais éloigné de la ville. Pour preuve, l’histoire de l’Eden Théâtre, qui détient le titre du plus vieux cinéma au monde toujours en activité, et où l’on peut voir aussi bien les nouveautés que des films d’art et d’essai et des reprises de vieux films. Construit en 1889, ce théâtre à l’italienne, transformé en salle de cinéma probablement suite à l’acquisition d’une résidence secondaire par la famille Lumière à La Ciotat, a été rénové à l’identique en 2013, avec ses coursives et ses fauteuils de couleur rouge. « Après avoir été laissé à l’abandon pendant plusieurs années à partir de 1995, nous nous sommes battus pour le sauver de la démolition, avec Gilles Trarieux-Lumière notamment, et nous y sommes parvenus. Et aujourd’hui, les Ciotadens ne pourraient plus se passer de l’Eden ! C’est un lieu magique qui a une belle histoire », se réjouissent Michel Cornille, président de l’association Les Lumières de l’Eden, et Jean-Louis Tixier, adjoint au maire délégué à la Transmission de la mémoire, au Cinéma et aux Archives.

Autre lieu magique à visiter, le Grand Salon du Château Lumière, ancienne propriété de la famille Lumière, où eut lieu le 21 septembre 1895 la première projection publique de plusieurs films réalisés par les frères Lumière. L’Association pour le Rayonnement du Grand Salon Lumière (ARGSL) s’est mobilisée pour faire restaurer cette vaste pièce de réception. Inscrit aux Monuments historiques comme « lieu de mémoire, témoin de la présence des Lumière et des débuts du cinéma », le Grand Salon a bénéficié en 2023 du soutien financier de la Mission Bern pour une première phase de restauration à l’identique.

La gare, porte d’accès à la culture

Plus d’un siècle après la première projection privée du Train arrivant…, la relation historique entre la SNCF, La Ciotat et le cinéma se traduit par l’exposition La Ciotat, ville de cinéma. Elle se compose d’archives, issues notamment de la Mission Cinéma de la ville, la galerie Roger Viollet et l’institut Lumière, de vingt créations graphiques exclusives de l’illustrateur Mathieu Persan, de focus sur Auguste et Louis Lumière, et de citations de figures incontournables du grand écran. « L’exposition est installée pour quatre ans », signale Sylvain Bailly, directeur des Affaires culturelles de Gares & Connexions.

En compagnie de plusieurs élus, Jean-Pierre Farandou, PDG du groupe SNCF, et Marlène Dolveck, directrice générale de Gares & Connexions, ont coupé le traditionnel ruban inaugural avec enthousiasme. « Le cinéma est dans l’ADN de cette ville et cette exposition permet de le dire à travers la gare, un monument qui est permanent, accessible à tous, qui donne accès à la culture populaire, tout comme le train est populaire pour les Français, que ce soit les TER, les OUIGO, le TGV… », a déclaré le patron du groupe ferroviaire. « Nous essayons de trouver une singularité aux 3000 gares SNCF, qu’elles soient grandes, moyennes ou petites. La SNCF est une entreprise publique et son rôle est aussi de rendre possible l’accès à la culture. A travers les expositions de Gares & Connexions, les gares sont comme des agoras de culture, où chacun vient, regarde, est séduit ou intéressé par les créations d’un artiste photographe, dessinateur ou auteur de BD… », a souligné de son côté Marlène Dolveck. « La Ciotat est le théâtre de deux épopées, celle du train, tout nouveau moyen de transport à l’époque, et celle du cinéma, art naissant. La fin du XIXe siècle fut la rencontre de ces deux épopées », a commenté Jean-Pierre Serrus, vice-président de la Région Sud-Paca chargé des Transports, avant de rappeler que « la gare de La Ciotat a accueilli 600 000 voyageurs en 2024 et 19 M€ ont été investis pour créer un pôle d’échanges multimodal (trains, bus, cars), un système de mobilité pour rendre la vie plus agréable. Le train, service public indispensable, est un outil essentiel du développement économique qui est lui-même vital pour un territoire. Le train, c’est aussi, bien sûr, la colonne vertébrale pour la transition écologique. »

 

Plus de 100 tournages par an

Aujourd’hui, le groupe SNCF est devenu l’un des principaux partenaires de l’industrie du cinéma. « L’entreprise fait partie de celles qui accueillent le plus de tournages en France », résume Cécile Tellier, responsable du Pôle Cinéma et Tournages (elle a succédé à Philippe Laylle).« Chaque année, nous recevons 500 demandes de renseignements pour des séries, des films, des spots publicitaires. Entre 100 et 150 de ces demandes sont validées. Le pôle pilote ainsi plus d’une centaine de tournages dans les emprises SNCF, à bord des trains, dans les gares… Notre atout majeur est de pouvoir proposer une grande variété de décors dans la France entière. » Les 3000 gares, qui représentent à elles seules 10 millions de m2 d’espaces fonciers, et le réseau ferré national composent « un immense potentiel de décors qui permet aux scénarios les plus variés de naître de la créativité des réalisateurs et scénaristes », souligne Cécile Tellier. Le pôle Cinéma et Tournages a notamment pour mission d’analyser les scénarios et d’étudier la faisabilité technique, de mettre en place des procédures de sécurité pour protéger les techniciens, les personnes présentes sur le tournage, les cheminots et les voyageurs. Et bien sûr, il faut accueillir et organiser le tournage sans gêner l’activité voyageurs, « un défi quand on sait que les gares accueillent 10 millions de voyageurs chaque jour ! », souligne Cécile Tellier.

 

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Par Anne Jeantet-Leclerc
Journaliste
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