Avec la guerre en Ukraine, le transport ferroviaire redevient un enjeu stratégique

Depuis la fin de la guerre froide, les opérations militaires se projetaient surtout dans le ciel et la mer. Avec la guerre en Europe, les militaires regardent le ferroviaire avec un intérêt renouvelé même si le lien n’a jamais été rompu. Reste à savoir si Bercy est prêt à sortir le carnet de chèques pour mettre le réseau ferré à niveau.
Le lien entre les militaires et le chemin de fer existe en effet de longue date. Dans les années 1870 après la défaite de l’armée française à Sedan, le service militaire des chemins de fer est créé. Sa mission : maintenir en état le réseau stratégique pour assurer les acheminements vitaux pour la nation et le transport de la population. Il s’agit non seulement du réseau principal mais aussi des lignes « capillaires » qui desservent les bases militaires, des camps d’entraînement et des dépôts de munitions. Ce sont de petites lignes (appelées lignes 10), parfois partagées avec des industriels pour l’acheminement de leur fret, parfois seulement utilisées pour les besoins de l’armée. On compte aujourd’hui 86 km de lignes empruntées uniquement par les militaires.
Une centaine de millions d’euros nécessaires entre 2025 et 2029
Elles bénéficient régulièrement de travaux suite aux échanges entre les armées et SNCF Réseau, notamment en décembre lors d’un « colloque ferroviaire » annuel. Sur la période 2025-2029, il faudrait investir une petite centaine de millions d’euros sur ces lignes, indique une source proche de ce dossier. Or, pour l’heure, le budget pour ces travaux est fixé à un million d’euros annuels. Il a été calculé il y a une quinzaine d’années sur la base d’une vingtaine de km de lignes dédiées aux acheminements militaires. Il mérite d’être ré-évalué puisque le nombre de km de lignes concernées a augmenté dans un contexte géo-politique en plein bouleversement. Tout dépendra des discussions en cours avec les armées et la DGITM au ministère des Transports.
Au niveau européen, le MIE (mécanisme pour l’interconnexion en Europe) prévoit 1,7 milliard d’euros pour la mobilité ferroviaire militaire. La France a obtenu 60 millions d’euros pour des travaux sur le port de La Rochelle, sur la mise au gabarit d’ un tunnel entre Toulon et Marseille (qui ne permettait pas jusqu’alors le passage de convois exceptionnels comme l’acheminement des chars Leclerc) ou encore pour des gares de triage.
Une commande de 250 wagons pour l’armée
L’année dernière, 306 circulations militaires (wagons isolés ou trains complets) ont été recensées sur le réseau en France. Dont 190 sur le territoire national et 115 à l’international. Des circulations en forte hausse comparé à il y a seulement trois ans : en 2021, on recensait 197 circulations de convois militaires, dont six à l’international.
Aujourd’hui, l’armée dispose de 500 wagons, dont 400 sont encore en état de fonctionnement mais vieillissants. D’où sa commande récente de 250 wagons modernes plus adaptés au transport de matériels qui se sont alourdis au fil du temps. Il faudra attendre quelques années avant de les voir arriver.
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