Catherine Guillouard : « A la RATP, le statut n’est pas un sujet en soi »
29 Mai 2018
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Mis à jour le 05 juin 2018
Reçue le 24 avril par le Club Ville Rail & Transports, la PDG de la RATP a été notamment interrogée sur la façon dont la RATP se prépare à sa future mise en concurrence. Occasion pour Catherine Guillouard d’exposer ce qui distingue à ses yeux le statut de la SNCF et celui de la RATP.
L’essentiel de l’intervention de Catherine Guillouard sera publié dans le prochain numéro de VR&T, à paraître le 8 juin. Nous reproduisons ci-dessous sa réponse à la question sur le statut. Et nous publions sa réponse à une question de Marc Pélissier, président de l’AUT-IDF, sur les difficultés que rencontrent les bus à Paris… Bonne introduction à la prochaine rencontre du club VR&T, le 6 juillet, avec Christophe Najdovski, adjoint à la maire de Paris chargé des Transports.
Question. Le statut de la SNCF est sur la sellette. N’y aura-t-il pas, avec la concurrence, un sujet de statut à la RATP ?
Catherine Guillouard. Nous ne pouvons pas comparer les deux situations. Je n’ai pas demandé, en tant que présidente de groupe – et l’Etat de son côté ne me le demande pas non plus – qu’on touche au statut des agents RATP. A la différence de la SNCF, la RATP est dotée d’un statut qui fixe des principes généraux et qui est complété par des accords d’entreprise et des instructions générales. Par ailleurs, nous avons une commission du statut, gérée entre les partenaires sociaux et nous, dans laquelle nous pouvons discuter. Les discussions sur le cadre social ne sont donc pas figées et il y a une tradition de dialogue social nourri à la RATP où nous signons 50 à 60 accords par an.
Le statut n’est donc pas un sujet en soi. En revanche, nous allons avoir besoin d’un cadre législatif et réglementaire pour l’ouverture à la concurrence qui viendra compléter notre structure de statut et d’accords préexistants, afin de permettre une continuité de service parfaite, éviter tout dumping social et permettre en toute sécurité d’assurer le haut de niveau de qualité d’exploitation requis en Ile-de-France.
Par ailleurs, nous allons instaurer de la souplesse dans le recrutement, afin d’attirer des profils spécifiques, par exemple sur les métiers du digital. On ne peut pas être attractif pour des professionnels de moins de 35 ans qui viennent de start-up en parlant de statut.
Marc Pélissier. Je suis un peu inquiet sur la refonte du réseau parisien de bus. La vitesse commerciale des bus parisiens diminue. La ville de Paris ne donne pas de visibilité sur les aménagements de voirie à réaliser dans le cadre de ce projet. Ile-de-France Mobilités a mis du temps à en définir la consistance. Ce projet nécessite de plus des bus supplémentaires. Par ailleurs, le passage aux bus au gaz et aux bus électriques crée des contraintes administratives et techniques et cause une perte de place dans les dépôts d’environ 5 %. Y a-t-il un risque que ce projet capote complètement ? Ou qu’il soit fait a minima ?
Catherine Guillouard. Chacun doit faire sa part du programme. Il faut construire un plan d’exploitation, qui détaillera le matériel, les lieux de remisage, les lignes concernées, les conditions d’exploitation, etc. Nous travaillons avec Ile-de-France Mobilités sur ce programme.
En tant que PDG, il est de ma responsabilité de protéger les intérêts de la RATP. Il faut que le plan soit fondé sur la réalité opérationnelle constatée. La question de la vitesse commerciale des bus est clé. Aujourd’hui, nous sommes proches de la barre des 10 km/h dans Paris. Il y a plusieurs causes : les travaux, l’encombrement des carrefours, les incivilités multiples (60 000 PV en 2017 dans les couloirs de bus). Nous travaillons avec la Préfecture de police et la Mairie de Paris pour aider à développer la vidéo verbalisation.
Par ailleurs, il faut que les aménagements de bus soient réalisés, et cela dépend de la Ville de Paris. C’est structurant, puisqu’il y a plusieurs centaines de points d’arrêt à changer.
La mise en œuvre du projet peut également représenter un enjeu humain important avec plusieurs centaines de machinistes à recruter pour assurer la nouvelle offre.
Dès que nous aurons établi et partagé avec l’ensemble des acteurs concernés le programme d’exploitation, nous y verrons plus clair sur tous ces points.