La révolution douce préconisée par Christian Proust
C’est par une tribune dans Le Monde du 19 septembre, titrée « Mobilité, on peut faire 48 milliards d’euros d’économie », que le président (MRC) du syndicat mixte des transports en commun du Territoire-de-Belfort a lancé un pavé dans la mare : pour passer à la nouvelle mobilité à coût réduit, arrêtons la course aux infrastructures ! Il faut améliorer les services de transports et repenser la relation Etat/collectivités locales. Christian Proust préconise ainsi une « révolution douce » des transports. Problème : le dispositif actuel « incite les collectivités à ne réfléchir qu’en termes de grandes infrastructures. Et cela pour une subvention située entre 15 % et 20 % du coût total des travaux », écrit le vice-président de l’agglomération belfortaine. Or, « avec les solutions privilégiant la construction de grandes infrastructures, le budget nécessaire pour atteindre les objectifs du Grenelle de l’environnement serait au minimum de 60 milliards d’euros de dépenses publiques totales », évalue-t-il.
Il propose donc deux réformes. D’abord, suivant l’exemple belfortain, proposer « un service global de mobilité d’un coût raisonnable particulièrement adapté aux villes moyennes : bus + vélos en libre-service + voiture en autopartage. » Une offre qu’il nomme “Triple Play”, ouverte à partir d’une carte de post-paiement délivrée gratuitement à tous les habitants. Un système qui « permet de diviser par deux le budget mobilité des ménages, en économisant sur les coûts fixes liés à la possession individuelle d’une ou plusieurs voitures », assure-t-il. Et selon ses calculs, appliquer sa méthode « diviserait la dépense publique totale par cinq et entraînerait donc une économie de 48 milliards d’euros pour les collectivités locales et l’Etat. Elle permettrait, pour un coût total de 12 milliards d’euros, d’atteindre les objectifs du Grenelle, à savoir 3 milliards de voyages transférés de la voiture aux transports en commun ». Deuxième grande réforme indispensable : celle du financement par l’Etat des collectivités locales, « qui n’a pas évolué depuis un siècle. Il doit être revu en profondeur. (…) Je propose à l’Etat de financer non pas les dépenses mais les résultats, en fonction de l’augmentation prévue de la fréquentation des transports en commun ».
Cécile NANGERONI