Nice surfe sur une première mondiale
Inauguré l’été dernier, le boulevard connecté de Nice permet de collecter en temps réel
des données sur la circulation, la qualité de l’air, la propreté et l’éclairage public.
Le but : imaginer et tester de nouveaux services dans tous les domaines concernés. Son boulevard urbain connecté a fait le buzz et continuera sans doute de faire parler de lui. La métropole Nice Côte d’Azur l’a inauguré cet été : en plein centre de Nice, autour du boulevard Victor-Hugo, 200 capteurs, installés en haut des candélabres, dans la chaussée, sur des containers, etc., permettent de collecter en temps réel des données sur la circulation, la qualité de l’air, la propreté et l’éclairage public. Cette initiative est une coréalisation de la mairie de Nice, de la métropole Nice Côte d’Azur et de la Semiacs (gestionnaire des parkings) avec pour partenaire Cisco. « Le boulevard connecté vise à expérimenter pendant un an une plateforme métropolitaine multiservice très performante dans la gestion des données en temps réel, capable de fédérer les acteurs du stationnement, de la mobilité, de l’éclairage, de la collecte de déchets, etc., sur une architecture unique couvrant un rectangle de 800 m par 400 m », explique Jean-François Balcon, chargé du développement Smart & connected communities, auprès des collectivités locales pour Cisco Systems France. « Cela permet d’envisager de nouvelles applications issues de la corrélation de données multisources. »
La collectivité espère en effet imaginer et tester de nouveaux services dans tous les domaines concernés (circulation, environnement, commerce, vie quotidienne…), comme le précise Florence Barale, conseillère métropolitaine, chargée de l’Innovation numérique : « La première métropole en France [la communauté urbaine est devenue métropole au 1er janvier 2012, ndlr] est très investie dans l’innovation, qui est considérée comme un axe fort de notre développement économique, basé sur le numérique. C’est aussi avec l’objectif d’offrir de nouveaux services aux citoyens, plus efficaces. » Le boulevard constitue en effet un laboratoire à ciel ouvert de l’Internet des objets. L’agglomération niçoise, qui a de nombreuses fois joué les pionnières – parmi les premières à installer la télébillettique sur son réseau de transports urbains, première à tester le paiement sans contact NFC… –, se distingue une fois de plus par cette innovation ouverte, en première mondiale. Toutes les données publiques sont archivées pour être mises à la disposition des acteurs locaux. « L’expérimentation avec Cisco nous permet de remonter tout un tas de données sur un entrepôt de données que l’on croise. Nous sommes capables par exemple d’identifier le nombre de piétons sur le trottoir, poursuit l’élue. C’est une façon différente d’utiliser l’Internet des objets pour opérer autrement nos services. A terme l’objectif, c’est aussi d’ouvrir totalement nos données. »
Cette initiative s’inscrit dans le droit fil du stationnement intelligent testé depuis le début de 2012 avec l’objectif de réduire le temps consacré à la recherche d’une place vide – sachant qu'un automobiliste tourne en moyenne vingt minutes avant de trouver où stationner – et donc d’améliorer la circulation, notamment celle des bus ainsi que d’abaisser la pollution. « Cela représente jusqu'à 25 % du trafic en centre-ville », explicitait au lancement le maire de la ville, Christian Estrosi. L’élu présentait la mesure comme « l'une des plus novatrices et ambitieuses » du schéma global de stationnement 2011-2015. L’an prochain, 14 000 capteurs communicants de la société espagnole Urbiotica auront été noyés dans la chaussée et les trottoirs, couplés à des horodateurs multiservices, favorisant l'intermodalité puisqu’ils font aussi office de borne d'information sur les transports collectifs, les services Autobleue, Vélobleu, et taxis. Les utilisateurs reçoivent l’information sur leur smartphone, avec lequel ils peuvent aussi payer le stationnement. Un investissement de 13 millions d’euros, supposé être vite rentabilisé puisque le système repère les véhicules ventouses et les mauvais payeurs…
Enfin, depuis l’année dernière également, la capitale azuréenne figure parmi les 100 villes du monde qui, pendant trois ans, bénéficient de l'expertise et de l'appui d’IBM pour le développement de la ville intelligente. La ville a en effet été retenue dans le cadre du challenge Smarter Cities d’IBM, pour mettre en place un écosystème intelligent pour tous les citoyens. Dans le cadre de cet accompagnement, les experts d'IBM ont fait part de leurs préconisations, parmi lesquelles la création d'un centre d'excellence dédié aux systèmes innovants, ainsi que la mise en place d'un panel de citoyens qui donne son avis sur les mesures à prendre pour mieux circuler, mieux stationner, moins polluer, etc. La métropole peut se flatter d’être la seule de France à avoir été retenue par IBM.
Cécile NANGERONI