Josef Doppelbauer, un industriel à la tête de l’agence européenne du Rail
Le 30 septembre, Josef Doppelbauer a été nommé directeur général de l’ERA (European Rail Agency, Agence européenne du rail) par le conseil d’administration de l’agence. Marcel Verslype, qui dirigeait l’ERA. depuis sa fondation en 2004, quitte son poste après deux mandats de cinq ans.
Mats Andersson, un Suédois a déjà été porté à la présidence de l’Agence. Pour la direction générale, deux candidats s’affrontaient, après avoir été sélectionnés par la Commission européenne.
Josef Doppelbauer, Autrichien, ancien d’Alcatel, ancien directeur technique, puis responsable de la recherche et de l'innovation de Bombardier Transport, avait l'appui des milieux industriels, notamment de l’Unife, leur association européenne. Il était également jusqu’à présent président de l'Errac (European Rail Research and Advisory Council), l'instance européenne de recherche ferroviaire, et il a joué un rôle moteur dans la mise en place du programme européen de recherche ferroviaire Shift2Rail dont il a dirigé le comité de pilotage.
Il l’a emporté sur Ralf Schweinsberg. Allemand, juriste, il est numéro 2 de l'EBA, l’Eisenbahn Bundesamt, le très puissant régulateur allemand. Ralf Schweinsberg avait déjà été candidat à la direction de l'agence en 2004 contre Marcel Verslype.
Les lourdeurs bureaucratiques de l’EBA faisaient extrêmement peur aux industriels.
Selon des indiscrétions, Josef Doppelbauer a fait forte impression par une solide présentation, prononcée en anglais en allemand et en français, Ralf Schweinsberg,, qui n’était pas favori, se limitant pour sa part à une allocution en allemand. C’est au bout de trois tours que Josef Doppelbauer l’a emporté. Le premier tour le donnait en tête (19 voix contre 13), et il l’a finalement emporté par 27 voix contre 5 à Ralf Schweinsberg. Victoire haut la main donc, mais il n’en fallait pas moins… Il fallait en effet obtenir 26 voix pour être désigné, soir les quatre cinquièmes d’un collège de 32 électeurs, dans lequel chacun des 28 pays membres de l'Union a une voix, la Commission disposant de 4 voix.
Le directeur général aura la tâche d'assurer la montée en puissance de l'ERA, conformément au volet technique du quatrième paquet ferroviaire. Ce volet, qui comporte deux directives (interopérabilité, sécurité), et un règlement concernant précisément l’ERA n’est toujours pas adopté. Mais il est attendu par la plupart des parties prenantes et ne pose pas les mêmes problèmes que le volet politique. L’Agence européenne devrait hériter de quelques-unes des prérogatives des autorités techniques nationales (l’EPSF en France), en ce qui concerne les autorisations pour les trafics internationaux.
La FIF, la Fédération française des industries ferroviaires, s’est félicitée dans un communiqué de l’élection de Josef Doppelbauer. Louis Nègre, son président, a indiqué être « très heureux de cette nomination. » La FIF, a-t-il déclaré, « a soutenu depuis le début la candidature d’un industriel de grande qualité à la tête de l’Agence Ferroviaire Européenne, candidature logique en raison des missions incombant à l’ERA en matière de sécurité et d’interopérabilité ferroviaire. La tâche à venir pour Josef Doppelbauer sera âpre et dure, mais il sait qu’il peut compter sur notre soutien et celui de notre filière industrielle ferroviaire pour y parvenir. »
Si les industriels européens et nationaux sont satisfaits on remarque qu’il n’y avait pas de Français dans la course. Plus grave, si les Français ont accueilli le siège de l’Agence, à Valenciennes et à Lille, sans que le pouvoir politique se soit d'ailleurs à l’époque particulièrement mobilisé pour cela, l'organigramme montre quelque chose de plus inquiétant pour les intérêts du pays dans le domaine : plus aucun Français ne joue de rôle moteur dans l'Agence.