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A Lille, Keolis au cœur de tous les modes

Publié le 17/11/2010 à 02h45

La DSP lilloise de transports, confiée à Keolis pour la période 2011-2017 s’annonce comme un programme particulièrement riche, qui vise à l’intégration de l’offre de mobilité. Du métro, du tramway, du bus, bien entendu, mais aussi du vélo, du covoiturage et même du bateau ! Grande première à, Lille, Keolis va gérer à partir de 2011 une délégation de service public (DSP) intégrant tous les leviers des déplacements collectifs sur le territoire d’une communauté urbaine. « Ce n’est plus seulement une DSP de transport public, c’est une véritable DSP de mobilité » a souligné le vice-président de Lille Métropole en charge des transports, Eric Quiquet lors d’une conférence de presse. Le contrat signé avec Keolis représente 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires cumulé sur sept ans, dont 800 millions doivent être apportés par les recettes et 1,182 million seront payés à l’exploitant en subvention forfaitaire d’exploitation (SFE). Rapporté à la précédente DSP, à périmètre comparable, l’exploitant touchera, selon Lille Métropole, 4 millions d’euros de plus par an. Ce qui a fait la différence avec le candidat malheureux, Veolia/ATM ? « Les objectifs de trafic de Keolis étaient plus importants et puis, ramenée au nombre de voyage, l’offre de Keolis était moins chère » répond prudemment Eric Quiquet. Par ailleurs, les investissements programmés de maintenance étaient supérieurs. En termes de moyens humains, également, Keolis aurait vu plus large. Sur la durée de la période, Transpole embauchera 334 agents supplémentaires, essentiellement des chauffeurs de bus. Pour conserver l’un de ses réseaux majeurs en France, Keolis a pris le risque de s’engager sur une augmentation de 55 % du trafic pour totaliser 242 millions de voyages annuels à la fin du contrat, en 2017. Cette feuille de route permettra à Lille d’être en bonne voie pour atteindre l’objectif qu’il s’est fixé de doublement de la part modale des transports en commun entre 2006 et 2020. Autre engagement de l’opérateur reconduit, durant la DSP, le taux de fraude devra chuter de 13,4 % à 8 %. Et enfin, l’objectif majeur de cette nouvelle DSP intégrée qui n’est pas chiffrable : proposer un ensemble harmonieux là où aujourd’hui les modes de transport se tournent trop souvent le dos : « La bonne performance d’un réseau ne se mesure pas à l’investissement, mais à la qualité de l’interface entre chaque mode » souligne Eric Quiquet.

 

Un nouveau plan bus

Au menu de la métamorphose des transports publics lillois, on commencera avec, à partir de septembre 2011, un nouveau plan bus. 25 % d’offre supplémentaire sera apportée, principalement par de nouvelles liaisons BHNS : la Liane 4 (Halluin, Tourcoing, Hem, Pont-de-Bois), la 5 (Haubourdin – Marcq via Lille) et le lancement d’une « corolle » (itinéraire circulaire autour de Lille). Seront également lancées des navettes de cœur de ville dites « Citadines » à Roubaix, Tourcoing, Armentières et Halluin. Dans le quartier très embouteillé du vieux Lille, dès 2011, des minibus circuleront en boucle. Ils seront accessibles à la demande sur leur passage, et ce, pour le prix d’un ticket zap (le ticket aujourd’hui réservé aux courts trajets de métro et de bus). L’ensemble du réseau de bus sera par ailleurs accessible en 2012.

 

Plus de capacité pour le métro et les tramways

Du côté du tramway (deux lignes existantes vers Roubaix et Tourcoing) le matériel va être rénové avec pour objectif une augmentation de 15 % de la capacité dans les rames. Quant au métro, « l’épine dorsale du réseau », il connaîtra un doublement de la capacité de sa ligne 1, prévu à l’horizon 2015. Le passage des voitures de métro de 26 à 52 mètres implique un appel d’offres international de matériel roulant et l’adaptation et le dimensionnement des stations.

 

Le TER intégré aux transports urbains

Un autre mode classique de transport fait son entrée dans le périmètre des transports urbains : le TER. Grâce à une convention qui doit être finalisée avec la Région et la SNCF, le TER va être intégré sur le périmètre de transports urbains, comme l’un des modes accessibles aux abonnés du réseau Transpole dès le premier semestre 2011. En contrepartie, Lille Métropole versera une compensation estimée à 720 000 euros à la SNCF.

 

L’automobile collectivisée

Du côté de « l’automobile publique » Keolis, qui gère déjà – hors DSP – le service d’autopartage Lilas, va se lancer dans le covoiturage via un site internet dédié à la mise en relation des covoitureurs de la métropole. Par ailleurs, l’opérateur Lillois va s’investir dans la promotion des plans de déplacement d’entreprises (PDE) avec pour objectif toucher 210 000 salariés à la fin du mandat. « C’est à l’échelle des entreprises et des administrations que le covoiturage peut se mettre en place » considère Eric Quiquet.

 

La déferlante vélo

Seule ville importante à avoir jusqu’ici résisté aux sirènes du vélo en libre service, Lille s’y plonge finalement, avec une offre vélo mixant du vélo en libre service (VLS) et de la location de longue durée (VLD). 2 000 VLS (30 premières minutes gratuites puis 1 euro de l’heure) seront installés à partir de septembre 2011 dans les deux espaces les plus denses de la métropole : Lille et Roubaix-Tourcoing. Mais surtout, 8 000 vélos longue durée (5 euros par mois, 4 pour les abonnés Transpole, 36 euros par an et 24 pour les abonnés Transpole). Des services dédiés au vélo seront mis en place : les bicyclettes pourront être retirées et entretenues dans quatre maisons du vélo (à Lille, Roubaix, Tourcoing et Villeneuve-d’Ascq) ou neuf points relais établis dans la métropole. Ajoutons que ces points relais totaliseront 480 places de stationnement, que 28 nouveaux parkings en ajouteront 884. Le coût estimé par VLS sera de 1 984 euros par vélo et par an et de 237 euros par vélo et par an pour les VLD. C’est Oxylane (la maison mère de l’enseigne sportive Decathlon) qui fournira les vélos, qui seront assemblés dans son nouveau site lillois de Fives. Avec ce plan vélo, qui fera de la flotte lilloise la deuxième de France après Paris et coûtera 6 millions d’euros par an, l’objectif des élus est de multiplier par 5 l’usage du vélo dans la métropole.

 

Des bateaux sur la Deûle

Une touche exotique pour compléter le dispositif, une navette fluviale, sera lancée en 2012. Deux bateaux électriques assureront des allers-retours cadencés toutes les treize minutes en heures de pointe entre le Champ de Mars et Euratechnologies à Lille. Un aller-retour quotidien sera par ailleurs assuré entre le Champ de Mars et le jardin Mosaïc, à Houplin-Ancoisne.

 

Une billettique unique

Fruit d’une réflexion menée entre les AOT du Nord Pas de Calais, une billettique unique sera mise en place à la fin de 2011 ou au début de 2012. « C’est le couteau suisse de la mobilité dans la métropole » s’enthousiasme Eric Quiquet. Pour les abonnés, un pass sans contact permettra d’accéder à tous les services de mobilité. Pour les usagers « hyperoccasionnels » des billets « sans contact » papier seront toutefois toujours distribués. Côté tarification, la possibilité d’un postpaiement est par ailleurs à l’étude. Le métro lillois restera libre d’accès, mais avec ce nouveau système, ses abonnés devront badger à l’entrée. Curiosité du genre, un usager en règle pourra se voir verbalisé s’il n’a validé à l’entrée. Les élus lillois ne veulent pas entendre parler de fermeture du métro : « On ne veut pas d’un métro bunkerisé comme à la RATP » lance Eric Quiquet. « Nous préférons un métro ouvert avec une forte présence humaine assurée par les agents de prévention ».

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