Nathalie Kosciusko-Morizet à la tête d’un ministère plus « light »
Nathalie Kosciusko-Morizet revient par la grande porte au sein du gouvernement Fillon III nommé le 14 novembre. Elle devient ministre de l’Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement, au quatrième rang dans l’ordre protocolaire.
Un retour en grâce pour l’ancienne secrétaire d’État à l’Écologie qui s’était distinguée pour sa contribution au Grenelle de l’Environnement, lancé avec Jean-Louis Borloo. Elle en avait été écartée début 2009 du fait de relations difficiles avec son ministre de tutelle. Après une phrase assassine publiée dans Le Monde sur le comportement de Jean-Louis Borloo (mais aussi de Jean-François Copé) à propos d’un vote sur les OGM, elle s’était vue confier le modeste portefeuille de la Prospective et du Développement de l’Économie numérique. Et avait dû présenter ses excuses publiques pour avoir failli à la solidarité gouvernementale. Mais le maire de Longjumeau (Essonne), également secrétaire générale adjointe de l’UMP, issue d’une vieille famille politique française et polonaise, avait gagné les faveurs de l’opinion et l’intérêt des médias.
Le retour en force de cette polytechnicienne de 37 ans, férue de nouvelles technologies et spécialiste de l’environnement, est nuancé par les associations environnementales, qui critiquent le rétrécissement de périmètre du ministère, amputé de la Mer et surtout de l’Énergie, rattachée au nouveau ministère de l’Industrie d’Éric Besson. Un transfert de « très mauvais augure », estimait le 15 novembre Nicolas Hulot. Selon le promoteur du Pacte écologique de la campagne présidentielle de 2007, « c’est quelque chose de très préjudiciable qui va rendre le travail de Nathalie Kosciusko-Morizet particulièrement difficile, voire pas possible ». Et d’ajouter : cela signifie « qu’on va probablement aborder la politique énergétique en termes de politique industrielle, ce qui n’était pas du tout dans l’esprit du Grenelle ». « Le super-ministère est décapité. On est très très loin du pacte écologique qui est clairement déchiré », a renchéri Arnaud Gossement, de l’ONG Droit et Environnement, qui a participé au Grenelle quand il était porte-parole de France Nature Environnement. Mêmes critiques dans l’entourage de Jean-Louis Borloo où l’on se disait « stupéfait » de constater « le démantèlement de cette maison ».
Le nouveau gouvernement entérine aussi le recul de l’écologie au niveau du protocole, puisque Nathalie Kosciusko-Morizet perd le titre de ministre d’État qui était celui de son prédécesseur. Mais NKM, comme elle aime se faire appeler, à la manière d’une MAM ou d’un DSK, a immédiatement tenté de lever ces inquiétudes en affirmant qu’elle serait la « garante » des engagements du Grenelle.