Trois lignes Transilien mises en cadencement en Ile-de-France
Il aura fallu plus de deux ans de travail à la SNCF et RFF, sous la houlette du Stif, pour mettre en place le cadencement de trois lignes Transilien Il y avait la référence Rhône-Alpes, pionnière en la matière, première région à miser sur le cadencement pour l’ensemble de son réseau TER. Le 14 décembre, il y aura le poids de l’Ile-de-France, avec trois lignes qui vont se mettre à ce nouveau rythme. Du lourd, puisque ces trois lignes intéressent quelque 200 000 voyageurs au quotidien. Ce sont Paris-Saint-Lazare vers Mantes-la-Jolie via Poissy (ligne J, 37 000 voyageurs), Paris-Montparnasse vers Mantes-la-Jolie, Rambouillet et Dreux (ligne N, 100 000), Paris-Lyon vers Montereau et Montargis (ligne R, 55 000). Deux cent mille voyageurs, c’est le double de ceux concernés par le cadencement autour de Lyon, le plus important réalisé en province.
Le cadencement pour Transilien, c’est le fruit de plus de deux ans de travail pour la SNCF et RFF, orchestré par le Syndicat des transports d’Ile-de-France dans le cadre de sa politique générale de développement de l’offre. Comme le résume Serge Méry, vice-président du Stif : « En neuf ans, nous avons augmenté l’offre de transport de 25 %. Il était nécessaire d’aller plus loin. On ne pouvait le faire sans le cadencement. »
Le projet a nécessité de multiples réunions de concertation avec les collectivités locales, communautés d’agglomération, associations de voyageurs… Sans oublier les conseils généraux des régions limitrophes, aussi concernées, d’autant plus là où l’on mise également sur le cadencement, comme en Bourgogne ou en Haute-Normandie. Et là où arrive, tout comme sur Montparnasse, du nouveau matériel roulant, c’est une véritable « opportunité » pour mieux réorganiser les marches. En fonction de tout cela, il a fallu trouver les équilibres avec les TER et les Corail Intercités, qui sont d’ailleurs intégrés dans les cadencements.
S’il est toujours très délicat de bouleverser les grilles horaires, un travail colossal avec la reprise de tous les graphiques, le jeu en vaut la chandelle. Déjà, c’est l’occasion d’une remise à plat qui doit permettre d’offrir davantage de robustesse à la grille, et donc une meilleure régularité. Et puis, le projet est ambitieux, misant sur une hausse « spectaculaire » de l’offre : 74 % sur la ligne R, 18 % sur la ligne N, 25 % sur la ligne J. Davantage de fréquence, davantage d’amplitude horaire. Ce renforcement coûtera d’ailleurs 56 millions d’euros par an au Stif.
Contrepartie : même si les responsables Transilien ne veulent pas précisément l’évaluer, les effectifs vont augmenter. Les conducteurs feront davantage de kilomètres en tête des trains, la maintenance sera adaptée, effectuée davantage la nuit, par exemple. Jean-Pierre Farandou, directeur SNCF Proximités, le dit clairement : « Il n’y a pas de tabous. Nous avons la volonté de produire le moins cher possible du service public. En ayant bien conscience que les fonds publics ne sont pas illimités. »
Pour lui, le premier cadencement en Rhône-Alpes reste une référence. Car, après des premières semaines difficiles – plusieurs incidents lourds, d’ailleurs faussement liés par certains à la mise en place du cadencement –, la régularité s’est améliorée avec 10 % de trains supplémentaires. Sur les trois premières lignes du Transilien mises en cadence, on escompte un effet similaire. L’objectif est de mettre en 2012 l’ensemble de ces lignes à 93 % de régularité. Actuellement, si la ligne N est à 94 %, la R est à 91 % et la J à 88 %. Et dans le même temps, un report modal significatif, « au moins 10 % très rapidement », est espéré, avant tout en fonction de la « suppression » des heures creuses. Bien dans l’air environnemental du temps.
Pascal GRASSART