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Ewa

Loïk Le Floch-Prigent : « Si on continue comme ça, le pire est certain »

photo identite couleur c thomas espinosa elytel

Interview de Loïk Le Floch-Prigent,  ancien président de la SNCF

 

Fidèle à son personnage, Loïk Le Floch-Prigent dit sans prendre de gants le mal qu’il pense de la dernière réforme ferroviaire. Pour l’ancien (et éphémère) président de la SNCF, le gouvernement a eu le tort de présenter à l’opinion publique les cheminots comme des nantis. Et de voir dans la concurrence le remède à tous les maux du ferroviaire. Les anciens présidents considèrent la plupart du temps qu’ils ont un devoir de réserve. Loïk Le Floch-Prigent juge, lui, qu’il est de son devoir de tirer le signal d’alarme…

 

Ville, Rails & Transport. Vous connaissez très bien la SNCF dont vous avez été le président, de décembre 1995 à juillet 1996. Que pensez-vous de la nouvelle réforme ferroviaire ?

Loïk Le Floch-Prigent. Toute société, toute institution a besoin d’être réformée pour être au niveau des évolutions de la société et de la technique. Le fait de dire : « Je réforme » n’espas répréhensible, bien au contraire. Simplement, j’ai été surpris de voir que les financiers ont tenu le haut du pavé. Plutôt que de commencer par regarder l’évolution d’un corps social, on a dit deux choses. On a dit, d’une part, les salariés de l’entreprise ont des tas d’avantages. On a transformé ce corps social en nantis, ce qui est surprenant.

On a dit, d’autre part, la concurrence va arriver, c’est salvateur, c’est bénéfique, et il faut se mettre en situation d’être concurrentiel. Ce discours a été propagé à la fois par les politiques dans leur ensemble et par la presse dans son ensemble. Or, ce n’est pas mon point de vue.

Les financiers ayant pris le pas, on a fait une sorte de marché : la reprise de la dette contre la suppression des avantages des salariés. Il en résulte une réforme qui maltraite psychologiquement les salariés, ce qui ne conduit pas à augmenter leur ardeur au travail. La méthode n’est pas bonne et je l’ai dit au cours des mois de l’élaboration de la réforme. J’ai eu la surprise d’être plus entendu dans les pays européens que dans mon propre pays.

VR&T. Qu’est-ce qui vous gêne dans l’argumentation sur les avantages ?

L. L. F.-P. On s’en est pris particulièrement à un régime de retraite satisfaisant. Il est vrai que, quand je suis arrivé à la SNCF, j’ai été surpris de voir une forte présence des retraités. C’est original d’avoir une sorte d’amicale des retraités qui soit à peu près au niveau des organisations syndicales. Cela dit, le régime de retraite des cheminots, c’est un salaire différé. Vous n’êtes pas très payés, mais vous serez convenablement pensionnés. Si on change cela, cela conduira d’une manière ou d’une autre à augmenter les salaires et à augmenter les charges. C’est arithmétique. C’est une négociation compliquée, à prendre avec des pincettes, dans laquelle il ne faut pas être trop financier. Il vaut mieux être plus social.

VR&T. L’argument de la concurrence ne vous convainc pas non plus ?

L. L. F.-P. La concurrence, c’est une idée satisfaisante pour l’intellectuel bruxellois. En fait, elle n’existe pas. A partir du moment où on a un réseau unique, on ne peut pas considérer que sur un trajet déterminé il existe une concurrence. Il y a un réseau, une signalisation, et des sillons qui sont décidés par quelqu’un. Aujourd’hui, c’est la SNCF qui décide. Si jamais on veut mettre un grand nombre d’acteurs sur une ligne déterminée, on va ajouter une instance de contrôle qui va devenir de plus en plus importante, et qui va finir par doublonner avec SNCF Réseau. On peut essayer de mieux gérer le monopole, mais je ne vois pas en quoi le fait d’enlever le monopole de la SNCF pour le confier à l’Arafer va conduire à diminuer les coûts et à augmenter l’efficacité du système. On a un monopole naturel, et si on instaure la concurrence, cela augmente les coûts.

VR&T. Il peut cela dit y avoir un effet bénéfique de la rivalité entre les entreprises ?

L. L. F.-P. Il y aura des voitures différentes appartenant à des sociétés différentes, qui offriront un café plus ou moins cher, avec ou sans sucre, ou avec du lait. Il n’y a pas de vraie concurrence sur un monopole de fait. Quand vous allez au Luxembourg, vous avez le choix entre, si je puis dire, la SNCF-Deutsche Bahn ou la Deutsche Bahn-SNCF. Ce n’est pas une concurrence. C’est un arrangement entre sociétés qui se partagent des sillons.

VR&T. Mais, dans le TER, c’est autre chose, il s’agit de délégation de service public, c’est-à-dire d’une concurrence pour obtenir le marché…

L. L. F.-P. Ce n’est pas mieux. En tant que président de la SNCF, je peux décider qu’il vaudrait mieux que ce soit Transdev qui exploite une ligne. Je n’ai pas besoin d’un appel d’offres. Vous rendez-vous compte de la lourdeur des appels d’offres ? Cette lourdeur, on la paye. On dit : ce n’est pas le consommateur qui paye, c’est le contribuable. Mais il n’y a pas trente-six payeurs. C’est le même.

VR&T. Oui mais il y a tout de même le fameux effet d’aiguillon qu’on attend de la concurrence…

L. L. F.-P. Mais, déjà, on peut dire : telle ligne je vais essayer de la gérer autrement. Cela se fait en Suisse, en Angleterre, en Allemagne, ou en France. Il ne s’agit pas de concurrence. il s’agit d’enlever des frais fixes de siège très importants et d’avoir une gestion plus simple avec un conducteur-poinçonneur ou un poinçonneur-conducteur. C’est l’exemple célèbre de Carhaix – Guingamp – Paimpol. On peut très bien essayer d’animer un peu les réseaux en admettant l’existence de compagnies alternatives dans les régions, et en admettant que les sillons se trouvent répartis par un organisme commun qui se trouve être SNCF Réseau. Ce n’est pas choquant, et on n’a pas besoin de faire une révolution pour ça.

VR&T. On voit à peu près, même si vous trouvez l’idée mauvaise, comment on peut isoler certaines lignes TER pour les mettre en concurrence. Qu’en est-il du réseau maillé de l’Ile-de-France, où, progressivement, les lignes de Transilien, de RER ou de métro vont être ouvertes à la concurrence ?

L. L. F.-P. C’est complètement dément ! Si on a envie de faire une usine à gaz où plus rien ne marchera, faisons ce qui est programmé en Ile-de-France. On va droit dans le mur à une vitesse fantastique. Certes, cela va être satisfaisant pour le nombre de gens de l’administration qui contrôleront des contrôleurs qui eux-mêmes en contrôleront d’autres. Si l’objectif est de créer des emplois inutiles et de gâcher du papier, on a trouvé la solution. Je ne dis pas que les gens ont de mauvaises intentions. Mais mon rôle d’observateur et d’ancien président c’est d’avertir et de dire : vous vous trompez.

VR&T. Alors la concurrence, c’est l’errance !

L. L. F.-P. On continue à être dans l’idée de la concurrence inévitable et salvatrice. Pourtant, on a bien mesuré ce qui s’est passé dans le domaine électrique. Le transport d’élec­tricité est un monopole naturel, et la fameuse concurrence salvatrice a conduit à augmenter de façon endémique le coût de l’électricité. Grâce à la concurrence, nous a-t-on dit, nous allons diminuer les prix… En fait, on prend + 25 % ! Et on en arrive au mensonge absolu. On décerne un certificat d’électricité verte, alors qu’on a 75 % de nucléaire ! C’est un mensonge publicitaire, et c’est un mensonge d’Etat. Avec RTE on a l’exemple des défauts de l’idéologie de la concurrence sur un monopole naturel. On a mis le bazar dans l’électricité, on est en train de le mettre dans le ferroviaire.

Et quand on aura la catastrophe, comme l’Angleterre l’a eue, on n’aura plus que les yeux pour pleurer. Ce qui est arrivé en Angleterre avec le ferroviaire est tout à fait reproductible chez nous. Mais chez nous ce sera pire. Les Anglais ont un pragmatisme qui leur a permis de redresser leur système à un moment où il commençait à tanguer. Mais nous, nous sommes capables du pire, dans notre façon de considérer qu’on a raison. Si on continue comme ça, le pire est certain.

VR&T. Comment faire pour ne pas aller au pire ?

L. L. F.-P. S’affranchir, je l’ai dit, de l’idéologie de la concurrence. Et puis, nous avons besoin de plus de terrain et de moins de gens au siège. Je sais que je suis considéré comme un épouvantable individu. J’ai toujours eu un mépris considérable pour les sièges. Multiplier les gens à l’Arafer c’est renforcer les sièges. Et comme on ne va pas diminuer les gens à la SNCF, on va renforcer le mille-feuille administratif. La France a déjà un mille-feuille administratif qui empêche l’industrie de fonctionner, et, à la SNCF, on s’apprête à augmenter le mille-feuille alors qu’il faut le diminuer. C’est un péril mortifère pour le pays. Je suis affolé par l’aveuglement des Français et en particulier de leur presse à cet égard.

Et cela conduit les gens de terrain à se sentir méprisés par rapport aux sommités qui peuplent les bureaux climatisés ici ou ailleurs. Je suis un industriel et donc je crois à la sagesse et à la compétence du terrain. Plus il y a des gens de terrain, mieux on se porte. Plus les gens de terrain ont le sentiment d’avoir beaucoup de chefs, et moins ils sont efficaces.

VR&T. Et les chefs, que doivent-ils faire ?

L. L. F.-P. Sortir de leur bureau ! Aller sur le terrain. C’est mon leitmotiv. Parler aux gens et les laisser parler ! On a des cadres qui disent : « J’ai raison, je vais aller sur le terrain et expliquer aux gens que j’ai raison. » Mais quand je vais sur le terrain, en tant que chef d’entreprise, j’arrive, j’écoute les gens. Il m’arrive très souvent sur des sujets industriels de  ne faire que cela. Je m’assois, j’écoute, j’essaie de comprendre. Tant que je n’ai pas compris, je continue à écouter. Je n’ai pas raison.

Bien sûr, il y a un moment où, après une décision, on explique la décision. Ce moment n’est pas venu. Il y a des questions à se poser, et il est urgent de les poser maintenant.

Essayons de revenir au sujet fondamental, qui est l’efficacité en termes de motivation des salariés, et d’affection de la clientèle. Si je suis aujourd’hui bien accueilli dans les entreprises que j’ai dirigées ou que j’ai conseillées, c’est que la mobilisation des salariés est essentielle. Et plus on a de salariés, plus il faut qu’ils soient mobilisés.

VR&T. Où en est-on de ce point de vue à la SNCF ?

L. L. F.-P. La mesure de l’efficacité passe par l’engagement des salariés et par la satisfaction des clients. D’un côté, des salariés qui essayent de faire le maximum pour que ça marche. De l’autre, des clients qui disent : « Ah ! ils ont essayé de faire bouger les choses ». Je n’observe ni l’un ni l’autre. J’ai peut-être une mauvaise vue due à mon grand âge ! Je vois des agents commerciaux trains qui sont désabusés ; je vois des agents dans les gares qui sont démobilisés ; je constate que très souvent il y a des retards non motivés, un train qui ne part pas parce que le conducteur n’est pas encore là. Je n’ai pas le sentiment en prenant le train de façon régulière d’une famille cheminote grimpant au rideau, tout à la joie d’aller au travail !

On dit que les clients sont satisfaits parce que tout va bien. Je reconnais que l’introduction du numérique pour prendre les billets est adaptée à la civilisation actuelle, celle de mes enfants et petits enfants qui ne voient même pas l’intérêt de faire autrement. Cependant, force est de constater que la diminution des boutiques SNCF à travers le territoire conduit une autre génération qui n’est pas forcément acclimatée à Internet à avoir le sentiment qu’on n’a pas envie qu’elle prenne le train. Vous n’imaginez pas le nombre de gens qui ont mon âge ou sont plus âgés et qui me disent : « Alors, on n’a plus envie que je prenne le train ? Il paraît qu’il vaut mieux prendre le train que la voiture parce que c’est plus écologique… Mais pourquoi on ne nous incite à ne pas le prendre ? » Cette clientèle existe. Ce ne sont pas des clients épisodiques, ce sont des vrais clients qui payent leur billet, même si c’est à un tarif senior. J’ai l’impression qu’on ne les écoute pas. Et si on n’écoute pas les clients qui va-t-on écouter ?

VR&T. Reconnaissez que la réforme règle au moins la question de la dette…

L. L. F.-P. Le fond de ce qui a été fait dans la réforme n’est pas très éloigné de ce que tout le monde pensait depuis longtemps qu’il fallait faire. Mais les arguments qui ont présidé à ce qui devait être fait et l’autosatisfaction de ceux qui l’ont fait me paraissent un peu incongrus. Tout ça pour ça ! Il fallait de toute façon faire quelque chose pour la dette, qui est une dette d’Etat. C’est l’Etat qui, à un moment, a décidé de réaliser des opérations de TGV qui sont d’ailleurs parfaitement légitimes. Je l’avais déjà dit en arrivant à la SNCF. Je n’ai pas changé d’opinion parce que la presse ces derniers temps n’a pas arrêté de dire que c’étaient les cheminots qui avaient voulu le TGV. C’est faux. C’est l’Etat qui l’a voulu et la dette est celle de l’Etat.

VR&T. Au bout du compte, une réforme à peu près inutile et incertaine ?

L. L. F.-P. Je ne dis pas cela. Je ne jette pas la pierre aux gens qui ont essayé de faire quelque chose. Au contraire. Mais on peut être un peu modeste et dire : « J’ai essayé, je pense que c’est la bonne direction, même si ce n’est peut-être pas la bonne méthode, etc. » Il y a un peu trop d’autosatis­faction. Ces réflexions ne conduisent pas à penser que la réforme de la SNCF serait le grand succès des deux dernières années…

Pour aller un peu plus loin, cette réforme a été une surprise. A un moment on a dit : j’ai envie de faire la réforme de la SNCF… Pourquoi pas ? Mais, dans la situation où est la France, était-ce la réforme essentielle à réaliser, avec toutes les difficultés qu’elle a entraînées, cette grève perlée qui a désorganisé le pays ? La réforme la plus urgente, c’est celle de l’industrie. La grande question du jour, c’est celle de la capacité de notre pays à se réindustrialiser.

Propos recueillis par
François DUMONT


Le baromètre social n’a pas le moral

Agents démobilisés ou démoralisés… Le constat de Loïk Le Floch-Prigent est confirmé par les derniers chiffres du baromètre social « Ampli ». La lettre spécialisée Mobilettre, qui les a révélés le 28 février les juge « très mauvais ». Ils montrent, estime notre confrère, que les cheminots ne sont « convaincus ni des bienfaits de la réforme ni de son management ».

C’est en novembre 2018 que l’institut Great Place To Work (GPTW) a mené pour la SNCF une enquête auprès des 94 000 collaborateurs de l’Epic de tête, de SNCF Mobilités et de quelques filiales pour mesurer leur degré de satisfaction dans leur relation à leur travail, à leurs collègues et à leur manager. Des diverses questions de l’enquête résulte un indice de confiance. A l’Epic de tête, il est de 44 %. A SNCF Mobilités, de 41 %. Il est de 55 % pour la moyenne des salariés français et de 63 % pour la moyenne des participants aux enquêtes de GPTW.

S’y ajoute un indice de perception globale, provenant des réponses positives au thème : « Dans l’ensemble, je peux dire que c’est une entreprise où il fait vraiment bon travailler. » Il n’est que de 38 % à l’Epic de tête et de 33 % à Mobilités… Pour l’ensemble des salariés français, il est de 46 %, et pour les entreprises clientes de GPTW de 65 %.

Ewa

Forum Vies Mobiles interroge notre rapport (ambigu) à la mobilité

forum vies mobiles

Baptisée Mobile/Immobile, l’exposition présentée du 16 janvier au 29 avril sur les sites de Paris et de Pierrefitte-­sur-Seine des Archives nationales par le Forum Vies Mobiles, un institut de recherche et d’échanges sur les mobilités, ­autour des problématiques du transport se penche sur les ­rapports complexes que nous entretenons avec nos dépla­cements qu’ils soient du quotidien ou qu’ils soient ponctuels. Créé en 2011 par la SNCF, cette structure a, depuis, commandé de nombreux travaux à des ­artistes et à des chercheurs en sciences sociales, publiés no­tam­ment dans son « Artistic Lab », la galerie d’art virtuelle qu’il a créé sur son site. Les fonds des Archives nationales qui traitent de la surveillance des mouvements humains et plusieurs publications scientifiques ont également été mobilisés pour instaurer un dialogue entre passé et présent.

L’urbanisation grandissante et l’allongement des trajets quotidiens ont fait de l’homme d’aujourd’hui un animal perpétuellement en mouvement. Artistes et chercheurs en sciences ­sociales croisent ici leurs ­regards et démontrent toute l’ambivalence de nos déplacements, tour à tour perçus comme l’expression même de notre volonté de liberté, mais également vécus comme une fatalité sour­ce irrémédiable de stress quotidien. C’est également une question pour les Etats et leurs services de sécurité, de contrôle du territoire et d’interdictions. Les problèmes environnementaux complexifient encore un peu plus cette nébuleuse.

Le parcours débute dans le quartier du Marais dans la cour d’honneur de l’hôtel de Soubise des Archives nationales avec le travail de Sylvie Bonnot sur l’étonnante fluidité des foules à Tokyo. En tout, ce sont quatre espaces distincts qui ont été créés. Le premier se penche sur la place de la mobilité dans nos sociétés modernes et les conséquences de celle-ci sur notre environnement et notre mode de vie. Le second espace bât en brèche le présupposé du lien entre mouvement et liberté et s’intéresse au contrôle de la mobilité et à la surveillance des populations mobiles dans l’histoire, mais aussi de nos jours. Nous y découvrons ainsi un ­regard neuf sur la mobilité des réfugiés vue par l’œil critique d’Ai Weiwei. Cet artiste phare de la nouvelle vague chinoise s’est intéressé au rôle du téléphone portable dans la quête d’une vie meilleure des migrants.

Le troisième espace réalise un grand écart spatial entre la ville et la campagne, entre le lieu de résidence et le lieu de travail, entre la vie que l’on rêve et celle que l’on mène réellement… Ainsi­, nous prenons le train dans le Konkan en Inde en compagnie du photographe et reporter indien Ishan Tankha, l’anthropologue Rahul Srivastava et l’économiste Matias Echanove. Ils se sont plongés dans les trajets de cette communauté qui, grâce au chemin de fer, entretient le lien entre le « village », lieu personnel et protecteur, et la mégalopole, lieu du travail, de la productivité, mais aussi de l’anomie sociale et de l’acculturation. Un travail toujours visible sur l’Artistic Lab.

Enfin, le quatrième espace joue la carte de la prospective en imaginant la mobilité de demain. La question centrale étant de savoir s’il existe toujours une place pour la lenteur et le goût du voyage. Nous suivons ainsi le voyage de Sylvie Bonnot à bord du Transsibérien, traversant l’immensité russe avec le Japon en ligne de mire.

L’ensemble du parcours est ponctué de courtes vidéos tournées en motion design, une technique qui permet de créer des œuvres animées, dans lesquelles chercheurs et experts s’intéressent aux mécanismes de la société en mouvement. Mobilité en Chine avec Jean-Philippe Béja, droit à la mobilité avec Mimi Sheller, travailleurs mobiles avec Arnaud Lemarchand ou encore mobilité et futurs souhaitables avec Sylvie Landriève : ces œuvres explorent différentes facettes de la mobilité.

Le site de Pierrefitte-sur-Seine des Archives nationales se mobilise également. Quatre « modules » y creusent les mêmes thématiques abordées dans le Marais. Une vitrine présentant les jeux développés par le ­Forum pour explorer le futur de notre mobilité accueille les visiteurs. Ensuite, un premier module nous plonge dans la ­littérature théorique internationale qui explore les enjeux de la mobilité depuis maintenant près d’un quart de siècles. Douze ouvrages de référence, sélectionnés par le directeur scientifique du Forum Vies Mobiles y sont présentés. Le second module s’intéresse à la mobilité comme source d’inspiration. Une sélection de textes littéraires et de bandes dessinées souligne toute la fascination qu’exerce le mouvement sur les artistes. Le train y est notamment abondamment traité à travers des textes du XIXe et du XXIe siècle notamment d’Alphonse Daudet (Le Petit Chose), de Marcel Proust (Sodome et Gomorrhe) et de Raymond Queneau (Le Dimanche de la vie). Le 9e art a également puisé sans retenu dans ce thème, comme dans Le Transperceneige, L’Incal lumière de Moebius ou encore dans Le Rail de Schuiten et Claude ­Renard.

Le troisième module enchantera les cinéphiles. Une sélection du critique Xavier Leherpeur y sera diffusée en continu. L’occasion de voir notamment ­Balzac et la petite tailleuse chinoise de Dai Sijie ou Playtime de Jacques Tati. Des films également visibles dans la salle de projections de l’hôtel Soubise.

Le dernier module permet de voir dans leur intégralité, sous forme d’expositions virtuelles, les œuvres issues de sept ­projets mêlant art et sciences sociales commandés par le ­Forum Vies Mobiles.

A noter que plusieurs conférences seront organisées dans le cadre de l’exposition. L’idée étant de croiser le regard d’artistes, de chercheurs et d’experts et de débattre avec le ­public.

Samuel Delziani


Renseignements

mobileUne exposition du Forum Vies Mobiles

www.archives-nationales.culture.gouv.fr

Archives nationales / Sites de Paris et Pierrefitte-sur-Seine

Jusqu’au 29 avril 2019

Site de Paris (jusqu’au 6 mai) – 60, rue des Francs-Bourgeois, 75003 Paris

Plein tarif : 8 euros,
tarif réduit : 5 euros.

Site de Pierrefitte-sur-Seine

59 rue Guynemer, 93380 Pierrefitte-sur-Seine

Entrée libre.

Ewa

La RATP vend ses tickets en yuans sur la messagerie WeChat

WeChat_RATP

WeChat, l’application mobile de messagerie instantanée la plus populaire dans l’empire du Milieu, compte près d’un milliard d’utilisateurs. Développée par le géant chinois Tencent, c’est le couteau suisse des appli, un tout en un qui permet de réserver, en mandarin, un billet d’avion, commander un riz cantonais livré directement au bureau, payer une course de taxi ou un ticket de métro, organiser une réunion de travail avec des clients, chatter (d’où son nom) en permanence avec ses proches etc. Gratuite et disponible sur la quasi-totalité des téléphones portables, c’est l’une des rares applications mobiles à être autorisées par les autorités chinoises (contrairement à Facebook ou Instagram, par exemple). Plus d’un Chinois sur deux l’utilise.

WeChat RATP
Ecran d’accueil de PARISRATP sur l’application WeChat.

Et comme la France, et tout particulièrement Paris, reçoivent de plus en plus de touristes chinois (avec plus de deux millions en 2018), la RATP et la SNCF ont compris tout l’intérêt d’être présents sur cette « super app », à quatre ans des JO de 2024. La Régie des transports parisiens a son compte WeChat depuis 2017 (ParisRATP, 34 000 abonnés), SNCF Gares & Connexions depuis quelques semaines.

Pay and collect

Aujourd’hui, RATP va plus loin et annonce, à l’occasion du Congrès des décideurs du tourisme chinois le 4 avril à Paris, la possibilité pour les utilisateurs du compte de retirer dans les 368 stations et gares du réseau RATP (métro et RER) les titres de transport préalablement achetés sur l’application. Cette fonctionnalité de « pay and collect » permet aux touristes chinois d’acheter leurs billets de métro et RER en yuans, avant leur voyage en France (à l’unité, en carnet, Roissybus, Orlybus, Paris Visite, tickets pour Versailles, Disneyland Paris).

« Une fois prépayés, les titres de transport, vendus aux mêmes prix que sur le réseau RATP, n’ont ensuite plus qu’à être retirés auprès des agents RATP présents en guichet. » Guichets d’information ou de vente, précise la RATP. Conçue avec la start-up française EuroPass, « la plateforme de vente a déjà enregistré depuis son lancement début mars plus de 200 ventes, pour environ 600 consultations par jour. Un départ très encourageant à l’approche de la saison touristique », se félicite la RATP dans un communiqué de presse.

Gares & Connexions aussi

wechat image 20190218203913Le compte WeChat de SNCF Gares & Connexions (SNCF_France en mandarin) lancé en mars, toujours avec EuroPass, poursuit un autre objectif, celui de simplifier le passage en gare des clients chinois. Le compte s’articule autour de trois menus : « Voyager en France », « Guide pratique » (comment acheter un billet, sélectionner le bon tarif, renseignements sur les trains disponibles) et « Services et offres en gare ». Il s’appuie sur une vingtaine de gares : les six parisiennes, celles de l’aéroport CDG 2-TGV, Versailles, Chantilly, Strasbourg, Colmar, Lyon Part-Dieu, Dijon, Marseille, Aix-en-Provence, Nice et Bordeaux St-Jean.

Alexandre Viros, directeur de OUI.sncf, confiait récemment devant la presse que le site de réservation de la SNCF envisageait également d’être présent sur WeChat et de collaborer avec des plateformes chinoises de booking comme la hongkongaise Klook, Fliggy, filiale voyage d’Alibaba, ou Trip (ex-CTrip).

Nathalie Arensonas

Ewa

Une soufflerie climatique pour anticiper les aléas climatiques

soufflerie de rugy

Vents violents, tempêtes, froid ou chaleur extrêmes…. Comment savoir comment se comporteront les véhicules ou les infrastructures face à ces aléas climatiques? A Nantes, la soufflerie climatique Jules Verne située dans le Centre scientifique et technique du Bâtiment (CSTB), répond à ces questions. Mise en service en 1995, elle vient d’être modernisée et agrandie suite à un investissement de 8,5 millions d’euros. Le 29 mars, François de Rugy, ministre de la Transition écologique et solidaire, a inauguré les nouvelles installations. « Nous pouvons désormais y reproduire, au service des différents acteurs de la recherche, tous les évènements météorologiques, tels que tornades, tempêtes de sable ou vents extrêmes, en vue d’anticiper les changements climatiques à venir », souligne Etienne Crépon, président du CSTB.

L’un des enjeux majeurs, pour cette soufflerie unique au monde dans sa catégorie, consistera « à améliorer le couplage » entre expérimentation physique et simulation numérique. « Nous devons malheureusement apprendre à nous adapter aux effets du dérèglement climatique », a commenté le ministre, en affirmant son attachement à s’appuyer sur la connaissance scientifique pour édicter de nouvelles règles.

Dans le domaine du transport ferroviaire, il est clair que la soufflerie de Vienne (Autriche) restera incontournable, car elle est la seule à pouvoir recevoir du matériel roulant « en vraie grandeur ». Toutefois, un grand constructeur se montre déjà extrêmement intéressé par cette nouvelle réalisation nantaise, avec laquelle il deviendra possible de générer au travers des veines, pour des vitesses d’air supérieures, des champs de vitesse bien plus homogènes. Cela devrait permettre aux chercheurs d’obtenir, en travaillant sur des maquettes à l’échelle 1/2, des résultats déjà très représentatifs de la réalité.

Ph. Hérissé

Ewa

Les élus préfèrent le BHNS pour le nord de Lyon

trévoux france

Les élus régionaux ont préféré le bus à haut niveau de service (BHNS) au tram-train pour relier Lyon à Trévoux, 27 kilomètres au nord de la capitale des Gaules, dans l’Ain. La région, maître d’ouvrage du projet a voté les crédits pour finaliser les études techniques de ce nouveau service de tranport.

Après une quinzaine d’années d’atermoiement et l’inscription dans un avenant au contrat de plan Etat-région fin 2018, un coup de pouce décisif est donné au BHNS par la région qui sera la principale contributrice (3,6 millions d’euros) aux côtés de la métropole de Lyon (1,8 million), la communauté de communes Dombes Saône Vallée et le département de l’Ain.

Les études portant sur le tracé définitif et la localisation des stations (entre huit et 13 prévues) incluent aussi la concertation publique dont les résultats sont attendus pour mi-2020. Parallèlement, la région va demander à SNCF Réseau la fermeture de la ligne Trévoux-Sathonay. Ce calendrier devrait permettre la mise en service du BHNS à l’horizon 2024 au plus tôt. Il desservira le Val de Saône au nord de Lyon sur 27 km environ avec un potentiel de 4 500 voyageurs/jour. Le projet (90 à 100 millions d’euros) coûte environ 30 % moins cher que le tram-train et son coût de fonctionnement est inférieur de moitié.

Claude Ferrero

Ewa

Concurrence ferroviaire : Xavier Bertrand s’apprête à saisir l’Arafer

Xavier Bertrand, président des Hauts-de-France

Le président des Hauts-de-France était l’un de ceux qui disaient avoir le plus hâte d’expérimenter la concurrence sur les lignes TER. Finalement, deux autres présidents de région l’ont devancé : Renaud Muselier en Provence-Alpes-Côte d’Azur et Jean Rottner dans le Grand Est. Le premier a fait publier en février les avis de pré-information des futurs appels d’offres, le second s’apprête à le faire (lire ici et ici).

Si Xavier Bertrand n’a pas franchi le pas, c’est parce que « la SNCF se permet de ne pas nous transmettre les informations que nous lui demandons et dont nous avons besoin pour pouvoir lancer la procédure d’ouverture à la concurrence », a expliqué le 28 mars le président des Hauts-de-France, lors d’une délibération du conseil régional relayée par vidéo sur twitter.

video twitter xavier betrand« J’ai donc décidé de saisir l’Arafer [l’autorité de régulation des activités ferroviaires et routières, NDLR] pour entrave à l’application de la loi », a poursuivi Xavier Bertrand.  La loi pour le nouveau pacte ferroviaire votée en juin 2018 prévoit en effet que les régions, autorités organisatrices des TER, puissent accéder à leur demande, aux données des lignes dont elles délèguent l’exploitation à SNCF Mobilités, dans le cadre de conventions pluriannuelles. Les Hauts-de-France n’ont d’ailleurs pas renouvelé la convention arrivée à échéance fin 2018.

« Sans ces informations, nous ne sommes pas en capacité de bien définir les lots susceptibles d’être mis en concurrence et de préparer les cahiers des charges des appels d’offres », reprend Franck Dhersin, vice-président chargé des Transports, que nous avons interrogé. L’élu qui travaille désormais avec l’ancien responsable de l’Observatoire de l’Arafer, Nicolas Quinones-Gil, demande également à l’opérateur ferroviaire de justifier l’inflation des coûts d’exploitation avancée par SNCF Mobilités, soit « 10,5 millions d’euros par an ».

De quelles informations s’agit-il ? « Nous ne savons pas, par exemple, quel matériel roulant circule sur quelle ligne, dans quel centre de maintenance il est entretenu, quel est le coût d’entretien, quels sont les effectifs affectés sur telle ou telle ligne ou un groupe de lignes. Autant de données techniques et financières qui nous sont nécessaires pour préparer nos cahiers des charges », ajoute l’élu. Interrogée, la SNCF ne souhaite pas faire de commentaire.
Les premiers appels d’offres pour les lignes TER des Hauts-de-France devront donc attendre 2022. Comment ont fait Grand Est et Paca, sans ces informations ? « Sans doute au doigt mouillé, nous, nous voulons avoir bon niveau d’information avant de nous lancer dans l’ouverture à la concurrence », commente Franck Dhersin.
Selon nos informations, le courrier de saisine de l’Arafer demandant au régulateur de régler ce différend est à la signature de Xavier Bertrand.
Nathalie Arensonas

Ewa

Véhicules autonomes : les transports collectifs auront-ils le dernier mot ?

navette autonome navya campus renens

La deuxième édition d’InOut, « festival » des nouvelles mobilités durables organisé fin mars mars à Rennes – le « in » dans un couvent du XIVe siècle, le « out » dans les rues de la capitale bretonne – est un repaire de Géo Trouvetout. De la voiture solaire « HX2 » bientôt commercialisable, nous dit-on pour 30 000 euros, à la route luminescente, en passant par le vélo à hydrogène déjà commercialisé, les scooters électriques cargos, et bien sûr les véhicules autonomes électriques. D’autant qu’à Rennes, une navette 100% autonome Navya de 15 places circule depuis quatre mois sur voie ouverte, au campus universitaire. C’est à-dire parmi les piétons, les vélos et les autres véhicules. La navette est en prise directe sur une ligne de bus structurante depuis le centre ville et dessert ensuite les UFR du campus de Beaulieu,  fort de 9 000 étudiants.

Exploitée par Keolis, c’est la ligne 100 de Star, le réseau de transport public de la métropole rennaise. Depuis novembre 2018, la navette a transporté 5 000 voyageurs. Sans chauffeur (il y a toutefois un agent à bord pendant la phase de test), elle parcourt à 10 ou 14 km/h, 1,3 kilomètre de ligne, ponctuée de six stations. Avec comme défis technologiques, savoir analyser le stationnement automobile sur la voirie, les feuilles mortes, les cailloux, les gouttes de pluie, ou les étudiants qui s’amusent à lui faire peur en traversant sans prévenir.

Au moment où Rennes vivait sa grande foire des mobilités durables (le site d’InOut), Navya inaugurait une autre navette autonome électrique sur un parc d’activité, 20 kilomètres à l’est de Lyon. Le véhicule de 15 places également évolue dans le flux des voitures et camions, sur un parcours en boucle de 2,4 kilomètres avec ronds-points, feux tricolores et six stations. Elle relie à 15 km/h le terminus du tramway T3 aux entreprises du parc d’activité des Gaulnes (lire).

Au même moment aussi, au salon de Genève cette fois, le patron de PSA, Carlos Tavares, annonçait que le groupe automobile français arrêtait le développement de la conduite autonome au-delà du niveau 3 (100% autonome) pour les véhicules particuliers. Jugée trop chère par le constructeur français, comme pour ses clients. Un sérieux coup de frein sur la route du tout-autonome ? En 2017, PSA testait un prototype de véhicule capable de passer une barrière de péage sans aucune assistance de la part du conducteur, à peine deux ans plus tard, le constructeur préfère donc se concentrer sur des technologies plus abordables et sur la voiture électrique.

« Le véhicule autonome est plus pertinent pour le bus que pour la voiture », réagit Frédéric Baverez, directeur exécutif France du groupe Keolis, l’exploitant des transports urbains de Rennes Métropole. « Le bus, j’en suis convaincu, sera 100% autonomisé : ses itinéraires sont contraints, faciles à cartographier, et tous les bus sont déjà suivis dans des centres de commande centralisés, on sait déjà commander et intervenir à distance », poursuit-il.

Nathalie Arensonas

Ewa

Mont-Blanc Bus prêt à embrayer avec les véhicules GNV

Bus GNV Chamonix Transdev

Une expérimentation de véhicules électriques s’était révélée peu concluante en 2017. Deux ans plus tard, celle qui vient d’avoir lieu en février et mars avec des bus au GNV a donné toute satisfaction. « Un bilan très positif », selon David Daublain, directeur de Mont-Blanc Bus (Transdev).

Pour l’opérateur qui compte 1 500 véhicules au gaz en circulation en France et sait à quoi s’en tenir sur la technologie, l’intérêt des tests résidait dans le comportement des bus GNV dans « les conditions les plus exigeantes » du réseau haut-savoyard : le relief avec un dénivelé maximal de 600 mètres environ, les variations de température, et la forte fréquentation en saisons hiver-été avec 22 500 voyageurs/jour sur 12 lignes (2,4 millions de voyages/an). Le comportement des trois cars prêtés par Iveco, Man et Mercedes a notamment répondu aux attentes d’autonomie et de puissance adaptée, soit près de trois jours d’autonomie (environ 450 km). Pour l’heure, l’opérateur a observé la plus grande discrétion sur les performances respectives des trois bus.

Satisfaction aussi du côté des conducteurs (de 40 à 80 selon les saisons) et des clients qui ont apprécié l’amélioration du confort acoustique. Le dernier point de l’expérimentation a validé le bon fonctionnement de la station de compression provisoire pour la charge des bus mise en place par RGDF/Endesa. Mais la collectivité devra procéder à d’importants aménagements pour l’implantation d’une station pérenne capable d’assurer une charge rapide des futurs cars de Mont-Blanc Bus et des véhicules utilitaires des communautés de communes. En intégrant l’évolution des matériels, y compris des bus hybrides gaz, l’objectif est d’acquérir une quinzaine de bus GNV d’ici 2020, soit un investissement de quatre millions d’euros assumé par la collectivité. Le GNV représenterait alors plus du tiers de la flotte du réseau, composée de 41 véhicules, dont six hybrides et deux navettes électriques en centre-ville de Chamonix. Mont-Blanc Bus s’affiche comme l’acteur visible de « la stratégie d’écomobilité durable » mise en place par les élus haut-savoyards avec des initiatives ambitieuses illustrées notamment par le projet de ZFE (zone à faibles émissions), « la seule ZFE non urbaine en France », souligne Eric Fournier, président de la Communauté de communes de la Vallée de Chamonix Mont-Blanc.

Claude Ferrero

Ewa

SNCF donne une valeur au CO2 évité

LGV Est Phase 2 Lot 44
Lixheim (Moselle)
Crédits :
RFF / Frantisek Zvardon

La nouvelle devise républicaine de la SNCF – Liberté, Facilité, Planète – n’est-elle que de la com’ avec un habillage écologique ? « Avec le train, la SNCF préempte le domaine écologique sans rien faire : nous émettons 971 000 tonnes de CO2 par an, notre objectif est d’atteindre 95% de décarbonation d’ici à 2035 », a reconnu Guillaume Pepy, dirigeant de la SNCF, lors d’un récent séminaire de presse.

Accord de Paris 2015 et Plan Climat 2017 obligent, le groupe ferroviaire cherche à se positionner comme la locomotive française sur le sujet et intègre depuis deux ans la valeur de la tonne carbone dans sa déclaration de performance extra-financière (ex-reporting RSE devenu obligatoire). Une démarche qui fait flores chez les entreprises françaises : plutôt que d’acheter un quota d’émissions échangeables de CO2, elle consiste à fixer un prix à ses propres rejets de gaz à effet de serre et à les intégrer dans ses résultats extra-financiers. L’idée est d’accorder une valeur monétaire aux actions en faveur du climat.

250 euros la tonne de CO2 émise ou évitée

remise action climat matignon quinet sncf
Alain Quinet (à droite) a remis le 18 février à Edouard Philippe un rapport sur « La valeur de l’action pour le climat ».

Toute la question, c’est le prix : en 2019, à l’heure de l’urgence climatique, quelle est la valeur monétaire d’une tonne de carbone, émise ou évitée ? Alain Quinet, directeur général délégué de SNCF Réseau, s’est penché sur la question. Président de la commission de « la valeur tutélaire » du carbone (shadow price en anglais), il a rendu fin février un rapport au Premier ministre(1) dans lequel il établit à 250 euros la tonne de CO2 en 2030, contre 100 euros aujourd’hui.

Concrètement, une valeur à 250 euros/tonne de CO2 signifie qu’il faut créditer la rentabilité d’un projet d’investissement public (de transport collectif par exemple) de 250 euros pour chaque tonne de CO2 évitée.

Une mise à jour nécessaire pour atteindre les objectifs français de neutralité carbone en 2050, estiment les auteurs du rapport, et « qui a vocation à être intégrée dans l’évaluation socio-économique de tout grand projet d’infrastructure public, explique Alain Quinet. Traditionnellement, pour une ligne à grande vitesse (LGV), on donne une valeur monétaire élevée au gain de temps et au report modal, mais beaucoup plus faible au gain d’émissions de CO2, explique-t-il. A 100 euros la tonne de CO2, l’impact carbone est sous-estimé. Demain, à 250 euros la tonne, il passera à 25%, contre 10% aujourd’hui. Ce qui donne plus de valeur aux grands projets ferroviaires par rapport aux projets routiers, mais la route sera-t-elle toujours thermique ? », interroge le directeur général délégué de SNCF Réseau. « Il faut une méthodologie rigoureuse pour bien appréhender le développement de l’électrique et ne pas biaiser les calculs », modère-t-il.

Amortissement carbone en 2, 10 ou 50 ans

L’autre biais est lié au fait que le gain carbone d’une LGV n’est calculé qu’au moment de la mise en service de la ligne nouvelle, sans prendre en compte le CO2 émis pendant la phase de construction. « Nous voulons évaluer l’empreinte carbone en tenant compte des phases de chantier, en intégrant celle des sous-traitants et la fabrication des matériaux. Et une fois l’infrastructure réalisée, analyser en combien d’années les émissions de CO2 sont compensées par les émissions évitées grâce au train versus le transport routier, maritime et aérien», reprend Alain Quinet, avec cette fois sa casquette SNCF Réseau. Cet impact carbone représente la différence entre l’empreinte carbone d’un chantier ferroviaire et les émissions évitées grâce au report du trafic routier, maritime ou aérien vers le rail.

« Pour la régénération du réseau ferré, le temps de retour est rapide : les émissions de chantier sont amorties en deux ans car la ligne est déjà circulée, pour une LGV de plaine, cela prendra dix ans, plus longtemps pour une LGV avec des tunnels, et encore plus pour le Grand Paris Express, 50 à 60 ans », a évalué Guillaume Pepy devant la presse. C’est ce qu’on appelle le « pay back period ».

Suivant ces calculs exprimés en millions de tonnes de CO2, SNCF Réseau évalue que l’impact carbone des projets financés par les 2,7 milliards d’euros de Green Bonds(2) émis depuis 2016 a permis d’éviter l’émission de 8,8 millions de tonnes CO2 sur 40 ans, « l’équivalent du bilan carbone de 18 000 Français », calcule Alain Quinet.

SNCF Réseau semble avoir pris la mesure des aléas auxquels le changement climatique expose ses activités, et surtout son financement car les investisseurs sont de plus en plus sensibles aux conséquences financières du risque climat.

Nathalie Arensonas

(1) sous l’égide de France Stratégie
(2) emprunts obligataires verts, non bancaires, émis sur les marchés pour financer des projets liés à l’environnement et à la transition écologique.

Ewa

Bertrand Gérard, nouveau DRH de Getlink

bertrand gérard

Bertrand Gérard remplace Xavier Moulins au poste de directeur des Ressources humaines de Getlink depuis le 1er avril. Il est également le nouveau président du Ciffco, l’organisme privé de formation ferroviaire du groupe.

Diplômé de Sciences Po Paris et titulaire d’une maîtrise en droit social (Université Paris I), Bertrand Gérard, 52 ans, est passé par l’industrie (Pierre Fabre, Siplast), les services (Suez, Delta Security Solutions) ou encore Sanef ou Spie Batignolles où il était dernièrement DRH.