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 About ling jun jie

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Ewa

Commander à distance les aiguillages du RER A pour améliorer la ponctualité

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Un aiguilleur de la SNCF commande les aiguil­lages de Cergy-le-Haut, terminus de la branche nord-ouest du RER A, depuis le nouveau centre de commande unique de Vincennes, situé à 40 km de là. But de la manœuvre, améliorer sensiblement la fluidité du trafic en unifiant la gestion opérationnelle du RER A – ligne de plus de 100 km, à cinq branches – depuis un seul et même endroit, même si deux opérateurs en assurent l’exploitation : RATP et SNCF.

Unifier pour améliorer la régularité de la ligne plus que millionnaire (1,3 million de voyageurs par jour) en regroupant les aiguilleurs, les régulateurs, les chargés de l’information voyageurs, et même « les voix » du RER A, devant le même tableau panoramique de contrôle optique qui permet de superviser les trains en live, et de réguler le trafic. Chaque porte bloquée, chaque incident voyageur, chaque problème sur la ligne, c’est ici qu’ils sont pris en charge.

Jusqu’à présent, la SNCF gérait « son » RER A depuis la gare Saint-Lazare, la RATP depuis son poste de commande centralisé de Vincennes. Réunir les deux transporteurs sous le même toit est censé améliorer leur temps de réaction en cas de situations perturbées (injecter des trains, les rendre omnibus, supprimer certains arrêts etc.) et harmoniser l’information voyageurs sur l’ensemble de la ligne. C’est déjà le cas sur le RER B depuis six ans.

Communiqué rageur

Visiblement, il y a du pain sur la planche : « La SNCF doit vite redresser la barre et atteindre 90 % de ponctualité sur toute la ligne », réclame Valérie Pécresse, présidente d’Ile-de-France Mobilités, venue visiter le 15 mars en fin de matinée ce nouveau centre de commande unique (CCU), après être allée à la rencontre des voyageurs de la branche A3 vers Cergy-le-Haut, la plus impactée par les perturbations. En 2018, le taux de ponctualité du RER A s’est établi à 90 % (en hausse de quatre points), mais il est à 80 % sur cette branche exploitée par la SNCF.

Silencieuse pendant la visite du CCU, intéressée par le métier du community manager du RER A « qui explique avec des mots simples et en images les causes des retards », son communiqué de l’après-midi est rageur : « Hier, pendant une bonne partie de la journée, les trains n’arrivaient plus jusqu’à Cergy, la SNCF ne tient pas ses engagements pour la branche de Cergy, fustige Valérie Pécresse. Les résultats de cet axe sont insatisfaisants », poursuit la présidente (LR) de la région capitale qui milite pour la suppression de la relève des conducteurs à Nanterre-Préfecture, et dénonce le retard des travaux de la « 4e voie » à Cergy-le-Haut. ­Aujourd’hui, les trois voies de cette gare terminus ne permettent pas d’assurer les retournements de trains dans un temps suffisant pour leur permettre de repartir à l’heure si le précédent est arrivé en retard. Et donc, d’accroître le débit de cette branche exploitée par SNCF Transilien.

La RATP est responsable de 85 % de la ligne A, entre Marne-la-Vallée, Boissy-Saint-Léger à l’est, et Saint-Germain-en-Laye, à l’ouest. SNCF Transilien prend le relais à Nanterre-Préfecture sur deux branches ouest : l’une vers Poissy, l’autre vers Cergy-le-Haut, soit 15 % de la ligne. Le nouveau centre de commande unique placé sous la responsabilité de Mathieu L’Hémour (RATP) réunit 25 personnes, dont quatre agents de SNCF Transilien et SNCF Réseau, une répartition qui reflète le principe d’exploitation de la ligne.

Nathalie ARENSONAS


Le RER A en chiffres

  • Jusqu’à 1,3 million de voyages par jour
  • Jusqu’à 72 trains en circulation aux heures de pointe, un toutes les 2,2 minutes
  • 635 départs de trains par jour
  • 2 500 personnes travaillent sur le RER A (conducteurs, agents de régulation, de gare etc.)
  • 46 gares, 41 communes desservies
  • Une ligne de 108 km, et 5 branches :

plan-de-ligne-rer-ligne-A

 

 


 

Ewa

SNCF Réseau investit plus de 240 millions d’euros en région Paca

2020 marquera la fin du monopole de la SNCF sur le transport ferroviaire des voyageurs sur les lignes à grande vitesse. Dans cette optique, SNCF Réseau investit massivement dans la modernisation de ses lignes. En Provence-Alpes-Côte-d’Azur (Paca), ce sont 241,5 millions d’euros qui sont mobilisés, avec l’objectif d’augmenter la (trop) faible part modale du ferroviaire (lire ci-dessous).

« L’entretien et la modernisation du réseau constituent nos priorités pour 2019. En Provence-Alpes-Côte d’Azur, 153,5 millions d’euros seront dédiés à la modernisation du réseau, 88 millions d’euros à la maintenance, soit un investissement de 241,5 millions d’euros contre 227 millions en 2018 », souligne Jacques Frossard, directeur territorial. « Ces investissements sont nécessaires pour respecter notre ambitieux programme de travaux visant à rattraper le retard sur la modernisation de notre réseau. Il est indispensable de tenir compte de la typologie de nos lignes. Beaucoup d’ouvrages d’art et de tunnels ont 150 ans, un âge avancé qui impose un programme de fiabilisation. Par ailleurs, les caténaires, posées dans les années 50, doivent également être renouvelées. Enfin, le réseau compte beaucoup de lignes de montagne, sur lesquelles les interventions, plus complexes, doivent particulièrement être anticipées. »

MAG2, remplacement de voies et ERTMS

Plusieurs chantiers majeurs sont programmés en 2019 sur l’ensemble du territoire. Les travaux sur les lignes Marseille – Gardanne – Aix-en-Provence (MAG2), qui incluent notamment le doublement de voie sur 3,5 kilomètres, entre Gardanne et Aix-en-Provence, se poursuivent, le chantier devant être finalisé en 2021. « La modernisation de cette ligne permettra d’accroître la fréquence de desserte avec un train toutes les quinze minutes au lieu de toutes les vingt minutes, tout en renforçant la fiabilité et le maillage territorial, grâce à la halte de Plan-de-Campagne. D’ici 2021, nous espérons doubler la fréquentation pour atteindre 15 000 voyageurs par jour contre 7 500 aujourd’hui », commente Jacques Frossard. 40 kilomètres de voies seront remplacés entre Marseille et Toulon tandis que le remblai ferroviaire d’Arles bénéficiera d’une mise en transparence hydraulique, afin de répondre aux obligations légales.

En région Paca, SNCF Réseau innove également en déployant le système ERTMS (European rail trafic management system) entre Marseille et Vintimille. Une première en France sur le réseau classique. Cette technologie de signalisation embarquée à bord des trains en lieu et place du block automatique lumineux, permettra une plus grande fluidité d’exploitation, une meilleure qualité de service et l’interopérabilité entre l’Italie et la France avec la fin de l’effet frontière imputable à des choix technologiques différents, nécessitant aujourd’hui le changement d’engins et de conducteurs à Vintimille.

Solène Penhoat

Une part modale du ferroviaire encore trop faible

La région Paca représente 4,4 % du réseau national, avec 1 289 km de voies exploitées dont 238,5 km de ligne à grande vitesse. En 20 ans, le nombre de voyageurs qui empruntent le train a doublé mais la part du ferroviaire demeure faible : 2,5 % entre Marseille et Aubagne et 12,5 % entre Nice et Cannes. En moyenne, un habitant passe dix jours par an dans les embouteillages entre Aix-en-Provence et Marseille. De quoi faire bientôt préférer le train ?

 

Ewa

L’OFP Sud-Ouest a fait progresser ses tonnages de 60 % en 2018

Port de bayonne.

Le port de Bayonne conclut son exercice 2018 sur une progression de son trafic de 2,7 % à 2,66 millions de tonnes, et cette plateforme multimodale gérée par la CCI de Bayonne-Pays basque met en exergue la part du rail dans cette évolution : « 13 % des marchandises à l’arrivée et au départ du port de Bayonne ont été acheminées par train, ce qui constitue un record », notamment après « la création de l’opérateur ferroviaire de proximité Sud-Ouest dont le trafic a fait un bond de +60 % sur 2017 à 160 000 tonnes ». Pour l’essentiel, il s’agit de produits chimiques, d’engrais et de maïs en lien avec les entreprises des pays de l’Adour.

L’OFP Sud-Ouest est né en 2015 sous l’impulsion de la CCI et du Centre de fret de Mouguerre avec différents partenaires dont la Maïsica qui gère les céréales des groupes agroalimentaires Maïsadour (Mont-de-Marsan) et Euralis (Pau).

L’opérateur travaille sur les 15 km de rails propres au port et sur les voies ferrées du réseau national, grâce à deux nouvelles locomotives diesel Vossloh de 1 800 kW qui lui permettent d’agrandir son hinterland. L’une de ses préoccupations actuelles est la rénovation urgente de la ligne marchandises Mont-de-Marsan – Tarbes où sont embranchés plusieurs silos.

Michel Garicoïx

Ewa

Menaces sur la ligne Nîmes – Clermont-Ferrand

Circulation d'un TER près de la ville de Monistrol-d'Allier.

La menace d’un démembrement de la ligne des Cévennes Nîmes – Clermont-Ferrand (303 km) a ressurgi. Guy Malaval, maire de Langogne et président de l’Association des élus pour la défense du Cévenol, a révélé que fin 2018 SNCF Réseau a indiqué que « l’échéance de fermeture de la section Langogne – Saint-Georges-d’Aurac était programmée, faute de rénovation, pour 2020 ». Il appelait dans une lettre ouverte la ministre des Transports Elisabeth Borne « à prendre des mesures indispensables dès 2019 » pour assurer la continuité de l’exploitation. Une partie des travaux programmés pour 2018 a été annulée.

Cette section, entre Langogne, en Occitanie, et la jonction vers Le Puy en Auvergne-Rhône-Alpes (Aura), affiche 75 km et longe les célèbres gorges de l’Allier, à l’écart des routes. Elle est parcourue en 1 heure 30 min par les trois allers-retours TER Nîmes – Clermont-Ferrand, dont le temps de parcours total varie entre 4 heures 59 et 5 heures 23 (4 heures 43 en 1956). La fermeture de cette section centrale, rappelant celle appliquée à Saint-Etienne – Clermont-Ferrand entre Boën et Thiers, priverait les deux régions de toute relation directe, imposant un détour par Lyon plus coûteux et presque aussi long en temps entre Nîmes et Clermont. La relation fret (grumes) Langeac – Tarascon subirait le même sort. Cette coupure serait incohérente avec le financement par l’Etat de trois rames neuves Régiolis Coradia Liner pour 30 millions d’euros qui seront exclusivement affectées à la ligne fin 2019.

Du côté de SNCF Réseau on s’en tient à indiquer « travailler actuellement avec les deux régions et l’Etat sur les modalités de maintien en exploitation de la ligne ».

Du côté d’Aura, sur le territoire de laquelle la quasi-totalité de la section menacée est située, on met en cause l’Etat. Déjà, en 2017, indique-t-on, « l’absence de crédits de l’Etat a contraint SNCF Réseau à reporter certains travaux ». La région, présidée par Laurent Wauquiez, « a alors accepté de prendre en charge la part de l’Etat pour une opération de survie, adoptée le 30 novembre 2017, sur la partie nord entre Issoire et Saint-Georges-d’Aurac (travaux réalisés en 2018 – cinq millions d’euros dont 95 % pour la région) ».

Mais au sud de Saint-Georges-d’Aurac, la situation se complique. Si Aura a adopté en mars 2018 une nouvelle convention de travaux, pour 13,2 millions « dont 95 % pour la région, avec une clause de remboursement ultérieur de la part de l’Etat de 30 % », on indique à Lyon que le préfet « ne l’a pas signée ». SNCF Réseau a donc déprogrammé les travaux 2019 et lancé une expertise pour préciser les conséquences sur l’infrastructure.

Côté Occitanie, sur Alès – Langogne, 43 millions d’euros sont inscrits au CPER 2015-2020. Contrairement au versant Aura l’Etat a accordé des crédits pour cofinancer une opération de 11,7 millions à hauteur de 45,75 %. Une partie de ce financement d’Etat est liée à la reprise par Occitanie de l’aller-retour Intercités Nîmes – Clermont et à la mise au gabarit pour les Coradia Liner.

In fine, une étude sur l’ensemble de la ligne, visant à définir plus finement les besoins, d’un montant de 1,1 million d’euros (45,75 % Etat, 22,8 % pour chaque région, 8,5 SNCF-R), a été adoptée et lancée.

Au conseil régional d’Occitanie, à Toulouse, on « est convaincu du rôle essentiel de cette ligne ». « Une nouvelle stratégie de modernisation de nos 1500 km de lignes dites improprement secondaires (60 % du réseau occitan) est indispensable à un aménagement équilibré des territoires », a déclaré sa présidente Carole Delga devant le préfet François Philizot, chargé de la mission sur le sujet. La présidente a même prôné une régionalisation de ces infrastructures : « Au regard des coûts et des délais exponentiels présentés par la SNCF, la région Occitanie s’est organisée et est prête à prendre en maîtrise d’ouvrage directe une partie du réseau ».

Michel Gabriel LEON

Ewa

Le Sénat très remonté contre la loi Mobilités

Maurey_Mandelli-Senat

 Au pas de course ! Il n’aura pas fallu plus d’une journée à la commission de l’Aménagement du territoire et du Développement durable du Sénat pour examiner les 620 amendements du projet de loi d’orientation des mobilités (LOM). Et en retenir 240, dont 150 déposés par le rapporteur du texte, Didier Mandelli (LR). Le 6 mars à 17h30, c’était bouclé.

Comme l’on pouvait s’y attendre, le volet financement est au cœur du texte qui sera examiné en séance plénière de la Chambre haute, du 19 mars au 2 avril. « C’est un projet de loi qui a des objectifs louables mais qui arrive (devant les parlementaires, NDLR) avec des lacunes incroyables : il a été préparé depuis bientôt un an, or il n’a pas de volet financier réellement établi pour les infrastructures. C’est inimaginable ! », s’est emporté le sénateur centriste Hervé Maurey, président de la commission, lors d’un point presse jeudi 7 mars. Dont acte : la commission consacre les objectifs, les dépenses et le contrôle de la programmation en ouverture du projet de loi, chassant la gouvernance de la mobilité un peu plus bas. « Tous les autres éléments de la LOM découlent du financement », justifie Didier Mandelli (LR), rapporteur du texte au Sénat qui, moqueur, se demande « où sont les outils et l’argent pour les acheter ? » Référence aux propos de la ministre des Transports sur la loi mobilités : « Une boîte à outils au service des territoires », a coutume de dire Elisabeth Borne.

Un budget et une trajectoire financière pérennes de l’Agence de financement des infrastructures de France (Afitf), c’est le cap tenu par Didier Mandelli depuis qu’il a été nommé rapporteur fin novembre 2018. Si le Vendéen n’a pas défendu le péage urbain – inversé ou classique –, encore moins la vignette poids lourd comme pistes de financement des grands projets d’infrastructures de transport, il a obtenu l’unanimité des membres de la commission, tous groupes confondus, pour faire approuver l’amendement sanctuarisant les ressources de l’Afitf. Comment ? En fléchant vers l’Agence l’intégralité des recettes issues de la hausse de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) prévue dans la loi de finances pour 2019 (+2 centimes pour les voitures, +4 centimes pour les poids lourds). Soit 1,2 milliard d’euros. « Halte au hold-up de Bercy ! », a lancé Hervé Maurey qui décrie l’idée que l’Agence soit soumise aux aléas des recettes des amendes des radars.

Autre piste de financement retenue par amendement : affecter une part du produit des certificats d’économie d’énergie, « dispositif opaque », selon Hervé Maurey, mais qui pourrait rapporter un milliard d’euros aux mobilités propres.

Dans la même veine, le Conseil d’orientation des infrastructures (COI), présidé par l’ancien député PS Philippe Duron, est ressuscité. Cette commission d’experts chargée de proposer une stratégie au gouvernement en matière d’investissements n’était pas inscrite dans le projet de loi du gouvernement.

Toujours au chapitre du financement, pour les collectivités locales cette fois, l’amendement visant à « faire sauter le verrou » du versement mobilité (ex-versement transport) a été adopté en commission : cette taxe versée par les entreprises de plus 11 salariés et qui finance 48 % des transports publics réguliers, s’appliquerait aussi aux transports non réguliers, avec un taux minoré à 0,3 %. L’objectif est de permettre aux collectivités de financer des solutions de mobilité (covoiturage organisé, transport à la demande, etc.) dans les zones rurales. Un amendement propose aussi d’attribuer une part du produit de la TICPE (elle rapporte 37 milliards d’euros par an) au financement de la mobilité dans les territoires ruraux « dont les ressources sont insuffisantes ». Objectif, lutter contre la voiture comme seule solution pour se déplacer quand on vit à la campagne.

Les sénateurs envisagent un cumul du forfait mobilité durable (400 euros par an, pour l’heure sur la base du volontariat des entreprises) avec l’indemnité kilométrique vélo.

Gouvernance, passages à niveau, petites lignes

Concernant le transfert de la compétence mobilité aux régions si les intercommunalités ne veulent pas l’assumer, un amendement envisage de décaler de six mois la date butoir pour se décider (31 mars 2021) avec un transfert effectif aux régions le 1er juillet 2021. Les contrats opérationnels de mobilité supprimés en réunion interministérielle font leur retour. Ils ont pour objectif d’articuler les politiques et de mutualiser l’offre de transport des régions avec celle des autres autorités organisatrices de mobilité. Ces contrats seraient signés par les membres des « comités de partenaires », coprésidés par la région et le département qui réuniraient les intercommunalités, les syndicats mixtes et les acteurs de l’emploi et du social. Ces comités devront être consultés avant toute évolution importante de l’offre de transport, des tarifs et du taux du versement mobilité.

Enfin, à l’initiative de Jean Sol, sénateur des Pyrénées-Orientales où s’était produit fin 2017 un accident mortel au passage à niveau de Millas, plusieurs amendements ont été adoptés pour renforcer la sécurité des passages à niveau. Les amendements relatifs au transfert des petites lignes ferroviaires aux régions n’ont pas été retenus par la commission, les sénateurs invoquant l’article 40 de la Constitution (aggravation des charges pour les collectivités).

Après l’examen en séance plénière au Sénat jusqu’à début avril, le projet de LOM sera devant l’Assemblée nationale en juin, en vue d’une adoption à l’été.

N. A.

Ewa

Descente au cœur du futur Grand Paris Express

gare grand paris express Villejuif-institut gustave roussy

Encore combien d’années ? On a beau désespérer du calendrier hasardeux du métro automatique Grand Paris Express qui ne sera pas au rendez-vous des JO de 2024, une chose est sûre, au fond du gigantesque cratère de 53 mètres de profondeur, au pied de l’Institut de lutte contre le cancer Gustave-Roussy (IGR), la centaine d’ouvriers, les hydrofraises, les pelleteuses, et autres engins de creusement mettent du cœur à l’ouvrage sur le chantier phénoménal de la future gare de Villejuif-IGR sur la ligne 15 Sud. Si tout va bien, elle sera en service en 2025 (voir le tracé).

En activité 24h/24h, le chantier a déjà produit 600 000 m3 de déblais acheminés par une route spécifique, vers l’autoroute A6. Sur ce site où se croiseront la ligne 15 Sud et la ligne 14 de la RATP, les amorces sont faites pour que le futur tunnelier qui creusera le prolongement sud de la ligne 14 entre Olympiades et l’aéroport d’Orly entre en action. On n’ose pas donner de date, mais le calendrier est fixé aux JO de 2024 pour relier au final Saint-Denis-Pleyel à l’aéroport d’Orly.

Au fond de ce puits de 63 mètres de diamètre, la statuette de sainte Barbe, patronne des mineurs et des travailleurs souterrains, est déjà en place, prête à protéger les pilotes des deux tunneliers qui se croiseront dans l’une des gares les plus profondes du Grand Paris Express (GPE), dessinée par l’architecte Dominique Perrault. Tous les deux attendent encore leur nom de baptême. Celui de la ligne 14 œuvrera fin 2019. Une quinzaine de mètres plus bas, c’est le tunnelier de la ligne 15 Sud qui déploiera ses mâchoires début 2020, en provenance de la gare d’Arcueil-Cachan où il est en cours de montage, à ciel ouvert.

Le bout du tunnel ?

« Nous avons aménagé une passerelle piétonne au-dessus du puits de départ afin que les Cachanais puissent voir le tunnelier dont la roue de coupe est déjà en place, avant qu’il parte à l’assaut des 3,4 km de tunnel entre Cachan et Villejuif-IGR », explique Jack Royer, chef de projet à la Société du Grand Paris, pour le secteur Bagneux-Cachan. Une manière de faire patienter jusqu’à mi-2025 les riverains qui endurent de lourds travaux de génie civil depuis leur démarrage en 2015, dans cette commune du Val-de-Marne déjà desservie par le RER B. « Avec le GPE, ils pourront dans six ans rejoindre rapidement l’ouest de la capitale sans passer par Paris », avance Jack Royer. Et si tout va bien, la Défense en 2030 (les travaux ne sont pas encore lancés pour le tronçon entre Pont-de-Sèvres et La Défense).

tunnelier arcueil-cachan grand pars express
Puits de départ du tunnelier à Arcueil-Cachan.
Sur le site de la future gare d’Arcueil-Cachan, située trois kilomètres au sud de la porte d’Orléans, dans une zone dense en fort développement démographique, on découvre deux chantiers en un : le puits de départ du tunnelier et les travaux de génie civil qui façonnent la « boîte » de la gare. Les parois moulées(1) sont achevées depuis fin 2018, la fin du génie civil est prévue pour 2021 juste avant que ne démarre la construction des équipements de la gare (ascenseurs, escaliers mécaniques, voies) construite sur quatre niveaux souterrains.

Le RER B et le Grand Paris Express y seront interconnectés, ce sera l’une des plus fréquentées de la ligne 15 Sud, avec 95 000 voyages par jour selon les estimations de la SGP. Une fois construite, la gare conçue par l’atelier Ar-thème accueillera un immeuble de bureaux de six étages, projet de la SGP et de la ville de Cachan. En attendant, c’est l’état-major de Vinci Construction, attributaire de la ligne 15 Sud entre Fort-d’Issy et Villejuif et de la ligne 14 Sud (Olympiades – aéroport d’Orly) qui est installé sur la base-vie de ce chantier titanesque.

Les riverains commenceront à apercevoir le bout du tunnel avec les premiers travaux de terrassement prévus au printemps 2019, suivis de la pose des appuis définitifs du tablier du RER B, la gare du Grand Paris étant construite sous le viaduc du RER.

 

Sainte-Monique, priez pour eux

chanatier de la gare de Bagneux grand paris express
Travaux de génie civil pour la future gare de Bagneux.

A Bagneux, les dizaines de milliers d’habitants des barres HLM qui encerclent la future gare du Grand Paris Express, située Rond-Point des Martyrs, en sont encore loin. Ils voient le ballet incessant des grues devant leurs fenêtres et doivent composer depuis 2015 avec les travaux de la ligne 15 Sud, mais aussi du prolongement de la ligne 4 du métro, depuis Montrouge. La tour Pasteur et ses 15 étages de logements ainsi que ses commerces ont été détruits il y a quatre ans pour accueillir la base-vie du génie civil de la gare. Coincée entre la route et le chantier en activité permanente, l’église Sainte Monique est comme écrasée. « Le curé nous a demandé d’améliorer la signalétique pour rendre l’église plus visible », confie un représentant de la Société du Grand Paris. Les fidèles manquent à l’appel.

Ici quatre chantiers cohabitent : celui de la ligne 4 de la RATP, celui du tunnelier du Grand Paris Express, celui de la gare de Bagneux, et enfin, les travaux du projet de l’écoquartier Victor Hugo. A 150 mètres du rond-point des Martyrs, de son église et des HLM, le tunnelier Ellen (du nom de la navigatrice Ellen Mac Arthur) a commencé à creuser depuis le puits Robespierre de Bagneux vers Arcueil-Cachan le 14 février dernier. « Dans un mois [début avril, NDLR], Ellen atteindra le tympan Est de la gare de Bagneux pour ensuite la traverser et passer sous l’ouvrage de la ligne 4 du métro en juin 2019 », explique Jack Royer. Comme la navigatrice, le tunnelier poursuivra ensuite sa course en solitaire jusqu’à la gare d’Issy-Vanves-Clamart, à raison de 16 mètres par jour, soit quatre kilomètres en 16 mois. Dès mi-2021, les habitants de cette partie désolée de Bagneux, dans les quartiers nord de la commune des Hauts-de-Seine, seront reliés à Paris par le métro.

Il leur faudra attendre 2025 pour emprunter le Grand Paris Express. Si la « gare monument » conçue par l’atelier Barani (trois niveaux, 120 mètres de long, 28 de large, les quais à 33 mètres de profondeur), dimensionnée pour accueillir 60 000 voyages/jour, a vu ses parois moulées posées fin 2018, le terrassement de la « boîte » de la gare doit démarrer en avril. La gare sera prête fin 2024 selon les prévisions de la SGP, mais les habitants de Bagneux devront attendre 2025 pour l’emprunter, le temps que les autres stations du tronçon sud du Grand Paris Express soient elles aussi livrées.

Nathalie Arensonas

(1) les parois moulées permettent de faire l’entourage des « boîtes » des gares

Ligne 15 Sud : de Pont de Sèvres à Noisy-Champs
Date prévisionnelle de mise en service : mi-2025
33 km
22 communes desservies (plus d’un million d’habitants)
250 000 à 350 000 voyageurs à l’heure de pointe du matin
16 gares reliées en 37 minutes, interconnectées avec des lignes de RER, métro, tramway et/ou transports en commun en site propre.

Attributaires des lots de génie civil :

Gare Fort-d’Issy-Vanves-Clamart (exclue) et la gare Villejuif-Louis-Aragon (inclue) : Vinci Construction, Spie Batignolles TPCI, Dodin Campenon Bernard, Spie Fondations et Botte Fondations

Gare de Fort-d’Issy-Vanves-Clamart : Bouygues Travaux Publics (mandataire solidaire) et trois filiales du groupe Soletanche Bachy

Réalisation du tunnel foré entre les Noisy-Champs et Bry-Villiers-Champigny : groupement Alliance, composé de Demathieu Bard Construction (mandataire), NGE Génie Civil, GTS, Guintoli, Impresa Pizzarotti, Implénia, Franki Foundations Belgium et Atlas Fondation

Arrière-gare de Noisy-Champs, à la jonction des lignes 15 Sud et 16 : groupement constitué des entreprises Parenge, Dacquin parois moulées et Léon Grosse TP (mandataire du groupement)

Tronçon T2A entre les gares Villejuif-Louis-Aragon et Créteil-l’Echat : groupement constitué de Bouygues Travaux Publics, en qualité de mandataire solidaire, et de : Soletanche Bachy France, Soletanche Bachy Tunnels, de Bessac et de Sade.


Les étapes de construction d’une gare du Grand Paris express : visionner la vidéo (source: SGP)

Ewa

La montée en puissance de SNCF Réseau

Patrick Jeantet, SNCF Réseau

SNCF qui doit devenir un groupe plus unifié est en train de mettre en place son futur schéma de fonctionnement dans lequel les trois Epic devraient laisser la place à sept sociétés anonymes. Avec SNCF Réseau comme pivot du système. Interview de Patrick Jeantet, son pdg

Ville, Rail & Transports. SNCF Réseau devient le pivot du système, qu’est-ce que cela signifie pour vous ?

Patrick Jeantet. Aux côtés des autorités organisatrices et des entreprises ferroviaires, qui restent maîtres de leurs plans de transport et de leurs relations commerciales, SNCF Réseau sera le seul acteur doté d’une vision globale et de tous les leviers pour agir. Dans le détail, SNCF Réseau est d’une part chargé d’étendre et de rénover le réseau. Cette fonction va changer radicalement car nous sommes en train de vivre une véritable révolution industrielle. Le système ferroviaire a déjà connu une première révolution avec l’électrification, une deuxième avec l’arrivée du TGV et il y en a une qui arrive désormais avec l’automatisation.

La performance va être considérablement renforcée, même si cette évolution va prendre du temps du fait de la complexité ferroviaire. Par exemple lorsque Nexteo sera mis en place sur la ligne E, les ordres d’accélération ou de freinage seront donnés de façon automatique dans la partie centrale de la ligne. On pourra ainsi rapprocher les trains entre eux et donc gagner en capacité, et la qualité de service sera de plus bien meilleure. Et encore davantage le jour où on arrivera au tout-automatique.

Tout le système ferroviaire est appelé à basculer : l’infrastructure mais aussi les trains. Demain, les futurs matériels seront automatisés, donc ils seront plus simples à faire rouler et moins chers. Notre premier rôle consiste à piloter tout cela.

Lire la suite de l’interview et l’enquête sur SNCF Réseau dans notre numéro de mars 2019

 

(suite…)

Ewa

Networking au féminin dans les transports

Réseaux féminins transports

8 mars, Journée internationale des droits de femmes. A cette occasion, nous avons mené l’enquête sur la mixité hommes-femmes et les réseaux féminins dans le secteur des transports.

Première constatation, la proportion d’hommes aux manettes est écrasante… sauf à la RATP qui affiche une belle parité. Peu à peu, les barrières tombent. 
Des associations et des réseaux de femmes veulent 
y contribuer.

Ville, Rail & Transports prend sa part de critiques, lorsque notre magazine organise des tables rondes qui manquent de mixité. Une situation qui reflète la réalité des entreprises du secteur, où les chiffres sont souvent sans appel : sur les quelque 150 000 personnes qui travaillent à la SNCF, la proportion hommes-femmes est sans appel : 80 %-20 %. Au comité exécutif (comex), centre névralgique de décision, on ne compte qu’une femme (Agnès Ogier tout récemment nommée) sur les 12 membres de l’Epic de tête (mais un peu plus à SNCF Mobilités et à SNCF Réseau).

Keolis ou Transdev ne font pas mieux : deux femmes seulement sur neuf membres siègent au comex de la filiale de transport public de la SNCF, une seule sur dix au comex de son concurrent. Dans cet univers uniformément masculin, une entreprise sort du lot : la RATP, présidée par Catherine Guillouard, affiche une belle parité dans son équipe dirigeante.

Lire la suite de l’enquête dans le numéro de mars de Ville, Rail & Transports

 

 

Ewa

IBM, la SNCF et le lanceur d’alerte, une affaire qui n’en finit plus

Denis Breteau, 53 ans, est sans doute le dernier cheminot licencié de 2018, « radié des cadres » (l’équivalent du licenciement pour faute dans le secteur public), après 19 ans dans l’entreprise dont 14 au service des achats. Le 26 décembre 2018, l’ingénieur de e.SNCF, direction numérique logée à l’Epic de tête SNCF, recevait sa lettre de radiation signée de Benoit Tiers, directeur général de e.SNCF. Assortie d’une notification de sanction. Raison officielle du licenciement, « son refus répété d’accepter les postes proposés par sa hiérarchie, depuis sa mutation des achats vers e.SNCF ». En réalité, les relations étaient très tendues depuis 2010 entre l’ex-acheteur de la SNCF et sa hiérarchie, depuis qu’il avait alerté, puis dénoncé, ses supérieurs sur la manière dont étaient passés certains contrats informatiques.

« Denis Breteau avait quitté en avril 2016 la direction des achats contre laquelle il avait porté des accusations de harcèlement, pour être rattaché aux services informatiques (…) Responsable d’un projet de développement d’une application destinée à la gestion RH, il a bénéficié à l’occasion de cette affectation d’une promotion (…) Il a toujours refusé de s’impliquer dans ce processus de reclassement », indique la SNCF que nous avons interrogée. Denis Breteau, lui, a vécu les choses très différemment : « J’ai été nommé responsable d’une application de gestion des contrats d’intérim, « BAPS », abandonnée trois mois après mon arrivée. Je n’avais plus rien à faire, j’étais au placard, on brisait ma carrière ».

Renvoi d’ascenseur à IBM ?

A partir de juillet 2017, il n’avait plus aucune mission, à tel point qu’il restait chez lui. La direction l’oriente alors à l’Espace initiatives mobilité (EIM), cellule de reclassement interne. « Un Pôle Emploi interne à la SNCF, un mouroir !, selon Jean-René Delepine, du syndicat Sud Rail, membre du conseil d’administration de SNCF Réseau et défenseur de Denis Breteau. Il y a des milliers de cheminots à l’EIM, des pauvres hères qui ne sont plus employables ! », ajoute le syndicaliste. « Entre juillet 2017 et août 2018, quatre propositions de postes ont été faites à M. Breteau : deux sur Lyon, deux sur Paris avec des possibilités de télétravail (il habite Valence, NDLR). Il a refusé toutes ces propositions », indique un porte-parole de l’entreprise dans une réponse écrite à nos questions. « A Paris, on me proposait de m’occuper de la mise en cohérence de la politique RH, alors que je suis ingénieur informaticien. Quant aux deux postes à Lyon, ils étaient à la direction des achats, sous les ordres de ceux dont j’avais dénoncés les agissements dans l’affaire IBM, il y avait risque de harcèlement« , rétorque Denis Breteau. Ce que SNCF conteste.

L’affaire IBM ? Selon l’ancien acheteur, père de cinq enfants, il paierait le fait d’avoir dénoncé certaines passations de contrats ou des appels d’offres qu’il jugeait biaisés, car « saucissonnés », et dont aurait bénéficié le groupe informatique IBM. C’est à ce moment là que les ennuis commencent pour Denis Breteau. Une affaire complexe qui remonte à 2010, et pour laquelle la direction de la SNCF dément tout lien direct avec le licenciement de son agent. En résumé, la SNCF réfute toute volonté de représailles, et conteste les faits allégués.

Rappel des faits. En 2010, la SNCF avait créé une filiale, Stelsia, qui passait certains contrats de prestations informatiques de gré à gré avec IBM. La SNCF est pourtant soumise aux procédures de la commande publique qui l’oblige à organiser des appels d’offres, et interdit le « saucissonnage », qui consiste à ficeler des contrats d’un montant inférieur à 1,5 million d’euros, seuil au-delà duquel tout marché doit faire l’objet d’un appel d’offres. « Ces pratiques existaient, quant à Stelsia, il s’agissait d’une société écran pour détourner les règles européennes des marchés publics », indique Denis Breteau. « L’ensemble des marchés avec IBM, qui remontent à plus de dix ans, est en règle. Tant les contrôles indépendants, externe (mission de contrôle de Bercy dirigée à l’époque par Noël de Saint-Pulgent, NDLR) et interne, que la Commission des marchés de SNCF n’ont relevé aucune irrégularité », se défend la SNCF pour qui Stelsia était une « petite » filiale (558 M€ de chiffre d’affaires en 2016, source Infogreffe), dissoute en 2017 et « qui ne représentait qu’une part infime des achats de SNCF » (14 milliards d’euros, dont environ un milliard pour les produits et services informatiques, selon une source proche du dossier). Denis Breteau avait porté plainte contre X en 2012 devant le Parquet de Lyon pour infraction financière et pour harcèlement. Classement sans suite, les juges estiment que M. Breteau n’avait pas d’intérêt personnel à agir.

Sans suite, c’est aussi comme cela que ses supérieurs hiérarchiques lui auraient demandé de classer un certain nombre d’appels d’offres informatiques, « pour ensuite passer des marchés de gré à gré avec IBM pour du matériel ou des services dont on n’avait pas forcément besoin ou que l’on payait deux à trois fois plus cher que celui qui aurait été obtenu par appel d’offres », assure le lanceur d’alerte. Un renvoi d’ascenseur suite à l’énorme marché logistique d’un milliard d’euros lancé par IBM et remporté en 2008 par Geodis ? C’est ce que confirment certaines sources syndicales, c’est la conviction de Denis Breteau.

Lanceur d’alerte ou pas ?

« Toute entreprise, même publique, prend quelques libertés pour les achats en urgence, mais dans le cas d’IBM, il s’agissait de malversations qui s’apparentent à de la corruption », estime t-il. J’ai alerté très tôt mes supérieurs hiérarchiques qui m’ont répondu que tout était légal. A mon sens, il s’agissait de malversations moralement inacceptables pour une entreprise publique, j’ai décidé de dénoncer ces pratiques », raconte le lanceur d’alerte. Un statut reconnu et protégé depuis la loi Sapin II de décembre 2016 qu’il ne se voit pas accordé par sa direction : « Denis Breteau n’est aucunement un lanceur d’alerte au sens de la loi (1) car il ne correspond pas à sa définition, et les faits dénoncés n’ont reçu à aucun moment le moindre commencement de preuve », indique la SNCF pour qui « il est indispensable de séparer clairement les deux sujets : l’instruction en cours du parquet financier (qui s’est saisi du dossier SNCF-IBM en 2017 NDLR)) et l’affaire Denis Breteau ».

Lanceur d’alerte ou pas, les salariés du secteur public ou privé peuvent pourtant dénoncer tout «fait de corruption» sans risquer de perdre leur poste, selon le Code du travail.

A l’époque, la seule à réagir, c’est la Commission européenne : saisie par Denis Breteau en 2015, elle met en demeure la SNCF de mettre fin fin aux activités de Stelsia , estimant qu »i s’agit « d’une construction artificielle (…) contraire au droit européen de la commande publique ». Sans appel ! SNCF considère « qu’il s’agit d’une divergence d’interprétation du droit des marchés publics : Stelsia, en tant que filiale (privée, NDLR), était-elle soumise ou non à la réglementation européenne ? Cette question juridique n’a jamais été résolue et la Commission européenne n’a pas ouvert de procédure contentieuse sur ce point », nous répond la SNCF. En effet, le recours de Bruxelles s’est éteint puisqu’en 2017, Florence Parly, alors directrice générale stratégies et finances de SNCF (aujourd’hui ministre des Armées) engage la dissolution de la filiale incriminée. Sommée par le Premier ministre de l’époque, Manuel Valls, de mettre de l’ordre dans les procédures d’achats, Florence Parly règle la question, mais le problème dénoncé par le lanceur d’alerte a bel et existé. Depuis 2017, tous les achats du groupe ferroviaire public sont revenus dans le giron de la direction des achats, mutualisée aux trois entités : SNCF, SNCF Mobilités et SNCF Réseau.

Echec de la rupture conventionnelle

Une autre zone d’ombre plane sur le différend qui oppose le lanceur d’alerte à son entreprise et lui a coûté son poste : une négociation en vue d’une rupture conventionnelle aurait été tentée en 2017 pour finalement échouer, les deux parties ne réussissant pas à se mettre d’accord sur le montant du chèque de départ. Interrogée, la SNCF n’a pas répondu à cette question précise. De son côté, Denis Breteau affirme que début 2017,  cherchant à mettre fin à ce conflit interminable (changements d’affectation, refus de postes, mises à pieds), le DRH de e.SNCF, Stéphane Feriaut, lui aurait proposé un deal de départ : dix années de salaires. « La proposition était moralement acceptable : je ne perdais ni ne gagnait d’argent par rapport aux années qui me séparaient de l’âge de la retraite (j’avais alors 52 ans), on ne pouvait donc pas m’accuser d’avoir lancé l’alerte pour m’enrichir », analyse Denis Breteau. Des discussions en vue de ce départ négocié se seraient alors engagées avec Marie Savinas, DRH de l’Epic de tête SNCF. Elle aurait proposé 350 000 euros, D. Breteau aurait surenchéri à 450 000 euros, « la somme que j’aurais touché à la SNCF jusqu’à mon départ à la retraite », calcule-t-il. La DRH aurait jugé la demande « démesurée », et aurait finalement proposé 250 000 euros. Fin de la négociation, et un doute qui s’installe : Denis Breteau est-il un lanceur d’alerte désintéressé ? Ou a-t-il été piégé par sa direction ?

Il sera finalement licencié fin 2018 et a saisi début 2019 les Prud’hommes en référé, pour demander l’annulation de la sanction et sa réintégration à la SNCF. « A l’évidence, ce licenciement est l’aboutissement du harcèlement discriminatoire engagé contre lui, pour son rôle de lanceur d’alerte relative à des pratiques contraires aux règles de la commande publique », jugent Julien Troccaz, Eric Santinelli et Jean-René Delepine, représentants Sud Rail aux conseils de surveillance et d’administration des trois entités du groupe SNCF, dans un courrier adressé mi-janvier aux dirigeants,  Frédéric Saint-Geours, Guillaume Pepy et Patrick Jeantet.

Le dossier des contrats IBM/SNCF est sur le bureau du Parquet national financier (PNF) qui s’est saisi de l’affaire en février 2017 et a ouvert une enquête préliminaire. « J’ai transmis les pièces apportant les preuves de mes allégations », expose le lanceur d’alerte qui a de nouveau été entendu début 2019, ainsi qu’un autre témoin, par l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales, suite à la parution d’un article de nos confrères du Parisien. Le bureau français de Transparency international s’intéresse aussi au dossier et Anticor a récemment envoyé un courrier au chef de la Mission de contrôle économique et financier des transports, rattachée à Bercy. Sans réponse, elle compte se constituer partie civile. L’affaire SNCF-IBM est loin d’être terminée. La lanceur d’alerte, lui, est au chômage.

Nathalie Arensonas

(1) la loi du 9 décembre 2016 relative à la transparence, à la lutte contre la corruption et à la modernisation de la vie économique, dite loi Sapin II,  apporte une définition claire : «Un lanceur d’alerte est une personne physique qui révèle ou signale, de manière désintéressée et de bonne foi, un crime ou un délit, une violation grave et manifeste d’un engagement international régulièrement ratifié ou approuvé par la France, d’un acte unilatéral d’une organisation internationale pris sur le fondement d’un tel engagement, de la loi ou du règlement, ou une menace ou un préjudice graves pour l’intérêt général, dont elle a eu personnellement connaissance.

 

Ewa

Oribiky gonfle sa flotte de vélos électriques et partagés

photos oribiky 6

Des vélos bleus, blancs, rouges en libre-service et à assistance électrique (VAE) ont fait discrètement leur apparition dans les rues de Paris et en première couronne fin 2018. Derniers arrivés sur le marché des bicyclettes en semi-floating (1), ces Oribiky (déclinaison d’origami car l’entreprise vendait des vélos pliables), sont un peu plus nombreux, bientôt 400 au lieu de 280.

Ils affichent une autonomie de 100 km et peuvent atteindre 25 km/h. Trois personnes issues d’écoles d’insertion professionnelle sont chargées de la maintenance, elles font des tournées de nuit (en Kangoos électriques) pour l’entretien des vélos et la recharge des batteries.

Obligation de se garer sur les parkings à vélo
Plusieurs tarifs, plusieurs options : de 0,10 à 0,12 centimes d’euros la minute pour les formules sans abonnement. Des forfaits à 14,99 euros ou 19,99 euros par mois sont également prévus pour les utilisateurs réguliers. Il existe aussi une offre pour les entreprises et les coursiers. L’appli permet de géolocaliser le vélo et le déverrouiller via un smartphone. On peut le réserver dix minutes à l’avance. Pour ne pas encombrer davantage les trottoirs parisiens, obligation est faite de garer la bicyclette sur un parking à vélo après utilisation (il faut déclarer son emplacement sur l’application), sous peine d’une amende de 50 euros. Aucune n’a été dressée à ce jour, indique l’opérateur.

Basée à Stains, en Seine-Saint-Denis, la start up française vient en complément de Vélib’, dont 30% de la flotte est électrique, et devance Jump Bikes racheté au printemps 2018 par Uber. Le VTCiste américain est déjà présent sur le marché du vélo électrique partagé à San Francisco et Washington et envisagerait de déployer une flotte identique à Paris courant 2019, sur la même application que pour ses taxis.

N.A

(1) stationnement organisé par géolocalisation