Je me connecte

E-mail*
Mot de passe*

> Mot de passe oublié?

Je m'inscris

*Champs obligatoires

Conformément à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée en 2004, vous bénéficiez d’un droit d’accès et de rectification aux informations qui vous concernent.
1. Mon Compte
2. Mes activités
3. Mes Newsletters

Vous devez lire et accepter nos conditions générales de vente et d’utilisation *

* Mentions obligatoires

Je souhaite recevoir la newsletter :

Je m'enregistre

Mot de passe oublié ?

 About ling jun jie

5 years experience in web development.

Ewa

Le métro bruxellois opère sa mue vers l’automatisation

BOA CONSTRUIT PAR CAF POUR LE RESEAU DU METRO DE BRUXLLES ( STIB)

Des essais sur réseau existant…

« Le projet d’automatisation du métro bruxellois va s’opérer en deux phases, qui impliquent le réseau existant et une nouvelle ligne en projet », explique Françoise Ledune, porte-parole de la Stib, la société des transports intercommunaux de Bruxelles. Arrivées à saturation, les lignes de métro du réseau existant s’apprêtent en effet à subir un lifting, qui permettra ce passage au mode automatique. « Elles seront progressivement modernisées tant au niveau des rames que des infrastructures, avec un investissement programmé de 531 millions d’euros. Et le renouvellement du système de contrôle vitesse, qui permettra de ramener l’intervalle de passage entre chaque rame à 120 secondes au lieu des 150 actuelles, ouvrira la porte à l’automatisation. »

En tout, 43 nouvelles rames de type M7 ont été commandées à l’espagnol CAF. Elles sont prévues pour fonctionner en mode manuel ou automatique, avec poste de conduite escamotable. 22 premières rames, dont la livraison est programmée entre 2019 et 2021, rouleront sur le réseau existant. Elles permettront de mener des tests d’automatisation grandeur nature aux alentours de 2022.

« Un tronçon démonstrateur sera mis en service entre quatre stations, du côté d’Anderlecht. Sur ce tronçon, le métro circulera sans chauffeur, mais toujours avec poste de conduite puisqu’il poursuivra sa route en manuel au-delà du tronçon automatisé », explique Françoise Ledune. Une expérimentation qui doit permettre tant à la Stib qu’aux voyageurs de s’approprier le système. « Si le test est concluant, le gouvernement bruxellois devra donner son accord à une généralisation du système », indique la porte-parole.

… avant une nouvelle ligne entièrement automatisée

Les mêmes rames serviront à équiper une toute nouvelle ligne de métro – la ligne 3 – projetée à l’horizon 2028. Un investissement à hauteur de 1,4 milliard d’euros. La ligne s’étendra au nord de Bruxelles et doit répondre aux besoins de mobilité d’une population dont les études prédisent une forte croissance d’ici 20 ans, alors que l’offre actuelle de transport public est déjà à saturation.

Le projet prévoit la conversion en métro d’un premier tronçon actuellement exploité en tram souterrain. Ce sera aux alentours de 2023. Le second tronçon, lui, devra être creusé. Il représente une extension de sept stations vers le nord de Bruxelles. « Avec la ligne de métro 3, un nouvel axe jalonné de 18 stations s’étendra sur 10,3 km et traversera la ville du nord au sud », détaille Françoise Ledune.

Des 43 rames commandées à CAF, 21 sont destinées à cette nouvelle ligne. Si le premier tronçon – celui converti du tram en métro – ne roulera dans un premier temps qu’en conduite manuelle, le tout a vocation à fonctionner en métro automatisé une fois l’ensemble de l’ouvrage terminé. Soit partiellement (certaines opérations de conduite pouvant alors rester à la charge du conducteur, comme la fermeture des portes) soit intégralement (la présence d’un conducteur dans le métro n’est plus requise). « Jusqu’à nouvel ordre les 21 rames commandées auront donc un poste de conduite. Le contrat prévoit qu’elles seront livrées dans un délai de quatre ans et demi après la livraison de la dernière des 22 premières rames [destinée à la modernisation du réseau existant]. La Stib peut modifier sa commande d’ici-là si le gouvernement régional se prononce en faveur d’une automatisation », explique Françoise Ledune.

Où en est-on ?

Deux maîtres d’ouvrage sont à l’œuvre. La Stib, chargée de la conversion de la ligne de tram en métro ; Beliris, un organisme fédéral, pour le creusement du nouveau tunnel à partir de la gare du Nord. La conversion du réseau tram implique la transformation d’une station en station de correspondance, pour laquelle le permis a été obtenu fin septembre. Une demande de permis a également été déposée pour la construction d’une nouvelle jonction, l’enquête publique étant sur le point de démarrer (8 novembre-7 décembre). La Stib dit s’attendre à ce que le permis soit délivré en février prochain et a programmé le début des travaux avant la fin 2019.

Deux demandes de permis sont également en cours concernant l’extension de la ligne de métro. Le premier concerne l’ouvrage de connexion au tunnel existant, dont l’étude d’incidence sera finalisée fin 2018. « Nous espérons recevoir un permis fin 2019 ou début 2020, avec début des travaux dans la foulée », nous a indiqué Beliris. La seconde demande de permis concerne les sept nouvelles stations et le nouveau tunnel. On parle de 2021 pour le début des travaux.

Isabelle SMETS

Ewa

Peggy Louppe prend la direction de Transdev Rouen

peggy louppe

Transdev a annoncé le 22 octobre la nomination de Peggy Louppe à la direction de Transdev Rouen-TCAR qui exploite les lignes du réseau Astuce (45 communes de l’agglomération rouennaise) pour le compte de la Métropole Rouen Normandie. Elle succède à ce poste à Arthur Nicolet.

Docteur ingénieur en Génie industriel, Peggy Louppe a commencé sa carrière au sein de grands groupes industriels avant de rejoindre en 2006 le groupe SNCF à la Maintenance du matériel pour laquelle elle a notamment dirigé un technicentre en région rouennaise. Elle concevra et dirigera sept ans plus tard un programme de transformation managériale au sein de cette même branche de la SNCF, qui compte 25 000 personnes. Elle sera ensuite nommée en 2015 directrice de la Transformation digitale interne au sein de SNCF, avant de prendre la direction de la Transformation de SNCF Réseau en 2017.
Peggy Louppe prend désormais la tête du réseau Astuce au moment où celui-ci lance le premier service de transport à la demande en Europe réalisé par des véhicules autonomes sur routes ouvertes.

Ewa

Les nouvelles batailles de Keolis

Farandousite e1570198385966

Le secteur du transport public connaît de multiples métamorphoses : croissance urbaine, ouverture de nouveaux marchés, nouvelles concurrences, arrivée de technologies nouvelles, spectre des Gafa… Face à ce constat, Jean-Pierre Farandou, PDG de Keolis, invité du Club VR&T, a expliqué comment il comptait assurer l’avenir de son groupe.

 

Jean-Pierre Farandou dresse l’état des lieux. Le secteur des transports publics est confronté à l’arrivée de nouveaux concurrents. Uber s’intéresse au transport collectif et se positionne comme un opérateur de transport public. L’entreprise américaine a signé un accord avec l’agglomération de Nice pour assurer des transports collectifs dans les quartiers mal desservis par les bus et lève des fonds auprès d’acteurs puissants pour se développer. Toyota a ainsi investi 500 millions d’euros dans Uber. De son côté, le constructeur Daimler a racheté une entreprise de VTC pour, lui aussi, mettre un pied dans le transport partagé. Les Gafa s’intéressent également au secteur. Google a passé des accords avec Renault-Nissan-Mitsubishi pour équiper leurs véhicules avec ses applications. La frontière entre transports publics et privés s’estompe. Pour proposer de nouveaux moyens de transport, l’imagination est sans limite, on voit apparaître des solutions de plus en plus originales, comme des taxis drones déjà testés en Chine. En matière d’énergie, les choses bougent aussi. La loi énergétique commence à produire ses effets. Certaines agglomérations prévoient d’acheter des équipements 100 % propres, et des gouvernements veulent interdire le diesel, à l’horizon 2025 pour la Norvège, 2030 pour la Suède. Et le premier train à hydrogène a circulé en Basse-Saxe, en Allemagne.

Jean-Pierre Farandou évoque ensuite l’histoire de la mobilité. Rappelant qu’on est passé d’un XIXe siècle où le train dominait en utilisant la vapeur, pour arriver à l’émergence de la voiture individuelle roulant au pétrole au XXe siècle. Siècle au cours duquel débutent l’automatisme industriel et l’informatique et où en termes sociétaux régnaient l’individualisme, la liberté et le plaisir. Au XXIe siècle, la révolution de la mobilité s’accélère. La première décennie est marquée par l’arrivée du mass transit, la création de métros partout dans le monde pour répondre à l’urbanisation, puis sont arrivés les métros automatiques et la voiture partagée sous forme d’autopartage, de covoiturage ou de VTC. Sur les dix premières années de ce siècle, on a assisté à l’essor de l’électronique et du digital. Nous entamons une nouvelle révolution, où les modes de transport se multiplient, où l’on parle de modes doux et où le développement de la voiture partagée s’accélère. Pour le PDG de Keolis, la métropolisation en cours nécessite qu’on aide les gens à se déplacer, mais il constate qu’on n’a pas encore traité les problèmes de transport en commun en zones rurales. « Si l’un des enjeux des transports est de répondre à la métropolisation et à la construction de mégapoles, il ne faut pas oublier les territoires déshérités », prévient-il. Ces dernières années, on a aussi assisté à l’arrivée des algorithmes, de la data, du digital et des nouvelles technologies. Avec ces progrès se pose la question de la place de l’Homme. La robotisation, après avoir supprimé des postes d’ouvriers, va-t-elle substituer des machines aux métiers du savoir ? En matière d’énergie deux écoles s’affrontent. Pour l’une, la rareté va devenir un problème et on se déplacera moins, tandis que l’autre a confiance dans la capacité de trouver de nouvelles sources d’énergie abondantes.

Face à cette situation, Jean-Pierre Farandou s’interroge sur la façon dont il peut anticiper et éviter de subir. « Sur le mass transit nous avons la capacité de transporter plus de monde de manière fiable. Keolis est un des leaders mondiaux du métro automatique. On peut décliner le mass transit sur le RER ou le tramway où nous sommes leader mondial. Le BHNS, nous savons faire aussi. Mais nous sommes aussi capables de proposer des services innovants. Pour la voiture partagée, comme nous n’avons pas la puissance des Gafa, nous sommes partis tôt, en mode pionnier. Nous avons pris une participation dans les navettes autonomes Navya pour comprendre, apprendre, et nous opérons un service de navettes à Lyon, dans le quartier de la Confluence. Nous avons aussi des expérimentations en cours à la Défense, dans un environnement piéton, à Las Vegas où notre navette circule en voie ouverte, au milieu des voitures, en Australie, en Angleterre, au Québec… Partant du principe que les véhicules autonomes seront plus pertinents s’ils sont partagés, ce qui nécessite d’utiliser des algorithmes pour optimiser leurs déplacements, Keolis a pris une participation dans une start-up israélo-américaine, VIA. Nous sommes leur partenaire en France et en Australie. Nous apprenons le métier de la voiture partagée… » Et, reconnaît-il « pas toujours avec succès » : il revient sur l’expérimentation de véhicules partagés lancée à Paris avec LeCab, une autre start-up partenaire avec laquelle Keolis proposait du VTC partagé à cinq euros la course. Pour être à l’équilibre, il aurait fallu avoir plus de deux personnes à bord. Mais, malgré la montée en puissance du service, Keolis n’est pas parvenu au point mort et a décidé de suspendre ce service qui lui coûtait cher.

En matière d’énergie, Keolis s’intéresse à l’électricité sous toutes ses formes, mais aussi au GNV et au biogaz qui réconcilie énergie et écologie. « Dans les agglomérations qui se dotent de centrales de méthanisation, on peut faire circuler les transports avec du carburant issu des déchets, cela permet de mettre en place une économie circulaire et d’être moins dépendants des importations énergétiques. » L’hydrogène intéresse aussi l’entreprise qui suit de près la mission trains à hydrogène du député Benoît Simian. Concernant le digital, Keolis, conscient que l’attractivité des transports publics passe par un accès simple et facile aux réseaux pour les clients, a développé la solution « plan-book-ticket », pour acheter des titres de transport, s’informer, valider. Mais le service le plus innovant lancé par l’entreprise, c’est l’open payment mis en place à Dijon. Dans le tramway, il suffit de passer sa carte bancaire devant le valideur pour payer son titre de transport. Le service connaît déjà un grand succès et a conquis 35 % de voyageurs supplémentaires.

L’opposition des transporteurs classiques aux Gafa/Uber commence à être connue. Mais, remarque le PDG de Keolis, les autorités organisatrices semblent la regarder de loin, alors qu’elles ont toutes les raisons, elles aussi, de se méfier des Gafa. « S’ils rentrent dans les territoires, dans cinq ans, ils connaîtront mieux les transports et les priveront de la connaissance des déplacements, met-il en garde. Les Gafa sont des monstres technologiques très puissants. Selon qui va gagner, l’avenir de Keolis ne sera pas le même. Si les Gafa gagnent, il y a du souci à se faire. Il nous restera les métros. Aussi espère-t-on que les autorités organisatrices résisteront et que les valeurs humanistes prévaudront. On se battra contre des approches mécaniques et froides de l’organisation du monde », assure M. Farandou qui regrette aussi qu’on ne défende pas assez l’apport des transports publics dans notre société. « On oppose nouveau monde porteur de modernité et de progrès et ancien monde, supposé lourd, et coûteux. Mais à l’étranger, on envie nos transports collectifs. On offre un service de grande qualité, il faut le dire. Le mass transit, on ne peut pas s’en passer. Uber ne peut pas le remplacer et serait de toute façon plus coûteux que les transports publics » note-t-il avant d’ajouter : « Il faut faire la promotion de nos activités en termes de qualité de service, d’emplois offerts. Des emplois mieux protégés et avec davantage de protection sociale que ce qu’Uber propose. De plus, à l’export, il y a peu de secteurs où trois des quatre premières entreprises mondiales sont françaises. Et ces entreprises entraînent toute une filière, tout un écosystème qui bénéficie du fait que nous sommes en pointe. Il faut le dire, valoriser nos métiers et ce que nous apportons. »

Interrogé sur la façon dont Keolis s’est développé et entend continuer à le faire, le PDG détaille : « Au départ nous avons exploité notre savoir-faire français pour gagner des marchés à l’étranger, puis nous sommes arrivés à une phase où l’international nous a permis de nous développer à l’international. La troisième phase pourra être de gagner des marchés en France en important ce qu’on aura appris à l’international. » Pour les années à venir, Keolis prévoit de se renforcer dans les territoires où il est présent : les Etats-Unis, le Canada, l’Europe du Nord, la Chine, l’Inde, ou encore l’Afrique de l’Ouest où Keolis a des projets, à Dakar et à Abidjan. « Le continent africain ayant une démographie galopante, il est important d’y avoir une référence, une expérience pour pouvoir ensuite aller sur d’autres villes », précise le dirigeant qui veut développer le mass transit partout où c’est possible. Et donc en Chine.  « Nous avons eu la chance de rencontrer le président du métro de Shanghai au moment où il avait besoin de métro automatique et cherchait un partenaire. On s’est choisi, et on a créé ensemble une joint-venture pour réaliser des lignes de métro automatique et de tramway. Etre en Chine, nous ouvre un potentiel énorme. Le grand Shanghai a un projet de 1 000 km de tram. Nous sommes bien positionnés pour en obtenir quelques-uns et nous servir de cette expérience pour gagner des marchés sur les zones d’influence chinoises, en Asie, en Afrique ou en Amérique du Sud. »

En France, Keolis va saisir l’opportunité offerte par la fin du monopole de la RATP pour tenter de croître en Ile-de-France. L’opérateur de transport s’intéresse aussi aux petites villes. « Il faut s’occuper des 40 % de la population qui vivent en zone rurale. Keolis a l’ambition de le faire, en proposant de mutualiser les transports qui y existent déjà. L’une des clés de la solution, c’est le partage. On pousse le concept d’agréger les lignes régulières de cars, de transports scolaires en l’ouvrant à d’autres, en développant le covoiturage, voire en partageant les transports sanitaires effectués en véhicules sanitaires légers… Si on met en commun la capacité de transport existante, on a déjà quelque chose de mieux en matière de transport collectif pour pas trop cher. Améliorer les transports dans ces zones fait partie de notre métier. »

D’ailleurs Keolis se définit comme un pionnier, militant de la mobilité publique, à même de répondre aux besoins de vivre dans un monde meilleur.

Interrogé sur la gratuité des transports, le PDG de Keolis s’y dit clairement opposé. « Les transports ont besoin de recettes. Les ventes de billets représentent 15 à 20 millions d’euros pour une ville moyenne et jusqu’à trois milliards pour Paris. Si ce n’est pas l’usager qui paye, c’est le contribuable. » Il constate que certaines villes ont mis en place la gratuité en utilisant le versement transport, et critique : « C’est un peu scier la branche sur laquelle on est assis. Le Medef ne paye pas le VT pour qu’on offre la gratuité, mais pour donner les moyens d’investir. » Le risque étant de voir le VT remis en cause, alors qu’il représente sept milliards sur les 21 dont les transports collectifs ont besoin. En période de précampagne électorale des municipales il met en garde : « Il y a un risque de démagogie à proposer les transports gratuits. »

Que pense M. Farandou de la loi LOM ? « Elle nous inquiète concernant l’ouverture des données. Ce n’est pas les transmettre aux start-up qui nous gêne, mais ce qu’en feraient les Gafa qui les récupéreraient gratuitement… alors que les produire nous coûte de l’argent. Si tel était le cas, les Gafa risquent de nous reléguer au rôle de production du service, alors qu’on a investi pour offrir des solutions digitales. Il faut une régulation de l’accès à la donnée, sans quoi des centaines de millions d’investissements pourraient être saccagés par l’arrivée de nouveaux entrants qui auront la vie facilitée par cette ouverture. Nous nous sommes battus pour faire entrer la notion de propriété intellectuelle dans la loi Lemaire. Si on n’arrive pas à se protéger, on n’investira plus, ou seulement dans les pays où les données seront protégées. » Mais le dirigeant de Keolis apprécie que cette même loi prévoie que toute partie de territoire soit rattachée à une autorité organisatrice. « C’est une bonne chose, car il n’y a pas de transport public intelligent sans AO, sans élus pour les organiser. Dans le cas contraire, ce serait le monde de la jungle où seul l’intérêt privé prévaudrait. »

Keolis qui était peu présent dans le rail a gagné en crédibilité en remportant l’important marché du ferroviaire au pays de Galles. « Nous avions quelques opérations en Allemagne, aux Pays-Bas et à Boston. Mais sur le marché britannique, nous étions minoritaires sur nos franchises et insuffisamment reconnu. C’est pourquoi nous nous sommes alliés avec Amey pour gagner DLR, le métro aérien de l’est de Londres, puis le tram de Manchester avant de remporter le plus gros contrat de notre histoire : l’exploitation, la maintenance et la rénovation de la totalité du réseau ferroviaire du pays de Galles. » Un marché de six milliards répartis sur 15 ans. « Cela nous permet de changer de dimension et de nous renforcer à la fois au Royaume-Uni et dans le ferroviaire », prévoit le patron de Keolis.

Valérie Chrzavzez-Flunkert

Ewa

« Nous sommes vigoureusement opposés à une vignette sur les autocars »

Jean-Sébastien Barrault FNTV

Interview de Jean-Sébastien Barrault, président de la FNTV

Le congrès de la Fédération nationale des transports de voyageurs se tient le 14 novembre à Paris. Jean-Sébastien Barrault, président de la FNTV, fait le point pour VR&T sur les grands sujets qui inquiètent les transporteurs. Parmi eux, la crainte d’une application de la vignette poids lourd aux autocars, la grande difficulté de recruter des conducteurs ou l’équilibre économique des cars Macron.

 

Ville, Rail & Transports. Trois ans après la libéralisation du transport par autocars, quel bilan tirez-vous des cars Macron ?

Jean-Sébastien Barrault. Les autocars Macron ont pris leur place parmi les différentes offres de transport en France, à côté du train, de l’avion ou des modes de mobilité partagée. C’est un véritable succès populaire. Depuis la loi Macron de 2015, ils ont transporté en tout 18 millions de personnes. Et une part très significative de ces personnes, de l’ordre de 17 %, n’aurait jamais voyagé sans eux.

Ils représentent, de plus, près de 2 500 emplois, non délocalisables par définition.

Enfin, ils ont fortement contribué à revaloriser le mode autocar. Il était souvent vu comme un mode low cost à faible qualité de service. Ils ont montré que c’est un mode compétitif financièrement, et attractif en termes de qualité de service, de confort pour le voyageur.

VR&T. Donc un bilan extrêmement positif ?

J.-S. B. Avec néanmoins une très forte inquiétude. Tous les opérateurs et les sous-traitants perdent de l’argent. Un mode n’est viable que s’il atteint son équilibre économique. Ces déficits importants sont dus aux prix de vente insuffisants, à la concurrence très forte entre opérateurs et avec d’autres modes. L’offre ferroviaire Ouigo, notamment, leur fait une forte concurrence.

Je dois avouer que je suis assez préoccupé par toutes les mesures fiscales qu’entend prendre le gouvernement sur notre secteur et qui vont encore alourdir la balance économique des autocars Macron, à une époque où, au contraire, il faudrait réfléchir aux mesures pour les sauver.

VR&T. A quelles mesures pensez-vous?

J.-S. B.Nous avons des frais de péage colossaux. Nous avions appelé de nos vœux avant la loi une réflexion avec les sociétés concessionnaires des réseaux autoroutiers, qui ont vu dans les autocars Macron un effet d‘aubaine pour augmenter leurs recettes. Nous avions espéré des mesures d’accompagnement. C’est le moment de se remettre autour de la table. Il faut une vraie réflexion sur la fiscalité du mode autocar.

VR&T. Les régions sont devenues vos autorités organisatrices, les appels d’offres changent de taille. Cela ne fragilise-t-il pas les PME face aux grands groupes ?

J.-S. B. Il faut tout faire pour que les PME puissent exister demain. Elles représentent une formidable richesse. Or, elles vont avoir de grands challenges à relever dans les années qui viennent.

Parmi ceux-ci, il y a effectivement des contrats avec les grandes régions et des appels d’offres qui, on l’imagine, peuvent être plus grands. Il y a aussi des investissements très lourds pour la transition écologique, alors même qu’on manque de visibilité sur les choix technologiques. De plus des connaissances de plus en plus fortes sont requises pour faire face à la transition numérique. C’est le rôle d’une fédération comme la FNTV d’accompagner les PME.

VR&T. Comment remplissez-vous ce rôle ?

J.-S. B. Nous poursuivons des travaux avec Régions de France sur la contractualisation. L’année dernière, nous avions présenté des travaux sur la transition énergétique dans le monde de l’autocar qui méritent d’être actualisés. En matière numérique, nous avons créé une nouvelle structure, FNTV Nouvelles mobilités, qui a vocation à accueillir tous les nouveaux acteurs de la mobilité. Ces acteurs font peur, mais je pense qu’on est plus fort en travaillant avec eux au sein de notre fédération plutôt qu’en les regardant de l’extérieur sans les connaître.

VR&T. On a parfois l’impression que les grands groupes rachètent les PME. Est-ce le cas ?

J.-S. B.  Au sein de notre fédération, la part des PME et des grands groupes n’a pas évolué de manière significative depuis des années. Les PME représentent toujours 55 % des entreprises de Transport routier de voyageurs, et les grands groupes 45 %. Des PME se vendent à des groupes, des PME se vendent à d’autres PME, de nouveaux acteurs apparaissent. Et l’on voit apparaître de « grosses PME ». Les entreprises sont obligées d’atteindre une taille critique et de se diversifier pour ne pas être dépendantes d’une seule région.

VR&T. Autres grands sujets pour lecongrès
de la FNTV ?

J.-S. B. Pour nous, c’est le congrès des transitions, du fait de tous les changements que l’on observe dans notre secteur. La Loi d’orientation des mobilités va avoir une part importante. Et l’on essaiera de parler de ce qui n’est pas dans la LOM et qu’on aurait aimé y trouver. Un accompagnement de la transition technologique, environnementale. On avait eu des garanties qu’on bénéficierait d’un suramortissement pour les véhicules à zéro émission, étendu à tous les types de véhicules, gaz, électrique hydrogène et allongé dans la durée. Aujourd’hui, cela ne figure pas dans la LOM.

On parlera des plateformes numériques. On souhaiterait qu’il y ait dans la LOM un dispositif d’encadrement des plateformes qu’on voit apparaître, afin que les clients aient la garantie que ces entreprises travaillent avec des transporteurs qui respectent la réglementation, et que ces plateformes aient les mêmes contraintes que ces entreprises. On parlera de contractualisation. Le président de Régions de France, Hervé Morin, sera présent pour présenter les travaux que j’évoquais sur les modes de contractualisation. Et on parlera de deux sujets qui sont nos préoccupations majeures. 

VR&T. Lesquels ?

J.-S. B. Le premier, ce sont les mesures fiscales et les charges supplémentaires. Nous sommes vigoureusement opposés à la mise en place d’une taxe poids lourd qui s’appliquerait aussi aux autocars. Ce serait méconnaître les vertus écologiques de l’autocar. Et méconnaître l’équilibre économique de nos entreprises. Une vignette poids lourd pesant sur l’autocar fragiliserait considérablement des entreprises dont les marges sont déjà très faibles.

On parlera également du CICE qui va être fiscalisé à partir de 2019. C’est important dans les comptes des entreprises. On parlera aussi du financement des formations obligatoires. Il y a des enjeux de sécurité et il est normal qu’il y ait des formations obligatoires. Mais ces formations vont être directement financées par les entreprises de plus de 50 salariés qui ne pourront plus se faire rembourser. Ceci va alourdir considérablement le coût du transport.

VR&T. Quel est le deuxième sujet de préoccupation ?

J.-S. B. L’emploi et le recrutement. Nos entreprises ne trouvent plus de conducteurs. Il faut un véritable plan pour résoudre ce problème, dans lequel chacun des acteurs prendrait ses responsabilités : le gouvernement, les organisations patronales, les organisations salariales. On y prendrait des engagements, pour lever des barrières à l’entrée, pour rendre le secteur plus attractif, pour faire des campagnes de communication sur les besoins du secteur. Nous tirons la sonnette d’alarme. Le secteur est menacé à moyen terme si on ne traite pas ce problème. Nous souhaitons une vraie réflexion sur l’âge du permis de conduire. On ne peut pas aujourd’hui devenir conducteur avant 21 ans : c’est trop tard. On souhaiterait aussi une réflexion sur les indices de nos contrats. L’indice sur le coût de la masse salariale est extrêmement large et ne tient pas compte spécifiquement de notre secteur. Ce qui ne nous permet pas de travailler sur ce problème de l’attractivité de notre secteur.

Propos recueillis par François Dumont

 

Ewa

Keolis remporte le réseau de bus de Greensboro aux Etats-Unis

Keolis exploite le réseau de Greensboro aux Etats-Unis

Keolis a annoncé le 17 octobre qu’il exploitera le réseau de bus de Greensboro (Caroline du Nord), aux Etats-Unis, à partir du 1er janvier prochain. L’autorité de transport de Greensboro (GTA) a en effet confié à Keolis Transit America l’exploitation de ses 16 lignes de bus régulières et de ses cinq lignes desservant les principaux campus universitaires et écoles de la région ainsi que son service de transport adapté aux personnes à mobilité réduite. Un contrat qui représente un chiffre d’affaires annuel de 17,3 millions d’euros. Particularité de ce réseau : il va progressivement électrifier son parc de 43 bus avec notamment 14 nouveaux véhicules d’ici mars prochain.

Keolis renforce donc sa présence aux Etats-Unis où il gère actuellement – via ses filiales Keolis Transit America, Keolis Rail Services Virginia et Keolis Commuter Services – des services de transport dans cinq Etats (Virginie, Floride, Massachusetts, Nevada et Californie).

Ewa

18 cars à haut niveau de service en location pour le Tarn

actu 2018 lio l e1539866175582

Le Tarn, dont le réseau de transports interurbain est désormais intégré au service régional de transports d’Occitanie LiO, vient de réceptionner 18 nouveaux cars à haut niveau de service Mercedes Tourismo RH équipés de système anticollision, caméras de recul, enregistrement de conduite, prises USB et défibrillateur. Nouveauté pour le réseau de 24 lignes régulières opéré par la société publique locale baptisée « D’un point à l’autre », propriétaire d’un parc de 84 cars de grande capacité : la location de ces véhicules, afin de bénéficier d’un renouvellement au bout de six ans et 500 000 km.

C. S.-S.

Ewa

Laurent Wauquiez et le monde économique dénoncent l’abandon des transports par l’Etat

wauquiez lepuy10 cropped e1539690377696

Semaine chargée pour Laurent Wauquiez qui s’est démené pour défendre la cause de la région Auvergne-Rhône-Alpes en matière de transports. Il a donc d’abord rencontré mardi 9 octobre Elisabeth Borne à l’occasion du 80e anniversaire du port Edouard-Herriot de Lyon, une rencontre qualifiée « d’apocalyptique » par le président de région qui a dénoncé la faiblesse de l’enveloppe budgétaire (1,2 milliard d’euros sur 13,4 milliards) prévue pour son territoire dans la programmation des infrastructures 2018-2022.

Après ce bras de fer avec l’Etat, il a pu se consoler – un peu — en séance régionale le vendredi 12 octobre avec un vœu acquis à l’unanimité appelant « le gouvernement à prendre ses responsabilités » et qui demande « des réponses claires et concrètes notamment sur les dossiers suivants : la sauvegarde des « petites lignes », la confirmation de la réalisation des grandes infrastructures ferroviaires de la région, la liaison ferroviaire entre les grandes villes Lyon – Grenoble, Clermont – Paris et Grenoble – Annecy ». Une plateforme à vocation consensuelle dont la SNCF, victime désignée, fait les frais et d’où sont éliminés deux grands sujets qui fâchent : le projet d’autoroute A45 Lyon – Saint-Etienne et la ligne Lyon – Turin.

Après le terrain politique, ce lundi 15 octobre, Laurent Wauquiez a mobilisé sans peine les décideurs économiques sur le sujet en reprenant les mêmes thèmes. « C’est une deuxième étape, on tire la sonnette d’alarme pour prendre en compte des enjeux colossaux » ont averti les responsables économiques et le président de la région en dénonçant « l’abandon et le mépris de l’Etat ». « On est passé d’un des meilleurs élèves de la classe européenne à la 15e place pour les infrastructures ferroviaires, indispensables au développement économique », a plaidé le président du Medef régional. Laurent Wauquiez a condamné « l’état d’entretien ferroviaire lamentable, la dégradation des lignes catastrophique et l’attitude surréaliste de la SNCF », exemples à l’appui : la diminution des fréquences Paris – Annecy ou la liaison Paris – Clermont qui nécessiterait 750 millions d’euros d’investissement pour… revenir à la situation d’il y a 20 ans. Symbole des problèmes, les pénalités régionales envers la SNCF sur les seuls TER vont être multipliées par trois en 2018 (25 millions d’euros). Autant dire une traverse et quelques boulons dans les lignes ferroviaires et budgétaires défaillantes.

Claude Ferrero

Ewa

Inauguration à Lyon du Centre de sécurité TER le plus moderne de France

Centre de Sécurité TER Région Auvergne-Rhône-Alpes

Quelques écrans en noir et blanc aux contours parfois hésitants révélant des scènes de la seule gare de la Part-Dieu, c’était avant. Aujourd’hui, les images sont en couleurs haute définition sur grand écran de 55 pouces et reflètent la réalité d’une vingtaine de gares des grandes villes de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Et ce n’est qu’un début pour le Centre régional de sécurité des transports (CRST) dans les TER, inauguré le 15 octobre par Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, et Stéphane Volant, secrétaire général de la SNCF. Car le Centre régional, connecté actuellement à quelques centaines de caméras, devrait superviser les images de 1900 caméras déployées par Gares & Connexions d’ici 2021.

« C’est le Centre le plus moderne de France et l’un des plus beaux murs d’écrans d’Europe », s’enthousiasme Stéphane Volant à propos du CRST installé au cœur de la gare de la Part-Dieu depuis 15 jours par Gares & Connexions, et financé par la région Auvergne-Rhône-Alpes pour deux millions d’euros. Centre névralgique high-tech du « bouclier Sécurité » voulu par la politique régionale, le CRST occupe 500 m2 et un mur de 24 écrans surveillés en 2X8 par 13 « vidéopatrouilleurs » sous l’autorité de deux permanents du PC. Les opérations d’intervention sont assurées en temps réel avec la Suge sur le terrain ou, le cas échéant, par la police nationale (ou municipale) et la gendarmerie. Présent aujourd’hui dans une vingtaine de sites, le réseau de vidéosurveillance sera déployé dans 123 gares, les plus sensibles, d’ici 2021. A cette date, le parc TER sera aussi entièrement équipé de caméras embarquées contre 65 % aujourd’hui. Outre l’équipement de nouvelles gares, certaines verront renforcer leur dispositif comme la gare de Perrache qui passera de 60 caméras actuellement à cent caméras, et la Part-Dieu de 84 à 300 caméras.

Ce programme d’équipement, financé par la région à hauteur de 22 millions d’euros, comprend également les systèmes de liaison des caméras par fibre optique et la création d’un data center d’enregistrement permettant de conserver les images pendant trente jours au lieu de 72 heures aujourd’hui. « Le Centre de Lyon concentrera un tiers des données nationales de la SNCF », a précisé Stéphane Volant, tandis que Laurent Wauquiez résumait : « La doctrine de la région a pour objectif la tolérance Zéro dans les transports régionaux. » Rappelant plusieurs cas médiatisés d’agresseurs sexuels et meurtriers récemment arrêtés grâce à la vidéosurveillance régionale, le président de région s’est félicité du premier « bilan Sécurité » en 2018 : +84 % de PV dressés par la police ferroviaire, +20 % d’interpellations avec poursuites judiciaires, 50 % de taux d’élucidation. La transmission d’image a aussi permis de diminuer les retards de trains dus à l’abandon de bagages de près de 12 000 minutes en 2017 à 3 600 minutes en 2018. Un bilan satisfaisant et un nouveau sentiment de sécurité – « l’inquiétude change de camp », dit le président régional – qui doivent aussi, selon lui, au doublement des effectifs de la Suge depuis deux ans et à la gratuité d’accès dans les TER pour les policiers et gendarmes (12 300). Un tiers serait déjà intervenu ou aurait signalé une infraction dans le cadre de ce dispositif.

Claude Ferrero

Ewa

«Avec le Grand Paris, Thales change d’échelle sur son marché domestique»

20180531 145853 1

Benoît Couture, directeur des activités systèmes intégrés de communication et de supervision de Thales, revient pour VR&T sur les deux contrats remportés par Thales pour les lignes 15, 16 et 17 du Grand Paris Express

 

VR&T. Vous venez de remporter en partenariat avec Siemens le marché des automatismes et de la supervision des lignes 15, 16 et 17 du Grand Paris express. Que va faire Thales dans le contrat ?

Benoît Couture. Siemens fournira les automatismes et Thales fournira les commandes centralisées : celle de la ligne 15 et celle des lignes 16 et 17, chacune ayant son propre centre de back-up.

Nous fournissons des matériels et des logiciels qui supervisent le CBTC et qui supervisent aussi la détection incendie, l’énergie, les équipements électromécaniques – comme les ascenseurs ou les escalators –, les moyens audiovisuels. Nous le faisons depuis une console de travail unique, qui permet à l’opérateur d’optimiser les équipes.

Thales fournit aussi les compteurs d’essieux et réalise l’installation de l’ensemble des équipements,  dans les centres de contrôle et sur les voies.

Je tiens à souligner que, depuis plus de deux ans, nos équipes projets ont travaillé très étroitement avec celles de Siemens dans un très bon état d’esprit.

 

VR&T. Quelle part revient à chacun dans ce contrat de 360 millions d’euros ?

B. C. Nous avons décidé de ne pas communiquer sur les chiffres mais disons que la répartition est équilibrée.

 

VR&T. Thales a remporté, seul cette fois, un deuxième contrat concernant les rames des lignes 15, 16 et 17 ? De quoi s’agit-il ?

B. C. Dans ce deuxième contrat, nous fournissons l’ensemble des systèmes de communication à bord des trains assurant l’information voyageurs, l’interphonie embarquée, la vidéoprotection, ainsi qu’une fonction compteur de voyageurs.

Il y a à la fois du hardware, du logiciel et de l’intelligence artificielle.

Associée à la vidéo, l’intelligence artificielle permet, par exemple, de s’assurer qu’un train est vide au terminus. Un voyageur endormi qui reste dans la rame et part au dépôt, c’est problématique et coûteux pour l’exploitant.

Conformément aux souhaits de la SGP, nous avons proposé des solutions éprouvées basées sur de solides références, associées à beaucoup d’innovations. Notre solution repose par exemple sur une plateforme digitale qui offre de nombreux services aux opérateurs et est cybersécurisée dès sa conception.

 

VR&T. Pouvez-vous nous en dire plus sur le volet cybersécurité dans ces contrats ?

B. C. Nous nous appuyons sur l’expertise en cybersécurité du Groupe. Je rappelle que 80 % des transactions bancaires dans le monde reposent sur nos systèmes de sécurité et que nous sécurisons 19 des 20 plus grandes banques mondiales.

Nous fournissons à la Société du Grand Paris à la fois des solutions « durcies » c’est-à-dire éprouvées et qui sont nativement sécurisées, ainsi que des systèmes anti-intrusion.

Et nous aidons notre client, la SGP, pour l’homologation auprès de l’Anssi, l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information.

VR&T. Quelle est l’importance de ces contrats pour Thales ?

B. C. L’activité transport terrestre de Thales représente 1,7 milliard d’euros de CA, emploie 7 000 personnes et elle est présente dans 42 pays. L’activité que je dirige – systèmes intégrés de communication et de supervision – est présente dans 100 lignes de métro et 30 villes. Avec la RATP, nous avions déjà une référence dans les postes de commandement. Nous en avons aussi à Londres, Dubai, Saint-Domingue, Hongkong ou en Australie. En fait, jusqu’à présent nous avions en France des contrats relativement modestes. Avec les contrats de la SGP, nous changeons d’échelle sur notre marché domestique.

Et pour le futur, nous n’oublions pas la France, avec la ligne 18 de la SGP. Thales se positionne aussi sur le métro de Marseille ainsi que sur celui de Toulouse.

Propos recueillis par F. D.

Ewa

« La ligne 14, ce sont des performances inégalées »

Ligne 14

Le 15 octobre 1998 la première ligne de métro sans conducteur à Paris était mise en service. Edgar Sée, directeur d’Automatisation de la ligne 4, revient pour VR&T sur l’aventure du métro automatique à la RATP.

 

 

imgp3236a

Ville, Rail & Transports. La ligne 14 a ouvert le 15 octobre 1998. 20 ans après, quel bilan ?

 

Edgar Sée. La ligne 14 transportait en 1998 150 000 voyageurs par jour. On en compte aujourd’hui plus de 550 000. Demain, une fois la ligne prolongée d’Orly jusqu’à Pleyel, ce sera un million de voyageurs, quasiment l’équivalent de la ligne A du RER.

Et la ligne 14, ce sont des performances inégalées, compte tenu de la capacité des rames. Les trains de 90 mètres se succèdent aujourd’hui à 85 secondes aux heures de pointe. Avec les nouveaux trains, les MP 14, ce seront des trains de 120 mètres qui se succéderont à ce même intervalle. Nous avons l’ambition, ensuite, sur la ligne d’Orly à Pleyel, de les faire se succéder à 80 secondes. Je rappelle que la longueur de la ligne va tripler en passant de 9 km à 27 km.

Au-delà des performances techniques, je souligne que, d’après l’enquête d’Ile-de-France Mobilités de 2017, 99,4 % de clients sont satisfaits.

 

VR&T. La ligne 14 s’inscrit dans un vaste mouvement d’extension de l’automatisation.

E. S. C’est une histoire qui remonte à près de 70 ans à la RATP, avec la première expérimentation de pilotage automatique en 1952. Les techniques ont bien évolué. On disposait d’abord d’une transmission sol-train par tapis de voie, et de moyens audiovisuels analogiques. La transmission sol-train se fait aujourd’hui par radio et les moyens audiovisuels sont numériques. Ce n’est pas encore le cas sur la ligne 14, mais cela le sera lors des prochains renouvellements. Je note d’ailleurs que la transmission radio se fait, avec Octys, sur la ligne 5, alors qu’on n’est pas en automatisme intégral mais en GOA2.

Aujourd’hui, nous disposons de marches économiques qui permettent des économies en énergie de traction grâce à la récupération de cette énergie au freinage, à l’utilisation au mieux des marches sur l’erre. Elles permettent aussi de n’utiliser quasiment que le freinage électrique, en limitant le plus possible le freinage mécanique. Cela veut dire moins de consommation de matériaux, moins d’émissions de particules. Je rappelle que la RATP est certifiée ISO 50001 en Ile-de-France pour le management de l’énergie.

Autre évolution technique récente. Sur la ligne 4, nous installons des portes palières hautes, par modules de 5 mètres, en retrofit, sur des quais anciens, et chaque module entre en fonction le lendemain de sa pose. Cette technologie n’était pas disponible lorsque nous avons automatisé la ligne 1.

 

VR&T. Après la 1, la 14, la 4, quelle ligne du métro la RATP va-t-elle automatiser ?

E. S. ­Les lignes 14, 1, bientôt la 4, c’est déjà très ambitieux. De plus, sur le RER A, nous avons installé sur un système qui a fait ses preuves, le Sacem, le pilotage automatique. Cela concerne des trains longs de 224 mètres et qui se succèdent à deux minutes. N’oublions pas tout ce que construit la SGP, où nous serons candidats à l’exploitation le moment venu. Aucune capitale historique n’a encore réalisé une succession de projets de telle ampleur.

D’une manière plus générale, les programmes de modernisation sont à coconstruire avec notre autorité organisatrice.

 

VR&T. Vous voici maintenant retenu pour exploiter des métros automatiques à Riyad, et, avec Keolis, à Doha. C’est un beau succès. Mais que répondez-vous si l’on vous dit que vous feriez mieux de concentrer toutes vos forces sur l’Ile-de-France ?

E. S. Je salue d’abord la marque de confiance qui est faite en notre savoir-faire en Arabie saoudite et au Qatar. S’agissant des ressources, nos projets franciliens d’automatisation et de modernisation des lignes 4 et 14 sont menés en parallèle d’un service d’exploitation pour plus d’un million de voyageurs chaque jour. Ces projets requièrent donc des ressources en exploitation, maintenance et ingénierie. A Doha ou à Riyad, il s’agit de création de ligne. De ce fait, nous faisons ici appel à un nombre restreint de personnes très compétentes. Il n’y a pas d’incompatibilité entre ces activités qui sont plutôt complémentaires.

 

VR&T. Quels sont les pays cibles du groupe RATP ?

E. S. Mais d’abord la France, avec, pour commencer l’appel d’offres pour l’exploitation de la ligne 15 du Grand Paris Express auquel nous serons très attentifs.

Récemment, nous avons répondu à l’appel d’offres pour le métro de Buenos Aires. Il s’agit d’exploitation, mais il est intéressant pour une autorité organisatrice de choisir un exploitant capable de mener des projets de modernisation. Nous regardons également de près le marché canadien, et plus spécifiquement l’appel d’offres de RER de Toronto pour lequel nous sommes préqualifiés. Pour ces deux projets, il se trouve que notre capacité à conjuguer exploitation, maintenance et ingénierie est un facteur de succès pour conduire la modernisation.

Enfin, nous venons d’ouvrir un bureau régional pour la région Asie-Pacifique à Singapour avec l’ambition de devenir un partenaire fiable et durable des acteurs du transport public de Singapour, afin d’accompagner la ville pour atteindre son objectif : offrir des transports urbains parmi les plus intelligents au monde.

 

VR&T. Au-delà de la RATP, le savoir-faire français est très présent sur ce secteur d’activité

E. S. Oui, les entreprises issues de l’ingénierie française, comme Thales, Alstom, Siemens, Ansaldo STS occupent une place globale. Le groupe RATP sait travailler avec chacune de ces entreprises et sait intégrer leurs prestations dans l’environnement existant. Mais, aujourd’hui, les Chinois montent en puissance dans ce domaine. Ils ont leur propre ligne automatique, leur propre technologie qui n’est plus issue du savoir-faire des entreprises européennes.

Propos recueillis par F. D.