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Ewa

La RATP choisit Ansaldo STS pour la ligne 6 du métro parisien

RAME DE METRO DE LA LIGNE 6 SUR LE VIADUC DE PASSY

La RATP a confié à Ansaldo STS (groupe Hitachi) le contrat de déploiement d’un CBTC de type Octys pour la ligne 6 du métro parisien. Une ligne longue de 14 km, et desservant 28 stations. Le contrat se chiffre à 17,6 millions d’euros selon le communiqué d’Ansaldo du 6  avril. Le standard Octys, développé par la RATP avec les industriels, permet d’assurer des intervalles de 90s sur les lignes à roulement fer.

Ansaldo STS a déjà équipé de son CBTC la ligne 3 du métro parisien, dans le cadre du contrat attribué en 2004 à Siemens Transportation Systems, Ansaldo STS et Technicatome, pour le déploiement d’Octys sur les lignes 3, 5, 9, 10 et 12. Les lignes 3, 5 et 9 sont aujourd’hui équipées.

Ewa

Un premier bus électrique pour l’Open Tour

open tour ratp inauguration electrique

Avec 750 000 voyageurs par jour, Open Tour, la filiale de la RATP est leader du bus touristique à impériale hop-on/hop-off de la capitale. Alors que la conversion à l’énergie propre du parc des 4 600 bus parisiens est en cours (plan Bus2025), c’est au tour des bus touristiques de passer à l’électrique. A l’image des 1 274 véhicules au biogaz, hybrides ou électriques déjà en service, le premier Open Tour 100 % électrique a été inauguré le 5 avril au palais de la Découverte par Catherine Guillouard présidente de la RATP et Anne Hidalgo maire de Paris.

Véritable « Airbus » de l’autocar, ce premier véhicule est le fruit d’une collaboration européenne dans laquelle on retrouve le carrossier INVI, Ziehl Abegg pour la chaîne de propulsion électrique, BMZ spécialiste des batteries et SAF pour le système de coordination. Rechargé de nuit pour une autonomie de 150 km, le bus permet de desservir chaque jour 250 points d’arrêt. D’ici à 2024, l’ensemble des 38 véhicules du parc Open Tour sera converti à l’électrique.

Philippe-Enrico ATTAL

Ewa

Le premier métro automatique de Shanghai est entré en service

métro automatique Shanghai Ligne de Pujiang

Le 31 mars 2018, Shanghai Keolis, la joint-venture formée par Shanghai Shentong Metro Group (51 %) et Keolis (49 %), a démarré l’exploitation de la ligne de métro Pujiang, anciennement appelée ligne 8.3. Léger décalage, pour une mise en service initialement attendue fin 2017. Remporté en avril 2016, ce contrat, d’un montant de 60 millions pour Keolis, prévoit l’exploitation et la maintenance de la nouvelle ligne pour sept ans.

Cette première ligne de métro automatique sans conducteur du réseau de Shanghai s’étend sur 6,7 km et relie six stations aériennes. Elle dessert le quartier de Pujiang, au sud de la ville. Shanghai Keolis avait auparavant participé à l’automatisation de la ligne 10 du métro de Shanghai, fonctionnant toujours avec un conducteur à bord.

Le métro de Pujiang est, lui, un APM (automated people mover) complètement automatique (manless). Néanmoins, précise Keolis « pour le début des opérations, nous avons prévu du personnel à bord du métro ». Les rames, circulant sur pneus, sont des Bombardier Innovia APM 300 et ont été réalisées par une JV entre Bombardier et CRRC. Chaque train, de quatre voitures, peut transporter au maximum 726 passagers. Les rames peuvent circuler à 75 km/h, à des intervalles d’environ trois minutes aux heures de pointe et de six minutes les week-ends, l’exploitation étant assurée grâce à un CBTC. Le système offre une capacité de 9 000 passagers en heure de pointe, pour une fréquentation attendue de 73 000 personnes par jour. 11 trains sont prévus au départ, 21 à terme.

Bernard Tabary, directeur exécutif international du Groupe Keolis, se félicite de « ce projet emblématique pour Keolis [qui] fait de Shanghai une nouvelle vitrine de notre savoir-faire en matière de métro automatique et nous permet de consolider notre présence en Chine. »

La prochaine étape de cette consolidation sera elle aussi shanghaïenne. Ce sera, en juin 2019, l’exploitation du nouveau métro circulaire de l’aéroport de Pudong. La ligne, longue de 7,8 km, fonctionnera 24h/24, 7j/7. Automatisée (GoA2), elle sera équipée d’un CBTC, circulera à des intervalles de quatre minutes en heure de pointe, cinq minutes en heure creuse. Les rames, construites par CRRC, longues de 94 mètres, relieront 4 stations : T1 et T2, S1 et S2. La ligne devrait transporter 250 000 passagers par jour.

Shanghai Keolis exploitera la ligne pendant 20 ans. Keolis ne communique pas sur le montant du contrat, décroché en octobre 2017.

F. D.

Ewa

Hidalgo joue la carte de la gratuité

71542 © Jean Baptiste GurliatMairie de Paris

Anne Hidalgo vient de lancer un pavé dans la mare, en demandant que soit étudiée la gratuité dans les transports à Paris. Trois de ses adjoints, Christophe Najdovski (écologiste, Transports), Jean-Louis Missika (socialiste, Développement économique), et Emmanuel Grégoire (socialiste, Finances), sont chargés de piloter une étude à laquelle seront associés des experts français et étrangers, ainsi que les groupes politiques du Conseil de Paris. Anne Hidalgo entend, « sans a priori et sans dogmatisme », « objectiver le débat, en particulier en analysant s’il existe un modèle économique viable ».

Le communiqué de la maire se réfère à certains exemples européens. Le gouvernement allemand a proposé en février d’étudier la mise en place de la gratuité dans cinq villes : Essen (600 000 habitants), Bonn (300 000 habitants), Mannheim (300 000 habitants) et, plus petites encore, Reutlingen et Herrenberg. A Tallinn, en Estonie (450 000 habitants), la gratuité est en place depuis 2013. Mais, reconnaît la mairie, « aucune agglomération de la taille de Paris n’a mis en place à ce jour un tel dispositif ».

Or, « la gratuité pour l’usager implique forcément d’identifier d’autres sources de financement ». De ce fait, Anne Hidalgo, jusqu’à présent opposée au péage urbain, a avancé ce matin sur France Bleu que, « si le péage vient financer la gratuité des transports, il devient non pas un élément de discrimination sociale, mais au contraire un élément qui peut accompagner ».

Interrogée sur la proposition de la maire de Paris, Valérie Pécresse, en visite ce matin sur le chantier de prolongement du métro de la ligne 4, dont le génie civil est achevé, se dit  « ouverte à toute proposition » mais pose « deux conditions ». L’une, que « les trois milliards d’euros de recettes apportés par les tickets et le passe Navigo soient compensés à l’euro près ». L’autre, qu’il n’y ait « pas de discrimination » entre Parisiens et banlieusards. Propos du péage, la présidente du Conseil régional rappelle qu’elle est favorable à une «taxe sur les poids lourds entrant en Ile de France, mais que celle-ci, selon les études devrait rapporter environ 100 millions d’euros pas an ». Loin des 3 milliard de recettes à compenser. Et elle refuse catégoriquement un péage au sein de la région, pour entrer dans le cœur de l’agglomération : ce serait, dit-elle, de la « discrimination entre riches et pauvres ».

Pour l’AUT-IDF, association d’usagers réservée sur le sujet de la gratuité, l’urgence, c’est « l’amélioration des services, la résolution d’impasses financières, à la fois dans le Grand Paris et dans le CPER », nous dit son président, Marc Pélissier. Pas vraiment le moment de se priver de recettes. L’association considère de plus – position partagée par la plupart des professionnels – que la gratuité convient bien à de petits réseaux.

La proposition d’Anne Hidalgo a été reçue comme une annonce politicienne par Emmanuel Griveaux, dans la perspective des municipales de 2020. Le porte-parole du gouvernement, très souvent donné comme futur candidat de La République en marche à la mairie de Paris, refuse de parler de candidature mais dit que LREM aura un « projet ». Clairement pas celui d’Anne Hidalgo. Rappelant qu’il faudra quoi qu’il en soit financer les services de transports, Benjamin Grivaux a conseillé à Anne Hidalgo de s’adresser au Stif [Ile-de-France Mobilités], compétent en la matière. De fait, les mesures tarifaires prises par un département doivent avoir l’aval d’Ile-de-France Mobilités.

La proposition d’Anne Hidalgo est présentée alors que ce mardi le Conseil de Paris doit adopter la gratuité des transports pour les personnes de plus de 65 ans, sous conditions de ressources (plafond de 2 200 euros). Cette mesure intervient après l’adoption du demi-tarif pour tous les seniors du Val-de-Marne, en vigueur depuis le 1er janvier 2018. On dit que Valérie Pécresse, avant de signer la convention en tant que présidente d’IDFM, aurait voulu, mais en vain, qu’un autre département, de droite, soit candidat pour une mesure d’ailleurs inscrite à son programme.

F. D.

Ewa

Enedis et RATP partenaires pour l’électromobilité

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L’Ile-de-France va « à marche forcée », comme dit Valérie Pécresse, vers un parc 100 % bus propres. A la RATP, le cap est toujours mis sur 2025. Préalable à l’arrivée massive des bus, la transformation des dépôts. Catherine Guillouard, PDG de la RATP, et Philippe Monloubou, président du directoire d’Enedis, ont signé ce mercredi 14 mars, avec Valérie Pécresse et Christophe Najdovski, un partenariat d’une durée de deux ans liant les deux entreprises. Le document a été signé au centre Belliard de la RATP où sont entretenus – parmi d’autres – les 23 Bluebus Bolloré desservant depuis un an la ligne 341. Bus « plébiscités », dit Catherine Guillouard par les passagers et par les conducteurs.

Le partenariat concerne la mutation de 17 des 25 dépôts franciliens de la RATP, pour qu’ils puissent accueillir 100 % de bus électriques. Il s’agit des dépôts situés en zone dense, les huit autres, plus périphériques, étant réservés à des bus au biogaz, ce qui nécessite aussi d’importants travaux. Chacun des dépôts à équiper pour les bus électriques devra disposer d’une puissance d’environ 10 MW, pour une moyenne de près de 200 bus par centre. Modèle de référence, fixé depuis le début, la recharge de nuit. L’idée, insistent Catherine Guillouard et Philippe Monloubou, ne consiste pas seulement à tirer des câbles, mais à partager et développer un vrai savoir-faire de l’électromobilité : partenariat industriel et intellectuel.

Le coût de l’adaptation, grosso modo et en moyenne, devrait avoisiner les 20 millions d’euros par centre. Un peu moins élevé pour les dépôts réservés aux bus au gaz. La RATP assume le financement de cette mutation, dans l’enveloppe du contrat avec Ile-de-France Mobilités. Comme il faut aller vite, Catherine Guillouard et Valérie Pécresse ont demandé à Nicolas Hulot un coup de pouce pour que les procédures liées à la sécurité soient accélérées. Accord de principe du ministre de la Transition écologique et solidaire.

Pour le matériel, le grand appel d’offres, lancé en début d’année, peut aller jusqu’à 400 millions d’euros et environ 1 000 bus. Sans donner de noms, on assure que de nombreux constructeurs ont retiré les dossiers en février. C’est à l’été que les offres devraient être remises pour une signature « l’an prochain », a dit Valérie Pécresse. En attendant les résultats du plus grand appel d’offres de ce type en Europe un autre, plus modeste, portant sur 80 bus électriques, doit incessamment être notifié par le Stif et la RATP. Marché partagé en deux : Heuliez et Bolloré l’ont emporté. Enfin, les touristes empruntant les bus à impériale Open Tour devraient eux aussi bénéficier de l’électromobilité. « On s’y prépare », dit Catherine Guillouard.

F. D.

Photo : Philippe Monloubou, Valérie Pécresse, Catherine Guillouard, Christophe Najdovski.

Ewa

La ligne 14, encore une fois pionnière

ERIC CAZEAUX Siemens

Pour Eric Cazeaux, le CEO de Siemens Mobility France, le contrat de renouvellement et d’extension de la ligne 14 représente un grand challenge : le remplacement du système d’automatisme sans conducteur par un système de nouvelle génération, sans impact sur l’exploitation.

Ville, Rail & Transports. Vous venez de remporter auprès de la RATP le contrat pour le renouvellement et l’extension des automatismes de la ligne 14. Quelles en sont les particularités ?

Eric Cazeaux. Nous allons offrir des fonctions similaires à celles qui sont déjà déployées sur la ligne 1 et à celles qui sont en cours de déploiement sur la ligne 4, et nous leur apporterons quelques améliorations. Surtout, le système de transmission radio sera nouveau et particulièrement robuste vis-à-vis de cyberattaques. C’est un risque auquel il faut apporter une très grande attention.

Mais le principal challenge de cette opération, la caractéristique essentielle, c’est que nous allons pour la première fois « resignaliser » – passez-moi l’expression – un système d’automatisme sans conducteur, en déployant le nouveau système à la place de l’ancien, sans impact sur l’exploitation. Nous allons ainsi moderniser toute la partie de la ligne 14 existante et étendre le nouveau système à l’ensemble de la ligne.

VR&T. Cette référence vous positionne « idéalement pour les contrats en cours ou à venir », avez-vous déclaré. Pourquoi ?

E. C. La ligne 14 est prestigieuse. Elle a été la première ligne de métro lourd au monde à être automatisée sans conducteur. Tout le monde la connaît. Moderniser la ligne 14 a une image très forte dans la profession. Et travailler avec la RATP, qui est un grand opérateur, est très valorisant pour nous. Nous avons un long partenariat avec la RATP. Nous apportons le meilleur de nos ingénieurs et la RATP apporte le meilleur de ses exigences. C’est à la fois, parfois, une confrontation et une coopération de longue date. Nous avons d’excellents ingénieurs, et ce partenariat nous pousse à développer des systèmes d’automatismes toujours plus performants. C’est un « win-win ».

VR&T. Quels contrats avez-vous en vue ?

E. C. Pour commencer, les automatismes des lignes 15, 16 et 17 du Grand Paris Express. L’appel d’offres est en cours. Chaque concurrent a déjà remis deux offres. Nous nous attendons à nous voir demander prochainement notre offre finale, qui pourrait être remise vers le mois de juin.

VR&T. Et quels marchés ailleurs, en France et dans le monde ?

E. C. San Francisco prépare la modernisation de son métro. Il y a des projets de métros automatiques au Moyen-Orient, où l’on regarde de près ce qui se passe à Paris. Il y a des projets aussi en Asie du Sud, en Corée et en Chine.

Autre point important, C’est un même système d’automatisme que celui de la ligne 14 qui équipe nos CityVal ou nos Airval. Nous venons de remporter le contrat pour l’aéroport de Bangkok. Nous serons en mesure d’annoncer très prochainement le gain d’un deuxième aéroport international. J’espère que la ville de Toulouse fera de même pour l’équipement de la troisième ligne de métro automatique. Il y a des projets à New York, pour les aéroports de la Guardia ou de Newark.

En Asie du sud-est, on relève des projets aussi bien de métros feeders que de dessertes d’aéroports. Je pense à l’aéroport de Kuala Lumpur, à celui de Singapour qui va construire un terminal géant doublant les capacités de l’aéroport et devra être connecté à l’aéroport existant. Ou encore à l’extension du métro de Bangkok, ou à des feeder lines en Corée et en Chine.

VR&T. Quel ordre de grandeur représente un contrat comme celui de la ligne 14 ?

E. C. Quelques dizaines de millions d’euros. Ce n’est pas énorme, comparé au coût de construction d’un réseau du métro. Mais la valeur ajoutée est très grande.

Propos recueillis par François Dumont

Ewa

Gilles Savary : « Agiter le chiffon rouge du statut ne fait pas une politique ferroviaire »

Gilles Savary

Ville, Rail & Transports. Le gouvernement dit que, pour une fois, on ne va pas partiellement traiter la question du ferroviaire, mais le faire dans son ensemble. Vous avez été rapporteur de la loi de la réforme ferroviaire de 2014. La réforme qui s’annonce vous semble-t-elle complète ? Plus que la précédente ?

Gilles Savary. On ne pourra répondre à cette question que lorsqu’on saura en quoi consiste vraiment la réforme gouvernementale.
Le rapport Spinetta est finalement une compilation de travaux dont beaucoup ont été conduits depuis une quinzaine d’années. La classe politique comme la classe syndicale sont parfaitement informées de la situation du ferroviaire français. On s’est plusieurs fois penché à son chevet. Notamment depuis 2011, lorsque Nathalie Kosciusko-Morizet a lancé les Assises du ferroviaire. Le diagnostic était totalement posé. On s’est alors pour la première fois alarmé de l’endettement du ferroviaire et, depuis, on n’a pas cessé d’y réfléchir. On avait donc le diagnostic d’ensemble mais, effectivement, on n’a pas été au bout de la réforme. On a reculé devant un obstacle : l’obstacle syndical ; le conservatisme syndical. Or, depuis, il y a eu une radicalisation syndicale avec la compétition très étroite et très serrée entre SUD-Rail et la CGT Cheminots.

En 2014, lorsque nous avons lancé la réforme, nous nous sommes posé toutes les questions. Faut-il anticiper la concurrence ? L’arbitrage a été : non. Faut-il conserver Gares & Connexions au sein de Mobilités ? L’arbitrage a été : oui. Nous avons ouvert la possibilité de recruter hors statut. Cela n’a quasiment pas été exploité. On s’est limité à une politique des petits pas. La politique, gauche et droite réunies, a dominé les intérêts du ferroviaire français et ceux de la SNCF.

VR&T. La nouvelle réforme s’annonce donc comme une façon de parachever celle de 2014 ?
G. S. Il est clair que le mur de la dette approche à grande vitesse. Le mouvement s’est même accéléré avec le financement des quatre nouvelles LGV lancées simultanément. De plus, les dates d’ouverture à la concurrence s’imposent à nous : le quatrième paquet ferroviaire a été voté. Enfin, la SNCF connaît d’énormes problèmes techniques dus à l’état du réseau, avec 4 500 km de voies ralenties et des incidents qui se sont multipliés dans les gares.

Il y a donc des facteurs de mûrissement d’une réforme plus complète. Et puis, peut-être aussi y a-t-il plus de courage politique aujourd’hui de la part d’Edouard Philippe et d’Emmanuel Macron. Une réforme vigoureuse et complète sera beaucoup mieux comprise qu’elle n’aurait pu l’être il y a quelques années. L’état du chemin de fer était une affaire de famille entre syndicats, politiques et direction de la SNCF. Aujourd’hui, les choses apparaissent en plein jour : il y a de plus en plus d’usagers mécontents, la SNCF, ce super monopole du service public ferroviaire, ne cesse de reculer dans les classements (même s’il a de très beaux restes), que ce soit en termes de ponctualité, de sécurité, comparé aux réseaux ouverts à la concurrence comme en Grande-Bretagne, en Allemagne, ou en Suisse.

Il y a une opportunité pour faire une réforme complète. Néanmoins, pour le moment, les choses ne sont pas complètement consommées, ou ne sont pas dites.

VR&T. Que reste-t-il à dire ?
G. S. Edouard Philippe a finalement assez peu parlé de ferroviaire. Il a tapé là où ça fait mal. Il a surtout agité le chiffon rouge du statut. La seule chose qui est claire, c’est qu’il n’y aura plus de statut, qu’on le supprime par extinction générationnelle. Mais cela ne fait pas une politique ferroviaire. Il est à la fois légitime et nécessaire d’alléger la SNCF d’un fardeau qui lui nuirait beaucoup dans un environnement ouvert à la concurrence. Il faut en garder certains éléments et, les autres, les réformer profondément. Mais je ne sais pas encore comment le gouvernement compte organiser la concurrence. Va-t-il le faire en ménageant une position dominante à la SNCF telle que personne ne veuille entrer sur le réseau ? Regardez comment Alain Vidalies a ouvert les TET à la concurrence : de telle sorte qu’aucun opérateur alternatif ne se présente.

VR&T. Que pensez-vous du recours aux ordonnances ?
G. S. C’est surtout une façon peu élégante d’éviter un débat parlementaire. Ceci dit, les organisations syndicales connaissent tous les tenants et aboutissants du débat. On n’a pas arrêté de mener des concertations avec les syndicats. Tous les éléments de l’équation d’aujourd’hui étaient posés.

Il est nécessaire de rebattre les cartes en revenant sur le statut car il ne permet pas de se séparer du personnel pour incapacité professionnelle. Il faut aussi transformer la SNCF en société anonyme à capitaux publics, placer Gares & Connexions sous le giron de SNCF Réseau et filialiser Fret SNCF. Il faut peut-être aussi revenir sur la loi de 2014 pour alléger l’Epic de tête. Toutes ces perspectives ont toujours effarouché les pouvoirs publics.

Les ordonnances ne changeront pas grand-chose. En 2014, on avait négocié très tôt avec les syndicats, et ils nous ont lâchés en rase campagne et nous avons eu 15 jours de grève. Il y aura une grève mais, même si le gouvernement n’avait pas annoncé qu’il y aurait recours, il y aurait eu une grève… qui aurait pesé sur les débats à l’Assemblée nationale et au Sénat. Les organisations syndicales jouent les vierges effarouchées, et je comprends que le recours aux ordonnances n’est pas très courtois à leur égard. Je pense surtout qu’il est dommage que cela ne permette pas à certains syndicats moins conservateurs que d’autres de se différencier, de porter une autre voix. Une voix de réforme de la SNCF et de relance du rail. C’est une question qu’illustre le débat ferroviaire mais qui est plus générale. A force de décider de tout directement, le gouvernement compromet une modernisation syndicale. Et c’est particulièrement vrai pour le chemin de fer, qui n’a pas les syndicats qu’il mérite.

VR&T. Ce qu’a dit le Premier ministre, notamment sur sa préférence pour un groupe intégré, conduit-il à remettre en cause la précédente réforme de 2014 dont vous avez été l’un des artisans ?
G. S. Il est possible que le gouvernement, pour faire plaisir aux cheminots, sacrifie une vraie concurrence à la suppression du statut. Le fait d’avoir un groupe très intégré est fatalement porteur de conflits d’intérêts et de favoritisme entre la branche Réseau et la branche Mobilités. Si on retourne à une SNCF une et indivisible plutôt qu’à un groupe, on reviendra à un monopole qui aura changé de statut, coûtera moins cher à l’Etat. Ce sera une réforme financière et comptable, on aura diminué la facture de l’Etat, mais on n’aura pas stimulé le rail par plusieurs opérateurs, comme dans tous les pays où le rail se développe. Aujourd’hui, je l’ai dit, on ne sait pas encore en quoi consistera la réforme. Mais je redoute que, pour des raisons politiques, on vise avant tout la fin du statut et que la concurrence devienne une variable d’ajustement. Et qu’il sorte de tout cela un modèle ferroviaire assez peu dynamique.

Mais, si on filialise Fret SNCF, si on transforme les Epic en SA à capitaux publics et si on place Gares & Connexions dans SNCF Réseau, on sera sur un modèle DB et, en réalité, pas très loin de la réforme de 2014 qui sera ainsi complétée.

VR&T. Sur la dette, l’Etat ne dit pas ce qu’il fera, dit simplement qu’il prendra sa part, sans préciser laquelle, à la fin du quinquennat. N’est-ce pas étrange et regrettable ?
G. S. Emmanuel Macron a pris les syndicats à leur propre piège : ceux-ci avaient dit refuser le donnant-donnant consistant à demander des efforts aux cheminots contre une reprise de la dette. Désormais, il dit : vous n’aurez plus le statut et je ne m’engage pas sur la dette… Le donnant-donnant a été tout de suite récusé par les syndicats. Ils n’avaient pas entièrement tort, car la dette est surtout liée à la politique d’investissement de l’Etat plutôt que statut. Que l’Etat désendette ou pas ne change rien au fait qu’une partie de la dette est maastrichtienne. Et donc qualifiée déjà comme dette d’Etat. Pour l’Etat, c’est neutre… mais pas pour le système ferroviaire. S’il n’y a pas de reprise de la dette et si l’entreprise en ressort encore plus intégrée, ce serait une très faible réforme ferroviaire.

Il faut une véritable réforme car le rail peut avoir un bel avenir, alors qu’il est empêtré dans des conservatismes invraisemblables. Pour qu’elle réussisse, il faut mettre à profit les deux mois qui viennent pour informer les Français de l’état de leur chemin de fer. La SNCF est une grande entreprise publique marquée par une grande opacité, et les Français n’ont pas vraiment idée de ce qu’est leur chemin de fer.

VR&T. Les petites lignes risquent de disparaître à terme…
G. S. Ce qu’a fait le gouvernement – déconnecter le sort des petites lignes du statut – est assez habile vis-à-vis des Français qui sont attachés à l’aménagement du territoire. Je crois que le statut des cheminots n’est plus populaire auprès des Français. Par contre, pour eux, les petites lignes, ça a du sens.

On voit bien où veut aller Edouard Philippe pour ne pas cumuler toutes les oppositions. Il ne veut pas régler le problème depuis Paris et, comme les régions adorent les petites lignes, il compte probablement leur refiler la patate chaude…

Ce n’est pas parce qu’il fait preuve d’habileté tactique que le problème a disparu. Il faut faire attention : il y a des petites lignes très déficitaires mais qui ont du sens. Il y a aussi des lignes qu’on a laissées tomber alors qu’elles pourraient avoir du sens. La concurrence pourrait d’ailleurs les faire revivre et amener une dimension d’aménagement du territoire.

Il faut que les Français comprennent que c’est une réforme pour développer le rail et non pas pensée contre les cheminots. Il ne faudrait pas qu’on enferme le débat dans la question du statut et qu’on ostracise les cheminots. Ils défendent leurs avantages acquis, on peut le comprendre et ils ne sont pas les seuls à le faire.

Les ordonnances ont mis au centre du jeu le statut et cela ne va pas éclaircir le débat. Il faut vite en sortir et j’espère qu’on parlera enfin de relance du ferroviaire.

Propos recueillis par François Dumont et Marie-Hélène Poingt

Ewa

Ligne 14. Et à la fin, c’est Siemens qui gagne

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La RATP a retenu Siemens pour le renouvellement et l’extension du système d’automatisation de l’exploitation des trains (SAET) de la ligne 14. En 2024, selon le calendrier arrêté par le gouvernement le 22 février, la ligne 14 sera terminée. Elle formera la colonne vertébrale du Grand Paris Express. Longue aujourd’hui de près de 9 km, elle aura alors été prolongée de 8 km au nord, de Saint-Lazare à Saint-Denis-Pleyel, et de 14 km au sud, d’Olympiades à l’aéroport Orly. Elle pourra transporter 40 000 passagers par heure et par sens, contre 30 000 aujourd’hui. Et sera la ligne la plus fréquentée du métro parisien.

Le contrat passé par la RATP comprend à la fois le SAET, basé sur la technologie CBTC sans conducteur (communication based train control) et une option pour des prestations de maintenance sur la durée de vie du système. Siemens va renouveler le SAET existant et le poste de commande et contrôle centralisé (PCC), créer un PCC de repli mutualisé avec un outil de formation pour les exploitants, et équiper les premiers 35 trains MP14 commandés à Alstom pour la ligne à l’occasion de son premier prolongement au nord, jusqu’à Mairie-de-Saint-Ouen. (Précisons que le premier MP14 doit entrer en service sur la ligne 14 en 2019, après une phase d’essais fin 2018). Siemens va aussi installer le SAET sur les prolongements nord et sud, et sur les 37 trains MP14 supplémentaires prévus pour équiper la ligne complète. Les prestations de Siemens seront réalisées depuis Châtillon, son centre de compétence mondial pour les automatismes sans conducteur. Le montant du contrat n’a pas été communiqué.

La ligne 14 est équipée depuis ses débuts, en 1998, d’automatismes de Siemens (alors Matra Transport). La RATP a choisi le même industriel pour l’automatisation de la ligne 1 (effective depuis 2012) et pour celle de la 4 (à l’occasion de son prolongement jusqu’à Bagneux, en cours de réalisation, aux dernières nouvelles annoncé pour la mi 2021).

Selon le groupe allemand, en continuant à « déployer le CBTC de Siemens [sur la ligne 14], la RATP garantit le maintien des performances d’exploitation, avec un train de huit voitures toutes les 85 secondes ». Pour Eric Cazeaux, CEO de Siemens Mobility France, « remplacer un système sans conducteur par un nouveau système sans conducteur, sans interruption de service, sera une première mondiale. » Et ce contrat est pour lui « une fantastique référence qui nous positionne idéalement pour les appels d’offres en cours et à venir dans le monde ».

F. D.

Ewa

Résultat net de 1,3 milliard d’euros pour la SNCF

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Les résultats présentés le 27 février par la SNCF contrastent singulièrement avec le tableau sombre d’un système à la dérive, dressé la veille par le Premier ministre pour justifier une vaste réforme ferroviaire. Le groupe affiche en effet un résultat net de plus d’1,3 milliard d’euros (contre 567 millions un an auparavant) sur l’exercice 2017. Mais l’entreprise préfère toutefois mettre l’accent plus modestement sur le résultat net récurrent part du groupe qui s’élève tout de même à 679 millions d’euros (218 millions l’an dernier) car, explique-t-elle, le résultat net d’1,3 milliard d’euros est artificiellement gonflé de 650 millions d’euros grâce à un dispositif fiscal, les impôts différés actifs.

L’activité a également augmenté de 4,2 % comparé à 2016, et atteint 33,5 milliards d’euros (à périmètre et change constants). Un dynamisme expliqué par la politique commerciale de l’entreprise « générant une forte croissance du volume de voyageurs et de marchandises transportés ». Selon Guillaume Pepy, le PDG de SNCF Mobilités, « la performance commerciale est très bonne, on observe un véritable rebond du train et une politique du volume qui porte ses fruits ».

La progression du trafic est particulièrement forte pour les TGV (+10 %). Pour le patron de SNCF Mobilités, cette reconquête commerciale, qui repose sur une baisse des prix (les prix ont baissé de 6 % en deux ans selon lui) et sur une hausse de l’offre, s’explique par trois éléments forts : outre la mise en service de trois nouvelles lignes à grande vitesse (Paris – Strasbourg deuxième phase, Bretagne – Pays de la Loire et SEA) qui ont gonflé le trafic, le lancement de l’abonnement TGV Max a conquis 100 000 jeunes et permis de vendre 1,5 million de voyages supplémentaires et le TGV à bas coûts Ouigo, en se développant, a transporté 7,6 millions de voyageurs (+53 % ).  « Ouigo est déjà à l’équilibre et devrait dégager des résultats en 2018-2019 », précise Guillaume Pepy.
La croissance du trafic touche tous les autres trains de voyageurs  : elle est de 4,7 % pour les TER, de 3,3 % pour les Intercités, de 5,9 % pour Keolis ou encore de 48 % pour Ouibus. La croissance est aussi tirée par l’international, qui représente le tiers du chiffre d’affaires du groupe, grâce à Keolis et à Geodis. L’objectif est de parvenir à une activité réalisée pour moitié à l’international.

En revanche, pour Fret SNCF, l’année est une fois encore décevante et les pertes atteignent 120 millions d’euros. « Nous travaillons sur deux axes : nous nous sommes reposés la question de la pertinence du fret ferroviaire et nous en avons conclu qu’il a une place : en le repositionnant, nous pourrons le faire progresser de 1 à 1,5 % par an. Ce n’est pas extraordinaire, mais au moins il y a une marge de progression », explique Guillaume Pepy. « Deuxième axe, nous travaillons sur un plan industriel pour redonner de la marge à Fret SNCF, autour de 30 à 50 millions d’euros », poursuit le patron de SNCF Mobilités, en annonçant que ce plan sera présenté au cours du premier trimestre.

Pour poursuivre son développement, le groupe a recruté 12 000 personnes l’année dernière, tout en poursuivant ses efforts de productivité : plus de 830 millions d’euros de gains de productivité ont été réalisés, après les 825 millions comptabilisés l’an dernier, grâce à l’optimisation des achats et à la meilleure utilisation du matériel roulant et à une maintenance améliorée. A SNCF Mobilités, les dépenses ont été réduites de 521 millions d’euros, ce qui s’est traduit par la suppression de 2 100 postes. « Deux départs à la retraite sur trois sont remplacés », précise Guillaume Pepy. Côté SNCF Réseau, les efforts ont porté sur 150 millions d’euros, tandis qu’au niveau de la maison mère, les frais de structure ont été réduits de 160 millions d’euros. 8,8 milliards d’euros ont été investis en 2017, massivement pour régénérer et renouveler le réseau (pour 5,2 milliards), pour acquérir des trains (pour 2,3 milliards), 40 en Ile-de-France, 85 dans les territoires (financés par les régions) et 20 rames TGV, et pour digitaliser l’entreprise (à hauteur de 280 millions d’euros).

Mais ces très bons résultats s’affichent sur fond de déséquilibres structurels du système ferroviaire : SNCF Réseau supporte une dette nette de 46,6 milliards d’euros qui a augmenté de 1,7 milliard d’euros en 2017. Quant à la dette structurelle, elle a crû de 2,1 milliards au cours de la même période. une équation impossible qui est de nouveau posée aux pouvoirs publics.

M.-H. P.

Ewa

Alstom espère la commande de TGV du futur en mars

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La commande de TGV du futur, ou TGV 20-20, pourrait intervenir prochainement. Du moins Alstom l’espère-t-il. Et ne le cache pas. Elle devrait porter sur au moins 50 rames et pourrait aller jusqu’à 100. Alstom et la SNCF travaillent ensemble sur ce projet sur un plateau commun présenté à la presse en septembre 2016. Et Alstom est impatient de pouvoir montrer à l’occasion de la commande le nouveau train, offrant de grands changements. Un train dont des premières solutions, des « minimotrices », ont fait leur apparition avec la commande passée à Alstom par Amtrak de 28 rames Avelia Liberty en août 2016.

Pour sa part, quelques jours avant ses excellents résultats, la SNCF confirmait que les négociations pour la commande sont en cours, tout en refusant de se lier à une date butoir. Et de rappeler les objectifs : un TGV 20 % moins cher à l’acquisition (30 millions aujourd’hui) et en exploitation. Eléments de base, connus depuis longtemps, mais que martèle la SNCF : le coût, c’est tout. Reste que l’affaire semble en bonne voie.

Alstom, dont les résultats doivent être publiés en mai, ne s’en tient heureusement pas à cette commande et pose un peu partout des jalons pour le développement du groupe qu’il doit former avec Siemens. En mars prochain l’usine indienne d’Alstom, à Madhepura (Etat du Bihar) va ouvrir ses portes. Usine qui doit fournir 800 locomotives fret de double section pour le marché indien (contrat de 2015). Au premier semestre de cette année aussi celle de Dunnotar, en Afrique du Sud, près de Johannesburg, doit être inaugurée. Usine construite par la coentreprise Gibela, qui doit fournir 3 480 voitures en dix ans à l’opérateur sud-africain Prasa.

Autre rendez-vous de l’année, la présentation de la première locomotive Prima H4, commandée en 47 exemplaires par les chemins de fer fédéraux suisses CFF/SBB. La présentation de ce « petit bijou » (dixit Alstom) fabriqué à Belfort, destiné aux travaux de voie et aux manœuvres, aura lieu avec un peu de chance avant le salon InnoTrans de Berlin, plus vraisemblablement à cette occasion.
A Riyad, où on s’est beaucoup focalisé sur l’exploitation du métro, et sur une victoire non confirmée à ce jour de RATP Dev pour la plus importante partie du marché, Alstom attend les résultats de l’appel d’offres qui porte aussi sur la maintenance et l’exploitation. « Nous avons remis une offre avec Ansaldo et les FS, pour les lignes 3, 4, 5 et 6 pour 12 ans. Et une seconde offre avec Keolis pour les lignes 4, 5 et 6 pour deux ans », précise une porte-parole.

Enfin une prochaine bataille s’annonce dans la grande vitesse : la ligne Kuala Lumpur – Singapour. Le projet, souvent annoncé, semble cette fois lancé. Alstom va se présenter, en consortium avec Siemens, Ferrovie dello Stato, et l’entreprise locale de génie civil George Kent, dans un PPP qui va les opposer à un consortium chinois et à un autre japonais. Les offres pourraient être remises en fin d’année ou au début d’année prochaine.

F. D.

Photo : un Avelia Liberty