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Ewa

Franck-Olivier Rossignolle devient PDG de RATP Dev Transdev Asia

Franck-Olivier Rossignolle RATP Dev Transdev Asia

Franck-Olivier Rossignolle succède à Emmanuel Vivant à la tête de RATP Dev Transdev Asia. Ce dirigeant de Transdev s’est pleinement consacré ces derniers temps à la candidature de Lille. Une métropole que, malgré tous ses efforts, Transdev n’a pu ravir à Keolis. Franck-Olivier Rossignolle (49 ans) était auparavant patron de la zone Sud France de Transdev, après avoir été directeur délégué Italie et directeur général du réseau de Gênes.

Cette nomination, que Thierry Mallet a annoncée lors du Club VR&T le 8 février, s’est fait attendre. C’est en octobre 2017 qu’Emmanuel Vivant, qui avait succédé en juin 2015 à Daniel Cukierman, a quitté RATP Dev Transdev Asia pour devenir directeur international de la Saur. On commençait à se poser des questions sur la volonté des deux maisons mères de continuer une aventure qui les associe dans la ligne 1 du métro de Bombay, la ligne 9 du métro de Séoul, le tramway de Hongkong ou les bus de Nankin. Interrogations démenties avec soin au plus haut niveau.

Reste qu’à notre connaissance il y avait certaines divergences d’appréciation sur les pays cibles pour l’expansion de la JV. RATP Dev Transdev Asia devrait de ce fait se concentrer sur les trois pays où elle est implantée (Chine, Inde, Corée du sud), RATP Dev et Transdev poursuivant de façon indépendante leur expansion sur les autres marchés d’Asie. Une activité que va piloter aussi pour Transdev Franck-Olivier Rossignolle.

F. D.

Ewa

Gilles Savary : « Le rapport Duron ? Un rapport de rupture »

Gilles Savary

Gilles Savary, ancien député, consultant, président de l’atelier « Mobilités plus sûres » des Assises de la mobilité, répond aux questions de VR&T à la suite de la publication du rapport « Mobilités du quotidien » du Conseil national des infrastructures, présidé par Philippe Duron.

Ville, Rail & Transports. Comment recevez-vous le rapport Duron ?

Gilles Savary. C’est un changement de doctrine assez clair, assez net, à bien des égards. C’est un rapport de rupture très intéressant.

 

VR&T. De rupture, à quels égards ?

G. S. C’est la première fois depuis les années 90 qu’on dit qu’il ne faut pas attendre de miracle de la politique de report modal. Jusqu’à présent nous avions des idées assez simples, inspirées des écologistes : il faut basculer les trafics sur le rail. Après plus de vingt ans d’efforts, partout en Europe, on s’aperçoit qu’on n’a pratiquement pas fait bouger, ou alors de façon extrêmement marginale, le pourcentage de voyageurs ou de marchandises transportés par rail, par rapport à la route, ou à l’aérien ou à la mer. On n’a pas réussi cette politique très coûteuse, qui repose sur des investissements géants et des subventions massives en faveur du rail, et sur la fiscalisation de la route, même si certains considèrent qu’elle n’est pas suffisante. C’est la première rupture doctrinale.

 

VR&T. D’autres ruptures ?

G. S.  Une priorité affirmée pour les mobilités du quotidien. Cela avait déjà été évoqué par ce gouvernement, le précédent en avait beaucoup parlé mais n’avait pas fait grand-chose. On fait une priorité de mobilités considérées comme besoin de première nécessité pour des Français qui doivent se déplacer quotidiennement. C’est extrêmement important par rapport à la culture des grands projets prestigieux et des performances techniques des précédentes années.

Il y a une troisième rupture, c’est le début d’une véritable politique nationale pour les modes doux : vélos, marche, avec, en face, des propositions budgétaires qui ne sont pas complètement marginales ou anecdotiques. C’était jusqu’à présent une amélioration du cadre de vie en ville, ce n’était pas érigé en politique nationale. Ces modes trouvent leur lettre de noblesse dans ce rapport. Voilà trois grandes ruptures doctrinales qui me semblent extrêmement importantes.

 

VR&T. En matière de report modal, on se focalise souvent sur un échec français, notamment en fret. Pour vous, il est européen ?

G. S. Oui. Le livre blanc de 2001 sur les transports de Loyola de Palacio — qui a été un très grand commissaire européen — est axé essentiellement sur le report modal. Si on compare les chiffres d’alors pour la route et le fer aux chiffres d’aujourd’hui, on constate qu’on a beaucoup fiscalisé la route mais que cela n’a pas fait bouger de façon significative les parts modales. La route est plus souple, le chemin de fer est devenu moins fiable et, dans ses usages classiques, il n’est plus tellement adapté à notre époque, au fait qu’on a à faire du porte-à-porte, du just in time. Et puis, il y a une très grande résilience de la liberté de circulation individuelle.

Il y a aussi des phénomènes structurels. Pour en revenir à la France, aujourd’hui, dans la campagne, on a beaucoup de mal à massifier les déplacements. Le village français n’est plus complet. Il est éclaté. Il faut parfois emmener les enfants à la maternelle à trois kilomètres, faire quatre kilomètres à l’opposé pour aller à l’école primaire, aller ailleurs à la perception ou voir le médecin. Les parcours sont devenus chaotiques, on peut difficilement les regrouper. Le véhicule individuel reste pour un grand nombre de Français incontournable, sans compter l’attachement qu’on peut avoir à la route, au fait qu’elle est synonyme de liberté. Jusqu’à présent, on a tenu un discours politique à l’envers de ce qui se passe : les mobilités routières n’ont cessé de se développer et tiennent parfaitement le choc, même si on les sanctionne, même si on les taxe. Il est très sage de le reconnaître.

 

VR&T. Mais il y a tout de même une incohérence de la politique des transports des gouvernements successifs. Quand on voit ce que fait la Suisse, notamment pour les transports de marchandises, on constate qu’une politique très volontariste porte ses fruits.

G. S. C’est peut-être volontariste, mais il y a tout de même des cols qui sont fermés en hiver et vous ne pouvez pas passer autrement. La Suisse, ce n’est pas les Pays-Bas. 70 % des Suisses sont abonnés au train. C’est un peu comme pour traverser le Channel : on ne peut pas prendre la voiture. Ce que fait la Suisse n’est pas transposable. On a cru qu’on pouvait le transposer en France et faire des grands corridors de plaine, des autoroutes ferroviaires… Mais quand vous êtes transporteur routier, et que vous achetez un camion, vous n’allez pas payer le train pour le faire circuler. Vous l’acceptez quand vous traversez la Suisse, parce que la Suisse est un obstacle naturel.

 

VR&T. Où le chemin de fer est-il aujourd’hui pertinent ?

G. S. Au XXIe siècle, la zone de pertinence du mode ferroviaire, ce sera de plus en plus l’accès au cœur de l’agglomération. Le phénomène d’urbanisation et de polarisation est très fort en France. On avait Paris et le désert français. On a maintenant Paris, les métropoles et les périphéries des métropoles. Il faut équiper le ferroviaire pour accéder au cœur. Heureusement, le réseau existe, et les lignes en étoiles arrivent dans les centres des agglomérations. Il faut massifier, et rabattre le plus possible autour de ces lignes les véhicules individuels ou le transport par car. C’est ainsi que nous pourrons conjuguer la lutte contre la congestion et la lutte contre la pollution. C’est un enjeu considérable. Il est évoqué dans le rapport Duron, sous un angle qui me plaît assez, et c’est peut-être une quatrième rupture à ajouter aux trois que j’ai citées : une rupture technologique. Il faut mettre de l’ERTMS, pour avoir des cadencements au quart d’heure. Il faut inventer les RER de province, dit le rapport. Cela va coûter très cher, parce qu’il faut aussi supprimer les passages à niveau en zone périurbaine, sécuriser les voies, disposer d’installations de contresens. Jusqu’à présent les régénérations avaient pour objectif flamboyant de remettre le réseau dans l’état des années 70 ! Ce n’est plus possible. Il faut une rupture technologique si l’on veut éviter que la ville ne s’étouffe sous la congestion.

 

VR&T. Mais cela n’empêchera pas la demande de transport de croître…

G. S. C’est vrai, et on raisonne un peu trop sur la suppression de la voiture en ville sans réfléchir aux solutions qu’il faut apporter aux périphéries des villes. Une grande partie des problèmes des villes vient de la très mauvaise organisation des activités sur le territoire, d’un déversement démographique considérable. Les gens qui travaillent en ville ne peuvent plus y vivre, parce que c’est devenu trop cher. Ils sont « exportés » à 10, 15, 50, 100 km des métropoles, alors que leur emploi ne l’est pas. Il y a donc une augmentation de la demande de mobilité périphérique, qui devient de plus en plus difficile à vivre. Les bouchons ont de plus en plus d’amplitude horaire, il faut partir de plus en plus tôt le matin et on rentre de plus en plus tard le soir, ce sont des journées éreintantes. Cela représente une dégradation considérable des conditions de vie autour des grandes agglomérations. La situation est potentiellement explosive. C’est là qu’il faut agir. Pas simplement agir en ville. C’est le non-dit du rapport Duron, ou son angle mort, à aucun moment il ne dit : il faudrait réaménager l’espace.

 

VR&T. D’autres réserves ?

G. S. Il y a un autre sujet qui me préoccupe. C’est le matraquage fiscal automobile. Un jour, on limite la vitesse sur route à 80 km/h, or, cela aura peu d’incidence sur l’accidentologie, mais beaucoup d’incidence sur les rentrées d’amendes. Un autre jour c’est le péage urbain. On met encore en place la dépénalisation du stationnement et des augmentations du stationnement infernales. On augmente la TICPE selon une trajectoire impitoyable jusqu’en 2022. J’ai peur que se mette en place une fracture sociale dans les mobilités, et que les gens qui ont été socialement expulsés de la ville et sont captifs de la voiture soient très durement taxés, tout simplement pour aller travailler. Je sais bien qu’on a besoin de 500 millions de plus, ou d’un milliard de plus pour l’Afitf. Et encore, c’est uniquement pour les infrastructures d’Etat, parce qu’on a mis un mouchoir sur les infrastructures des collectivités locales, qui sont les plus importantes de France, notamment en mode routier. Je comprends qu’on ait besoin de trouver ces ressources. Mais il ne faut pas trop encourager l’accumulation de taxations punitives en centre-ville. Il vaudrait mieux s’occuper des périphéries, y « exporter » les emplois, cogérer le développement économique. Autrement on ira vers des situations socialement intenables.

 

VR&T. Une des solutions qu’on voit apparaître, dans des propos d’Elisabeth Borne ou dans le rapport Duron, c’est le véhicule autonome. Quelle place va-t-il occuper selon vous ?

G. S.
 Les mobilités à longue distance trouveront leur avenir dans la décarbonation et, pour ce qui est de la gestion des congestions, en partie dans l’électronique et l’automatisation. C’est vrai pour le train, c’est vrai aussi pour l’automobile. Cela dit, le véhicule autonome sur la place de l’Etoile, ce n’est pas pour demain matin. Peut-être aura-t-on des véhicules autonomes – par exemple des cars – sur des voies dédiées sur autoroute. Cela, c’est accessible rapidement.
Il faut pousser rapidement le 100 % électrique et, si possible le 100 % électrique propre. J’observe que pour la première fois dans un rapport national le véhicule à hydrogène commence à gagner de la crédibilité. Jusqu’à présent on s’en tenait au véhicule à deux litres. Il y a énormément de perspectives nouvelles qui vont pouvoir se conjuguer pour améliorer les mobilités. Encore faut-il que ce ne soit pas une façon d’accroître les inégalités or, j’y insiste, la sélection sociale par le prix du foncier est un prodigieux moteur d’inégalité. On dit qu’il faut modifier les comportements des gens. En fait, leurs comportements sont modifiés… par les prix du foncier. S’ils n’ont pas de comportements vertueux, c’est qu’ils n’ont pas d’autres solutions.

VR&T. Si la route est de plus en plus sollicitée, il va falloir de plus l’entretenir…

G. S. 
Oui, et le rapport Duron parle trop peu de la façon dont on va entretenir le réseau routier dans sa totalité. Le réseau routier a plusieurs titulaires. Il y a le réseau autoroutier concédé, le réseau national mais il y a surtout le réseau départemental, de plus en plus sollicité, notamment dans les zones périurbaines où il devient des contre-rocades, des façons d’éviter des bouchons, de trouver des trajets malins. Or, ce réseau est aujourd’hui sollicité d’une façon très largement supérieure à ce qu’il est capable de supporter parce qu’il n’a pas été fait pour cela. Le réseau routier national fait plus de 20 000 km et le réseau autoroutier concédé moins de 10 000 km, mais il y a 380 000 km de voies départementales, et plus de 500 000 km de voies communales. Le rapport ne traite aujourd’hui que des autoroutes et du réseau routier national. Le réseau capillaire est celui qui enregistre la plus grande croissance des trafics et la plus forte croissance d’accident. C’est une zone d’ombre de ce travail mais, au bout du bout, c’est un excellent rapport, extrêmement courageux, qui prête à réfléchir, et qui propose aux ministres des choix clairs.

VR&T. Des trois scénarios que présente Philippe Duron, lequel est selon vous le meilleur ?

G. S.
 Le meilleur c’est le troisième.

VR&T. Le plus gourmand ?

G. S.
 On a besoin d’améliorer les infrastructures urbaines, de développer les modes doux, d’assurer l’intermodalité. Et on a pris du retard en ce qui concerne la dorsale de tout cela, qui est l’amélioration des étoiles ferroviaires des grandes agglomérations. Tout cela va coûter terriblement cher. J’ajoute que le rapport parle de l’ERTMS, rupture technologique sur le ferroviaire nécessaire et décisive, mais il ne le chiffre pas. Vu l’ampleur de nos besoins, il faut donc un milliard de plus à l’Afitf, c’est le troisième scénario. Mais il oblige à un matraquage difficilement supportable des populations…

VR&T. Le choix du scénario médian apparaît plus probable.

G. S. 
C’est effectivement le plus crédible. Mais il demandera beaucoup de courage à l’Etat dans la définition des priorités. Plus encore que ne le dit ce scénario. L’ERTMS n’est pas chiffré, le programme de suppression de passages à niveau est extrêmement modeste par rapport à ce qu’il faudrait dans les quasi-banlieues des grandes métropoles, l’entretien du réseau départemental n’est pas vraiment chiffré… De plus, le rapport dit : Lyon – Turin n’est pas dans ma mission, le canal Seine – Nord non plus, le CDG Express non plus, ni le Grand Paris. Des dossiers dont on sait qu’ils pourraient être extrêmement « europhages » ! Le Grand Paris, c’est une machine à faire de la dette. Or, tous ces dossiers sont considérés comme des coups partis. Je préfère le scénario 3, mais je ne pense pas qu’on arrive à trouver le milliard d’euros supplémentaire annuel nécessaire tout en assurant le financement de ces grands projets en cours. Le scénario 2 est plus crédible mais il va contraindre le gouvernement à faire des choix encore plus ciblés sur les projets, encore plus concentrés que ce qui est proposé.

 

Propos recueillis par François Dumont
et Marie-Hélène Poingt

 

Ewa

Alstom remporte un contrat de 30 locomotives pour le Maroc

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Alstom fournira 30 locomotives électriques Prima à l’ONCF, l’opérateur de chemin de fer marocain. Ce contrat d’environ 130 millions d’euros est le résultat d’un appel d’offres international lancé en mars 2017.

Les 30 locomotives Prima M4 sont dotées d’une puissance nominale de 5,5  MW. Leur vitesse d’exploitation maximale est de 160 km/h et elles sont alimentées en tension CC de 3 kV. Elles peuvent être équipées de l’ETCS niveau 1.

Les locomotives seront fabriquées par l’usine de Belfort. Le Creusot (bogies), Ornans (moteurs), Petit-Quevilly (transformateurs), Tarbes (composants de chaînes de traction) et Villeurbanne (systèmes électroniques de bord) participeront à la réalisation. Le service après-vente et la maintenance seront assurés par Alstom au Maroc, qui emploie dans le pays 350 collaborateurs (tramway Citadis de Rabat et Casablanca, rames à grande vitesse pour Tanger – Kénitra).

Ewa

Grand Paris Express : le calendrier fait tousser l’Essonne

Perspective de la gare CEA Saint-Aubin (juillet 2017)

La ligne 15 Ouest (Pont-de-Sèvres – Nanterre – Saint-Denis-Pleyel) est « annoncée pour 2029 au lieu de 2027 » (retard affectant le tronçon Pont-de-Sèvres – Nanterre, le tronçon suivant, Nanterre – Saint-Denis, étant déjà annoncé pour 2029). La ligne 17 Nord (au-delà du Bourget et jusqu’à CDG) « pour 2026 au lieu de 2024 ». La ligne 18 (Orly – Saint-Quentin) « est désormais annoncée au mieux au printemps 2025, voire à l’été 2026 ». Alors que ce tronçon Orly-Saint-Quentin était envisagé pour le 1er trimestre 2024.

Le département de l’Essonne a réagi vivement à certaines des nouvelles dates communiquées hier par Bernard Cathelain, membre du directoire de la Société du Grand Paris. Des dates en décalage par rapport aux « échéances opérationnelles au plus tôt » envisagées en septembre 2017 par le préfet d’Ile-de-France. Elles ont été annoncées lors d’une réunion organisée le 6 février par Elisabeth Borne au ministère des Transports, à laquelle assistaient l’ensemble des présidents de conseils départementaux, Anne Hidalgo, la maire de Paris, et Stéphane Beaudet, le vice-président de la région Ile-de-France en charge des transports. Pas de commentaire à la SGP, où l’on précise seulement que Bernard Cathelain a donné des « indications » sur l’ensemble des lignes, et qu’il revient au gouvernement de décider.

L’Essonne en tout cas réagit, et François Durovray, le président du conseil départemental, a redit que « la méthode n’était pas la bonne, que le calendrier ne devait pas être la résultante de contraintes techniques, mais qu’au contraire il fallait prévoir des moyens techniques supplémentaires – notamment en matière de tunneliers – pour respecter le calendrier initial ». Ajoutant qu’il « n’y a aucune raison pour que les lignes qui desserviront les jeux Olympiques soient privilégiées au détriment des lignes de métro qui pourraient améliorer le quotidien de milliers de Franciliens ».

Une rencontre technique avec le Centre d’études des tunnels (Cetu) doit faire le point sur les « avancées espérés avec la mise en œuvre de tunneliers supplémentaires ». Et « déterminer les surcoûts liés aux décalages des chantiers », ajoute François Durovray. On suppose, même si le communiqué de l’Essonne ne le précise pas, qu’on évaluera aussi le surcoût lié à la mise en œuvre de nouveaux tunneliers.

Et les élus de l’Essonne disent qu’en attendant que les tunneliers forent, ils s’opposeront à la construction de tout m² supplémentaire et à « toute mesure palliative » pour la desserte du plateau de Saclay.

F. D.

Photo : perspective de la gare CEA/Saint-Aubin (© SGP)

Ewa

Le train à hydrogène d’Alstom primé

Alstom a remporté le 5 février le Trophée de la mobilité pour le Coradia iLint, son train à hydrogène, dans le cadre des Trophées Europe 1 de l’avenir. Un train dont on commence à parler en France puisque Philippe Duron, dans le rapport qu’il vient de rendre, en a signalé l’intérêt. Solution pour les lignes non électrifiées à laquelle est attentif Michel Neugnot, président de la commission Transport et Mobilité de Régions de France.

Cependant, en développant ce train, Alstom n’a jusqu’à présent pas fait de la France l’un de ses premiers pays cibles. Le Coradia iLint, développé en Allemagne avec l’aide de plusieurs Länder, devrait intéresser au premier chef, en dehors de l’Allemagne, la Grande-Bretagne, la Belgique, les Pays-Bas ou les pays nordiques. Des pays dans lesquels la filière hydrogène est plus avancée qu’en France. De plus, en Allemagne par exemple, les lignes non électrifiées supportent souvent un trafic régional très dense, ce qui est rare en France.

Les deux premiers trains, précise Alstom, sont actuellement en phase de tests en Allemagne et devraient pouvoir transporter leurs premiers passagers au deuxième semestre 2018 en Basse-Saxe, première région à avoir passé commande de 14 trains à hydrogène.

Coradia iLint a été conçu par les équipes d’Alstom en Allemagne, à Salzgitter, centre d’excellence pour les trains régionaux et en France, notamment à Tarbes, autre centre d’excellence consacré aux systèmes de traction et à Ornans pour les moteurs avec la contribution des sites de Villeurbanne et de Saint-Ouen.

F. D.

Ewa

Grand Paris : les élus ont remporté la première manche

Déplacement à Champigny sur Marne - Chantier de la ligne 15 Sud, tronçon T2C le 23.01.18.

Accroissement des recettes de la SGP. Relèvement du plafond d’emplois qui entrave son fonctionnement. Feu vert pour les dossiers les plus urgents, ce qui devait permettre au conseil de surveillance du 13  février de notifier des marchés importants, concernant les prolongements nord et sud de la 14 et le tronc commun des lignes 16 et 17. Le tout clairement inscrit dans une confirmation de la totalité du réseau. Sur des demandes essentielles et urgentes, le gouvernement a rapidement entendu les élus franciliens. La lettre que leur a adressée le 30 janvier Elisabeth Borne le montre. L’un de ces élus pouvait aussitôt nous dire : « On a gagné. » Il revient maintenant à Gilles Carrez, député LR du Val-de-Marne, inventeur du mécanisme de financement du Grand Paris, de mettre au point le scénario d’augmentation des recettes affectées. Pour cette nouvelle mission, Gilles Carrez ne se dit pas inquiet. Il sait que l’adoption de nouvelles taxes n’est pas dans l’air du temps. Mais il pense que l’on peut, en renforçant les taxes actuelles, passer de quelque 500 millions de recettes affectées par an (578 en 2017) « à 700 ou 800 millions » de façon à peu près indolore. L’essentiel est donc acquis.

La suite ne devrait pas tarder. Le phasage, qui tienne mieux compte des réalités des chantiers et de la réalité du financement. C’est pourquoi Elisabeth Borne, précise-t-elle dans sa lettre, préside elle-même un groupe de travail qui devait, lors de la première quinzaine de février, parvenir au « calage d’un planning consolidé réaliste » tenant compte des aléas de chantier et des ressources techniques des entreprises. Les maires insistent beaucoup sur l’effet moteur du métro sur leur projet de développement et, de ce fait, sur le coup d’arrêt que peut signifier un retard. Au nord, on craint qu’Europacity – le grand projet du triangle de Gonesse… ne puisse se faire sans la ligne 17, au sud, à Saint-Quentin-en-Yvelines, on dit que certaines entreprises menacent de déménager si le Grand Paris tarde. D’où un second groupe de travail, coprésidé par Valérie Pécresse, présidente d’Ile-de-France Mobilités, et Michel Cadot, préfet de région. Groupe chargé « d’identifier les solutions d’adaptation et de renforcement de dessertes qui seraient nécessaires en cas d’écart entre les projets d’aménagement sur un territoire et la date de mise en service du métro automatique qui est techniquement possible ». Ironie de l’histoire. En cas de décalage (auquel on s’attend) d’une ligne 18 soutenue mordicus par Valérie Pécresse, lui reviendra-t-il de mettre en service – provisoirement – un bus à haut niveau de service ?

Tout n’est pas réglé. Loin de là. Mais Edouard Philippe, après avoir reçu et écouté les élus franciliens le 26 janvier, a vite et bien joué.

F. D.

Une confusion regrettable nous a fait citer comme présente à la réunion organisée par Edouard Philippe et Elisabeth Borne Nadège Lefèbvre, présidente du conseil départemental de l’Oise, au lieu de Marie-Christine Cavecchi, présidente du Val-d’Oise. Nous prions les intéressées de bien vouloir nous excuser.

Ewa

Alstom-Siemens : vives tensions avant fusion

(c) Alstom Transport
Site de Belfort

Le comité de groupe européen d’Alstom du jeudi 8 février s’annonce très difficile. Il a été précédé d’une réunion de l’intersyndicale CFDT, CFE-CGC, CGT et FO, qui s’est tenue le 30 janvier. Un tract commun résume la position : « Les organisations syndicales d’Alstom France sont toutes fermement opposées au projet de filialisation d’Alstom dans Siemens tel qu‘il est présenté à ce jour : à savoir un projet uniquement politique et financier, sans aucune stratégie industrielle. »

Le mariage prévu entre Siemens et Alstom est pour les syndicats à « haut risque ». Ils s’inquiètent de la localisation à Berlin du siège de l’activité signalisation, prévue par le protocole d’accord du 26 septembre. Siemens a depuis des années fait du développement de cette activité un axe de sa stratégie, les premières propositions de rapprochement consistant précisément à se débarrasser du matériel roulant, activité peu lucrative, au profit de la signalisation.

Au terme du protocole d’accord signé en septembre entre les deux groupes, Siemens détiendra 50 % du capital et pourra ensuite acquérir des actions d’Alstom au plus tôt quatre ans après la clôture de la transaction attendue fin 2018. Le groupe allemand nommera six des onze membres du conseil d‘administration qui sera présidé par l’un de ses dirigeants, Roland Busch, tandis qu’Henri Poupard-Lafarge, PDG d’Alstom, deviendra directeur général de la nouvelle entité. Les syndicats craignent précisément qu’au terme des quatre années durant lesquelles le groupe s‘engage à maintenir les effectifs, Siemens procède à de nouvelles restructurations.

« Enfin, les désaccords qui “transpirent“ entre les dirigeants d‘Alstom et ceux de Siemens sont également un très mauvais signal de la capacité à réaliser ce rapprochement dans de bonnes conditions pour les équipes d’Alstom », ajoutent les syndicats, cités par Reuters. Alstom dément totalement ces désaccords et assure au contraire que « tout se passe très bien ». Sur les positions de l’intersyndicale d’Alstom France, le groupe s’abstient de tout commentaire, dans l’attente de l’avis du comité de groupe européen. Attendu d’abord le 16 janvier, puis le 31, il devrait être connu le 8 février. Cet avis est consultatif, mais, sans lui, le processus de rapprochement avec Siemens ne peut pas se poursuivre.

Les syndicats ne sont pas les seuls inquiets. L’Assemblée nationale et le Sénat sont très attentifs au rapprochement et dans l’ensemble très critiques. Pas sur le principe : après tout, c’était peut-être la meilleure façon de résister aux ambitions qui font peur de l’ogre chinois CRRC. Mais la forme que prend ce rapprochement fait craindre que les intérêts français n’aient pas été bien pris en compte lors d’une décision prise très vite, assurent des proches du dossier, après l’échec de discussions engagées entre Siemens et Bombardier.

De son côté, le 30 janvier, l’association Anticor a déposé une plainte contre X pour détournement de biens publics par négligence auprès du Parquet national financier. L’association reproche aux autorités de l’Etat de ne pas avoir profité des termes d’un accord avantageux pour lui qu’il avait signé, le 21 juin 2014, avec Alstom et General Electric. L’Etat s’est en effet, relève Anticor, abstenu de lever l’option d’achat dont il disposait, jusqu’au 17 octobre 2017, sur 20 % des actions d’Alstom.

« L’Etat a ainsi renoncé à la prime de contrôle et au dividende exceptionnel versés automatiquement aux actionnaires. En l’espèce, il est passé à côté d’un gain sans risque de 350 millions d’euros. Il ne pourra pas non plus bénéficier de l’importante plus-value (différence entre la valeur de son portefeuille et celle de son coût d’achat) plus que probable après la fusion programmée entre Alstom et Siemens. Au final, l’abstention de l’Etat a profité à Bouygues qui a récupéré les actions délaissées » explique l’association. Elle souhaite qu’une enquête éclaircisse les motifs de cette décision et, le cas échéant, détermine l’ensemble des responsabilités.

F. D.

Ewa

Les trois scénarios de Philippe Duron

© TDIE
PHILIPPE DURON président de TDIE

Comme une impression de déjà entendu… Six mois jour pour jour après l’annonce par Emmanuel Macron d’une pause dans la construction de nouvelles infrastructures, et après plus de 500 auditions, le Conseil d’orientation des infrastructures (COI) a présenté le 1er février ses conclusions ainsi que trois scénarios envisageables à l’avenir. Des conclusions très ouvertes et finalement proches du travail déjà réalisé en juin 2013. dans le cadre de la commission Mobilités 21. Une commission qui avait déjà à sa tête Philippe Duron encore une fois à la manœuvre en tant que président du COI.
Le fil conducteur de ces propositions est de répondre aux besoins de mobilité du quotidien, a rappelé Philippe Duron. « La transition énergétique n’est pas une option, elle s’impose », a-t-il ajouté. Tout comme la contrainte financière qui devrait obliger à reporter certains grands projets en phasant leur réalisation dans le temps. D’autant que les projets du canal Seine – Nord et du Lyon – Turin ne font pas partie du rapport mais leur coût pèsera fortement dans les comptes.

La ministre des Transports devait recevoir à partir de la semaine du 5 février l’ensemble des présidents de région, des élus locaux, des associations notamment d’usagers pour discuter des propositions du rapport. « Puis dans les semaines suivantes, le gouvernement fera un choix clair, qui sera la base du volet infrastructures du projet de loi sur les mobilités que je présenterai en avril en Conseil des ministres », a rappelé Elisabeth Borne. Avant d’ajouter : « Après, c’est le Parlement qui devra en débattre. »
Trois scénarios
envisagés

Comme c’était le cas en 2013, trois scénarios sont envisagés, le premier a minima, le second médian, le troisième beaucoup plus volontariste.

Le premier scénario, en ligne avec « l’orthodoxie financière », pour reprendre les termes de Philippe Duron, s’inscrit dans la trajectoire de la loi de finances pluriannuelle. Il ne nécessite pas d’affecter des ressources supplémentaires significatives au secteur des transports. L’Agence de financement des infrastructures de transport de France (Afitf) se verrait ainsi doter de 2,4 milliards d’euros cette année, puis 2,5 milliards les deux années suivantes, puis de nouveau 2,4 milliards en 2021. Au total, 48 milliards pourraient être mobilisés sur 20 ans.

« Avec ces montants, les priorités indispensables de restauration du patrimoine ne sont que partiellement satisfaites », explique Philippe Duron. En effet, rappelle l’ex-maire (PS)de Caen, entre 2018 et 2021, l’Afitf devra faire face à une toute une nouvelle série de dépenses (le loyer des deux LGV réalisés en contrat de partenariat, la rénovation des TET, les CPER et les engagements sur le Lyon – Turin). « L’Agence devra assumer six milliards d’euros dans les cinq prochaines années avant de pouvoir financer d’autres projets », précise Philippe Duron Du coup, cela revient à poursuivre pendant au moins cinq à dix ans la pause pour les grands projets.

Le second scénario envisage 60 milliards sur vingt ans. Ce qui nécessite d’affecter 600 millions d’euros supplémentaires annuels à l’Afitf par rapport au scénario 1. Ce budget permettrait à la fois d’assurer la régénération et la modernisation du réseau et d’améliorer les priorités du quotidien. Les premières phases de quelques grands projets pourraient aussi être lancées. Sont tout particulièrement citées les lignes nouvelles Provence-Alpes-Côte d’Azur (LNPCA, en commençant par des travaux à Marseille notamment), la ligne Nouvelle Paris Normandie (LNPN, en commençant par la gare de Paris-Saint-Lazare) ou encore le grand projet du Sud-Ouest (GPSO, en commençant par les nœuds ferroviaires du nord de Toulouse et du sud de Bordeaux).

Le troisième scénario correspond à l’accélération du scénario 2 avec 80 milliards d’euros en vingt ans et permet donc de lancer plus tôt les grands projets. En raison du contexte budgétaire serré qui rend difficilement envisageable sa réalisation, Philippe Duron ne cache pas sa préférence pour le scénario médian.
Et trois pistes
de financements
Observant « qu’il ne semble pas opportun d’augmenter les taxes actuelles sur nos concitoyens », Philippe Duron propose de « procéder par redéploiement de taxes qui pourraient être complètement légitimes ». Autrement dit de trouver de nouveaux financements en utilisant des taxes déjà existantes.
La TICPE en fait partie. Quelques centimes pourraient être prélevés sur cette taxe pour être versés à l’Afitf. Une idée défendue de longue date par Philippe Duron, notamment quand il était président de l’Afitf. Et qui a l’avantage de pouvoir être mise en place rapidement.

Si cette option n’est pas retenue, le COI propose de revoir une niche fiscale liée au carburant professionnel dont bénéficient les entreprises de transport routier et de VTC. « Cette niche fiscale va croître avec l’augmentation de la composante carbone de la TICPE. Le manque à gagner pour la puissance publique est estimé à 900 millions d’euros par an pour les seuls poids lourds. Le montant dépasser les trois milliards d’euros en 2022. Il ne serait pas illégitime de revisiter cette niche fiscale pour qu’une partie soit redistribuée en faveur des investissements à réaliser sur le réseau routier », explique Philippe Duron.

Le COI envisage aussi l’idée d’un péage de transit, par exemple une vignette forfaitaire qui pourrait être payée par les poids lourds, permettant ainsi de taxer aussi les poids lourds étrangers actuellement exemptés alors qu’ils utilisent – et détériorent – le réseau routier.

 

Les idées
qui émergent

– La fin du report modal
Pendant très longtemps, le mot d’ordre, c’était le report modal. « Cela a été inefficace », tranche Philippe Duron. Désormais, selon lui, « il faut choisir le mode le plus performant ». Conséquence probable, le transport ferroviaire devrait être réduit à sa zone de pertinence. Les petites lignes, celles qu’on appelle UIC 7 à 9, devraient être examinées au cas par cas. « Si elles ne sont plus pertinentes, on peut les conserver pour de nouveaux usages, par exemple du transport à la demande, par exemple avec des véhicules autonomes. Les coûts seraient raisonnables et cela permettrait de remédier aux problèmes d’engorgement sur les routes », explique Philippe Duron.

Faire de la route une priorité
La route retrouve ses lettres de noblesse et doit bénéficier d’un effort financier pour régénérer le réseau et éviter qu’il connaisse la situation du chemin de fer. Le COI recommande d’accroître de 300 millions d’euros par an pendant dix ans les crédits pour l’entretien et la modernisation des routes nationales non concédées et des voies navigables.
Il préconise aussi, pour améliorer l’accès aux villes moyennes et aux territoires ruraux l’engagement de 200 millions d’euros par an pendant dix ans. Soit plus du double du rythme actuel.

9 milliards pour les nœuds ferroviaires
Pour le COI, c’est aussi une urgence : il propose de consacrer 9 milliards d’euros en 20 ans pour les nœuds ferroviaires. Il cite notamment les gares de Paris-Lyon, Bercy et Austerlitz, qui accueillent de nombreuses circulations (RER, transilien, TER, TET, TGV).

La victoire du vélo
le COI propose de lancer un nouvel appel à projets qui s’adresse non seulement aux transports publics mais aussi aux mobilités actives. Il recommande une enveloppe de 1,1 milliard d’euros, dont 700 millions pour les transports publics, et 400 millions d’euros pour les mobilités actives, marche et vélos.
Ce serait une première pour le vélo qu’Elisabeth Borne souhaite promouvoir. La ministre des Transports a plusieurs fois affirmé qu’elle souhaitait faire de ce mode propre un élément central de la mobilité.

La hausse des prix des billets
Le COI préconise un rééquilibrage progressif de la part payée par les contribuables et de celle payée par les usagers. On le sait, les voyageurs ne paient qu’une petite part du prix réel de leurs transports du quotidien : 30 % en moyenne. Si le gouvernement est sensible à ce raisonnement, les tarifs pourraient donc augmenter.

La contre-expertise tout au long des projets
L’exemple de l’aéroport Notre-Dame-des-Landes ou du Grand Paris Express et ses dérives est dans toutes les têtes. Pour éviter ces écueils à l’avenir, « il est nécessaire de disposer de contre-expertise en amont et tout au long de la vie des projets », insiste Philippe Duron. Aujourd’hui, il existe des contre-expertises, par exemple celles du CGDD, mais quand elles interviennent, c’est souvent en fin de processus, et donc trop tard…
Marie-Hélène Poingt

Ewa

Grand Paris Express : Edouard Philippe se donne un mois pour trancher

Gare de Bry Villers Champigny

On attendait une décision le 23 janvier. Mais les réactions suscitées par l’abandon de la candidature française à l’Expo 2025 ont conduit à repousser l’échéance. Le mardi 23, Edouard Philippe est donc allé à Champigny pour rouvrir symboliquement une période de « concertation ». Les impatients ont alors parlé de début février. Puis on s’est dit que le gouvernement pourrait arrêter ses choix le 12, pour qu’ils soient entérinés le lendemain lors la réunion du conseil de surveillance de la SGP. Mais le Premier ministre ne veut pas se précipiter. Lors de la grande « réunion d’échanges » organisée par le gouvernement vendredi 26 janvier après-midi à Paris avec de nombreux élus franciliens, il a dit qu’il pourrait se donner encore trois semaines, un mois, voire un mois et demi avant de recevoir à nouveau les élus et de leur faire part de sa décision. Résultat, le conseil de surveillance, qui devait sur la base de décisions gouvernementales sortir d’un budget 2018 provisoire pourrait bien rester dans le provisoire, tout en parant au plus pressé. Notamment notifier le très important premier lot de la ligne 16, remporté par Eiffage selon nos informations.

Vendredi 26 janvier, Edouard Philippe et Elisabeth Borne se sont trouvés face à un front uni. D’un côté des élus passionnés, de l’autre un Premier ministre qui les a écoutés pendant quatre heures. Selon l’un des élus conviés, la réunion (qui n’était pas ouverte à la presse) a commencé, après un propos du Premier ministre rappelant qu’il « tient à la cohérence du réseau », « n’est pas là pour arrêter le projet mais pour faire en sorte qu’il aboutisse », par des exposés techniques présentés successivement par Bernard Cathelain (du directoire de la SGP), un représentant du Cetu (le Centre d’études des tunnels), Christian Galivel (RATP), Didier Bense (SNCF Réseau Ile-de-France), qui ont insisté sur la complexité du dossier et les difficultés sur le terrain : déboires de la station Porte-de-Clichy sur le prolongement nord de la ligne 14, intrusion malencontreuse d’Eole sur le RER A à la porte Maillot. Message perçu comme un peu lourd : « les chantiers, c’est compliqué, il faut retarder. »

Réplique des élus, selon François Durovray, président du conseil départemental de l’Essonne : « Nous avons demandé au Premier ministre de renverser cette approche, de partir du respect du calendrier et de voir ce que cela imposait en termes techniques et financiers. » Un François Durovray qui, au-delà de son département et de la ligne 18, et de l’avenir du plateau de Saclay, rappelle que « l’Ile-de-France, c’est 650 milliards d’euros de PIB par an, qu’un dossier transport à 35, 40, 50 milliards n’a rien de scandaleux ; d’autant que le principal frein à l’attractivité de la région, ce sont justement les transports, et que ce sont les Franciliens eux-mêmes qui payent leur réseau par les taxes ».

Tous présents sauf Pierre Bédier (Yvelines), les présidents des départements sont intervenus de façon transverse… et chacun en faveur de sa ligne. Christian Favier (Val-de-Marne) pour la ligne 15 Sud. Jean-Jacques Barbaux (Seine-et-Marne), inquiet de menaces pesant sur la gare de Bry–Villiers–Champigny. Stéphane Troussel (Seine-Saint-Denis) en pointe pour la ligne 16. Nadège Lefebvre (Oise) pour la ligne 17. Patrick Devedjian (Hauts-de-Seine) défendant lui aussi le projet. Quant à Valérie Pécresse, elle a demandé à la fois le Grand Paris Express dans son intégralité, le respect du CPER et du plan de modernisation du réseau. Et la présidente de la région a de nouveau alerté sur les risques de surcoûts concernant « la conception des gares, véritables cathédrales dont le dimensionnement est source de complexité, de surcoût et, à l’avenir, de charges d’exploitation considérables ». Pas sûr que les maires la suivent… Chacun est intervenu en faveur de sa gare et des projets qui vont avec. Normal. D’autant plus fondé, que selon certaines informations, la SGP travaille sur des économies pouvant atteindre jusqu’à cinq milliards d’euros. Parmi les pistes explorées : moins recourir aux barges qu’aux camions pour l’évacuation des déblais ; renoncer à des interconnexions ; et supprimer des gares… Mesures politiquement explosives.

Heureusement, touche par touche, quelques élus ont avancé les voies d’une sortie de crise. Sortie par le haut. Sans toucher au projet. Même si bon nombre ont compris comme le dit l’un d’eux, « qu’on ne peut pas aller plus vite que la musique ». Au bout du compte, un ensemble de propositions précises, cohérentes, principalement portés par des élus très au fait du dossier, politiquement rarement d’accord : LR et PC. Christian Favier (PC) a mis l’accent sur le nécessaire renforcement de la SGP. Il demande 300 emplois supplémentaires. Il y en a 200 aujourd’hui. Quelque 30 millions de masse salariale annuelle en plus permettraient (espère-t-on) de faire quelque trois milliards d’économie, en gérant mieux des marchés de quelque 35 milliards, aux dernières nouvelles. Les élus communistes comptent sur une montée en puissance progressive de la SGP. Le rapport de la Cour des comptes – c’est assez rare – estime que les effectifs de la SGP sont trop faibles. Et Edouard Philippe s’est dit d’accord sur le principe d’un relèvement du plafond d’emplois imposé à la SGP.

Deuxième touche, avancée par le député LR Gilles Carrez, appelé à la tribune en tant que père fondateur du financement du Grand Paris : augmenter les ressources. Il propose de faire passer les taxes affectées de 578 millions d’euros (chiffres 2017) à quelque 750 par an. Jacques Baudrier, élu PC de Paris, en phase avec Gilles Carrez, irait bien jusqu’à 200 millions, ce qui permettrait de lever huit milliards d’investissements. Grosso modo, dans une fourchette de 170 à 200 millions, on se dépêtrerait du surcoût. Gilles Carrez pense même qu’on peut en cas de besoin trouver sans trop de difficultés 300 millions d’euros de plus par an… Et il se souvient, si jamais la taxe sur les bureaux ne suffisait pas, d’avoir proposé en 2009, alors sans succès, une taxe de séjour, demandant aux touristes d’apporter leur écot. Une piste pour plus tard ?

Jacques Baudrier, au nom du Parti communiste – un PC en pointe dans le Grand Paris grâce à son poids dans le Val-de-Marne et à son rôle moteur ; avec l’association Orbival, dans la conception de la ligne 15 – pense lui aussi à une nouvelle taxe. Augmenter pour commencer celle sur les bureaux ne lui semble pas un problème. « Passer de 17 à 20 euros par an le m2 pour des entreprises qui payent entre 500 et 1 000 euros le m², c’est un peu l’épaisseur du trait », dit-il. Mais il milite aussi en faveur d’une recette supplémentaire, qui pourrait bien intéresser le ministère des Transports, et peut-être pas seulement pour le Grand Paris Express : une taxe sur les parkings d’entreprises et de supermarchés, financièrement rentable et écologiquement vertueuse. Au total, résume Jacques Baudrier, « on peut espérer qu’après l’adoption en 2011 par le gouvernement Fillon d’environ 400 millions d’euros de taxes affectées, augmentées de 170 millions en 2013 par le gouvernement Ayrault, complétées de 140 millions de nouvelles recettes annuelles pour le plan de mobilisation en Ile-de-France en 2014 par le gouvernement Valls, que le gouvernement Philippe accepte en 2018 d’apporter 200 millions de plus ». Et cette fois, c’est promis, ce sera la dernière…

F. D.

Photo : gare de Bry-Villiers-Champigny

Ewa

Le Grand Paris va dans le mur ? « On l’avait bien dit »

Les Ardoines

« On est exactement dans la situation pronostiquée », se désole Jean-Noël Chapulut. Pour le Cercle des transports, dont il est l’un des animateurs, les derniers chiffrages sur le Grand Paris Express n’ont rien d’une surprise. Le think tank proche de l’Ecole des ponts est intervenu à plusieurs reprises sur les transports en Ile-de-France : Réorienter les priorités du réseau du Grand Paris (décembre 2014), Moderniser le réseau ferroviaire francilien (rapport en août 2015, programme d’action en octobre 2015). Et avait averti.

L’explosion des coûts de la SGP, les experts du Cercle l’avaient annoncée : 37 milliards, disent-ils depuis 2015. Bien vu. Les promesses fantaisistes pour les jeux Olympiques, ils les avaient dénoncées. Sans être entendus. « Nous avons demandé trois fois un rendez-vous au comité d’organisation des JO, ils ne nous ont jamais reçus », regrette Jean-Noël Chapulut. Or, il n’y a maintenant plus aucun doute, « pour des raisons techniques et financières, une grande partie du réseau annoncé ne sera pas mis en service pour les JO ».

Pour l’échéance de 2024 il aurait fallu, dit-il, « mener des actions vigoureuses pour le RER B ». Certes, « on a commencé à revoir les vieux wagons amiantés », mais ce n’est pas à la hauteur. Que faire ? Trop tard pour disposer à cette date de trains nouveaux. Au moins pourrait-on revoir l’infra. « Il y a des caténaires qui pètent ? mais il ne devrait pas y avoir de caténaires qui pètent ! » Et de s’étonner de la grande fragilité d’une ligne qui dessert Roissy et indirectement Orly, via la correspondance à Antony pour Orlyval.

Que faire d’ici les Jeux pour une desserte digne de ce nom de Roissy ? Pas de RER B entièrement modernisé, pas de ligne 17… Reste CDG Express. Mais la nouvelle ligne en 2024, malgré les injonctions du gouvernement et les 1,7 milliard de fonds publics apportés, c’est loin d’être gagné. « Il ne reste qu’à prier pour qu’il n’y ait pas un pépin sur CDG Express. »

Si tout est mal parti pour 2024, comment emprunter ensuite un meilleur chemin ? Revenir aux préconisations faites en 2015 par le Cercle des Transports. En finir avec l’affectation des taxes au Grand Paris Express, tout mettre en un pot commun, qui permette de lever selon des emprunts raisonnables 26 milliards d’investissement en dix ans. Dont huit milliards iraient au Grand Paris Express (ligne 15 Sud, ligne 14, ligne 11), huit milliards à la rénovation du réseau ferroviaire (sur le rythme actuel de 800 millions par an), six milliards au prolongement d’Eole, quatre milliards pour les RER. Des RER dotés d’un système de pilotage semi-automatique, comme le préconise particulièrement Philippe Essig, ancien président de la SNCF et autre grand expert du Cercle des Transports.

Arrêter donc de « financer la rénovation sur la dette de la SNCF, ce qui est scandaleux », dit Jean-Noël Chapulut. Redonner la priorité absolue à la rénovation d’un réseau dont « on voit tous les jours dans quel état il est ». Renoncer à ce qui n’est pas indispensable : la ligne 18 de la SGP, par exemple, nécessite-t-elle un métro ? Et, comme le Cercle des transports l’a déjà préconisé, confier un audit des transports en Ile-de-France à un réseau asiatique, comme MTR, de Hongkong, dont l’excellence opérationnelle dans le mass transit est reconnue dans le monde entier.

Quant à l’idée souvent avancée d’un étalement du financement des nouveaux réseaux sur une cinquantaine d’années voire plus, elle ne trouve pas grâce aux yeux de Jean-Noël Chapulut. Les véhicules autonomes pourraient tout changer dans les transports de surface, et le Cercle des transports est en train de se pencher sur le sujet. Jamais l’on n’a connu une telle accélération de technologies nouvelles. Peut-on sérieusement parier sur la pertinence et donc l’amortissement à très long terme d’un système de transport que l’on réalise aujourd’hui ?

F. D.