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Ewa

Ile-de-France : l’appel d’offres massif pour les bus électriques est lancé

champs de mars

On l’attendait pour la fin 2017, cela a pris un tout petit peu de temps de plus que prévu, mais c’est fait. Ile-de-France Mobilités et la RATP ont lancé ce mercredi 24 janvier un appel d’offres massif pour les bus électriques, « le plus important d’Europe », précise leur communiqué.

De fait, ce marché représente un potentiel de commande de 1 000 bus, dont 250 ferme, pour un montant maximum de 400 millions d’euros. Le financement est partagé entre Ile-de-France Mobilités et la RATP. Le marché, d’une durée de deux ans, est composé de trois lots et porte sur des bus électriques standards de 12 mètres. Les premières livraisons « série » liées à cet appel d’offres devraient être effectuées fin 2020.

Cette consultation s’inscrit dans l’objectif du renouvellement massif du parc bus de la RATP avec 100 % de bus propres d’ici 2025, dont 2/3 de bus électriques et 1/3 de bus au biogaz. Une répartition sensiblement infléchie en faveur du biogaz depuis l’objectif initial du plan « Bus2025 », qui était de 80 % de bus électrique et 20 % de bus au biogaz.

Cet appel d’offres intervient après l’équipement intégral de la ligne 341 en bus électriques en 2016 et l’équipement en cours des lignes 115 et 126 pour tester la recharge partielle des batteries en terminus. La flotte RATP, composée de 4 700 bus, comprend aujourd’hui 800 bus hybrides, 140 bus bioGNV et 74 bus électriques.

Catherine Guillouard, PDG de la RATP, précise que cet « objectif de disposer d’un parc bus 100 % propre d’ici 2025 en Ile-de-France est un véritable défi technologique qui nécessite d’adapter, dans des délais très contraints, nos 25 centres bus. »

Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France et d’Ile-de-France Mobilités ajoute que « pour la grande couronne, Ile-de-France Mobilités travaille actuellement au lancement d’un appel d’offres d’environ 450 bus sur trois ans pour accompagner les améliorations des lignes mises en place depuis 2016 et poursuivre l’équipement en bus propres des autres opérateurs d’Ile-de-France (Transdev, Keolis, Cars Lacroix…) ».

Photo : Décembre 2015 : la RATP présentait sur le Champ de Mars les bus électriques de divers constructeurs, avant les débuts d’une expérimentation sur des lignes commerciales.

Ewa

Grand Paris : Edouard Philippe en déminage à Champigny

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On attendait des décisions imminentes sur le métro du Grand Paris, à la suite de l’explosion des coûts, de la mission confiée au préfet d’Ile-de-France, Michel Cadot, et du récent rapport de la Cour des comptes. Le Premier ministre a préféré face à la fronde attendue des élus ouvrir une période de concertation. Un peu la méthode Notre-Dame-des-Landes. On se rend sur le site, pour témoigner de l’attention portée au sujet, on concerte et, si possible, on dénoue dans la foulée. Edouard Philippe s’est donc rendu ce mardi à 13 heures, accompagné d’Elisabeth Borne, sur le site le plus emblématique du chantier du Grand Paris Express, à Champigny, où le premier tunnelier de la ligne 15 doit descendre dans son puits le 3 février. « Il est hors de question de ne pas faire ce projet » a réaffirmé le chef du gouvernement. En ajoutant, selon l’AFP : « mais notre objectif c’est de poser des bases solides sur la façon dont ce projet va être mené à son terme. »

Auparavant, le Premier ministre a reçu, ce matin, Valérie Pécresse, présidente de la région, Patrick Ollier, président de la métropole du Grand Paris, et Jean-Yves Le Bouillonnec, président du conseil de surveillance de la Société du Grand Paris. Il devrait commencer à recevoir d’autres élus d’Ile-de-France cette semaine, et n’a pas souhaité dire combien de temps la concertation qui venait de s’ouvrir allait durer ».

Les termes du problème sont connus. Il faut sortir d’une estimation du coût du métro, faite d’abord à la louche, et très politique, pour reconnaître enfin la vérité des prix. S’agissant des dates de mise en service, la problématique est la même. Les échéances fixées ont été très « volontaristes ». La réalité du chantier s’impose. Il faut atterrir. On semble s’acheminer vers une double échéance : sécuriser tout ce qui peut l’être pour 2014, date des jeux Olympiques, ce qui déjà n’est pas si simple, la plupart des promesses du dossier de candidature étant intenables. Et reporter le reste du réseau à des échéances plus lointaines.

On a promis monts et merveilles aux élus franciliens. Il faut déchanter… Difficile, pour ceux qui ont mis tant d’espoirs dans le métro. Par exemple les élus de la ligne 16. Les maires de Sevran, Livry-Gargan, Clichy-sous-Bois, Montfermeil, Chelles, et Noisy-le-Grand ont dans un courrier adressé lundi à Emmanuel Macron protesté contre un report de la ligne 16.

Le contexte est d’autant plus difficile que le président de la République, parallèlement, s’apprête à prendre des décisions radicales sur l’organisation de la métropole du Grand Paris. Patrick Ollier, en présentant ses vœux lundi, a manifesté sa confiance dans l’avenir de la Métropole qu’il préside… sur un ton qui trahissait pourtant une certaine inquiétude. Pour sa part Christian Favier, le président du Val-de-Marne, vient d’annoncer la fermeture de tous les services départementaux, le 7 février. Pour protester contre la suppression attendue des trois départements de petite couronne.

F. D.

Ewa

Comment les Jeux poussent au crime

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On connaît la chanson. Les grands événements sont des accélérateurs. Ce n’est pas faux. On l’a vu avec la première LGV chinoise, Pékin – Tianjin, prête en un temps record le 08/08/08, pour les Jeux olympiques de 2008. Pas faux… mais pas toujours vrai. Londres n’a pas fait tout ce qu’elle avait prévu pour les JO de 2012.

Comme les grands programmes, le Grand Paris a naturellement été conçu indépendamment des Jeux, et si son calendrier a été accéléré par Manuel Valls, c’était dans la perspective de l’Expo 2025 ; mais, pendant qu’on y était, les lignes ont été avec un beau sens de l’esbroufe intégrées dans le dossier de candidature de Paris aux JO 2024. Le dossier prévoit donc à cette date : la ligne 14 jusqu’à Saint-Denis-Pleyel, la ligne 14 jusqu’à Orly, la ligne 15 Sud dans son entier, la ligne 16 de Saint-Denis-Pleyel à Noisy-Champs, la ligne 17 de Saint-Denis-Pleyel à Paris-Charles-de-Gaulle. Sans oublier CDG Express, le prolongement d’Eole à l’ouest, et on en passe.

Sur le papier, accélérer ne coûte pas grand-chose. Mais, si on veut honorer les engagements pris, cela commence à chiffrer. C’est l’un des points majeurs que soulève la Cour des comptes dans son rapport de décembre dernier sur la SGP. « L’espoir de faire coïncider avec l’échéance olympique la mise en service d’une partie substantielle du réseau du Grand Paris Express est de nature à accroître les dépenses à la charge de la SGP de l’ordre de 625 millions d’euros, dont 300 millions d’euros ont d’ores et déjà été décidés. » En effet, précise la Cour, « à l’été 2015, la direction de la SGP a considéré que le schéma de construction de la ligne 16 avec six tunneliers, sur la base duquel a été prise la délibération du conseil de surveillance approuvant l’opération d’investissement, risquait de ne pas permettre une ouverture de la ligne pour les Jeux olympiques de 2024. Elle a donc décidé d’ajouter trois tunneliers supplémentaires. Le surcoût est évalué à 250 millions d’euros. De même, la décision de la SGP de faire passer de huit à dix le nombre de tunneliers utilisé pour la ligne 15 Sud, pour sécuriser la date de la mise en service, va augmenter mécaniquement le coût d’une cinquantaine de millions d’euros. »

La Cour ne rentre pas dans le détail. Un tunnelier, cela coûte environ 20 millions d’euros. Pas loin du coût d’une rame TGV. Ça va moins vite, mais ça creuse mieux… Pour la ligne 15, le surcoût correspond grosso modo aux deux tunneliers. Pour la 16, les trois tunneliers n’expliquent pas tout. Quoi qu’il en soit le surcoût est considérable. Et ce n’est pas fini, puisque, toujours pour tenir les engagements, la SGP a demandé en janvier dernier au Premier ministre son accord pour mettre en œuvre un plus grand nombre de tunneliers sur les lignes 17 et 18. Ce qui induirait, relève la Cour, un surcoût évalué dans le dossier de 180 à 200 millions d’euros pour la ligne 17 et à 125 millions d’euros pour la ligne 18.

Pour quel résultat ? L’étude commandée par la DGITM au printemps 2017 au Centre d’étude des tunnels (Cetu) « juge peu vraisemblable le respect des échéances de 2024, même en augmentant le nombre de tunneliers. Il identifie même des risques juridiques, techniques et financiers supplémentaires, qui seraient induits par une telle accélération de la réalisation des lignes 17 et 18 en vue d’une mise en service pour les Jeux olympiques de 2024. »

C’est pourquoi la Cour des comptes conclut à propos des JO : « Il y a donc probablement lieu de reconsidérer les objectifs de calendrier et de déconnecter la réalisation du Grand Paris Express de l’échéance de cette manifestation sportive. »

F. D.

Ewa

Adieu l’Expo, à quand la 18 ?

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Va-t-on reporter la ligne 18 du Grand Paris après avoir abandonné l’Expo ? Le report et le retrait semblent bien faire la paire. Cependant, après avoir fait part dimanche de sa décision de renoncer à la candidature française à l’Expo 2025, le Premier ministre devait prendre encore un peu son temps avant d’annoncer un éventuel report du premier tronçon de la ligne 18 au-delà de 2024. Tronçon desservant allant d’Orly jusqu’au cluster de Saclay, où devait prendre place le « village global » de l’Exposition universelle.

Jean-Christophe Fromantin (député UDI des Hauts-de-Seine), le grand promoteur de la candidature française à l’Expo, a aussitôt dénoncé la « lâcheté sans nom » de la décision du Premier ministre. La plupart des élus concernés sont déçus mais ils ont vite fait d’oublier l’Expo pour en revenir à l’essentiel : la ligne 18. Luc Carvounas (député PS du Val-de-Marne), accuse le gouvernement de s’éviter de « chercher les fonds pour le métro du Grand Paris que la technostructure ne sait pas financer ». Des élus de l’Essonne emmenés par Grégoire de Lasteyrie, maire de Palaiseau, disent « craindre le pire : une annulation ou un report de la ligne 18 qui doit relier le plateau de Saclay et Orly d’ici 2024. Nous rappelons que le projet de ligne 18 existait avant la candidature de la France à l’Exposition universelle, et que sa nécessité lui survit aujourd’hui. Nous, élus du territoire, redisons avec force la nécessité d’une desserte lourde en transport en commun d’ici 2024 ».
Valérie Pécresse dit de même au Parisien : « J’espère que la messe n’est pas dite. Mais je ne suis pas optimiste. Pourtant, on ne peut pas prendre le prétexte d’abandonner le projet de l’Expo universelle pour abandonner celui de la ligne 18. L’Etat n’a pas fait d’économie dans son budget de fonctionnement, il n’a pas fait cet effort, et il se met à sacrifier des projets d’investissements. Saclay va devenir le moteur scientifique de la France, il doit être desservi et a besoin d’une nouvelle ligne de métro. »

A priori, cette nouvelle ligne n’est pas menacée dans son existence. Le schéma d’ensemble du Grand Paris, Elisabeth Borne l’a dit, ne sera pas remis en cause. C’est le calendrier qui peut bouger. De plus, s’agissant toujours de la ligne 18, la loi Grand Paris indique qu’un métro doit être construit. Pas de tramway, donc… Mais un métro, cela peut désigner aussi bien un matériel à grand gabarit type ligne 15, un prolongement d’Orlyval, comme le métro de type parisien aujourd’hui décidé. Sur la ligne 18, pas mal de choses peuvent donc changer, même si cela conduit à refaire des études et donc à retarder le projet. Après tout, cela pourrait être un des cas-écoles du gouvernement, dans sa recherche de solutions de mobilité moins coûteuses que prévu en infrastructure.

A l’idée du report, les élus poussent les hauts cris. Selon l’union des élus pour la ligne 18, « compte tenu de l’état d’avancement du projet [du cluster de Saclay] et des conditions de circulation actuelles sur le plateau, 2024 c’est déjà tard ! » Tard, oui… mais, au-delà des effets de manche, est-ce possible ? Dans le rapport rendu le 21 septembre au gouvernement par le préfet d’Ile-de-France, Michel Cadot, la mise en service de la ligne 18 d’Orly jusqu’au CEA – Saint Quentin est prévue au premier trimestre 2024. Tout juste, donc. Mais il s’agit du calendrier des « échéances opérationnelles au plus tôt »… alors que le génie civil n’a pas commencé. Or, le prolongement de la ligne 14 Nord ou la réalisation de la ligne 15 le montrent, la phase travaux réserve des surprises. Rarement bonnes.

F. D.

Ewa

Décès de Claude Gressier

Claude Gressier

Nous avons appris avec tristesse le décès de Claude Gressier, survenu le 7 janvier. Né en 1943, polytechnicien, ingénieur de l’Ecole nationale des ponts et chaussées, Claude Gressier avait notamment été directeur des Transports terrestres (1988-1993), directeur général adjoint de la SNCF (1993-1994), président de CTT Sceta (1994-1997), PDG de Geodis (1995-1997), directeur du Transport maritime, des Ports et du Littoral au ministère des Transports (1998-2001), vice-président de la commission des comptes des transports de la nation (2001-2009), administrateur d’Air France KLM (2004-2013) et de la SNCF (2006-2013).
Ces dernières années, au sein du Cercle des Transports, avec d’autres personnalités comme Jean-Noël Chapulut, Olivier Paul-Dubois-Taine, ou encore Philippe Essig, Claude Gressier avait invité à mettre l’accent sur la rénovation des réseaux existants et à décélérer sur les grands projets (Transports et dette publique, 2012, Réorienter les priorités du réseau du Grand Paris, 2014, Moderniser le réseau ferroviaire francilien, 2015). Il avait de ce fait joué un rôle essentiel dans la définition de la nouvelle doctrine de l’Etat sur les grandes infrastructures exprimée par Emmanuel Macron dans son discours de Rennes, le 1er juillet 2017.
Claude Gressier était venu exposer ses conceptions devant le Club Ville, Rail & Transports, et nous le contactions souvent pour connaître son analyse sur les grands dossiers actuels. C’est d’ailleurs en cherchant à le joindre pour parler avec lui du rapport de la Cour des comptes sur la Société du Grand Paris que nous avons appris son décès.
Nous présentons à sa famille nos condoléances attristées.
F. D.

Ewa

Gilles Carrez : « Maintenant, à la tête de la SGP, il faut un chef de chantier »

Gilles Carrez maire du Perreux et rapporteur du financement Grand Paris

(c) Mairie Perreux

Député (Les Républicains) du Val-de-Marne, Gilles Carrez connaît sur le bout des doigts les questions de financement du Grand Paris et des transports en Ile-de-France. En 2009, son rapport a ouvert la voie au financement du futur réseau. Président de la commission des Finances lors de la précédente législature, il avait commandé il y a un an à la Cour des comptes le rapport sur la SGP qui vient d’être rendu public. Et qui fait apparaître une énorme dérive de 13 milliards par rapport aux coûts d’objectif fixés par le gouvernement en 2013.
Gilles Carrez répond aux questions de VR&T.

 

Ville, Rail & Transports. Pourquoi aviez-vous demandé à la Cour des comptes un rapport sur la Société du Grand Paris ?
Gilles Carrez. Je me doutais de ce que l’on est en train de découvrir et je voulais une opération vérité sur les coûts. Elle est indispensable, parce que c’est un projet magnifique, auquel la population adhère et qui répond à des besoins. Lors de mon rapport de 2009, il y avait deux projets concurrents, la double boucle de Christian Blanc, pour relier les clusters, et le plan de mobilisation de la région, tout aussi légitime, voire plus, du fait des besoins de la population. On a ajouté les deux, et cela a été entériné lors d’un conseil interministériel de mars 2013. Cela faisait une addition salée, et on s’est un peu voilé la face. Et pourtant, c’est bien connu, dans l’histoire des grands projets, les coûts réels dépassent les estimations.

 

VR&T. Votre modèle de financement ne suffit plus ?
G. C. Le modèle que j’avais proposé reposait sur un fonds de roulement venu de taxes affectées, d’environ 500 millions par an, que nous avons levées très vite, pour retarder le plus possible le moment où il faudrait recourir à l’emprunt. Mais, ce qu’on n’avait pas vu venir, c’est que la SGP s’est retrouvé tout de suite avec une cagnotte. En période de manque d’argent, tout le monde s’est précipité dessus… A commencer par l’Etat pour sa participation au CPER, la RATP pour des véhicules de maintenance. Et on s’en est servi pour Eole, on a commencé par un milliard d’euros, on est arrivé à un milliard et demi ! Et je ne parle pas des demandes des élus qui ont fait en plus gonfler la facture. Chacun voulait sa gare ! On additionne tout cela, la facture explose, et ce n’est pas la faute de Philippe Yvin…
Mais, il y a eu un défaut tout de même de la SGP, qui n’a pas fait de provisions suffisantes pour aléas et risques identifiés. Au bout du compte elle l’a fait, mais elle aurait dû inscrire ces provisions il y a deux ou trois ans.
Les opérations commencent, il fallait cette opération vérité. Ce qui est gênant, c’est que dans cet exercice, il y a toujours un côté moralisateur, et cela retombe sur un dirigeant, Philippe Yvin, qui a pourtant fait un travail remarquable.

 

VR&T. Comment adapter le calendrier selon vous ?
G. C. Aujourd’hui, en tout état de cause, il faut faire face aux échéances opérationnelles. C’est 2024. Les JO. Or, le fait d’être prêt pour 2024, cela représente en soi un défi colossal. Il faut le dire, parce que je crois que tout le monde n’en est pas trop conscient, on pense qu’il suffit d’appuyer sur un bouton. Non ! Aujourd’hui, il va falloir mobiliser 17 à 18 milliards d’euros entre 2018 et 2022, la SGP va être obligée d’emprunter de façon massive. Par ailleurs, d’un point de vue technique, on va forer un peu partout dans la région, avec la ligne 15 Sud, les prolongements nord et sud de la 14, sans oublier Eole… On ne peut pas se planter. Je suis très sensible aux aspects techniques et opérationnels. Il est nécessaire d’étoffer la SGP pour assurer une maîtrise d’ouvrage très forte. Il faut donner à la SGP des moyens humains suffisants, en quantité et en qualité. On commence à creuser, on commence à passer les marchés système. Or, aujourd’hui, pour une personne à la maîtrise d’ouvrage, il y en a 10 à 15 en assistance à maîtrise d’ouvrage. Cela ne va pas. Certes, il y a la question des coûts et, je l’ai dit, il fallait une opération vérité. Mais il ne faut pas oublier les moyens humains.

Donc, les JO d’abord, mais ça n’est pas gagné, et ensuite, après 2024, il va falloir phaser. En commençant par répondre à la demande en fonction des fréquentations attendues des tronçons. Selon les besoins actuels des transports, avant les besoins futurs.

 

VR&T. Il faudra trouver des ressources supplémentaires ? Combien ? Lesquelles ?
G. C. Le schéma que j’avais proposé, avec 500 millions de taxes affectées par an, correspondait aux quelque 25 milliards qu’on avait en tête. Aujourd’hui à 38 milliards, il faut phaser et trouver d’autres ressources, peut-être aller à 700 ou 800 millions d’euros par an. Peut-être le rapport de la Cour aurait-il pu aller plus loin sur le sujet.

 

VR&T. Il y a bien la redevance d’infrastructure d’environ 200 millions, que devrait acquitter Ile-de-France Mobilités, l’ex-Stif.
G. C. Je vois que pour l’instant le sujet n’est pas à l’ordre du jour. Mais il faudra bien arriver à payer à la SGP une redevance pour l’usage de son infrastructure.

 

VR&T. Vous faites de 2024 une échéance à ne pas manquer. Mais quand on regarde la liste prévisionnelle des mises en service dressée en novembre par le préfet Michel Cadot, et qui figure dans le rapport de la Cour des comptes, on se dit que ce n’est pas gagné du tout. Comment y arriver ?
G. C. Si on est prêt en 2024, ce sera une prouesse mondiale. On a fait de la politique, aujourd’hui il faut faire de l’opérationnel, avec des ingénieurs aux commandes, responsabilisés sur des coûts. Quand je dirigeais les Villes nouvelles, j’ai vu comment on a réussi à faire Disneyland, avec la desserte du RER et la gare TGV. C’était une gageure. Il fallait un grand ingénieur pour faire tout cela. Sans Jean Poulit, on n’y arrivait pas. Regardez ce que font les Anglais pour Crossrail. Les patrons, ce sont des ingénieurs. Maintenant, à la SGP, il nous faut des chefs de chantier.

Propos recueillis par François Dumont

Ewa

Grand Paris : un préfet pourrait succéder à un préfet…

François Philizot

François Philizot, c’est un nom que l’on entend pour succéder à Philippe Yvin – qui est tout de même toujours président en titre du directoire de la SGP. Né en 1957, ancien élève de l’ENA, François Philizot, a été préfet de l’Indre, du Tarn, du Morbihan, de la Saône-et-Loire. Ancien DGA de la Datar, il connaît l’aménagement du territoire et les transports. Il a été nommé en 2013 délégué interministériel au développement de la vallée de la Seine. Il a été chargé en 2015 d’une mission de concertation sur les TET (trains d’équilibre du territoire).

Le successeur de Philippe Yvin quel qu’il soit, que l’appel de Gilles Carrez (voir l’article Gilles Carrez : « A la tête de la SGP, il faut un chef de chantier ») soit entendu ou pas, devra porter la nouvelle feuille de route de la SGP, avec le futur calendrier de réalisation. Elle est attendue pour le milieu de la semaine prochaine. Le dernier état des lieux de ce qui est faisable à telle ou telle échéance a été dressé le 13 novembre dernier par le préfet d’Ile-de-France Michel Cadot. Reste à passer d’un constat à des objectifs. En espérant que, cette fois, ils seront tenables.

F. D.

Ewa

Grand Paris : Auzannet dit tout (ou presque)

PASCAL AUZANNET

Cheville ouvrière du métro du Grand Paris depuis ses débuts, voire avant, Pascal Auzannet vient de publier un livre on ne peut mieux venu. L’Etat s’apprête à dire ce qu’il veut (espérons qu’il saura cette fois le faire), et la succession de Philippe Yvin semble ouverte. C’est le moment de revenir sur l’histoire de ce projet complexe et sur celle de la SGP. Auzannet le fait avec un certain bonheur. C’est à souligner dans un monde où l’histoire immédiate est rare, où les livres sont souvent la glorification d’un projet qui rejoint en se jouant des obstacles son avenir radieux.

Auzannet n’est pas dénué de sens politique. Il sait que l’histoire est complexe. Et il montre comment un projet avance : rien de linéaire, plutôt la résultante de tensions, de volontés contraires, de petits coups de force, de retours en arrière ou d’accords boiteux. Jusqu’à ce qu’apparaisse un visage qu’on n’attendait pas. Quelques étapes le montrent.

Juillet 2006. Pierre Mongin, nouveau PDG de la RATP, s’approprie le projet concocté de longue date par la RATP et qu’Anne-Marie Idrac appelait joliment « un collier de pôles ». On s’apprêtait à choisir entre trois noms : Romeo, Giro, Métroférique. Mongin choisit le dernier, le réécrit Métrophérique et en fait le grand projet de l’entreprise. « La forte implication de Pierre Mongin s’accompagnait d’une petite réécriture de l’histoire en s’appropriant un projet dont il ne cessa de revendiquer la paternité », s’amuse Auzannet. Jean-Paul Huchon, lui ne s’amuse alors pas du tout : le président de la région Ile-de-France est effaré par ce projet qu’il dénonce sous le nom de « Métroféérique »… avant de sortir de sa poche un « Arc Express » moins abouti mais qui lui ressemble assez.

Mars 2008. Christian Blanc devient secrétaire d’Etat au Développement de la région capitale. L’ancien PDG de la RATP s’intéresse à Métrophérique, mais trouve l’anneau trop limité, veut l’étendre aux aéroports, à Saclay, et aux huit territoires de projet qu’il esquisse. Christian Blanc obtient de Pierre Mongin le détachement de quatre ingénieurs de la RATP qui travaillent à divers scénarios de métro. « Cela devait se faire dans le secret le plus total. Les salariés s’étaient d’ailleurs engagés à respecter une totale confidentialité, y compris vis-à-vis de leur propre hiérarchie qui ne devait pas être au courant de leur travail. […] Cette cellule secrète est dirigée par Yves Ramette, membre du Comex RATP, qui a la confiance du secrétaire d’Etat et du président de la RATP. »

Blanc avance, les rapports avec Huchon sont mauvais, voire exécrables, puis Blanc démissionne, Huchon est confortablement réélu ; alors se met en place peu à peu une pratique de la discussion, autour du ministre Michel Mercier, chargé du Grand Paris, et de son directeur de cabinet Etienne Guyot, qui va déboucher, après l’affrontement des débats publics, sur un accord entre l’Etat et la région, en janvier 2011, qu’on se croit obligé, chaque fois qu’on en parle, de dire historique. Accord conclu sous l’égide de Maurice Leroy, ministre de la Ville, qui a hérité du dossier à la suite d’un coup de fil de l’architecte Roland Castro. Celui-ci téléphone en effet à Nicolas Sarkozy et lui dit, comme le rapporte Auzannet : « C’est génial d’avoir nommé Momo au ministère de la Ville […]. Le Grand Paris est bloqué et Momo est un démineur hors pair. Il sera parfait pour le Grand Paris. » Accord du président de la République. Et, quelques instants plus tard, c’est Roland Castro qui annoncera la nouvelle à Maurice Leroy. Un Leroy qui de, fait, déminera ce qu’il reste à déminer, et saura déporter la double boucle vers l’est, où deux lignes traverseront la Seine-Saint-Denis.

On n’en finirait pas de citer les scènes qui éclairent les infléchissements. Et font apparaître une SGP qui se détache peu à peu de la RATP dont elle fut d’abord l’émanation, jusqu’à prendre des options techniques contraires à celles d’abord retenues par la maison mère. Ce sera toute la question, si sensible, du choix du roulement fer et d’un gabarit large, qui dessinent un réseau d’un type nouveau.

On regrettera que Pascal Auzannet, qui aurait pu sans doute en dire beaucoup plus, se fasse parfois discret et ne dise pas tout des secrets qu’il connaît. Sans doute fallait-il le faire, pour qu’il garde la confiance de personnes qu’il connaît bien, avec qui il a travaillé et à qui, au bout du compte, il rend justice. Optimiste, il préfère souligner ce que chacun a apporté au projet, de Pierre Mongin, qui n’est pas son ami, à Maurice Leroy, qui l’est. Et apporter ainsi une nouvelle pierre à l’édifice.

F. D.

SCopieur Ko18011614090 e1516108910942Pascal Auzannet. Les secrets du Grand Paris
Zoom sur un processus de décision publique
Préface de Maurice Leroy
Herrmann – 198 pages

 

Ewa

Il faut sacrifier le soldat Yvin

Chantier de l’avant gare de Noisy – Champs

Selon notre confrère Mobilettre, le sort de Philippe Yvin, le président du directoire de la SGP, serait scellé. L’Etat aurait lancé la procédure de recrutement d’un successeur. Ce n’est pas une surprise, et depuis des mois le petit Paris des transports bruissait de la rumeur du départ du président du directoire de la SGP. En cause, bien sûr, les dérapages de quelque huit milliards d’euros dans le coût estimé de réalisation du projet (35 au lieu de 27). On attendra qu’un Pascal Auzannet [voir aussi Grand Paris : Auzannet dit tout (ou presque)] se penche sur les épisodes les plus récents de l’histoire du Grand Paris Express pour voir la part de chacun dans les dérives. On attendant, les langues se délient et les commentaires sont assez sévères.

Pas sur la personne de Philippe Yvin. Sur le fonctionnement de la SGP, décrit comme une administration, qui ne sait pas refuser grand-chose aux élus. Une société faite pour porter le projet, pas pour le réaliser. Pas une entreprise. Cette faiblesse dans la maîtrise d’ouvrage, est-ce sa faute ? Evidemment pas. L’Etat maintient la SGP dans un état de sous-effectif constant, avec 210 personnes. (A titre de comparaison, le prolongement d’Eole, de 3,8 milliards, représente une soixantaine de personnes en maîtrise d’ouvrage ; voire 130 en MOA et MOE confondues, dont seulement 20 % d’experts externes ; et on ne sache pas que la direction d’Eole se tourne les pouces). Surtout l’Etat, aujourd’hui comme hier, a mis à la tête de la SGP un préfet. Etienne Guyot, nommé en 2011, débarqué en 2013 et alors remplacé par Philippe Yvin. Pour que la SGP grandisse, il serait bon que l’Etat en fasse autant, sache ce qu’il veut (gouvernance, métro, il paraît que c’est pour bientôt), et mette à la tête de la Société du Grand Paris un dirigeant ou une dirigeante connaissant la maîtrise d’ouvrage.

Cela dit, il y a tout de même un point sur lequel la communication de la SGP a été calamiteuse. Celle qui a consisté à dire, dès qu’on a pointé les surcoûts, « qu’on ne pourrait parler de dérapage budgétaire que lorsque les coûts d’objectifs auront été fixés ». Autrement dit que les estimations sur lesquels la communication publique avait été faite et sur lesquels étaient calibrés les financements, n’avaient qu’une valeur indicative. Même raisonnement quasiment pour les délais. On espère que, avant le 3 février, date retenue pour la descente du premier tunnelier dans le puits de Champigny, on aura un vrai calendrier du métro et un devis qui tiennent.

Ewa

Nominations : Guillouard fait confiance à son entreprise

CATHERINE GUILLOUARD, PDG RATP

Laurent Fourtune, le directeur département Maîtrise d’ouvrage des projets (MOP), partant pour une autre entreprise (que l’on dit binationale et ferroviaire), la PDG du Groupe RATP, Catherine Guillouard, doit revoir son dispositif. Et elle a procédé à des promotions internes. Cyril Condé, jusqu’à présent directeur du département RER, remplace Laurent Fourtune au département MOP. Xavier Léty, qui dirigeait le pôle Tramway au département Bus, devient directeur du RER. Il est remplacé par Ingrid Lapeyre-Nadal, jusqu’à présent directrice du centre Bus de Seine Rive Gauche et de la ligne de Tramway T6. Ces choix classiques ont dans le contexte actuel une forte portée symbolique. Alors que la RATP se prépare à la concurrence sur son territoire historique, à commencer par le réseau de surface, le fait de s’appuyer sur des dirigeants déjà reconnus apparaît comme un geste de confiance dans l’entreprise. Seul le futur directeur financier, Jean-Yves Leclercq, nommé officiellement aujourd’hui, ne vient pas de la maison, mais finalement d’un voisinage proche : il était jusqu’à présent directeur Europe et Développement International à Voyages SNCF.

Autant de décisions qui vont bien dans le sens du grand oral de la dirigeante devant les principaux cadres de la RATP, en décembre, qui a à notre connaissance été fort apprécié. Le style de Catherine Guillouard passe bien : simple et direct, tenant avec des mots simples un langage de vérité, très peu contaminé par les précautions oratoires des cabinets ministériels…

Cyril Condé, directeur du département RER depuis juin 2011, deviendra directeur du département Maîtrise d’ouvrage des projets le 1er février prochain. Il sera également en charge du projet « Amélioration de la performance des ingénieries » qui répond à l’objectif du Groupe de renforcer son positionnement de bâtisseur et de gestionnaire d’infrastructures dans le cadre de la déclinaison opérationnelle du plan d’entreprise « Défis 2025 ». Cyril Condé, diplômé de l’Ecole polytechnique, avait occupé auparavant, au sein du groupe RATP, les postes de délégué général à l’Innovation et au Développement durable, et de directeur de la ligne 14.

Xavier Léty a été nommé directeur du département RER du Groupe RATP, nomination qui sera effective le 1er février 2018. Il était, depuis fin 2016, responsable du pôle Tramway au département Bus et sera remplacé à ce poste par Ingrid Lapeyre-Nadal. Diplômé de l’Ecole polytechnique et de l’Ecole nationale des ponts et chaussées, Xavier Léty avait précédemment occupé les fonctions de délégué général au contrat Stif et directeur de cabinet du PDG du Groupe RATP, Pierre Mongin, de 2011 à 2014.

Ingrid Lapeyre-Nadal est nommée responsable du pôle Tramway au département Bus du Groupe RATP, poste auquel elle remplace Xavier Léty qui a été nommé directeur du département RER du Groupe. Elle sera également directrice de projet des futurs appels d’offres d’exploitation des lignes T9 et T10 en Ile-de-France. Diplômée de l’Université de Marne-la-Vallée, elle était, depuis mars 2015, directrice du centre Bus de Seine Rive Gauche et de la ligne de Tramway T6. Ingrid Lapeyre-Nadal était auparavant directrice de la Permanence générale au sein du Groupe RATP et avait occupé, depuis son arrivée en 1999 dans le Groupe, différentes fonctions de management opérationnel, au sein des départements Bus, Métro, Espaces et Services, et RER.

• Jean-Yves Leclercq va intégrer le groupe à partir du 5 février en tant que membre du Comex. Il deviendra directeur financier à partir du 2 avril en charge de la Performance économique et financière du Groupe. Agé de 48 ans, Jean-Yves Leclercq, est diplômé de l’Ecole normale supérieure (Ulm) et de l’Ecole nationale de la statistique et de l’administration économique (ENSAE). Il est également titulaire d’un DEA de macroéconomie internationale.
Il était, depuis 2012, directeur Europe et Développement international de la branche Voyages SNCF à SNCF Mobilités. A la SNCF, il a précédemment occupé le poste de directeur Finance Stratégie Juridique de SNCF Voyages. Auparavant, il a aussi notamment travaillé au ministère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie et à l’Agence des participations de l’Etat. Quant à Alain Le Duc, qui occupait le poste de directeur financier de la RATP depuis 1994, il deviendra conseiller auprès de la présidente-directrice générale avant de faire valoir fin juin ses droits à la retraite.