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Ewa

Trains à hydrogène : les Hauts-de-France sont candidats, l’Ile-de-France ne l’est pas

Alstom iLint à hydrogène en Basse-Saxe

Xavier Bertrand est tenté. La région qu’il préside, les Hauts-de-France, devrait se porter candidate au développement de la nouvelle technologie de pile à combustible développée par Alstom pour le TER. Valérie Pécresse, tout aussi clairement, a fait le choix contraire. La présidente de la région capitale a regardé le dossier pour la ligne P du Transilien. À quoi bon électrifier puisqu’on ­dispose maintenant d’une technologie non polluante et permettant de se passer de caténaires ? Valérie Pécresse préfère éviter les aléas de la diversification technique et du développement d’un train. Investir donc dans l’électrification, pour 70 millions, et en profiter pour poursuivre, avec 15 Francilien de plus, la commande de trains éprouvés, adaptés à cette desserte, et qui donnent pleine satisfaction.

Mais la volonté de disposer d’un parc homogène rencontre vite ses limites. Objet d’un prochain appel d’offres, le matériel du RER B. Du fait essentiellement de hauteurs de quai, il ne pourra être le même que le RER 2N NG. Les réseaux ont leur histoire que la raison ne connaît pas.

F. D.

Ewa

Pécresse à Valenciennes : « Vous n’avez pas fini de me voir »

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Venue voir, le 19 janvier, les premiers éléments du futur RER 2N NG chez Alstom­ et Bombardier, Valérie Pécresse compte bien revenir tous les six mois dans le Valenciennois, en cliente « exigeante et bienveillante ». Cet été, elle se promet de découvrir avec des usagers le premier train assemblé. Exigeante, et vigilante. Fin 2018, on lui avait annoncé cinq mois de retard. Lors de l’inauguration du tunnelier d’Eole, le 28 novembre, elle avait donc déclaré à l’intention d’Alstom et Bombardier : « Quand on a des milliards d’euros de commandes, on est à l’heure . »

Des milliards ? Compte tenu de ce qui était déjà enclenché du temps de Jean-Paul Huchon, 6,2 milliards d’euros chez Bombardier et 5,2 milliards chez ­Alstom. Le discours porte : ­Petite-Forêt ­(Alstom) revit grâce aux commandes franciliennes, après « deux années ­difficiles » reconnaît Henri ­Poupart-Lafarge. Crespin (Bombardier) doit 70 % de sa charge à l’Île-de-France. Maintenant, dit Xavier Bertrand, président des Hauts-de-France : « Il y a du boulot… jusqu’en 2023 ». Mais après ? Le client exigeant et bienveillant aura besoin que soient fabriqués pour 4 milliards d’euros de plus de nouveaux matériels : métros à roulement fer (appel d’offres cette année), RER de la ligne B (appel d’offres en 2020). Perspective qui va intéresser les deux constructeurs. Et le conduire à exceller dans la commande en cours.

Le retard, le consortium ­Alstom-Bombardier s’est donc engagé à le rattraper. « Il nous faut les trains en janvier 2021 »   rappelle la présidente de la ­région Île-de-France, au cours de sa visite qui l’amène à découvrir ; pour l’instant la première voiture à un niveau en finition chez Alstom ou les premiers chaudrons de voitures à deux niveaux chez Bombardier. Aux employés de Bombardier, elle dit en substance : « Vos trains sont magnifiques, je reçois des mots de félicitation quand ils arrivent sur les lignes. Ne nous faites pas attendre les suivants. »

Et, comme les trains dits ­Francilien le font aujourd’hui, les RER 2N NG doivent donner pleine satisfaction. Sans connaître les débuts très dif­ficiles de ce qui s’est d’abord ­appelé la NAT…

Le temps presse. Il est prévu de construire une première mini-­série de cinq trains. Dix-huit mois sont requis pour les essais conduisant à l’homologation. Janvier 2021 ? Pas facile, reconnaît Valérie Pécresse, qui rappelle qu’elle a fait le pari de ­doper une commande prévue d’abord pour les seuls RER E en la destinant aussi au RER D. Et en demandant les premiers trains, pour le D justement, en 2021 au lieu de 2023.

Janvier 2021 ? Au nom de la souffrance des Franciliens qui n’en peuvent plus, particulièrement sur la D. Sans oublier, les élections régionales de la fin de cette même année, dont elle ne parle pas. La présidente qui a prévu de remplacer ou rénover la totalité des trains en Île-de-France aimerait bien montrer avant le scrutin le résultat de sa politique. En attendant, elle s’apprête à connaître les joies du déverminage et les plaisirs des adaptations des infrastructures. Heureusement, l’Île-de-France a un train bien éprouvé, le Francilien dont on entend profiter au maximum. Et un ­Regio 2N, déjà livré à 200 exemplaires dans les régions françaises dont Bombardier assure que les difficultés récentes n’ont été que passagères.

Pour éviter tout retard, Bombardier a investi 11 millions d’euros dans une seconde chaîne de montage (dans son site, mais aussi chez le partenaire industriel équipementier Intégral), et a recruté 100 personnes. Mieux vaut, souligne Valérie Pécresse « investir une dizaine de millions que payer 60 millions de pénalités de retard ».

Il faut être excellent en calendrier. Et en qualité. Et là, il y a eu une ombre au tableau, dernièrement, avec le refus de SNCF Transilien de réceptionner deux Regio 2N. L’affaire semble oubliée et depuis le 15 février, dit Alain Krakovitch, directeur ­général de SNCF Transilien, la SNCF accepte de nouveau les trains. D’ailleurs, précise une porte-­parole de Bombardier, « s’il y a bien eu des erreurs de câblage de notre fait sur les ­dernières rames, les trente-deux rames livrées ont été revues, l’opération est terminée depuis le 10 janvier. Fin janvier, nous sommes en termes de disponibilité et de fiabilité au-delà de ce qui est prévu au contrat. L’état mensuel établi par la SNCF attribue à Bombardier 1,25 % des problèmes de disponibilité rencontrés. Autant dire que 98,75 % ne sont pas de notre fait  ».

Qualité, rapidité, enjeux majeurs­ pour l’industrie. Les élus tiennent à confier les marchés à des entreprises européennes, et ce sera d’autant plus fondé qu’elles sont irréprochables. À l’horizon, plane la menace asiatique. En marge de la visite, ­Valérie Pécresse, comme la plupart des responsables politiques français, dit, à propos du veto de la Commission à la fusion ­Siemens-Alstom, qu’on ne peut s’en tenir à des «  règles de concurrence qui datent des années 50 ». Xavier Bertrand, visant les pays d’Asie, et notamment la Chine, délivre un même message, que ce soit devant les salariés ­d’Alstom ou de Bombardier : « Leurs marchés sont fermés pour nous ? Alors nos marchés sont ­fermés pour eux ». On n’a pas fini de voir Valérie Pécresse à ­Valenciennes. Ni d’entendre les élus tenir le discours de la ­réciprocité.

F. D.

 

Ewa

Premier succès pour le bus électrique d’Alstom

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Le 7 février, comme l’a révélé le site spécialisé Trans’bus, le Syndicat mixte des transports en commun de Grenoble (SMTC)  a décidé d’acquérir sept autobus électriques Aptis (photo). Ce sera la première commande pour le bus électrique à plancher intégralement bas développé par NTL et Alstom, qui avait été testé en décembre 2018 à Grenoble sur la ligne C3. L’information est confirmée par le SMTC.

C’est la Semitag, délégataire du SMTC pour les transports, qui achètera les sept bus, pour près de 3,2 millions d’euros. Soit 2,8 millions pour les sept véhicules (400 000 euros pièce, hors batteries), 180 000 euros pour quatre chargeurs et 215 000 euros pour une colonne de levage. Les batteries feront l’objet d’un contrat de leasing de huit ans, précise le site Trans’bus. L’achat se fera sans appel d’offres, par le biais de la centrale d’achat dédiée à l’achat public Ugap. Alstom ne commente pas l’information tant qu’il n’a pas reçu la commande de la Semitag.

F. D.

 

 

Ewa

Le plan d’optimisation de la SGP sur l’intermodalité et les vélos est retoqué

Maison Blanche Paris XIII ; emplacement de la future station du Grand Paris Express, avenue d'Italie.

L’une des propositions du plan d’optimisation présenté par Thierry Dallard ne passe décidément pas. C’est le renoncement à l’interopérabilité des lignes 15 Sud et 15 Est à Champigny (Val-de-Marne). Le 13 février, le conseil d’Ile-de-France Mobilités a voté à l’unanimité un vœu «  réaffirmant sa volonté que soit réalisée l’interopérabilité ». Christian Favier, président du conseil départemental du Val-de-Marne, s’en est aussitôt félicité. Cette mesure, dont le « potentiel maximum d’optimisation » est évalué par la SGP à 127 millions d’euros, nécessiterait une enquête publique modificative. Elle avait été vertement critiquée par les sept présidents des départements franciliens.

Autre proposition du plan qui n’a pas échappé à la lecture attentive des administrateurs PCF d’Ile-de-France Mobilités : une « sortie des consignes à vélo des gares ou prise en charge par les promoteurs ». « Du grand n’importe quoi ! », ont aussitôt protesté Jacques Baudrier, Pierre Garzon et Fabien Guillaud-Bataille. Pour eux, « imaginer construire un réseau de 35 milliards d’euros de métro en négligeant l’intermodalité vélo est caricatural. »

Réaction ferme d’Elisabeth Borne dans un tweet : «  Il n’est pas question que le #vélo serve de variable d’ajustement pour les gares du #GrandParisExpress. Le vélo doit jouer tout son rôle dans les déplacements au quotidien, c’est le sens même de notre #PlanVelo qui renforce sa place autour des gares.»

Le Collectif Vélo Ile-de-France et la Fédération des Usagers de la Bicyclette ont aussitôt salué la réaction de la ministre. Mais ils appellent « Elisabeth Borne et la SGP à aller beaucoup plus loin, en s’engageant sur la construction d’au moins 100 000 places de stationnement vélo ».

F. D.

Ewa

Le gouvernement italien dans le piège du Lyon-Turin

itineraire lyon turin

Alors que se terminait, le 11 février, une réunion au sommet sur Lyon-Turin au palais Chigi autour du premier ministre Giuseppe Conte, avec Matteo Salvini (Ligue) mais sans Luigi Di Maio (Mouvement 5 étoiles), la très attendue « Analyse coûts-bénéfices » portant sur la ligne nouvelle sortait enfin. Elle a été publiée sur le site du ministère ce 12 février. Elle montre que le projet de ligne nouvelle est « un désastre », a aussitôt commenté Danilo Toninelli, le ministre des Infrastructures et des Transports. On savait que l’étude serait négative, ayant été confiée par un ministre membre du Mouvement 5 étoiles opposé au projet à des experts de son choix. De fait, le verdict est « sans appel ».

L’étude repose sur deux scénarios, l’un dit réaliste, l’autre optimiste. Elle fait la balance entre les revenus cumulés du transport d’un côté et, de l’autre, le coût des infrastructures, celui de l’exploitation mais aussi les frais externes, compte tenu par exemple de pertes de droits d’accise pour l’Etat dues au report modal.

Selon le scénario « réaliste », la ligne nouvelle verrait passer 25,2 millions de tonnes de marchandises en 2059. Le solde négatif serait de 6,995 milliards d’euros. Selon le scénario « optimiste », 51,8 millions de tonnes passeraient par la ligne à la même date. Le déficit serait de 7,805 milliards d’euros. Plus on transporte, plus la collectivité perd. Et ce ne sont pas de petites sommes. C’est à peu près le prix du tunnel de base de 53 km.

A peine publié, le rapport a fait polémique. On a remarqué que sur les cinq experts chargés de l’analyse coûts-bénéfices, l’un d’eux, le seul considéré « neutre » et non pas comme les autres opposés au projet, a refusé de la signer. Quant au commissaire extraordinaire du gouvernement chargé de l’Axe Lyon – Turin, il considère qu’avec ce rapport on passe de la farce à la fraude, « dalla farsa a la truffa ».

L’étude a été publiée peu de temps après que le journal économique Il Sole 24 0re eut révélé les résultats d’une autre étude, dite technico-juridique, établie par les services du ministère des Transports.

Si la première étude veut démontrer qu’on n’a aucun intérêt à achever la construction du tunnel, la seconde montre qu’on ne peut pas en arrêter la réalisation.

Selon Il Sole 24 Ore du 8 février, la facture oscillerait entre 2,8 et 4 milliards d’euros si l’Italie décidait de tout arrêter. Il faudrait débourser entre 200 et 500 millions d’euros pour la remise en état, 600 millions pour rembourser les prêts européens sur la période 2015-2019, entre 500 millions et un milliard pour dédommager les entreprises mais aussi la France et l’Europe et encore 1,5 à 1,7 milliard pour sécuriser le tunnel historique qui n’est plus aux normes internationales. « Arrêter le chantier à ce stade d’avancement coûterait autant, voire plus cher, au pays que de finir l’ouvrage », en conclut l’association Transalpine qui regroupe des acteurs politiques et économiques français et italiens partisans du projet.

Bref c’est le cauchemar. On ne sait ni entrer dans le tunnel ni en sortir, et il n’est même pas construit.

F. D.

Ewa

Signature en trompe-l’œil du CDG Express

Module de liaison en zone publique, Terminal 2E, Paris-Charles de Gaulle ADP

Comme elle l’avait annoncé le 5 février, la ministre des Transports, Elisabeth Borne, a signé lundi 11 le contrat de concession du CDG Express, en présence des responsables de SNCF Réseau, du groupe ADP et de la Caisse des dépôts et consignations.

« C’est une étape logique qui permet la création de la société de projet et que les travaux soient menés », a indiqué un porte-parole à l’AFP. Cependant, a-t-il ajouté, la ministre « a rappelé aux signataires sa détermination à ce que le projet ne se fasse pas au détriment des transports du quotidien ».

L’association Non au CDG Express a aussitôt dénoncé une « véritable provocation ». L’association rappelle que « 100 élu.e.s de tous bords politiques, des responsables d’associations d’usagers, des syndicalistes ont signé un appel demandant justement au préfet de région d’abandonner le CDG Express ».

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Les opposants au CDG Express à Mitry-Mory, autour de Charlotte Blandiot-Faride, maire de la ville.

Les opposants avaient auparavant dénoncé le commencement des travaux « à marche forcée », particulièrement à Mitry-Mory, où l’on a « découvert avec stupeur dès le lundi 28 janvier 2019, avant même la fin des réunions de concertation, l’arrivée d’engins de chantier ».

Un début en trompe-l’œil. Suite prévisible : le préfet d’Ile-de-France, Michel Cadot, indiquera en avril dans quel ordre et selon quel calendrier doivent se faire les travaux programmés sur le faisceau ferroviaire Nord. On devrait alors (et enfin) reconnaître qu’il est impossible de faire tout ce qui est prévu d’ici les jeux Olympiques de 2024. Et dire quels travaux seront retardés. Une partie de ceux requis par CDG Express devraient l’être. Un retard de 18 mois à deux ans du projet est envisagé.

Valérie Pécresse, présidente de région et d’Ile-de-France Mobilités qui avait déjà demandé le report des travaux, a rappelé le 6 février qu’elle n’était « pas convaincue de la capacité de SNCF Réseau de réaliser le projet CDG Express d’ici à 2024 sans dégrader les conditions de circulation des 1,6 million de voyageurs de l’axe nord ».

Les JO se passeront de la liaison promise avec l’aéroport. Ce qui ne sera pas forcément le plus difficile. Ils auront lieu du 26 juillet au 11 août. Période où, du fait des vacances, on diminue habituellement le nombre de trains. Des sillons et des rames seront alors disponibles sur le RER B. Pour les jeux Paralympiques, qui auront du 28 août au 8 septembre, ce ne sera plus le cas. Le répit aura été de courte durée.

F. D.

Ewa

Danny di Perna : un avionneur président de Bombardier Transport

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Danny Di Perna a été nommé le 7 février président de Bombardier Transport. Il remplace Laurent Troger, qui « a informé l’entreprise de son intention de démissionner afin de relever de nouveaux défis », selon le communiqué du groupe. Danny Di Perna, entré chez Bombardier en 2018, dirigeait jusqu’à présent le secteur d’activité Aérostructures et Services d’ingénierie de Bombardier, qui fabrique des sous-ensembles des avions du groupe. Il était à ce titre chargé de la stratégie de transformation et de la croissance de cette unité commerciale.

Il « apporte à son nouveau poste plus de 30 années d’expérience industrielle », précise Alain Bellemare, président de Bombardier Inc. Avant son arrivée au sein de Bombardier, Danny Di Perna a été vice-président de l’approvisionnement mondial chez GE Power. Auparavant, il a occupé différents postes de haut dirigeant chez United Technologies Corporation (UTC), où il a travaillé pendant 24 ans. Il a été notamment vice-président principal, Exploitation, de la division Pratt & Whitney pendant la phase préparatoire de la production des moteurs de la famille PurePower. Il a aussi dirigé l’activité du groupe « Puissance auxiliaire » de la division Hamilton Sundstrand à San Diego en Californie. Danny Di Perna a également été vice-président principal, Maintenance des moteurs et des avions, chez Services techniques Air Canada de 2007 à 2009. Il a débuté sa carrière chez Pratt & Whitney Canada, où il a occupé des postes en ingénierie, fabrication et exploitation.

Ewa

Grand Paris Express. « Ce n’est pas ainsi que l’on va rétablir la confiance rompue »

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Trois questions sur le Grand Paris Express à Stéphane Troussel, président du conseil départemental de Seine-Saint-Denis.

 

Ville, Rail & Transports. Dans le communiqué du 7 février, que vous signez avec les six autres présidents de départements d’Ile-de-France, vous dites que vous venez de découvrir un plan d’optimisation du Grand Paris Express dont le contenu vous pose de gros problèmes. Pourtant, au conseil de surveillance de la SGP du 24 octobre une « démarche d’optimisation des coûts » qui disait bien quelles pistes allait explorer la SGP vous avait été présentée…

Stéphane Troussel. Effectivement au Conseil de surveillance du 24 octobre dernier une « démarche d’optimisation » nous a été présentée. Or une démarche ce sont des grands principes : on nous a ainsi présenté les grands postes sur lesquels étaient envisagées les économies (gares, évolutions des tracés, réduction du nombre de tunneliers et correspondances/interconnexions) mais il n’était bien sûr pas question à ce stade d’entrer dans les détails. Tout de suite, nous avions émis des réserves car, de notre point de vue, ce projet ne doit pas pâtir d’une simple vision comptable. Il s’agit du projet du siècle, d’une ampleur inédite et dont les bénéfices seront à la hauteur et même bien supérieurs à l’investissement si nous n’en faisons pas un projet au rabais. Tout de suite, nous avons également émis le souhait d’être très étroitement associés à cette démarche et que nous soit présenté le détail par postes envisagés mais, depuis octobre : rien. Pourtant, il semble que les choses avancent… Ce n’est pas ainsi que l’on va rétablir la confiance rompue.

 

VR&T. Qu’est-ce qui vous choque tout particulièrement dans les pistes évoquées par Thierry Dallard ?
S. T. Comme je vous le disais, nous n’avons pas le détail car rien ne nous a été présenté officiellement mis à part la suppression de l’interopérabilité entre les lignes 15 Est et 15 Sud à Champigny. Mais rien que cette piste-là choque ! Des années de concertation, d’études qui ont prouvé la nécessité de cette interopérabilité puisque c’est sur elle notamment que reposent le principe de rocade et donc l’intérêt et la nature de ce système de transport. Et comme ça, subitement, dix ans après et alors que les travaux ont commencé et que des millions d’euros ont été dépensés, les choses auraient changé ou seraient différentes ? Je n’y crois pas. Nous avions prévenu que nous serions vigilants à ce que ce projet ne soit pas un projet au rabais. Or c’est bien l’impression que nous donnent ce genre de pistes et celles que nous remontent les maires.

 

VR&T. Quelle est la position par rapport à la demande du Premier ministre d’une optimisation des coûts ?
S. T. Nous prenons le problème à l’envers depuis le départ : les coûts de ce projet n’ont pas explosé (la plupart des lignes ne sont même pas en travaux !). Ils ont en revanche été très fortement sous-estimés en 2010 à la création du Grand Paris Express. Il s’agit d’argent public, il est bien sûr inenvisageable de faire n’importe quoi mais, comme je le disais, ce projet est bien trop grand et trop important pour qu’il ne soit traité que sous un angle financier. L’intérêt et la rentabilité du métro parisien ne sont plus à prouver. Pourquoi en serait-il autrement du métro de la banlieue qui touchera autant voire plus d’usagers ?! Ce projet répond à un besoin crucial de déplacements de banlieue à banlieue, mais aussi à une triple urgence sociale, environnementale et économique. Plus qu’un projet de transport c’est un projet de développement de territoire qui permettra de réduire les inégalités territoriales encore criantes au sein de la première région de France. Pour toutes ces raisons, je ne peux être d’accord avec une volonté « d’optimisation des coûts » qui n’est ni en adéquation, ni à la hauteur des enjeux du Grand Paris Express. C’est enfin en totale contradiction avec celle affichée par la ministre des Transports d’une priorité donnée aux transports du quotidien. Ce que nous constatons pour le moment et notamment ces derniers jours c’est davantage la mobilisation du gouvernement et son attachement à un transport privé occasionnel tel que le CDG Express pour lequel il fait un prêt de 1,7 milliard d’euros plutôt que sur le Grand Paris Express pour lequel on attend pour le printemps un nouveau recalage de calendrier. Ce n’est pas notre vision en tant qu’élus et habitants des territoires concernés, c’est ce que nous tentons d’exprimer à travers ce communiqué de presse et nos coups de gueule.

Propos recueillis par François Dumont

Ewa

Les présidents de départements contre le plan Dallard

Viaduc ligne 18 GPE SGP

Dans un communiqué publié le 7 février, les présidents des sept départements franciliens s’étonnent : « Alors que dans les discours la Société du Grand Paris (SGP) ne cesse de réaffirmer le besoin de concertation avec les collectivités, nous découvrons que la Société du Grand Paris a transmis au Premier ministre un plan d’optimisation le 21 décembre 2018, sans avoir consulté les membres du conseil de surveillance, ni les élus concernés. » Ce plan a été présenté par Thierry Dallard, président de la SGP.

« C’est d’autant plus malvenu », poursuivent les élus « que le contenu de ce plan pose de très gros problèmes. Il propose par exemple de relancer des enquêtes publiques sur des aspects fondamentaux des lignes 15 Est et 18 qui ne manqueront pas d’induire des retards très importants ». L’une des mesures envisagées, « la remise en cause de l’interopérabilité entre les lignes 15 Sud et 15 Est, aurait un impact très lourd sur la qualité de l’exploitation de toute la ligne 15 ». Or, rappellent-ils, « le conseil d’administration d’Ile-de-France Mobilités [l’autorité organisatrice des transports, NDLR] s’est d’ailleurs prononcé à l’unanimité contre cette remise en cause, ce que la Société du Grand Paris semble ignorer ».

Par ailleurs, « il est proposé la suppression de tunneliers sur les lignes 15 Est, 17 et 18 avec un impact évident sur les calendriers. Des informations très inquiétantes sont également mentionnées sur la ligne 15 Ouest, avec de potentielles relances d’enquêtes publiques ».

Alors que « plusieurs des pistes d’optimisation proposées par la Société du Grand Paris, sans concertation avec les collectivités, sont totalement inacceptables », les présidents des départements demandent «  à être reçus en urgence par le Premier ministre »

Ewa

Les pistes de Thierry Dallard pour abaisser les coûts du Grand Paris Express

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La Lettre de Thierry Dallard au Premier ministre est datée du 21  décembre dernier. Mais elle n’a guère circulé. Elle est assortie d’une « description et mise en œuvre du plan d’optimisation » des coûts. Dans son courrier, le président du directoire de la SGP se réfère à sa lettre de mission du 13 novembre : présenter dans un délai de six mois un plan d’optimisation permettant de réduire d’environ 10 % le coût à terminaison annoncé en juillet  2017, qui s’élève à 2 6 milliards  d’euros (valeur 2012). Sur 1 200 pistes d’économie en tout, la SGP en a retenu 700, qui représentent « un potentiel d’optimisation de 2,6 milliards d’euros ». L’ensemble des pistes « s’inscrivent dans le respect de la feuille de route annoncé par le gouvernement » et « ne remettent pas en cause le schéma d’ensemble (pas de suppression de gares par exemple) ». Certaines, en revanche, « peuvent conduire à revoir le projet tel qu’il est arrêté aujourd’hui et conduire ainsi à des enquêtes d’utilité publiques modificatives». Deux cas sont prévus : la SGP prévoit « la mise au sol du tracé (actuellement en viaduc) entre Saclay et Saint-Quentin en Yvelines » et confirme qu’elle veut revoir « les conditions de raccordement («  l’interopérabilité ») entre le tronçon Est de la ligne 15 avec le tronçon Sud, au droit de la gare de Champigny. »

Un document joint à la lettre précise les pistes. Parmi celles-ci, on relève une « évolution et optimisation des tracés » permettant d’économiser au maximum 530  millions d’euros. Le passage au sol d’un tronçon de la ligne 18 en fait partie, ainsi que le « déplacement et rotation à la marge de certaines gares » ; l’optimisation des gares avec notamment la « réduction de la boîte gare ou locaux ou mutualisation avec d’autres » permettrait un gain de 320  millions d’euros ; la « réduction du nombre de tunneliers en cohérence avec le nouveau calendrier » représenterait un gain de 310  millions d’euros  ; et l’évolution des correspondances ou interconnexions se chiffrerait par un gain de 210  millions d’euros avec en particulier « sur la ligne 15 Est la suppression de l’interopérabilité de Champigny et la modification du tracé ». Il n’est pas sûr que toutes ces mesures   puissent  être réalisées,  « compte tenu, pour bon nombre d’entre elles, de la nécessité de trouver un accord avec d’autres acteurs publics » et la SGP compte boucler son programme grâce à  « certaines pistes encore non chiffrées, à approfondir au cours des prochaines mois ».

Pour ce qui est de « l’accord avec d’autres acteurs publics », ce n’est pas très bien parti.  Les présidents des sept départements d’Ile-de-France « découvrent » écrivent-ils dans un communiqué publié le 7  février, « que la Société du Grand Paris a transmis au Premier ministre un plan d’optimisations ». Et refusent ce qui est pour eux « un Grand Paris au rabais » .  Sont-ils aussi surpris qu’ils l’écrivent ? Le 24 octobre dernier avait été communiqué au Conseil de surveillance, où siègent les présidents des départements,  une « démarche d’optimisation des coûts », dans laquelle figuraient les pistes entretemps précisées. Est-ce alors une mauvaise querelle faite à la SGP ? Pas vraiment. Les oppositions se sont précisées et durcies, entre des élus pour qui le projet ne doit pas bouger, et un président qui a pour mission de faire baisser les coûts et ne recule pas devant des redimensionnements.

Le cas le plus sensible est  l’interopérabilité entre les lignes 15 Sud et 15 Est.  La SGP souhaite y  renoncer et recourir à une correspondance. Les passagers changeront de métro. Ce serait moins coûteux à réaliser. Et, aux yeux de la SGP, plus simple à exploiter. Reste qu’Ile-de-France Mobilités n’est pas d’accord. Et que le premier des deux ouvrages nécessités par cette interopérabilité a déjà été réalisé…

Rude tâche que celle de Thierry Dallard. Les premiers présidents de la SGP avaient une mission politique, visant à obstiner l’accord de tous les élus sur le projet, quitte à promettre beaucoup…  Il  faut passer à un discours de maître d’ouvrage, qui doit serrer les coûts. Thierry Dallard entend réinjecter les 10% d’économies dans des provisions pour risques et aléas. Elles sont trop faibles, ce qui fragilise la réalisation d’un projet dont la phase de génie civil pourrait réserver son lot de mauvaises surprises.

F. D.