Comme l’a dit Thierry Dallard à propos du Grand Paris Express, en présentant ses vœux, ma « certitude est que ce projet gigantesque n’échappera pas à de nombreuses crises de toutes natures. Notez que l’actualité toute récente illustre bien ce point ». Pas de chance en effet. Thierry Dallard (président du directoire de la Société du Grand Paris – SGP), Patrick Braouezec (président du conseil de surveillance) et Bernard Gauducheau (président du comité stratégique) avaient choisi le jeudi 24 janvier pour la cérémonie des vœux de la SGP, à la Fabrique du Métro. La veille, on apprenait que le parquet national financier ouvrait une enquête sur certains marchés. Le parquet national près de la Cour des comptes avait auparavant transmis, à la suite du prérapport de la Cour, des éléments au parquet financier afin qu’il les instruise. Démarche intervenue, nous précise la Cour des comptes, « sans attendre la démarche épistolaire de l’association Anticor ». Il n’empêche que celle-ci a joué son rôle en intervenant sur le dossier.
Pas de chance car, « depuis l’été 2017 », a rappelé Thierry Dallard, qui espère bien voir en 2019 la fin du tunnel en même temps que l’entrée en scène massive des tunneliers, la SGP a traversé près de 15 mois de crise. Une crise « ayant eu deux conséquences particulièrement douloureuses : un coup dur porté au moral des équipes de la Société du Grand Paris bien qu’elles n’aient jamais démérité, et une altération des relations de travail de l’entreprise avec ses premiers partenaires, les élus ».
Etapes de la crise : un, la vérité sur les coûts, avec le prérapport de la Cour des comptes en juillet 2017 et le rapport en décembre ; deux, la conséquence au sommet, avec un Philippe Yvin fragilisé et remplacé en mars 2018 ; trois, la bagarre de gouvernance, Patrick Braouezec, président de Plaine Commune, devenant président du conseil de surveillance en septembre alors que les élus soutenaient Pierre Bédier, président du conseil départemental des Yvelines…
C’est en juin que Thierry Dallard fera le point « sur la mission d’audit conduite à l’initiative du conseil de surveillance mais aussi du directoire de la Société du Grand Paris sur les calendriers prévisionnels et les coûts ». En attendant, le président de la SGP a lancé la réorganisation de la SGP autour de huit pôles, il muscle la société maintenant qu’il est affranchi d’un plafond d’emplois synonyme de fausses économies. La SGP va doubler ses effectifs cette année, montant de 200 à 400 personnes, avant de passer à 600 l’an prochain. 200, se souvient Thierry Dallard, c’était l’effectif pour réaliser la LGV Tours – Bordeaux, un projet à huit milliards d’euros… quatre fois moins que le coût d’objectif du Grand Paris. L’entreprise recrute des ingénieurs, des projects managers, et des juristes afin de ficeler au mieux les contrats et de limiter les risques de recours. Ce qui n’a peut-être pas toujours été fait jusqu’à présent.
L’après-midi de la présentation des vœux, la SGP signait le premier des trois marchés de génie civil de la ligne 17, entre Le Bourget et le site du Triangle de Gonesse, avec le groupement d’entreprises Avenir*.
Pour la suite Thierry Dallard annonce, pour les lignes 15 Ouest et 15 Est, « le lancement de la procédure de passation des marchés des travaux sous le régime de la conception-construction, approche différente de celle des autres lignes consistant à associer les entreprises plus tôt dans le processus de conception, afin de gérer les risques et d’atteindre l’objectif d’une mise en service en 2030 ». Le président de la SGP estime que, à la différence de la loi MOP, la conception-construction a le mérite, en associant la maîtrise d’œuvre à l’entreprise chargée de réaliser le projet, de lui faire partager les risques.
Une des mesures sur lesquelles compte Thierry Dallard pour maîtriser la réalisation des lignes dont le coût d’objectif est de 32,4 milliards d’euros en valeurs 2012.
F.D