La SNCF affirme agir en faveur de l’environnement et développer des actions inclusives. Une démonstration en dix actions menées par SNCF Voyageurs.
1) Sensibiliser les voyageurs sur leurs choix
« Prendre le train en France, c’est réduire de 90 % en moyenne le C02 qui serait émis par un trajet équivalent sur les routes ou par les airs ». Ce message est désormais bien connu des utilisateurs des TGV. Il se justifie par le fait que « 52 % des clients n’identifient pas le train comme la solution de transport la plus responsable », explique SNCF Voyageurs.
La compagnie insiste aussi sur les comportements citoyens à suivre comme par exemple baisser les stores en cas de fortes chaleurs pour réduire la consommation d’énergie nécessaire à la climatisation.
2/ Améliorer les conditions de stationnement des trains
La SNCF est le premier consommateur d’énergie électrique en France. « Nous consommons 1 % de l’électricité en France et 90 % de cette énergie est destinée la traction des trains », rappelle Cécile Lière, directrice Sobriété et efficacité énergétique à SNCF Voyageurs. « Le stationnement des trains pèse 20 % de nos consommations d’énergie de traction », ajoute-t-elle. Les trains restent en effet sous tension lorsqu’ils sont à quai en attendant de repartir pour maintenir les équipements en fonction, comme la lumière dans la rame, le chauffage ou la climatisation. Dans les technicentres, le maintien sous tension permet d’avoir des rames immédiatement disponibles, prêtes à être déplacées.
« L’objectif de 2025, c’est que l’énergie de traction consommée à l’arrêt ne représente que 10 % de l’énergie de traction totale consommée », annonce Cécile Lière. SNCF Voyageurs a ainsi édicté une nouvelle règle : l’arrêt des rames sous tension au-delà d’une heure sans mouvement
Grâce à de nouvelles règles et à l’arrivée de matériels plus récents, des progrès sont enregistrés et la consommation énergétique à l’arrêt est passée de 14,7 % du total de l’énergie de traction consommée en 2022 à 12 % en 2023. Soit une économie de 7000 tonnes de CO2.
3/ Profiter de l’écoconduite
« Le respect des sillons pour les conducteurs, a toujours été une priorité. Les anciens conducteurs s’appuyaient sur une fiche train, en papier, qui indiquait les vitesses à suivre. Ces fiches fonctionnaient selon les vitesses de référence pour chaque portion de ligne. Charge à nous, conducteurs, de les respecter », explique Didier Stewart, de la direction de la Traction, qui a porté le projet Opti Conduite et participé au développement du Drive assistant system (DAS).
Désormais, les fiches trains sont numériques et disponibles sur les tablettes numériques des conducteurs. L’outil Sirius, développé par SNCF Connect & Tech sur l’ensemble des lignes, a permis de généraliser l’Opti Conduite. Il est ainsi possible d’adapter plus finement les vitesses de conduite au profil exact de la voie. Comme l’outil s’actualise en temps réel, les ralentissements liés à des travaux sont pris en compte, comme le sont tout incident survenant soudainement sur une ligne.
L’écoconduite permet une économie d’énergie de 7 % à 20 %, selon les lignes, selon Didier Stewart.
4/ Décarboner la traction thermique
« 20 % de nos trains sont responsables de 46 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) de la Traction », indique SNCF Voyageurs. Soit quelque 1000 rames TER circulant sur des lignes peu ou pas électrifiées, pour lesquelles entreprise teste plusieurs solutions de décarbonation.
Depuis 2021, 15 Régiolis fonctionnant au B100 (un carburant composé à 100 % d’esters méthyliques d’acides gras) circulent sur la ligne Paris - Granville. L’avantage de cette solution : il n’est pas nécessaire de modifier le matériel. « Après 6,2 millions de kilomètres parcourus à fin 2023, on a évité près de 22 000 tonnes de CO2», souligne SNCF Voyageurs.
Une autre solution a été testée avec un AGC équipé, en 2021, de batteries rechargeables à la place des moteurs thermiques. Elle offre une autonomie de 80 kilomètres. Cinq régions (Auvergne Rhône-Alpes, Hauts-de-France, Nouvelle-Aquitaine, Occitanie, et Sud) ont financé chacune une rame, qui devrait entrer en service en septembre 2025.
Une autre rame AGC a été hybridée : deux de ses quatre moteurs thermiques, ont été déposés pour laisser la place à des batteries. Elles sont rechargées par un système de récupération d’énergie au freinage. Le dispositif permet une économie de 20 % d’énergie et d’émissions de gaz à effet de serre.
La rame a été testée, à tour de rôle, dans les quatre régions partenaires du projet : Centre-Val de Loire, Grand Est, Nouvelle-Aquitaine, Occitanie. Un premier bilan devait être tirée deux mois après, à l’issue de l’expérimentation.
Enfin, douze rames TER à hydrogène ont été commandées à Alstom en 2021. Elles sont équipées de piles à hydrogène à la place des moteurs thermiques. La rame de présérie équipée en 2023, a été homologuée en 2024. Les premières devraient circuler en service commercial fin 2025, en région Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne Franche-Comté, Grand Est et Occitanie.
5 Donner une seconde vie aux trains
Prolonger la vie des AGC et des TER 2 N, c’est vertueux. Au lieu de mettre au rebut ce matériel âgé d’une vingtaine d’années, SNCF Voyageurs a lancé en 2018 le programme de rénovation OPTER. L’objectif est de prolonger la vie de ces matériels de 15 à 20 ans de plus.
L’opération dite de mi-vie consiste à mettre à nu le chaudron et à changer des pièces usées. C’est aussi l’occasion d’améliorer l’efficacité énergétique du matériel, en optant, par exemple, pour de l’éclairage Led, moins consommateur d’énergie. Ou en installant des filtres à particules sur les moteurs des engins thermiques. En 2023, douze régions ont signé pour ce programme, ce qui correspond à 40 % du parc TER français.
Dans le même esprit, un programme de rénovation a été engagé pour les TGV. Baptisé O2D, pour Opération d’obsolescence déprogrammée, il vise à prolonger la durée d’utilisation des rames TGV de quatre à dix ans en réutilisant notamment les pièces des rames radiées. En 2025, 19 rames serviront de “magasins“, offrant plus de 3000 pièces (sièges, accoudoirs, pièces mécaniques et électroniques) pour rénover d’autres rames.
Les 104 rames éligibles du programme O2D seront remises en circulation entre 2026 et 2033.
6/ Consommer moins d’eau
Un technicentre consomme en moyenne 100 000 m3 d’eau par an. Principalement pour le lavage des rames, mais aussi pour le lavage des pièces. S’y ajoutent les sanitaires (douches, toilettes). SNCF Voyageurs s’est donné l’objectif de réduire de 20 % l’eau prélevée en 2030.
L’installation de robots de lavage, de machines à laver le matériel dont l’eau est recyclée, a permis par exemple de réduire de 30 % les besoins en eau du technicentre industriel de Vénissieux qui consomme 3000 m2 par an.
« 90 % de notre eau est recyclée », indique Mathilde Daquin, responsable de l’environnement au sein de cet établissement. « Et l’apport d’eau pluviale nous conduit à ne prélever que 3 % d’eau sur le réseau public. Cela représente 60 m3, soit l’équivalent de la consommation annuelle d’un français ».
7/ Travailler pour l’insertion
En Île-de-France, Transilien travaille avec 11 associations d’insertions. Cela représente 300 emplois, répartis dans 95 gares de la région. Ces salariés, dont 180 sont en insertion, sont employés à l’entretien d’espaces verts, la rénovation légère de bâtiments ou dans des services comme l’entretien de vélos dans les ateliers installés dans certaines gares d’Île-de-France.
8/ Féminiser les métiers
« Tous nos postes peuvent être occupés par des femmes », assure Katia Nowaczyk directrice des ressources humaines du Matériel. Pour féminiser les métiers techniques, il faut mettre en avant les femmes dans les campagnes de recrutement et travailler la cooptation avec les salariées de l’entreprise.
Dans le même temps, SNCF Voyageurs entend lutter contre le sexisme ordinaire, en adoptant une tolérance zéro face au harcèlement, et l’assortir éventuellement de mesures disciplinaires pouvant aller jusqu’au licenciement. Le bien-être passe aussi par exemple par les vêtements de travail qui doivent s’adapter à la morphologie des femmes.
Au cours des cinq dernières années, les postes occupés par les femmes dans les directions d’établissements et de lignes ont doublé, passant de 12 à 24 %. A la conduite, on compte désormais 12 % de femmes conductrices contre 5 % auparavant.
L’objectif de la SNCF est de recruter, à l’horizon 2030, 30 % de femmes et de féminiser l’encadrement à hauteur de 40 %.
9/ Remettre de la nature dans les technicentres
Créer un îlot de fraîcheur planté d’arbres et d’arbustes dans le technicentre de maintenance des TER de Rennes, c’est l’objectif du directeur Nicolas Poisson. Un défi dans ce lieu ferroviaire qui a longtemps banni jusqu’à la moindre pousse d’herbe par crainte d’être envahi. Mais le changement climatique oblige à voir le monde autrement. « À l’été 2022, il a fait jusqu’à 42° C sur le site. Organiser un espace de 1000 m2 est une aubaine pour les agents qui peuvent y prendre leur pause à l’ombre des arbres », explique Nicolas Poisson.
La création de cette espace naturel représente néanmoins un défi. Le directeur a fait appel à Institut Agro Rennes-Angers où sont formés des ingénieurs agronomes, pour analyser le sol de la parcelle. « Sans surprise, on a trouvé beaucoup de houille sur ce site qui a connu la vapeur. Avec l’association Plante & Cité, le technicentre a sélectionné les essences les plus susceptibles de se plaire dans le terrain. Nous voulions planter dans le sol existant et ne pas apporter de terre végétale », poursuit Nicolas Poisson qui souhaitait aussi un projet inclusif. Le technicentre s’est tourné vers l’Alaph, une association locale d’insertion de personnes handicapées qui ont participé aux plantations, aidées par des agents bénévoles de la SNCF.
La plantation a eu lieu en mars. Il faudra attendre le printemps prochain pour voir quels arbres parmi la vingtaine plantées, auxquels s’ajoutent180 arbustes installés (chêne, prunellier, sorbier, charme, merisier) ont le mieux apprécié le sol…
10/ Sécuriser les contrats d’achat d’électricité
« SNCF Voyageurs consomme 5,5 térawatts/heures par an pour faire rouler ses trains », rappelle Khadidja Bouaddou, directrice des opérations SNCF Énergie, une filiale de SNCF Voyageurs. Mais le transporteur souhaite acheter 40 à 50 % d’énergies renouvelables pour la consommation d’électricité nécessaire à la traction des trains à horizon 2027-2028. Pour diminuer son empreinte carbone mais aussi pour répondre aux exigences de ses clients, les régions, qui veulent aussi se tourner vers ces énergies vertes.
Pour atteindre cet objectif, SNCF Énergie a opté pour des contrats d’Électricité PPA (Power Purchase Agreement). Ce type de contrat passé avec un fournisseur d’énergie renouvelable, permet d’acheter l’électricité à un prix garanti à l’année, sans subir les fluctuations du marché. L’entreprise s’engage avec son fournisseur sur une période de 20 à 25 ans. En 2026, ces contrats PPA devront représenteront 20 % de l’électricité renouvelable achetée par SNCF Voyageurs.
Au printemps 2024, SNCF Énergie avait signé 18 contrats PPA avec des fournisseurs : un tiers dans l’éolien et deux tiers dans le photovoltaïque.